|Chapitre 67|

Je ne comptais plus les minutes qui passaient depuis que le berg avait quitté la ville. La soute s'était refermée et je n'osais plus jeter le moindre coup d'œil dehors. 

A l'intérieur de l'appareil, tout le monde était silencieux. Je pense que nous étions tous en état de choc face à tout ce que nous avions vécu. Petit à petit, la pression retombait mais nous restions malgré nous sur nos gardes, ignorant encore où nous emmenaient Jorge et Vince. 

Certains adolescents que nous avions sauvé de WICKED s'étaient endormis et nous leur avions laissé tous les sièges, nous installant à même le sol. Adossée contre le mur, je ne quittais pas Thomas des yeux, songeant en même temps à la soirée que nous avions passé. 

Le brun était toujours inconscient, ce qui était normal avec la morphine et les calmants que Vince lui avait injecté. Sa plaie avait été bandé et désinfectée par Brenda qui avait réussit à retirer la balle avec l'aide de Gally. Sa vie n'était donc plus en danger. 

Je releva les yeux vers ma sœur qui était posté à ses côtés, veillant sur le garçon. J'ignorais comment allait évoluer leur relation. Mais si il y avait une chose dont j'étais sûre, c'est qu'il faudrait du temps à Thomas pour oublier Teresa. Pour oublier ses sentiments. Je pouvais encore l'entendre hurler son prénom lorsqu'elle avait disparu dans les décombres de l'immeuble et c'était de loin l'un des cris les plus déchirant que j'avais pu entendre. 

Gally était lui assit non loin du blessé, également adossé au mur, le regard dur. Je savais qu'il était encore bouleversé par la trahison des rebelles mais à la fois soulagé que nous nous soyons enfui. Et j'étais contente qu'il soit là. Très heureuse même. Et c'est ce que je lui fis comprendre à travers le doux regard que j'échangea avec lui. 

Je lança ensuite un regard vers Fry', endormie dans un coin, avant de serrer doucement les doigts qui étaient entrelacés avec les miens. 

Assit à mes côtés, Minho dormait également. Il était épuisé. Et je pouvais le comprendre. Enfin, depuis dès mois, il pouvait dormir en toute sécurité, entouré des gens qu'il aime. C'était un véritable repos pour son esprit et mon pouce caressa doucement sa main. Je n'aurais jamais pu songer être ici sans lui. 

Je posa ma tête contre le mur en fermant légèrement les yeux. Bien sûr, il manquait quelqu'un. Newt n'était plus là. 

J'ouvris doucement mon autre main et baissa les yeux sur ma paume où se trouvait le médaillon que le blond avait donné à Thomas. Celui-ci l'avait glissé dans sa poche lorsque nous étions encore dans la ville et quand le garçon s'était évanouit, je l'avais récupéré pour être certaine que ça ne se perde pas. 

Le médaillon était un petit tube argenté et je savais d'où il provenait. J'avais vu Newt le trouver au campement du bras droit et je savais qu'il avait caché une lettre une quelque chose du genre à l'intérieur. Mais plus j'observais le pendentif, moins je désirais l'ouvrir. Déjà car Newt l'avait donné à Thomas et qu'il devait l'ouvrir en premier. Mais également car j'avais peur. 

Peur de ne plus avoir la même image de Newt dans ma tête. Peur de savoir ce qu'il avait pu ressentir ces derniers jours. 

Je resserra mes doigts autour de l'objet en réfléchissant. 
Peut être qu'un jour Thomas m'autorisera à voir ce qu'il se cache à l'intérieur. Et peut être que je ne le saurais jamais. 

Peu importe. 

Il fallait aller de l'avant. 

Je lâcha doucement la main de Minho pour accrocher le pendentif autour de mon cou afin de ne pas le perdre. Lorsque Thomas se réveillera, je tâcherais de le lui rendre. 

Soudain, le berg trembla légèrement. A la secousse, je compris qu'il perdait de la hauteur et tourna la tête vers notre pilote pour obtenir des explications. Seulement, celui-ci était concentré et c'est Vince qui intervint en voyant l'expression perdu de Fry' qui venait de se réveiller.

-Nous sommes arrivés! Déclara l'homme. 

L'excitation monta en moi. Arrivés. Arrivés mais où? 

Sans attendre, je me redressa. Et lorsque le berg se posa au sol, j'ouvris la soute. 

L'air qui pénétra l'appareil à cet instant fut nouveau pour nous. Cet air était frais et salé. Mes mèches sales furent secouées par une légèrement brise et le spectacle qui se présenta devant nous me coupa le souffle. 

Le berg s'était posé au milieu d'une végétation verdoyante. Je n'en avais pas vu de tel depuis le bloc. Et encore, la foret du labyrinthe n'était rien par rapport à ce paradis. Mais le plus impressionnant fut la mer. 

