|Chapitre 61|
Trois corps venaient de se jeter depuis un étage de l'immeuble.
Trois corps qui tombaient désormais dans le vide.
Et c'était l'un de ces trois corps qui avait hurlé le nom de Thomas au moment où ils avaient sauté. Et cette voix, je ne l'avais pas entendu depuis bien longtemps. Pourtant, je pouvais la reconnaître entre milles.
Minho.
Immobile, crispée au maximum, je voyais ces corps tomber le long de la tour de WICKED, impuissante. Et bientôt, ces trois corps atterrirent dans l'eau d'une large fontaine qui se trouvait là par chance.
Mon souffle se coupa alors que de loin, j'observais la surface de l'eau qui reprenait petit à petit son calme.
Ils devaient remonter à la surface... S'il vous plait...
Et alors que je fixais l'eau, les lèvres tremblantes et les mains moite, les trois corps remontèrent à la surface, reprenant leur souffle bruyamment.
Ils étaient vivant. Ils avaient réussit.
-On y va! go go go! S'exclama le soldat près de moi.
La réalité me frappa alors. Je n'étais pas la seule à avoir vu ces trois malades sauter dans l'eau depuis un étage beaucoup trop haut. Gally l'avait vu aussi. Mais également les trois autres soldats qui se trouvaient avec nous et qui pour le coup, n'étaient pas là pour faire ami-ami avec eux.
Et alors que Thomas aidait les deux autres à sortir de l'eau, nous suivîmes le mouvement, nous approchant d'eux armes en main et prête à tirer.
-Vous trois là! Fit le soldat sur ma gauche en pointant son arme vers les garçons. Vous bougez pas! Pas de gestes brusques!
Jouant parfaitement mon rôle de soldat, je suivis le groupe, rechargeant mon arme en la pointant sur Thomas. Dans ma tête, je détaillais la scène avec attention.
Gally se tenait à ma droite, jouant aussi son rôle de soldat, tandis que les trois vrais gardes étaient à notre gauche. Encore quelques pas et ils seraient tous devant nous, ce qui sera une parfaite occasion pour qu'on les mette à terre et qu'on rejoigne nos amis tranquillement.
Mes yeux se posèrent ensuite sur nos fausses cibles. Les trois garçons étaient trempés et presque désarmés. De là où j'étais, je pouvais percevoir les cernes qui se creusaient de plus en plus sous les yeux de Newt. Cette vision me brisa le coeur mais à l'instant ou je tourna le regard sur la personne qui se tenait à leur côté, mon pouls s'emballa.
Minho.
Il était là, debout, vivant, les cheveux en bataille et surtout, pieds-nus.
Je mourrais d'envie de me jeter sur lui mais je devais encore patienter quelques secondes.
Les trois gardes, pointant toujours leurs armes sur mes amis, continuèrent d'avancer. Ils ne remarquèrent même pas que Gally et moi perdions de la vitesse, de façon à nous retrouver derrière eux. Et alors que le militaire qui parlait depuis tout à l'heure ordonnait aux garçons de s'agenouiller et de mettre les mains en l'air, je pris ça comme un signal et tira une première grenade dans le chef de l'opération.
Le soldat sursauta et s'effondra au sol, prit de convulsions. Gally suivit mon mouvement et en un temps éclair, les trois soldats furent au sol sous les yeux ébahit de nos amis. Ils gémirent de douleur alors que leur corps s'immobilisait petit à petit et le colonel, furieux, se mit à hurler grâce à ses dernières forces:
-Putain...d'enfoiré...connard...!
D'un geste de la main, je retira mon casque de soldat et mes mèches brunes tombèrent sur mon dos.
-Tu voulais dire connasse non? Ricanais-je alors que l'homme s'immobilisait complètement.
Ravi de notre petit exploit, je tourna fièrement la tête vers mes amis qui étaient encore sous le choc de la scène. Et lorsque je regarda de nouveau Minho, mon corps réagit seul. Mes mains lâchèrent arme et casque et je me précipita vers lui, me jetant à son cou. Mes bras se refermèrent autour de lui et mon visage se glissa contre son épaule. Je le serra avec force mais douceur.
