Chapitre 24
- Honnêtement Granger, je ne te comprends pas ! Ce type est super ! Il est galant, patient, il a de l'humour, il est fan de toi, en plus il hyper canon, pour un Weasley en tout cas, et toi, tu le laisse courir ! Je ne te comprends pas !
Hermione Granger gémit et appuya son front sur la rambarde du balcon en fermant les yeux. Elle non plus ne se comprenait pas. Comment l'expliquer du coup ? Cela faisait six semaines maintenant qu'elle voyait régulièrement Charlie. Et pourtant, rien n'avait vraiment évolué entre eux. Enfin...
Comme prévu, elle lui avait envoyé Lizzie pour l'informer des dates qui lui convenaient le mieux pour un rendez-vous et ils s'étaient vu quelques jours plus tard.
Au cours de cette première rencontre, le dragonnier avait été surprenant, gentleman à souhait, tout simplement parfait. A aucun moment il ne lui avait laissé penser qu'il voulait plus, malgré tout elle était restée crispée, nerveuse.
- Tu sais, je ne vais pas te sauter dessus, tu peux te détendre, lui avait-il soudainement assuré avant de boire une gorgée de son verre de vin puis de recommencer à manger comme si de rien était.
Mais cela ne l'avait pas aidé, que du contraire. En plus de son malaise, elle s'était sentie coupable. Le pauvre faisait des efforts et elle ne parvenait pas à se décoincer. Malgré tout, lorsque le jeune homme lui avait demandé pour se revoir, elle avait accepté.
Au moment de venir la chercher, pour ce second rendez-vous, il lui avait d'entrée de jeu annoncé qu'il ne tenterait rien, qu'il attendrait qu'elle initie elle-même quelque chose... s'il y avait quelque chose à initier.
- Je t'ai promis qu'on irait à ton rythme et en général, je tiens toujours mes promesses. De toute façon, ça me va aussi, j'aime assez l'idée de devoir te courtiser, d'apprendre à te connaître, comme les générations précédentes le faisaient avant nous.
Il avait parlé sur un ton doux, un petit sourire malicieux aux lèvres. Et elle avait fondu.
A partir de cet instant, tout avait été bien mieux. Ils sortaient plusieurs fois par semaine, apprenaient à se découvrir, ils riaient ensemble, discutaient de la vie, de la guerre, de leurs emplois, tout y passait. Et c'était bien. Jusqu'à la veille.
Après six semaines de rendez-vous tout à fait platonique, d'un point de vue physique, Charlie avait finalement craqué. Ils s'étaient installés sur un banc dans un parc du Londres Moldu, pour se reposer d'avoir marcher pendant un long moment. L'épaule d'Hermione était appuyée contre la sienne. Ils étaient bien là, tous les deux, à regarder les gens passer. Puis le regard de la jeune femme s'était mis à pétiller et un grand sourire était venu illuminer son visage. Du bout du doigt, elle lui avait alors indiqué un petit écureuil qui courrait d'un arbre à un autre. Et... Elle était tellement belle à cet instant, avec ses joues rosies par le vent froid d'automne, qu'il n'avait pu faire autrement que de se pencher et de poser furtivement ses lèvres sur les siennes.
Dans un premier temps, celle-ci s'était figée et avait plongé son regard dans celui du rouquin, qui avait cessé de respirer, puis l'avait embrassé à son tour.
L'un comme l'autre avait alors senti une douce chaleur se répandre dans leur poitrine. C'était comme rentrer à la maison. Cela leur avait tellement manqué ! Le baiser se faisait plus passionné quand des sifflements provenant d'un petit groupe de jeunes les avaient interrompu.
- Prenez-vous une chambre ! Avait ri un des garçons
Charlie avait ri aussi, rougissant légèrement, mais Hermione l'avait repoussé avant de se lever pour partir rapidement. Surpris, le dragonnier n'avait tout d'abord pas réagit, échangeant un regard d'incompréhension avec les jeunes, avant de se mettre à sa poursuite. Elle tournait dans une petite ruelle sombre, après être sortie du parc, quand il l'avait rattrapé.
- Hermione ! Avait-il crié et il avait tout juste eu le temps d'agripper son bras avant qu'elle ne transplane.
Arrivés à destination, devant les grilles de Poudlard, elle avait titubé puis fait volte-face. Son visage était rouge de colère, ses yeux lançant des éclairs.
- Tu es malade ou quoi !? Tu veux nous faire désartibuler tous les deux !? Avait-elle hurlé en faisant de grands gestes.
