Chapitre 1
Alors que le soleil se levait doucement à l'horizon, donnant ainsi au ciel de magnifiques couleurs chaudes, quelqu'un apparut dans un fracas sonore au milieu de la plaine.
De taille assez grande, les épaules musclées et droites, Charlie Weasley lâcha son sac de voyage à ses pieds et prit une grande inspiration. Il était de retour.
Le temps d'un instant, il observa la journée s'éveiller, un sourire nostalgique se dessinant sur son beau visage parsemé de tâches de rousseur. Ce paysage lui avait manqué, c'était indéniable. Lorsqu'une fine brise vint remuer ses boucles rousses, il ferma les yeux et son sourire s'élargit encore.
Après quelques minutes cependant, il se secoua, ramassa son sac et partit à grands pas à travers la plaine. Bien qu'il fût en avance, il voulait arriver rapidement à destination. Il avait tellement hâte ! Il avait beau dire qu'il aimait son travail et sa vie de solitaire, rien ne valait, à ses yeux, le fait de retrouver ses proches. Vraiment rien.
Cette fois, il revenait après près de sept mois d'absence, sa dernière visite remontant à Noël. Il s'attendait d'ailleurs à se faire remonter les bretelles par sa mère. Elle qui aimait tant avoir ses « petits » auprès d'elle, comme elle le disait si bien, ne le raterait pas. C'était certain.
Lorsqu'il arriva enfin à la limite de la propriété familiale et qu'il put aviser la maison bancale dans laquelle il avait grandi, son sourire se fit de nouveau plus large. Outre la grande tente blanche plantée dans le champ derrière la maison, rien n'avait changé. Tout près du garage de son père se trouvait toujours l'arbre immense sur lequel il aimait grimper afin d'observer les oiseaux. Le petit étang était toujours là aussi, bien qu'il semblât s'être légèrement asséché. Avec la vague de chaleur que subissait cette année encore l'Angleterre ce n'était rien d'étonnant. Il rit doucement en se remémorant ce jour où son grand frère, Bill, avait voulu l'y pousser, mais qu'il avait réussi à l'entraîner dans sa chute. Leur mère était entrée dans une colère noire lorsqu'ils étaient rentrés trempés et boueux alors qu'elle finissait de nettoyer les sols.
Plus il avançait et plus les souvenirs affluaient. Là, il avait un jour trouvé un chaton blessé, ici sa petite sœur avait fait un vol plané lorsque le vieux balai-jouet de Bill s'était stoppé net, l'envoyant s'écraser lamentablement sur le sentier. Elle avait pleuré, plus de honte que de mal, tandis que ses frères et lui riaient aux éclats... Jusqu'à ce que leur mère sorte en courant. Ils avaient été privés de dessert pendant une semaine cette fois-là. « Non, mais quelle idée ! Vous êtes ses grands frères, vous devriez veiller sur elle, lui expliquer que c'est dangereux et non pas l'inciter. Bande d'idiots ! ».
Il secoua la tête en riant de nouveau et ralentit à la vue d'un bosquet fleuri. Sous celui-ci, il s'était caché une fois avec les jumeaux pour espionner Percy réciter un discours, pour il ne savait plus quelle occasion. Ils avaient ensuite passé des heures à le caricaturer, au grand dam de leur frère.
Les jumeaux. Le sourire de Charlie s'évanouit. Il n'en restait plus qu'un aujourd'hui, la faute à cette guerre maudite. Ils avaient tant perdu durant cette période sombre, mais il remerciait le ciel de ne pas leur avoir pris plus. Il avait pourtant bien failli le faire et il remerciait encore toutes les divinités d'avoir remis Angelina sur la route de son frère George. Sans elle, il le savait, ils auraient pu le perdre également. La mort de Fred les avait tous tant affectés, ils s'étaient tous tant enfermés chacun dans leur petite bulle de douleur qu'ils n'avaient pas remarqué les signes de détresse de George. Ce n'était pas peu dire qu'ils avaient failli le perdre lui aussi, car il était réellement passé tout près de rejoindre son jumeau.
Se retrouver tous réunis à son chevet, priant pour qu'il se réveille après qu'il ait ingurgité plusieurs potions expérimentales, avait cependant eu un effet positif. Ils avaient en effet enfin réalisé la torpeur dans laquelle ils s'étaient tous murés au point de devenir aveugles. Et ils en étaient sortis petit à petit. Bill peut-être plus vite que les autres puisqu'il avait eu l'immense joie de devenir père quelques mois plus tard. Par la suite, Ginny s'était fiancée puis mariée à Harry. Ils avaient fait ça à l'étranger, en cachette, s'attirant ainsi les foudres de Molly. Sa colère s'était un peu apaisée lorsque Percy lui avait présenté Audrey, sa petite amie. Pour finir de la calmer, Arthur lui avait offert un voyage. Ils n'étaient plus partis en vacances, en amoureux, depuis la naissance de Bill. Elle en était revenue radieuse.
Quant à George, il avait continué à voir Angelina, qui avait été son infirmière durant son séjour. Au fil des rencontres, ils étaient finalement tombés amoureux et avaient emménagé ensemble quelques semaines plus tard après s'en être rendu compte.
