Chapitre 7

Suite du flash-back. Veille du mariage.

Paniqués, les deux plus jeunes Weasley se regardèrent, puis Ginny haussa les épaules, résolue.

- Tu n'as pas le choix de toute façon, dit-elle à son frère avant de se tourner vers son mari. Harry, chéri, reste calme, d'accord ?

- On verra bien. Parle Ron.

Le visage totalement fermé et les muscles tendus par la colère, Harry était impressionnant. Déjà puissant durant la guerre, il avait encore gagné en pouvoir avec ses entraînements d'aurors. À tout juste vingt-trois ans, on disait de lui qu'il surpassait la puissance magique de feu Albus Dumbledore. Il était également de notoriété qu'il ne fallait pas le contrarier lorsque son index droit tapotait sa baguette. Du Ministre de la Magie aux plus gros délinquants, tout le monde le savait. Sa femme et son beau-frère les premiers.

Déglutissant, Ron se lança :

- Harry, je... Je ne sais pas par où commencer...

- Le début me semble être une bonne idée.

Ron soupira, il ne l'aiderait visiblement en rien.

- Tu sais à quel point Hermione a travaillé dur pour ses études et... et elle n'était jamais là...

- Moi aussi, je travaille très dur et je suis rarement à la maison. Ginny ne va pas voir ailleurs pour autant. Que je sache en tout cas, fit-il en regardant sa femme

- Hey ! S'indigna la rousse

- Oui, mais... Enfin... Ce n'est pas pareil ! Répliqua Ron

- Ah bon ? En quoi est-ce différent ?

Le rouquin ne répondit pas tout de suite, se tortillant les mains tout en se balançant d'un pied à l'autre.

- J'attends, Ron. En quoi n'est-ce pas pareil ? Lorsque tu t'es mis avec Hermione, tu savais qu'elle ferait des études, tout le monde sorcier le savait. Tout le monde savait aussi qu'elle ne choisirait pas les plus faciles. Hermione est une grande sorcière pourvue d'une intelligence hors du commun. Tu ne pouvais sincèrement pas croire qu'elle allait choisir une voie qui la ramènerait tous les soirs à dix-sept heures à la maison et pour laquelle elle n'aurait pas à étudier pendant des heures, si ? Si c'est le cas, Ron, tu es un parfait idiot, vraiment.

- Bien sûr que je savais qu'elle voudrait étudier, mais elle ne rentrait jamais avant vingt heures et lorsqu'elle était là, elle s'occupait du ménage, révisait et puis allait dormir !

- Peut-être que si tu l'avais aidée un peu, elle aurait pu passer plus de temps avec toi.

- Comment ça ? C'est elle qui me disait de ne rien faire ! S'écria Ron, vexé

Harry expira bruyamment par les narines, Ginny tenta alors d'expliquer à son frère ce que son mari voulait lui faire comprendre :

- Ron, ce que Harry essaye de te dire, c'est que lorsqu'on vit en couple, il ne faut pas toujours attendre que l'autre te dise quoi faire pour le faire. Si la vaisselle sale déborde de l'évier et que tu es toute la journée à la maison, fais la, n'attends pas qu'Hermione rentre le soir pour la regarder faire. Si tu constates qu'une machine doit être étendue sur le fil, fais-le !²

- Mais enfin, elle aurait pu me le dire ça ou me l'écrire, je n'en sais rien !

- Non Ron, elle n'avait pas à te le dire ! Parce que, comme Ginny vient de te le dire, c'est quelque chose de logique, d'implicite quand on vit en couple ! Si elle était tombée malade pendant deux semaines, rien n'aurait été fait pendant tout ce temps, c'est ça ? Tu aurais vécu dans la crasse en attendant qu'elle se rétablisse ? S'écria Harry en craignant sincèrement la réponse de son ami

- Eh bien... Répondit Ron en faisant un rond dans la poussière avec la pointe de son pied, les mains jointes dans son dos

- Oh Merlin, tu es désespérant !

Harry, complètement abasourdi, leva les yeux et les mains au ciel, implorant toutes les Puissances Divines moldues et sorcières de lui venir en aide. Il prit quelques instants avant de reprendre la parole. Pendant ce temps, Ginny s'était installée sur un plan de travail, ses pieds se balançant dans le vide.

- Bref. Cela n'explique toujours pas pourquoi tu as trompé Hermione.