J'avais attendu ce moment depuis tellement longtemps...
-Mila... Réagit immédiatement le garçon, m'entourant à son tour de ses bras.
Au moment même où je sentis sa force autour de ma taille, tout devint clair en moi. Je n'étais pas amoureuse de Nate. Je n'étais pas perdu.
J'aimais Minho.
Je l'aimais et le retrouver me procura un bonheur profond que je n'avais jamais ressentis. Mes poils se hérissèrent alors qu'un violent frisson se mit à courir le long de ma colonne vertébrale et le vide que je ressentais en moi depuis des mois disparu soudainement.
-Tu mas tellement manqué... Murmura-t-il contre mon cou.
Sa phrase créa une explosion de sentiments en moi. Toute la peine que j'avais ressenti, toutes ces nuits où je revoyais son visage disparaitre dans le berg du WICKED... tout disparaissait. Tout s'envolait.
Minho était enfin de retour.
Malheureusement, alors que le temps semblait s'être arrêté autour de nous, un grattement de gorge nous réveilla et je fus forcée de me séparer de Minho. A contre coeur, je recula donc d'un pas, continuant cependant de sourire de bonheur.
Derrière moi, Gally venait de retirer son casque et lorsqu'il le vit, Minho écarquilla les yeux, de plus en plus choqué par la situation.
-Gally?! S'exclama l'ancien coureur.
Je ria tendrement face à cette réaction et tourna la tête vers Gally avec fierté. Il était mon coéquipier, mon binôme. Et j'étais fière de l'avoir à nos côtés.
-Minho. Répondit le garçon pour le saluer avant de lever la tête pour observer l'étage d'où ils avaient sauté. Vous êtes de gros tarés.
Minho resta figé, observant l'ancien bâtisseur la bouche grande ouverte. Il devait sans doute se demander si il rêvait.
-Je t'expliquerai plus tard. Ricana Thomas en lui offrant une tape amicale dans le dos.
Je souris amusée. Effectivement, la scène était plutôt drôle à voir. Thomas Newt et Minho venaient de sauter d'un immeuble, ce dernier ne comprenait presque rien à ce qu'il se passait et Gally les regardait comme si ils étaient mentalement dérangé.
Qu'est-ce que je les aime mes petits potes!
Heureusement, l'alarme qui faisait toujours trembler la tour du WICKED me réveilla de mon moment de joie. Le WICKED nous cherchait toujours et nous devions encore sortir d'ici. Avec tout ce mouvement, Brenda avait déjà dû partir avec le bus et les enfants et nous étions encore loin du tunnel.
-Bon, on doit se bouger maintenant. Déclarais-je en lançant un regard vers Thomas et Newt.
Les garçons acquiescèrent et Gally s'approcha de l'un des soldats à terre. En vitesse, il lui retira sa veste et ses chaussures.
-Désolé mec, on en a besoin. Fit-il à l'intention du militaire encore immobilisé.
Pendant que je ramassais mon arme, je vis le garçon s'approcher de Minho et lui donner les vêtements:
-Tiens. Enfile ça.
Minho, encore un peu choqué, s'exécuta sans rien dire. Je ne l'avais jamais vu comme ça et je ne pouvais m'empêcher de rire en le regardant faire.
-Eh ouais. T'as loupé pas mal de choses mon pote. Se moqua Newt.
Minho enfila ses chaussures en grognant un peu puis se releva. Je regarda mes amis un par un pour voir si ils étaient prêt et mes yeux s'arrêtèrent sur Newt. Après avoir parlé, il s'était remit à tousser violement. Je me mordis la lèvre et m'approcha de lui, imité par Thomas. Newt était mal en point. Si il était de plus en plus pâle, il était également de plus en plus atteint par les veines noirs qui progressaient le long de ses joues. A mes côtés, je sentis Thomas se crisper en le remarquant.
-ça va aller. On va sortir d'ici. L'encouragea le brun.