A quelques mètres de nous, sans aucune limite avec la végétation, une plage de sable blanc bordée d'un océan turquoise s'étalant à perte de vue. 

Mon coeur se mit à battre fort dans ma poitrine. Mais cette fois, ce fut à cause de la pression qui se dissipa d'un coup. Une pression qui m'empêchait de respirer depuis mon arrivée au bloc. Une pression qui m'avait toujours forcé à me rappeler que nous n'étions pas libre.

Une pression qui désormais, n'existait plus. 

Je m'avança doucement, sortant en première du véhicule, les yeux rivés sur l'océan. 

Nous avions quitté la terre brulée contre cette merveille bleutée. Et pour moi, c'était le signe d'une nouvelle vie pleine de promesses. 

-Bienvenue au refuge! Ria Vince. 

Je me tourna vers lui, imitée par mes amis qui étaient tout aussi subjugués que moi par le spectacle surréaliste. C'est alors que je vis le fameux refuge. A une centaine de mètre, un village fait de cabanes et de plantations se tenait fièrement face à la mer. 

Le fameux refuge. 

De là où nous étions, nous pouvions y voir des personnes travailler, discuter,  rire. Le paradis existait donc. 

Certaines cabanes me firent penser au bloc. Cet endroit où nous avions cauchemardé durant des mois avant de nous rendre compte que nous n'avions jamais été aussi heureux que là bas. Et aujourd'hui, nous étions revenu au bloc. Sauf que celui-ci n'avait pas de murs. Par de griffeur. Seulement le bonheur et la liberté. 

Et en m'avançant vers ce village, la hâte m'envahit. J'avais hâte de vivre ici. Hâte d'évoluer ici. Mais j'avais également hâte de faire vivre les mémoires de nos amis défunts à travers un lieu dont ils ont toujours rêvé. Nous étions arrivé ici pour eux.  

Fry' posa sa main sur mon épaule et je tourna la tête vers lui. Ses yeux étaient posés sur le village devant nous et je pouvais voir ses iris briller d'émotion. Je souris doucement et il dévia son regard vers lui. Ses doigts pressèrent doucement mon épaule. Je savais qu'à cet instant, il pensait à tous nos amis du labyrinthe que nous avions perdu. Je répondis donc à son geste en posant une main dans son dos. 

-Je sais qu'ils sont heureux là où ils sont et qu'ils sont en paix. Soufflais-je. A nous de l'être maintenant.  

Le garçon acquiesça en silence, les lèvres pincées par la joie. 

-Enfin de retour camarades? S'exclama une voix devant nous.

Alors que nous avancions vers les premières cabanes, je distingua la personne qui avait dit ça. Harriet se tenait fièrement face à nous, les mains posées sur une pelle plantée dans le sol et son sourire malicieux sur le visage. 

-Harriet! M'exclamais-je en lâchant Fry' pour me précipiter vers elle. 

La brune répondit à mon action en m'entourant de ses bras. Durant les longs mois avant la libération de Minho, je m'étais attaché à elle et nous étions devenue de bonnes amies. La revoir me fit chaud au coeur. Il faut dire que depuis le soir où nous étions parti avec Thomas Newt et Fry', je regrettais sévèrement de ne pas lui avoir dis au revoir. Ni à elle ni à personne d'ailleurs. 

Je recula doucement pour laisser la fille saluer les autres et reposa mes yeux sur le village. Celui-ci inspirait le bonheur et la protection. Des cabanes étaient construites de parts et d'autre du terrain tandis que son centre était marqué par des plantations de toute sortes. Malgré la fatigue, j'étais pressée de travailler ici.

Rapidement, d'autres personnes nous rejoignirent. Je salua chaleureusement Aris et Sonya, non sans éprouver un douloureux pincement au coeur en voyant cette dernière. A présent, je ne pourrai pas passer un seul jour sans la voir et penser à Newt. Mais mon ami nous avait demandé de ne rien confier à Sonya. Et je tiendrais ma promesse. Je ne voulais pas lui infliger cette annonce douloureuse et lui expliquer qu'elle avait un frère mais qu'il est mort avant qu'elle ne puisse l'apprendre. Seulement, si elle venait à s'en rappeler un jour, je ferai mon possible pour lui expliquer à quel point son frère était la personne la plus sage et la plus attentionnée qu'il existe sur Terre.  

-Mila?

Je me tourna vers cette voix familière qui venait de m'appeler et fis face à Nate. Et réaliser qu'il était bien là, face à moi, me fit l'effet d'un coup dans la poitrine. 

Je l'avais presque oublié. 

Et j'en avais honte. 