- Harry, tu dois comprendre, je me sentais seul. Et Lavande aussi alors on est sorti un soir et on a beaucoup bu. Le lendemain, on était horrifié et honteux tous les deux, à tel point qu'on a fermé la glacerie pendant une semaine entière pour ne pas avoir à se retrouver l'un en face de l'autre.

Sur son perchoir, Ginny grimaça et ferma les yeux, sentant le coup de colère de son mari arrivé à toute vitesse.

- Que... Est-ce que tu parles de la première semaine de congé que vous avez pris, il y a quoi, un an et demi ?! Es-tu vraiment en train de me dire que tu trompes Hermione depuis plus d'un an et demi !?

Ron écarquilla les yeux, horrifié, lorsque l'atmosphère se chargea soudain d'électricité. Face à lui son ami avait définitivement abandonné son masque d'impassibilité et l'on pouvait lire la fureur sur tous ses traits.

- Je... Oui, mais Harry, comprends-moi, je...

- Ferme-la ! Ferme-la, Ron ! Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me dis !? Te comprendre ? Non Ron, je ne te comprends pas ! Comment as-tu pu...? Oh Merlin, le soir où je suis venu te voir et que tu m'as ouvert la porte avec des fleurs... Tu... Tu attendais Lavande en fait, c'est ça !? Putain... Tu me dégoûtes Ron, vraiment, cracha finalement Harry

Le rouquin, choqué par la véhémence des propos de son ami, fit plusieurs pas en arrière. Un lourd silence s'installa de nouveau. Inquiète, Ginny observait les deux hommes attentivement : l'un faisait les cent pas rageusement, son index frappant sa baguette de plus en plus vite, tandis que l'autre se laissait tomber sur une chaise et cachait son visage dans ses mains. Elle ne savait vraiment pas comment se terminerait cette discussion, mais elle était certaine que, dorénavant, quelque chose serait brisé à jamais dans leur amitié.

- Pourquoi ne l'as-tu pas quittée, Ron ? Pourquoi être resté avec elle si tu aimes autant Lavande que tu le dis ? Pourquoi l'avoir demandé en mariage ? Demanda soudain Harry, faisant sursauter les deux autres

- Je ne sais pas... J'imagine que je ne voulais pas la faire souffrir.

- Tu ne voulais pas la faire souffrir ? Ginny, dis-moi qu'il se fout de ma gueule, dis-moi que c'est une caméra cachée, je t'en prie ! Supplia-t-il en se tournant vers sa femme.

« Une quoi ? » Se demanda-t-elle sans pour autant ouvrir la bouche, se contentant simplement de hocher tristement de la tête.

- Bien. Puisque tu ne sais pas pourquoi tu as agi comme ça jusqu'aujourd'hui, tu vas peut-être pouvoir me dire ce que tu comptes faire dans l'avenir ? Tenta Harry

- Je ne sais pas.

- Tu dois faire un choix, Ron, et tout avouer à Hermione. Quel que soit le choix que tu feras, tu dois tout lui dire, maintenant. Ou je le ferais moi-même.

En une seconde, Ron fut sur ses pieds, les yeux écarquillés et les mains jointes.

- Non ! Je t'en prie Harry, laisse-moi encore un peu de temps !

- Du temps !? Mais, putain, Ron, le mariage est demain à 14h !

- Je le sais ! Mais laisse-moi le temps de me préparer à l'affronter, s'il te plait ! Je te promets qu'elle ne me rejoindra pas à l'autel sans connaître toute la vérité, supplia Ron, larmoyant

Harry inspira profondément et réfléchit plusieurs minutes à cela. Cette idée ne lui plaisait pas, vraiment pas du tout en fait. Mais finalement, c'est l'idée qu'Hermione devait dormir à présent et qu'elle aurait besoin de toute son énergie pour affronter la journée du lendemain qui l'aida à prendre sa décision.

- Très bien, je te laisse jusqu'à demain 13h grand maximum. Au-delà de ce délai, je lui dis tout et crois-moi lorsque je te dis que je le ferais. Tu es mon ami, Ron, mon beau-frère, mais Hermione est comme ma sœur, elle a toujours été là pour moi. Quand tu m'as lâché pendant nos études ou pendant la recherche d'horcruxes, elle, elle a toujours été présente à mes côtés. Elle m'a toujours soutenu, quoiqu'il arrivait. Et ce que tu lui fais là, je ne le tolère pas.

Ron hocha vivement de la tête, soulagé d'avoir encore un peu de temps avant de voir son univers exploser. Il s'apprêtait à demander s'il pouvait partir à présent, lorsque la voix de Harry s'éleva de nouveau.