Charlie avait eut un mouvement de recul face à son air furieux, mais s'était vite repris.
- Non, mais ça ne te va pas de crier comme ça ?! Si tu n'avais pas encore fuis, je n'aurais pas eu à te courir après ! Pourquoi es-tu partie d'ailleurs !?
Et là, contre toute attente, Charlie avait vu les grands yeux noisettes se remplirent de larmes et la colère de la jeune femme fondre comme neige au soleil. En quelques secondes, son visage s'était marqué d'une fatigue lasse.
- Je ne... On ne peut pas faire ça. C'était une erreur, je me suis laissée aller et c'était une erreur, n'importe qui aurait pu nous voir. N'importe qui, dont ta famille ou pire, Ron.
Charlie était resté silencieux tellement longtemps qu'Hemione avait cru pendant un instant qu'il ne répondrait pas, mais il l'avait finalement fait, les poings et la mâchoire serrés, le regard dur.
- Très bien.
Et il avait transplané. La jeune femme n'avait pas eu le temps de réagir qu'il n'était plus là, il était parti. Elle était alors rentrée au château en se sentant coupable et déprimée. Arrivée dans sa chambre, qui jouxtait l'infirmerie, elle avait aussitôt avalé une potion de Sommeil Sans Rêves et avait sombré.
La journée du lendemain s'était déroulée sans incident pour les élèves, elle réussit donc, en évitant de prendre ses repas dans la Grande Salle, à ne voir personne. Une fois le couvre-feu passé cependant, elle était montée jusqu'à la Tour d'Astronomie où l'attendait Drago Malefoy.
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Si, pendant leurs cours communs à l'Université, l'ancien Serpentard et elle avaient enterré la hache de guerre, c'était le cas de le dire, et étaient devenus polis entre eux, ils étaient devenus bien plus proches depuis qu'ils avaient commencé à travailler tous les deux à Poudlard.
Le fait qu'ils soient, avec Neville, les trois plus jeunes enseignants de l'école y était pour beaucoup, cela allait sans dire, mais Hermione aimait penser que même sans cela, ils se seraient rapprocher de toute façon. Parce que finalement, ils se ressemblaient sur pas mal de points.
La première fois qu'ils avaient vraiment discuté ensemble fut le lendemain du premier rendez-vous que la jeune femme avait eu avec Charlie. Perdue dans ses pensées et sentiments, elle était montée jusqu'en haut de la Tour d'Astronomie. Elle n'avait alors pas tout de suite remarqué la présence de Drago. Comme ce soir, elle s'était assise sur le balcon, faisant pendre ses jambes dans le vide et, le menton posé sur ses mains, elles-mêmes sur la rambarde, elle avait regardé le ciel étoilé en poussant un profond soupir.
Au bout de plusieurs minutes, elle avait tourné la tête et avait sursauté violemment en apercevant Drago. Assis par terre, les jambes tendues devant lui et une cigarette à la main, il l'observait silencieusement.
- Mauvaise journée, Granger ? Avait-il demandé de sa voix traînante
Elle s'était contentée d'hausser les épaules en guise de réponse avant de lui retourner la question. Il avait imité son geste avant de tirer un coup sur sa cigarette. Le silence s'était alors installé entre eux, ni pesant, ni étouffant. Hermione regardait les étoiles, en réfléchissant. Drago la regardait elle, en fumant.
Après un temps indéfini, elle s'était levée dans le but de regagner ses quartiers, mais un coup d'œil en direction de l'ancien Serpentard l'avait finalement incité à rester. Aujourd'hui encore, elle ne savait pas vraiment pourquoi elle avait ressenti ce besoin. Quoiqu'il en soit, elle s'était doucement laissée glisser à ses côtés et, quelques secondes plus tard, Drago lui tendait une cigarette. Elle avait ricané avant de parler.
- Je suis Médicomage, Malefoy, je ne fume pas.
-Quel est le rapport ?
- Je connais les risques. Fumer tue, ce n'est pas bon pour la santé, et je tiens à la mienne.
Drago avait tourné ses yeux gris vers elle, ensuite sur le tube fin qu'il tenait entre ses doigts puis avait haussé une fois de plus les épaules avant de tirer profondément sur sa cigarette.
- Faut bien crever de quelque chose, avait-il alors dit en recrachant la fumée
Hermione en avait regardé les volutes tout en fronçant les sourcils, tandis que le silence se réinstallait entre eux. S'est Drago qui le brisa, plusieurs minutes plus tard, faisant sursauter la jeune femme à la fois parce qu'elle ne s'attendait pas à ce qu'il parle, mais encore plus à cause des paroles qu'il prononça.