Seulement, depuis que j'avais retrouvé Minho, mes sentiments étaient clair. Je n'étais pas amoureuse de Nate. Et je priais intérieurement pour qu'il ne se soit pas attaché à cette idée depuis mon absence. 

-Nate... Soufflais-je. 

Je me mordis l'intérieur de la joue. J'étais contente de le revoir. Mais j'étais également mal à l'aise. Je ne voulais pas partir dans des explications où briser le coeur de quelqu'un là maintenant, à peine arrivée. J'avais besoin de repos et de me remettre de mes émotions. 

Et comme pour me sauver de la situation, Minho s'approcha, glissant sa main dans la mienne.

-'lut. Fit-il en fixant Nate. 

Les yeux de Nate se baissèrent instinctivement vers nos mains entrelacées et étrangement, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Il acquiesça doucement puis regarda Minho:

-Nate. Ravi qu'ils aient pu te retrouver. Mila m'a beaucoup parlé de toi.

Minho me sourit doucement, visiblement ravi de savoir que j'avais parlé de lui. Seulement, mon sourire ne se dirigea pas vers lui, mais vers le brun qui nous fixait toujours, enfonçant ses mains dans ses poches. Nate était sage et avait un esprit libre. C'est d'ailleurs pour ça que j'avais commencé à l'apprécier. Et aujourd'hui, il n'avait pas besoin de dire quoi que ce soit pour que je comprenne qu'il était content pour Minho et moi et qu'il respecterait ça. 

Lâchant l'ancien coureur, je m'approcha donc de Nate et entoura son cou de mes bras. Les siens ne tardèrent pas à se glisser autour de ma taille et mon coeur sembla s'apaiser. Je n'étais pas amoureuse de lui. Mais j'avais besoin de sa présence dans ma nouvelle vie au refuge. Je voulais qu'il fasse parti de mes amis, comme l'étaient Fry', Thomas et Gally. 

-Je suis heureux pour toi Mila. Sache le. Murmura-t-il à mon oreille. 

-Je le sais...

Ne voulant pas mettre mal à l'aise Minho -qui pourtant nous observait déjà les bras croisés-, je fini par me reculer doucement pour retourner au près du coureur. 

-Nate, Aris, emmenez Thomas à l'infirmerie d'accord? Intervint Vince. Vous autres, suivez moi. Je crois qu'une douche ne nous fera pas de mal!

Un sourire apaisé sur les lèvres, nous suivîmes donc l'homme à travers le village jusqu'à une cabane faite de poutres et de longues feuilles. A l'intérieur, plusieurs cabines, presque semblable à celles que nous avions au bloc.  

-On va vous ramener de quoi vous changer. Sourit Harriet avant de disparaitre avec Sonya. 

J'échangea un regard avec Minho puis m'enferma dans une cabine, enlevant mes vêtements sale avec hâte et défaisant ma queue de cheval et mes tresses. La douche m'appelait et c'est avec joie que je laissa l'eau couler sur mon corps. La crasse glissa sur mon corps comme si la peau de mon ancienne vie disparaissait dans les canalisations, laissant place à un corps nouveau. 

Harriet et Sonya ne tardèrent pas à revenir et glissèrent sous chaque portes des vêtements propre. C'est ainsi que j'abandonna ma tenue de soldat contre un pantalon kaki et un haut noir et léger. Je sécha rapidement mes cheveux et les laissa onduler librement sur mes épaules avant de sortir de la cabine. Une nouvelle fois, la vue me coupa le souffle. 

L'océan s'étendait à perte de vue et je pouvais percevoir le bateau que le bras droit avait remit sur pied avec difficultés lorsque nous étions encore sur la terre brulée et avec lequel tout le monde était arrivé jusqu'ici. Il trônait fièrement au milieu de l'eau, dernier vestige de notre ancienne terre. 

Mon regard glissa ensuite sur le camp. Les cabanes, faites de poutres de bois clair, étaient très ouverte sur l'extérieur, et leur toits étaient fait de larges toiles blanche. C'était un spectacle d'une douceur étrange et en l'observant, la fatigue en moi sembla s'évaporé. Tout ce que je voulais à présent, était de travailler ici, et de fonder l'endroit afin d'oublier les malheurs de notre nuit. 

Les mains dans les poches, je redescendis donc vers le coeur du village situé en contre bas et où se trouvaient les plantations. Les autres n'étaient pas encore sorti de la douche ou étaient déjà en train de se reposer. Je m'approcha d'un garçon vêtue entièrement de beige et dont les dreads couvraient les épaules. Celui-ci était en train de creuser la terre à l'aide d'une pelle et il se redressa en me voyant approcher. 

-Salut. Souriais-je doucement. Je peux aider?

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