- Quant à toi, Ginny, depuis combien de temps es-tu au courant et pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?

La rousse descendit doucement du plan de travail et rejoint son frère, la démarche mal assurée et la tête baissée. Elle savait que ce qu'elle allait dire n'allait pas plaire à son mari, c'était certain.

- Je l'ai découvert il y a trois mois... Chuchota-t-elle si doucement que Harry dut tendre l'oreille

- Trois mois !? Répéta-t-il.

- Oui, je devais rejoindre Lavande début d'après-midi à la boutique pour aller essayer nos robes pour le mariage, mais je suis arrivée plus tôt. Et ils étaient, eh bien, en train de s'embrasser dans l'arrière-cuisine...

- Et pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ? Je suis ton mari, on s'est promis de toujours tout se dire, non ?

- Oui, mais chéri, il s'agit de mon frère !

- Et de ma sœur pour ainsi dire !

- Oui. Tu as raison, j'aurais dû t'en parler. Mais Ron m'avait fait promettre de ne rien te dire. Et comme j'appréhendais ta réaction, j'ai de toute façon préféré ne pas le faire.

- Magnifique. Vous faites vraiment la paire tous les deux. Vous en avez d'autres comme celle-là ?

- Ne sois pas insolant, Harry ! Lança Ginny, son caractère reprenant finalement le dessus, avant que ses épaules ne se voûtent au regard que lui renvoya son mari

Pendant un moment, il les scruta encore de son regard émeraude, les faisant ainsi se sentir particulièrement petits et misérables, avant de tourner les talons et de lever sa baguette pour annuler le sortilège de verrouillage. La main sur la poignée, il se tourna cependant une dernière fois avant de sortir.

- Vous me décevez, vraiment. Vous ne savez pas à quel point. Mais je vous laisse une dernière chance de régler tout ça. Ne me faites pas en plus regretter ma décision, vous avez intérêt à ce qu'Hermione soit au courant de tout avant 13h.

Fin du Flash-Back

Toujours assit contre le mur d'une des chambres du Terrier, Harry se traitait d'imbécile. Comment avait-il pu sincèrement croire ces deux-là alors qu'ils étaient manifestement de bons gros menteurs ? Il s'était bien fait avoir par leur belle promesse, ça oui. Il n'arrivait d'ailleurs toujours pas à le croire. À quel moment avaient-ils changé à ce point l'un et l'autre ?

Tout à l'heure, peu avant 13h, comprenant que Ron n'avait encore rien dit à Hermione puisqu'il s'était échappé dans un premier temps avec son père puis dans les champs, il avait voulu aller tout avouer à la jeune femme. Mais sa propre épouse lui avait interdit l'accès à la chambre. À plusieurs reprises. Il avait eu bon tambouriner et appeler, Ginny avait insonorisé la porte de l'intérieur et n'ouvrait pas. Fou furieux, contre les deux plus jeunes de la fratrie Weasley, il était parti voler jusqu'à ce que la voix de Molly le rappelle sur la terre ferme. Et c'est la mort dans l'âme qu'il avait pris place sur l'autel, auprès de Ron qui n'osait même pas le regarder dans les yeux.

Perdu qu'il était dans ses pensées, il en avait même laissé passer le moment où le Mage demandait aux personnes opposées à ce mariage de se manifester. Cela ne l'avait que plus rendu fou de colère encore.

Et puis lorsque quelques minutes après, il avait compris qu'Hermione était au courant que son futur mari la trompait, Harry avait senti son cœur s'affoler, mais cela l'avait soulagé. Ginny avait ensuite parlé et Hermione s'était tournée vers lui. Il avait lu la supplique, il avait compris qu'elle priait pour se tromper et qu'elle l'implorait silencieusement de nier être au courant, mais il n'avait pu le faire. Parce qu'il était au courant ! Depuis la veille seulement, mais tout de même. Alors son cœur s'était brisé lorsqu'il avait vu le regard de son amie, sa sœur, se vider de tout espoir pour se remplir de douleur et de déception. Il aurait voulu lui expliquer exactement son implication à lui, mais il était cloué par l'horreur et la culpabilité. Il aurait dû faire plus, il aurait dû défoncer cette maudite porte ou aller la voir pendant qu'elle s'installait au bout de l'allée centrale ou être attentif aux paroles du Mage ! Il aurait dû et il ne l'avait pas fait.