- Je suis amoureux.
Les yeux écarquillés, elle n'avait toute fois pas ouvert la bouche et avait attendu sagement la suite. Que Drago Malefoy se confie était déjà quelque chose, à elle encore plus, mais au sujet de ses états d'âmes amoureuses, là c'était tout bonnement ahurissant. Aussi ne préférait-elle pas le brusquer et attendre qu'il parle de lui-même, si tant est qu'il en avait envie.
- Il s'appelle Benjamin, il est français, avait-il alors ajouté Je l'ai rencontré pendant mon exil, après la guerre. Il... Il est moldu.
Hermione, assurément surprise, avait de nouveau patienté, mais ne le voyant pas poursuivre, et la curiosité étant bien trop forte, l'avait interrogé. Et Drago avait répondu de bonne grâce à toutes ses questions, même si parfois il avait mis du temps avant de donner ses réponses, comme s'il cherchait ses mots et en soupesait tous les sens.
Benjamin Bristol était donc un moldu de vingt-trois ans. Il était également le fils du patron de Drago, Émile. Le vieil homme lui avait proposé de le prendre à l'essai dans sa librairie parce qu'il se sentait lui-même décliner et que, quoiqu'en dise son fils, ce dernier ne pourrait jamais tout gérer tout seul.
Drago, qui passait quotidiennement, fasciné par la boutique, et habitant juste en face, avait accepté avec joie. Le Ministère de la Magie lui avait fourni un logement, qui leur permettait aussi de le tenir à l'œil, mais il devait se débrouiller pour se nourrir et pour tout le reste, c'était donc une occasion à ne surtout pas refuser.
Le lendemain, il rencontrait Benjamin et il fut immédiatement séduit. Ben était un grand gaillard, bien bâtit, aux cheveux châtains et aux prunelles noisettes qui vous transperçaient l'âme. Troublé, parce qu'il n'avait alors jamais été attiré par autre homme, Drago avait tenté de garder ses distances, mais cela s'était révélé bien compliqué puisqu'ils travaillaient ensemble.
Dans un premier temps, le sorcier s'était dit que cela lui passerait, mais il n'en fut rien, que du contraire. Et il commençait sérieusement à devenir fou lorsque, un soir, Benjamin avait prit les devants en le plaquant contre une étagère pour l'embrasser fougueusement.
A partir de là, ils ne s'étaient pour ainsi dire pas quittés une seconde et ce, pendant dix mois. Au cours de cette période, Drago était tombé éperdument amoureux, pour la toute première fois de sa vie. Cependant, lorsque la date de son dernier jour d'exil était arrivé, il avait fait ses valises et était rentré en Angleterre sans un regard en arrière. Il y avait près de quatre de cela à présent.
- Tu... Tu es parti, comme ça ?! S'était écriée Hermione, sous le choc de la révélation
- Que voulais-tu que je fasses ? Il vit en France, ma vie et ma famille sont ici, en Angleterre. Il est moldu, je suis un sorcier et, de surcroît, fils de Mangemort.
- Mais... Mais...
- Mais rien, Granger.
Éberluée, Hermione n'avait plus su que dire. Elle avait alors laissé quelques minutes passer avant d'expliquer son histoire à elle : le fiasco du mariage avec Ron, ses parents, et enfin Charlie. Drago l'avait écouté religieusement, en silence, ne posant qu'une question ou l'autre de temps en temps. Puis...
- Weasley, le sixième, et toi n'étiez pas fait pour être ensemble de toute façon. Je l'ai toujours dis. Il n'a vraiment aucune classe ou savoir-vivre. Sérieusement, tu l'as déjà regardé manger ?
Hermione avait éclaté de rire en secouant la tête de gauche à droite, dépitée. Certaines choses ne changeraient jamais, et ce n'était pas plus mal parfois. Drago s'était contenté d'un petit sourire en coin, celui dont il avait le secret.
Quelques instants plus tard, le Professeur de Potions avait écrasé son énième mégot sous le regard désapprobateur de la Médicomage, mais plutôt que d'allumer une autre cigarette, il s'était levé et l'avait aidé à en faire autant. Il était temps d'aller dormir.
Avant de se séparer, aux pieds des escaliers, ils s'étaient observés un moment et s'étaient souri en se saluant d'un signe de tête. Cette soirée avait alors marqué le début d'une série de bien d'autres et, plusieurs fois par semaine, ils se retrouvaient là-haut, au sommet de la Tour d'Astronomie. Drago parlait de Benjamin, Hermione de Charlie. Et petit à petit, ils devenaient amis.
