| CHAPITRE VI |

- Soleil...

Je suis d'un point de vue extérieur de la scène. Tout est blanc autour de moi. Je me vois assise sur un lit, la tête contre le torse nu de Ciel. Celui-ci me caresse d'ailleurs les cheveux.

- Je t'aime. Maintenant, demain, dans 3 mois, dans 10 ans, pour l'éternité.

C'est au tour de ma version alternative de parler.

- Ciel... Je ne veux pas te quitter. Je t'aime aussi, mais tu viens d'une autre époque...

- Certes, mais cela m'importe peu. Tout ce qui compte pour moi à présent est toi. Notre amour a traversé le temps. Ce n'est pas un hasard si nous nous sommes rencontrés. Nous sommes faits l'un pour l'autre depuis le début.

Il dépose un baiser sur mon front. Cette scène est à la fois irréaliste et niaise. J'ai envie de vomir.

Je détourne la tête de cette vision, mais je suis attirée par la voix d'une autre.

"- Ma chérie, s'il m'arrivait malheur un jour et que je pourrais plus être là pour toi, sache que de là où je serais, je te guiderais toujours vers le bonheur.

- Maman..."

C'était un souvenir avec ma mère. Une larme coule sur ma joue. Je lui parle :

- Tu me manques terriblement. J'aurais aimé que tu sois à mes côtés pour me voir grandir et vivre ma vie...

Je suis soudain prise d'un mal de tête. Mes mains se mettent sur celle-ci. Différentes voix se chevauchent, mais je distingue quelques mots :

- Je crois... que je... promesse...

- Ce n'est... au revoir...

- Cette fois... protégerai...

Ces morceaux de phrases semblaient toutes venir de ma voix...

***

- SOLEIL! crie quelqu'un à mes oreilles. Réveille-toi !


Je me réveille dans mon lit, avec Ciel qui me secoue les épaules.

- C'est bon... Tu peux me lâcher...

À sa vue, des gouttelettes perlent sur mon visage.

- Tu... Tu pleures...?

- Ciel...

Je le serre dans mes bras et sanglote de plus belle. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai le sentiment que bientôt, tout ne sera plus jamais comme avant...

- Ça va aller...

Le comte Phantomhive me donne une petite tape dans le dos. Je lève les yeux un instant pour le regarder.

Ses deux saphirs m'observent calmement et tendrement.

Je sens le rose me monter. Comment résister à ce regard des plus craquants ?

Son visage s'approche du mien. Sa main gauche vient bouger une mèche de cheveux qui tombait sur mon œil derrière mon oreille. Ensuite, son pouce caresse ma joue.

La distance entre nos lèvres diminue de plus en plus. Je m'arrête juste avant qu'elles se touchent, comprenant mon erreur.

- Tu penses que l'amour est un jeu. Je ne suis pour toi qu'un divertissement, au même titre qu'un tigre dans un cirque.

Ciel sourit malicieusement.

- Tu ne me laisseras jamais gagner, n'est-ce pas ?

- Non, tant que tu ne comprendras pas que l'amour n'est pas un jeu.

- J'apprécie que tu essaies de me résister, mais je finis toujours par obtenir ce que je veux. Après tout, je suis le chien de garde de la Reine.

Je lève les yeux au ciel. Le rêve d'hier soir n'était rien de plus que mon imagination. Jamais Ciel ne changera. Jamais.

J'effectue le rituel du matin, avec Ciel, auquel je me suis habituée à faire : l'habiller, faire le lit, ramener de la nourriture pour lui pour le petit déjeuner...

Même si cette routine est pénible et que le malaise bat toujours son plein quand je le change ou que je le déshabille, il m'est impensable maintenant de ne pas faire ces tâches.

***

Je regarde ma montre. Il est 17 heures.

- Viens, Clayton, on va aller au cinéma voir un film !

- Un film ? C'est quoi ?

J'avais oublié que ça n'existait pas encore quand lui existait.

- Tu verras !

Je le traîne jusque là bas, et paye (je vais plus avoir d'argent à la fin du mois à ce rythme) deux places pour un film d'action.

Le film raconte l'histoire d'amour impossible entre un humain et un androïde, qui possède une intelligence artificielle plus développée que la moyenne, et qui est prévue pour être une arme destructrice pour lancer une guerre.

***

Presque d'une heure et demie du film sur deux est passée. Je reste concentrée sur le scénario, mais soudain, une main frôle la mienne, qui est posée sur l'accoudoir.

Je regarde à qui appartient cette main et découvre sans grande surprise que c'est Ciel.

Ses doigts cherchent à entrelacer les miens, cependant, j'essaie de dégager mon membre, sans succès.

Le comte a piégé ma main dans la sienne. Je lui chuchote à l'oreille :

- Tu ne gagneras jamais.

- Je finis toujours par obtenir ce que je convoite. Tu seras mienne un jour.

- Prétentieux.

Je retire assez violemment ma main et croise les bras.

Ciel se croit vraiment tout permis.

***

Nous rentrons à la maison, en prenant garde à ne pas réveiller Papa qui est endormi sur le canapé.

Je monte avec le comte dans ma chambre. Je me change en pyjama derrière le paravent, et aide le chef de la famille Phantomhive à faire de même.

Je me brosse les dents et lui aussi, puis nous retournons dans ma chambre. J'installe le duvet par terre pour moi, bien décidée à dormir seule, qu'il fasse un cauchemar ou non. Il ne reste plus que 4 jours à tenir.

- Voyons Soleil, vous ne voulez pas passer une nuit de plus avec moi ? dit-il avec un sourire en coin.

Je n'en ai aucunement envie, et je ne préfère pas savoir ce qu'il pourrait faire dans mon sommeil. Après tout, le limier de la Reine Victoria est connu pour avoir utilisé plusieurs fois des méthodes sales pour mener à bien sa mission.

- Pardon, mais les meurtriers prétentieux comme toi ne sont pas mon genre.

- Je sais que je ne te laisse pas indifférente.

Il vient vers moi et lève mon menton avec son index. Ciel m'embrasse. Je le repousse.

- Je sais qu'au fond de toi, tu me désires de toute ton âme.

- Non !

Je le gifle. Une trace rouge apparaît sur sa joue.

- Tu ne sais pas ce que je ressens, tu ne sais pas ce que je suis vraiment, tu ne sais rien de moi ! Et tu sais encore moins ce qu'est l'amour !

Ciel est mortifié. Une main est portée à la joue où il a reçu sa baffe.

- Je plains Elizabeth. Elle qui n'est en rien au courant de ce que tu es vraiment ! Je ne comprends même pas pourquoi je t'ai vu avec moi en couple dans ce foutu rêve !

Je porte ma main à ma bouche, réalisant que ce que j'ai dit sous le coup de la colère.

- Je...

Pourquoi la vie est-elle à ce point sans pitié pour moi ?! Pourquoi ?!

Je me mets en position fœtale dans mon duvet.

- Laisse-moi.

J'éteins la lumière et m'endors, encore secouée par les événements.



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