Quant à lui, Charlie, il était retourné en Roumanie, auprès de ses dragons. Il les aimait tellement ces braves créatures. Elles avaient eu une sorte d'effet anesthésiant sur ses blessures. Plus il travaillait en leur compagnie, moins il pensait à sa douleur. Alors il avait travaillé dur. Tellement dur qu'il avait aujourd'hui l'argent nécessaire pour ouvrir sa propre réserve.
Malgré cela, étant éloigné de sa famille, il était peut-être celui qui avait mis le plus de temps à se remettre de la mort de Fred. D'autant plus qu'il avait toujours été proche de ses frères jumeaux, les accompagnant bien souvent dans leurs blagues douteuses et les couvrant lorsque leur mère les attrapait. Oui, il avait eu énormément de mal à surmonter sa disparition.
Restait enfin Ronald, le plus jeune des frères Weasley. Charlie l'avait beaucoup observé durant les vacances de Noël et pour la première fois depuis des années, il n'avait pas su cerner l'état d'esprit dans lequel il se trouvait. Dès le premier soir, il avait remarqué une certaine distance entre Hermione et lui. Eux qui d'antan avaient été si complices, ne s'adressaient presque pas la parole. Même s'ils étaient côte à côte, ils ne se préoccupaient presque jamais de l'autre. Et cela s'était perpétré pendant les deux semaines de son séjour. Il en était arrivé à la conclusion que leur couple devait battre de l'aile, mais n'en avait parlé avec personne. Qui était-il pour débarquer après plusieurs mois d'absence et émettre ce genre de supposition ?
Trois semaines après son départ, il avait reçu une lettre de son frère lui annonçant qu'il avait demandé Hermione en mariage et qu'il était bien évidemment invité à se joindre à eux, le 17 juillet prochain pour célébrer cet événement. Il avait tout d'abord froncé les sourcils, un peu perdu, étant persuadé que ce qu'il avait vu durant les vacances étaient des signes avant-coureurs d'une rupture plutôt que d'un mariage et puis avait haussé les épaules.
Après tout, ils pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient, il se trompait certainement. Mais il en doutait.
Un hululement de hibou tout proche le ramena à la réalité. Il était de nouveau parti dans ses pensées.
Se détournant du bosquet, il se pressa d'atteindre le porche de la maison familiale. Il tendait la main vers la porte, lorsque celle-ci s'ouvrit à la volée.
- Charlie, mon petit ! Tu es en avance ! S'exclama Molly Weasley en étreignant son fils
- Bonjour Maman. Un collègue a proposé de me remplacer ce matin, j'ai donc pu prendre un portoloin plus tôt.
- C'est tellement gentil de sa part. J'avais peur que tu n'arrives trop tard lorsque tu m'as écrit ne pouvoir te joindre à nous qu'une heure avant la cérémonie.
- Je sais, mais tu n'as plus à t'en faire, je suis là maintenant, répondit Charlie en souriant. D'ailleurs si tu pouvais me lâcher, Maman, j'étouffe...
- Excuse-moi, je suis tellement heureuse de te voir après tout ce temps. Sept mois Charlie, te rends-tu compte ? Sept mois et à peine quelques lettres, n'as-tu pas honte de laisser ainsi ta pauvre mère inquiète sans nouvelles ?
On y était. Il avait senti les reproches arriver, et cela n'avait pas manqué. Fermant les yeux un quart de seconde, il se prépara mentalement pour la suite.
- Tu sais Charlie, je ne comprends toujours pas ce besoin que tu as de partir si loin. Et puis, travailler avec des dragons... Tu ne pourrais pas faire quelque chose d'un peu moins dangereux ?
- Maman, s'il te plaît, on a cette conversation à chaque fois que je viens, dit-il plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu
Molly hocha silencieusement de la tête et se détourna, se dirigeant vers la cuisine. Charlie eut cependant le temps de capter les larmes qui pointaient dans les yeux de sa mère. Avec un soupir, il la rattrapa, la fit pivoter et la prit dans ses bras.
- Maman. Arrête de pleurer, cela ne changera rien et tu le sais. Tu me fais toujours le coup. Mais tu ne réussiras pas à me faire culpabiliser cette fois.
Un reniflement dédaigneux lui répondit. Il sourit, il avait gagné.
- Surtout que, bon, tu as certainement une tonne de choses à faire pour cet après-midi, non ? Ce serait bête de perdre ton temps si précieux dans une bataille perdue d'avance, alors que tu as le mariage de Ronnie à préparer. Quelle mère serais-tu, sincèrement, si...
- Sale petit... ! Argh, manipulateur ! S'exclama Molly en se dégageant des bras de son fils, tandis que celui-ci éclatait de rire. J'ai effectivement mille choses à faire, tu as de la chance ! Mais puisque tu es là, tu vas pouvoir m'aider.
Charlie perdit son sourire d'un coup alors que celui victorieux de sa mère apparaissait sur son visage.
- Hein ? Mais...
- Silence. Monte ton sac dans ton ancienne chambre et redescends m'aider en cuisine. Tu t'occuperas de préparer le petit-déjeuner pour tout le monde pendant que je finirais la pièce montée. Exécution.
Dépité, le rouquin ramassa son sac, et commença à gravir les marches en grinçant des dents. Il s'était bien fait avoir. Il aurait dû le savoir pourtant, après toutes ces années : lorsqu'on cherche Molly Weasley, on la trouve !
Et le pire, c'était qu'il détestait cuisiner.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top