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La Médicomage venait présentement de raconter son rendez-vous de la veille et Drago s'était écrié qu'il ne la comprenait pas.
- Je n'ai pas envie qu'on dise de moi que je me rabats sur le frère de Ron parce que je suis trop déprimée ou désespérée pour me trouver quelqu'un d'autre. Je n'ai pas envie qu'on pense que je sors avec Charlie à défaut d'avoir Ron et encore moins que leur famille me regarde comme si j'étais... Comme si j'étais une fille de bas étage, confia-t-elle à voix basse
- T'es sérieuse là, Granger ?
Dans le ton de Drago, on pouvait décelé de l'étonnement et un peu d'agacement. La jeune femme leva alors la tête et tomba dans son regard si particulier. Il la sonda un instant, cherchant à lire en elle.
- Merlin, oui, tu es sérieuse. Bordel, j'y crois pas ! S'exclama-t-il en se levant brusquement, forçant Hermione à lever la tête. Pendant des années, tu t'es battue contre Tu-Sais-Qui, tu as soutenu Potter, tu as tenu tête à ma Tante Bellatrix, et... et... Et tu as peur du « Qu'en dira-t-on » !?
- Je ne... !
- Oh non, tu vas te taire et me laisser parler sur ce coup-là ! gronda Drago en s'accroupissant pour être bien face à elle. Je vais t'avouer une chose que je n'aurai jamais pensé dire un jour. Depuis qu'on est gosses, tu m'as toujours impressionné, Granger. Tu n'étais qu'une maudite Sang-de-Bourbe, pardonne-moi l'expression, mais je n'ai jamais pu nier le fait que tu étais plus forte et plus intelligente que la plus grande majorité d'entre nous. Ça me rendait dingue, mais j'ai fini par m'y résoudre. Quand Weasley et Potter voulaient baisser les bras, s'est toi qui leur remontait les bretelles, qui les poussaient, et s'ils sont en vie aujourd'hui, c'est grâce à toi, tout le monde sait ça. Dès qu'un danger menaçait, tu fonçais, tu devais être terrifiée, pourtant tu courais droit dedans. Malgré les insultes, j'ai toujours admiré et respecté ça chez toi. Mais là, tu es lâche Granger. Et ça me déçois beaucoup.
La véhémence des propos de Drago Malefoy fit monter les larmes au yeux d'Hermione si vite qu'elle ne pu faire autrement que les laisser couler. Il avait raison bien sûr.
- On... On était dans des situations d'urgence, en temps de guerre, je ne devais pas réfléchir, je devais être réactive. Il en allait de nos vies... Ce n'est pas pareil, répondit-elle, amère.
- Tu veux une situation d'urgence ? Je vais t'en donner une. Si tu ne réagis pas maintenant, Granger, ton dragonnier va te passer sous le nez. Honnêtement, il doit vraiment être dingue de toi pour être si patient, parce que je t'aurai déjà envoyé bouler depuis longtemps personnellement. Si tu ne te décide pas bien vite donc, il abandonnera et passeras à autre chose. Et toi, tu finiras vieille fille, avec tes bouquins pour seule compagnie !
Hermione voulut pour s'insurger, mais Drago la coupa de nouveau.
- J'ai tort ? Oses me dire que tu ne vas pas te morfondre pendant des mois, si pas des années, puis que tu auras trop peur de sortir pour faire d'autres connaissances, prétextant du travail, par exemple. Toi et moi savons que si tu laisses passer cette chance, tu n'oseras plus tenter quoique ce soit avant qu'il ne soit peut-être trop tard. Resteront donc tes collègues, mais honnêtement, à part moi, tu ne trouveras rien de potable. Et vu que tu n'as pas le bon équipement pour m'intéresser, c'est mort avec moi aussi. Donc, tu finiras vieille fille avec tes livres. Et peut-être un chat, je sais que tu aimes ces bestioles. Vieille fille avec ses livres et son chat devant la cheminée tous les soirs.
Une fois de plus, Drago Malefoy avait raison, il était cependant hors de question pour Hermione de le dire à voix haute. Merlin l'en préserve !
- Qu'est-ce que je dois faire dans ce cas ?
Drago soupira. Cette fille avait beau être la plus intelligente qu'il connaisse, elle n'en restait pas moins désespérante.
- Tu l'aimes ?
- Je euh...
- Ne réfléchis pas, est-ce que tu l'aimes ?