La suite était un peu floue, tout ce qu'il avait compris, c'était que Charlie Weasley, le frère de Ron, avait été envoyé par Molly à la poursuite d'Hermione. La matriarche Weasley leur était ensuite tombée dessus. Il en avait pris plein son grade, au même titre que Ginny, pour avoir tu toute cette histoire, mais tout était flou. À nouveau, il aurait aimé démentir, mais le choc le rendait amorphe et muet. Au bout d'un moment, il avait senti Ginny l'entraîner dans cette chambre, son état les inquiétant tout un peu.

Le ciel s'assombrissait de gros nuages d'orage lorsqu'il était un tant soit peu revenu à lui et qu'il avait demandé à Ginny pour voir sa meilleure amie. Elle lui avait alors annoncé que la jeune femme était partie peu de temps après avoir quitté la cérémonie. Il ne pouvait que la comprendre, il serait parti rapidement aussi à sa place. Mais le fait était qu'il aurait souhaité lui parler.

Maintenant qu'il y pensait, il ne comprenait pas comment Ron avait pu autant décevoir leur amie durant leur scolarité et surtout ne rien faire de plus pour que cela ne se reproduise plus ensuite. Comment Hermione avait pu autant lui pardonner restait un mystère pour Harry. Quoiqu'il en soit, c'était la première fois qu'il, voyait, lui, dans le regard de son amie, de la déception qui lui soit destiné. Et il ne le supportait pas cela. Il ne supportait pas cette sensation qui lui comprimait la poitrine et lui retournait les entrailles. Il l'avait trop ressentie en étant plus jeune, pendant la guerre, à chaque fois que quelqu'un était blessé par sa faute. Il s'était juré de tout faire pour ne plus jamais la ressentir. La culpabilité, il détestait cela.

Dès le lendemain, il ferait tout pour se racheter, c'était certain. À l'heure actuelle, tout ce qu'il pouvait faire était de dormir un peu. Mais pas ici, ni chez lui, il avait besoin d'être seul.

Se relevant difficilement, Harry avisa la pluie qui commençait à tomber drue au-dehors. Ce temps orageux lui rappelait ce fameux match de Quidditch, en troisième année, où il avait cru apercevoir le Sinistros dans les nuages. Une association d'idées l'amena à penser à son parrain, Sirius Black, puis à la maison de celui-ci. Et il sut où il devait aller. Il rassembla alors ses affaires puis descendit à la cuisine où il tomba sur Charlie. Ils se dévisagèrent un instant avant que Harry n'ouvre la bouche.

- Tu pourras prévenir ta mère et ta sœur que je suis parti, s'il te plait ? J'ai besoin de réfléchir à tout ça, seul.

Le rouquin acquiesça simplement, le visage fermé, avant de faire un pas sur le côté pour le laisser passer. Harry réajusta son sac sur son épaule et se dirigeait vers la sortie lorsque la voix de Ron s'éleva derrière lui.

- Harry ! Où vas-tu ? Je suis déso...

Lâchant brusquement son sac, le brun venait de se retourner et de décrocher un crochet du droit sur la joue droite de l'autre.

- Juste, ferme ta gueule, Ronald. Ferme surtout bien ta gueule.

Il sortit ensuite calmement de la maison. Comme l'avait dit Hermione en troisième année : "ça fait du bien". Malheureusement, la satisfaction ne dura pas longtemps, la culpabilité revenant au triple galop. Un transplanage plus tard, il se retrouvait devant la porte du 12, Square Grimmauld, où il n'avait plus mis les pieds depuis la guerre. La minute suivante, il se roulait en boule sur le lit de l'ancienne chambre de Sirius.

Le lendemain, il ferait tout pour retrouver Hermione et tout lui expliquer, parce qu'il ne pouvait pas prendre le risque de la perdre. Elle était sa meilleure amie, sa sœur, celle pour qui il ferait n'importe quoi, il ne pouvait pas la laisser croire qu'il l'avait trahie. Alors il la retrouverait.

Pour l'instant cependant, il avait juste besoin de digérer les évènements de ces dernières vingt-quatre heures et d'y réfléchir. Digérer le fait qu'il venait de décevoir Hermione, de perdre toute confiance en Ron et réfléchir aussi à ce qu'il devait faire avec Ginny, parce qu'après tout, elle aussi lui avait menti et omis des faits importants.

Oui, le lendemain, il partirait à la recherche d'Hermione. Mais pour l'instant, il allait essayer de dormir un peu et prier, pour que son amie accepte de le croire...

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