- Oui,... Mais j'ai tellement peur que ça ne fonctionne pas et de finalement souffrir encore.
- Tu ne pourras jamais savoir à l'avance si ça ira ou pas. Dans la vie, il faut savoir prendre des risques, sinon à quoi bon ?
Drago se leva, faisant craquer ses articulations légèrement ankylosées et lui tendit une main pour l'aider à en faire autant.
- Donc, dans un premier temps, tu vas m'essuyer ces larmes de crocodiles, dit-il en effaçant lui-même les perles salées qui avaient coulé. Ensuite, tu vas aller prendre une bonne douche bien chaude, parce qu'entre nous, tu empestes l'antiseptique et le renfermé, puis tu iras le voir.
- Quoi ? Mais...!
- Silence, fais ce que je te dis et tout ira bien.
Ils se défièrent du regard, mais Hermione abandonna la bataille. Quand Drago Malefoy avait une idée en tête, il ne l'avait clairement pas autre part, alors à quoi bon ? Elle le suivit donc jusqu'à ses propres quartiers et se laissa guider jusque dans la salle de bain. Là, il fit couler l'eau du bain, versa quelques gouttes d'essence de vanille avant de se tourner vers elle.
- Voilà, tu rentres là-dedans, tu te récures, t'épiles, tu domptes ta crinière puis tu m'appelles. Je prépares ta tenue.
- Bien chef, grogna Hermione avant de tout de même obtempérer.
Satisfait, Drago lui lança un sourire éblouissant, qui la fit rire, puis tourna les talons. Dans la garde robe de la Médicomage, il sélectionna un jeans, associé au seul chemisier blanc qu'il trouva. Simple, mais généralement efficace. Surtout si... Il se pencha et souri victorieusement lorsqu'il aperçu une paire d'escarpins noir. Il se dirigea ensuite vers le tiroir à sous-vêtements et, sans gêne aucune, l'ouvrit. Bon, pour le coup, s'est un air dépité qui s'inscrit sur son visage.
- Vraiment, Granger, il va falloir qu'on aille faire quelques achats toi et moi, marmonna-t-il en observant la montagne de culottes en coton.
Heureusement, tout en dessous de cette pile, il dénicha un petit sachet en plastique contenant un très joli ensemble noir en dentelle.
- Voilà qui est déjà mieux !
Drago déposa le tout sur le lit avant d'aller se servir un verre de Whisky Pur Feu. Ne restait plus qu'à attendre que la demoiselle daigne sortir de la salle de bain. Le Professeur de Potions se jura tout de même que si elle n'était pas prête dans les vingt minutes, il ira lui-même achever le travail. Il ne fallait tout de même pas trop jouer avec sa patience non plus.
S'installant face à la cheminée, son verre à la main, il laissa son regard se perdre dans les flammes. Leur couleur lui rappelait douloureusement les petits éclats qu'il pouvait percevoir par moment dans le regard de Benjamin, et son cœur se serra. Il lui manquait tellement. Pourtant, comme il l'avait signifié à Hermione, le quitter était pour lui la meilleure solution. Comment aurait-il pu imposer au jeune français le fait qu'il soit sorcier et un sorcier dont la réputation laissait clairement à désirer de surcroît ? Il avait souvent imaginé les journalistes les poursuivant, ainsi que les regards mauvais. Il ne souhaitait pas cela pour Benjamin, il le voulait heureux et il ne l'aurait pas été s'il avait su la vérité, Drago en était certain. Il avait donc fait le bon choix. Mais Merlin, ce qu'il lui manquait.
La voix d'Hermione, étouffée par la porte, le sorti de ses pensées.
- J'ai fini !
L'interpellé se leva gracieusement, déposa son verre maintenant vide, puis attrapa les vêtements posés sur le lit avant de la rejoindre.
- Tiens, mets ça, dit-il en passant les affaires par l'ouverture de porte qu'Hermione venait de faire
Quelques minutes plus tard, elle ressortait habillée, coiffée et légèrement maquillée.
- Alors ? Monsieur est-il satisfait ?
- Franchement ? T'es bandante comme ça Granger.
- Malefoy ! S'exclama-t-elle en rougissant furieusement
Drago ricana, mais sérieusement, elle était tomber. Le jeans qu'il avait choisi lui faisait un très joli derrière et, perché sur ses talons avec les deux premiers boutons de son chemisier ouverts, elle aurait donné le vertige à pas mal d'hommes. Un seul les intéressait cependant.
- Tu es parfaite.
- Ça ne fait pas... Trop ?
Drago se contenta de croiser les bras, de basculer une hanche sur le côté et de la toiser en levant un sourcil, l'air de dire « Pour qui tu me prends au juste ? ».
Bien, dit-il lorsqu'elle eut baissé les yeux, maintenant tu vas le voir.
Hermione se mit à se balancer d'un pied à l'autre, les yeux toujours rivés vers le sol.
- Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée, Drago.
- Tu me fais confiance ou pas ?
La tête de la jeune femme se releva rapidement et elle plongea son regard dans celui de son vis-à-vis avant de répondre d'une voix ferme, sans hésiter une seule seconde.
- Oui.
Cet instant était important, ils en avaient clairement conscience l'un comme l'autre. Ils avaient discuté des heures durant, s'étaient confiés, et avaient même ri ensemble, mais jamais rien n'avait été aussi... solennel. Et dans les yeux gris de Drago, Hermione pu lire de la reconnaissance.
Rentrer en Angleterre n'avait pas été simple pour lui. En plus de quitter Benjamin et une petite vie qu'il avait commencer à apprécier, malgré l'absence de magie, il se retrouvait dans un pays où on le voyait comme étant hostile. Il n'était pas le bienvenu et, chaque jour, quelque chose venait le lui rappeler. Pourtant, l'Angleterre était son pays et il voulait y rester.
Lorsqu'il avait intégré l'Université, il avait dû faire face aux regards des autres étudiants et aux injustices de certains professeurs. Seul, sans véritables amis et constamment surveillé, épié, il avait pourtant tenu bon. Parce qu'il s'était fait la promesse qu'il leur prouverait, à tous ces gens qui le sous-estimaient, qui le jugeaient sans même le connaître, ce dont il était capable. Et il avait réussi. Ce fut terriblement difficile par moments, mais il y était parvenu. Et aujourd'hui, le fait de savoir qu'il n'était plus vraiment seul, qu'il y avait au moins une personne, qui lui faisait vraiment confiance... Merlin, s'il n'avait pas été un Malefoy, il en aurait pleuré.
- Merci, dit-il d'une voix enrouée par l'émotion
Hermione se contenta d'hocher la tête en souriant. L'instant passa cependant et après s'être secoué, Drago se dirigea de nouveau vers le petit bar où il servit deux verres. Il en tendit à Hermione.
- Tiens, bois ça.
Renversant sa tête en arrière, la jeune femme avala son contenu d'un coup. Aussitôt, elle senti une douce chaleur se répandre dans ses entrailles et son esprit s'engourdit légèrement.
- Ça fait du bien, mais vraiment Drago, je... Je ne sais pas si je vais arriver à faire ça. Qu'est-ce que je vais lui dire ?
- Écoute Granger... Hermione... Tu te poses trop de questions. Ronald t'a peut-être menti, mais Charlie n'est pas son frère, il se bat pour toi, il te respecte. Il t'a dit être amoureux de toi et même si tu ne m'avais pas tout à l'heure confirmer que tu l'aimais aussi, j'aurais clairement pu te l'affirmer. Tes yeux pétillent quand tu parles de lui et je ne te parle même pas du sourire niais que tu affiches quand tu rentres d'une soirée en sa compagnie. Tu as peur parce que tu as été blessée, ce que je comprends tout à fait, c'est parfaitement légitime, mais tu ne peux pas condamner un homme à cause de ce que t'as fait un autre. Après tout ce que tu as vécu, tu as le droit d'être heureuse et qu'importe que ce soit avec le frère de ton ex ! Les gens jaseront toujours de toute manière, parce que la nature humaine est ainsi. Si ce n'est pas là-dessus, ils trouveront autre chose, crois-moi. Dis toi qu'au moins tu sais à quoi t'attendre. Tu as assez fui, Hermione, secoues-toi et redeviens la lionne que tu étais quand nous étions ado, par Merlin.
- Tu as raison, murmura Hermione avant de se traiter d'idiote en fermant les yeux
- Bien sûr que j'ai raison ! Je suis un Malefoy, les Malefoy ont toujours raison.
Ben voyons ! Elle pouvait être certaine qu'elle allait en entendre parler pendant un moment de celle-là. Malgré tout, elle le pensait vraiment, il avait raison, elle devait arrêter de se cacher.
Hermione inspira profondément, alla se servir un second verre qu'elle bu tout aussi rapidement que le premier, puis se dirigea vers la cheminée. Sur le rebord était posé un petit bol. Elle préleva un peu de son contenu et en jeta dans l'âtre. Aussitôt, les flammes devinrent vertes.
A sa demande, la Directrice avait accepté de faire débloquer sa cheminée. Elle ne pouvait l'utiliser que dans un seul sens cependant, mais quand on savait la paranoïa que la Minerva McGonnagal avait développé après la guerre, c'était déjà un miracle qu'elle ait accédé à cette demande.
Hermione se tourna ensuite vers Drago avec un petit sourire crispé puis entra dans la cheminée. Juste avant de prononcer distinctement « Charlie Weasley. Rue des Mandragores, Pré-au-Lard ! », elle lui promit de bientôt lui rendre la pareille. Drago n'eut pas le temps de répondre qu'elle avait déjà disparu.
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Le salon était baigné dans l'obscurité lorsqu'Hermione arriva chez Charlie. Avisant l'horloge murale, elle constata qu'il était déjà près de vingt-deux heures trente. Peut-être dormait-il déjà, songea-t-elle en grimaçant. Légèrement encouragée par les deux verres d'alcool qu'elle avait ingurgité, elle traversa la pièce pour partir à sa recherche. Elle ne le trouva cependant ni dans la cuisine, ni l'étage. Dépitée, elle se dirigeait vers la porte d'entrée lorsque celle-ci s'ouvrit sur Charlie. Le dragonnier sursauta violemment en remarquant la présence de quelqu'un chez lui. D'un coup de baguette il alluma la lumière et soupira de soulagement lorsqu'il la reconnu.
- Par Merlin, Hermione, tu m'as fais une de ces peurs !
- Désolée, fit-elle avec une petite moue. Je suis arrivée par Cheminette et comme tu n'étais pas là, j'allais partir.
- J'étais à la Réserve.
- Oh...
- Je te sers quelque chose à boire ? Demanda Charlie pour meubler la conversation, sentant qu'un silence gêné s'installerait dans le cas contraire.
- Je ne pense pas que ce soit un bonne idée... Je... J'ai déjà bu deux verres de Whisky avant de venir.
Les yeux bleu de Charlie s'écarquillèrent. Elle ne buvait que rarement et surtout pas en plein milieu de semaine.
- Ah bon ?
- Oui, j'avais... J'avais besoin de courage pour venir te parler en fait.
Le dragonnier ne répondit rien, mais son cœur se mit à battre plus vite. Hermione, quant à elle, n'en menait pas large. J'aurais dû en boire un troisième ! Bien sûr, pour ne plus être lucide après ? Lui demanda une petite voix dans sa tête. Oui, bon... Face à elle, Charlie attendait la suite.
- J'ai beaucoup parlé avec Drago ce soir. Il... Il a dit que j'étais lâche... et idiote aussi, je crois.
Un sentiment de colère s'insinua dans les veines de Charlie. Pour qui se prenait-il celui-là !?
- Parce que tu es un mec génial, que tu tiens à moi, que je tiens à toi, énormément même, et que je m'obstine à ne pas vouloir aller de l'avant malgré tout, continua Hermione
Oh ! Autant pour moi, je l'inviterai à boire un verre !
- Et... Il a raison. Je suis une lâche et une idiote, c'est ce que je suis venue te dire. Il y a six semaines, tu m'as dis que tu attendrais que j'initie le mouvement, eh bien je le fais maintenant. Je me sens prête pour... Plus.
Merlin.
- Plus ? Demanda Charlie, incertain de vraiment bien comprendre alors que son cœur lui faisait mal à la poitrine à force de cogner si fort
- Oui, plus... Tu sais... bredouilla Hermione en faisant des petits gestes de la main tout rougissant violemment
En fait, elle était devenue tellement rouge et embarrassée que des plaques étaient apparues sur sa gorge et sur le haut de son décolleté. Lorsqu'il le remarqua, Charlie réalisa en même temps la tenue dans laquelle elle se trouvait. Et une vague de désir le submergea.
En deux enjambées, il fut à ses côtés, les mains entourant son visage, ses lèvres sur les siennes. Surprise par sa fougue, Hermione gémit et il en profita pour glisser sa langue dans sa bouche. Le baiser était fiévreux, demandeur. Il l'avait embrassée la veille, mais ce n'était pas pareil. Cette fois il n'y avait aucune retenue, pas qu'ils en aient vraiment eu dans le parc, mais là ils se laissaient vraiment aller à leurs envies.
Charlie ne croyait pas en sa chance, elle lui avait tellement manqué, lui qui commençait à désespérer! Sa peau, ses yeux, son odeur, il aimait tout chez elle ! Délaissant ses lèvres, il embrassa sa mâchoire avant d'aller nicher son nez dans son cou pour en humer la peau. De la vanille.
- Merlin, tu sens tellement bon ! S'exclama-t-il en la serrant plus encore dans ses bras.
Hermione ne réalisa qu'il les avait fait transplaner dans sa chambre que lorsqu'il la poussa vers le lit. Elle était tellement étourdie par toutes ces sensations, qu'elle perdait pied. Elle aimait ça. Et le meilleur était qu'il ne l'avait pas encore vraiment touchée. Un frisson la traversa de part en part quand, comme s'il avait lu dans ses pensées, elle sentit ses mains fraîches sur son ventre. Elle en gémit de bonheur, puis de frustration lorsque les caresses cessèrent et que Charlie stoppa leur baiser pour la regarder dans les yeux.
- Tu es sûre de toi ?
- Oui, affirma sérieusement Hermione
Charlie lui offrit alors son plus beau sourire avant de fondre de nouveau sur ses lèvres. Et la jeune femme se dit qu'elle avait décidément été bien bête d'avoir perdu autant de temps à se poser des questions.
- J'ai tellement envie de toi, si tu savais.
- Qu'est-ce que tu attends dans ce cas ? Invita la jeune femme, en sortant sa baguette de sa poche pour les déshabiller tous les deux
Un grondement, proche du rugissement que pouvaient émettre les créatures avec lesquelles il travaillait, sortit de la gorge du dragonnier juste avant qu'il ne soulève Hermione pour l'allonger sur le matelas.
Contrairement à leur première fois, il ne prit pas le temps d'être doux, de la couver du regard, il avait bien trop besoin de la sentir, de lui montrer à quel point il la voulait. A quel point il la désirait et l'aimait. Aussi la posséda-t-il tout de suite. Ce qu'Hermione ressentit à cet instant fut tellement intense qu'elle eu soudainement peur de se noyer.
- Regarde-moi, l'implora-t-elle
Lorsque les paupières de Charlie se levèrent et qu'elle pu plonger dans l'océan de ses yeux, elle su que jamais elle n'avait prit une meilleure décision que celle de suivre les conseils de Drago Malefoy.
S'accrochant à son regard comme un naufrager à un rocher, elle se laissa porter par les vagues de désir qui l'envahissaient de plus en plus intensément. Jusqu'à ce qu'ils chavirent.
.
Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, Charlie se sentait d'excellente humeur. Lentement, il se tourna sur le côté, afin de ne pas réveiller la jeune femme qui avait partagé sa nuit, mais son sourire se figea : la place d'Hermione était vide et froide, signe qu'elle avait déserté le lit depuis un moment. Elle était partie, encore. Et lui sentait son cœur se briser, encore. Sauf que cette fois, la douleur n'était pas accompagnée de colère, seulement de fatigue. Il était las, épuisé de courir après elle, de tenter de la convaincre. Cette nuit, il avait vraiment cru que tout avait changé, mais il s'était trompé.
Charlie s'assit au bord du lit en soupirant, les coudes sur les genoux, le visage dans ses mains. Qu'allait-il faire à présent? Continuer encore un peu? Jusque quand? Il n'en pouvait plus. Il avait bon l'aimer, il se demandait maintenant si cela en valait vraiment la peine.
Il n'eut pas le temps de réfléchir aux réponses parce que la porte de sa chambre s'ouvrait sur Hermione portant un plateau. Charlie avait l'impression de rêver. Elle était là ! Les cheveux ébouriffées, vêtue de sa chemise à lui, laissant transparaître sa petite culotte en dentelle. Elle était là !
- Oh, tu es déjà réveillé ? Je voulais te faire la surprise ! geignit-elle en déposant son fardeau sur la table de nuit
Elle allait se tourner pour ouvrir les rideaux, mais Charlie l'attira à lui par le poignet. Il la plaça entre ses cuisses, fit glisser ses mains sous la chemise pour les joindre juste au-dessus des fesses de la jeune femme et déposa son visage sur le ventre.
- Tu es là, pour de vrai, tu es là, murmura-t-il, des sanglots dans la voix
Émue, Hermione laissa glisser ses doigts dans les mèches rousses et l'entoura de ses bras.
- Je suis là.
- Et tu restes.
- Et je restes, confirma-t-elle
- Merci Merlin... !
- Appelles-moi Hermione.
Charlie leva les yeux vers son visage et rit doucement, se souvenant qu'il avait prononcé ces paroles la première fois qu'ils avaient fait l'amour.
- Je t'aime, tu sais ?
- Moi aussi Charlie.
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