-Ouais, et on ferait bien de le faire rapidement. Précisa Gally derrière nous.
En effet, nous remarquâmes un hélicoptère qui venait de se rajouter à la fête. L'appareil survolait la ville, éclairant les rues à notre recherche. Eh merde. C'est pas bon signe ça.
-ok... On y va. Déclara Thomas. Allons y!
Gally ramassa son arme et on se mit donc en route, courant jusqu'à la rue voisine. L'adrénaline qui était redescendu, grimpa en flèche lorsque je réalisa que toutes les alarmes que nous entendions autour de nous étaient en fait des patrouilles de soldats encadrant la ville. Nous allions devoir faire preuve d'une grande prudence pour sortir d'ici.
Sans m'arrêter de courir, je vérifia le chargeur de mon arme. Heureusement, celui-ci était assez plein. Je releva alors la tête pour garder un œil autour de nous. Si l'une de ces patrouilles nous voyait, nous étions foutu car rapidement, les autres nous rejoindraient et nous serions vite encerclé.
La toux de Newt et sa jambe boiteuse nous ralentissaient et je restais sur le qui vive, prête à protéger mon ami coûte que coûte.
Alors que nous traversions un large boulevard bordé de larges pots de fleurs, je vis quelque chose briller du coin de l'œil. Cette lumière, de plus en plus forte, attira notre attention à tous et nos visages se crispèrent lorsque nous nous rendîmes compte qu'il s'agissait d'une voiture de soldat.
-Planquez vous! S'exclama Gally.
-Derrière les fleurs! Précisa Thomas.
Sans perdre une seconde, nous nous jetâmes tous derrière les pots de bétons, nous collant contre la paroi froide. Sortir s'avérait de plus en plus difficile. Nous étions déjà essoufflé et mine de rien, malgré l'adrénaline, nous commencions à fatiguer. Mes yeux se posèrent alors sur Newt, appuyé contre un pot de fleur non loin, prit d'une effrayante quinte de toux. Le voir ainsi me faisait beaucoup de peine. J'étais impuissante face à sa souffrance et nous étions obligé de courir, ne le laissant pas se reposer.
-Ok... Je crois qu'ils sont vraiment vénère... Grogna Gally lorsque la voiture de soldats fut loin.
-On est loin des tunnels? Demanda Thomas en retirant ses gants.
-je sais pas... douze rues d'ici peut être...
Devant nous, Newt ne cessait de tousser. C'était insoutenable. Il souffrait et nous pouvions presque ressentir sa douleur à travers sa toux. Son teint lui était de plus en plus pâle et ses cheveux refusaient de sécher, baignés dans la sueur.
-ça va le faire... Souffla Gally, essayant de nous rassurer.
Je me mordis violement l'intérieur de la joue, serrant mon arme contre moi en reprenant mon souffle. Si seulement Gally avait raison...
Minho, qui était assit près de Newt et qui avait sans difficultés comprit de quoi le blond souffrait, nous rejoignit, le dos courbé pour ne pas se faire voir:
-Eh... ça fait combien de temps qu'il est dans cet état?
Je ferma un instant les yeux en réalisant que je ne pouvais même pas répondre à sa question. Je n'avais pas su voir le mal être de Newt avant ce soir et je pense que c'était une chose que je ne pourrais jamais me pardonner.
Thomas, qui retirait sa veste, lança un coup d'œil à Gally, Newt puis Minho.
-ça va aller. Fit-il, décidé à écouter Gally. Il faut juste rejoindre Brenda. C'est elle qui a le sérum.
Le brun se leva, jeta sa veste au sol, puis s'approcha de Newt. Il l'attrapa doucement par le bras et l'aida à se relever. Le blond se mit à trébucher, perdant son équilibre, mais Thomas passa son bras en dessous du sien pour le maintenir.
A mes côtés, Minho et Gally le regardaient faire, commençant malgré tout à douter. Le tunnel était encore loin. Et plus Newt toussait, plus nos chances d'y arriver diminuaient. De plus, le passage entre la ville et la ruine chez les rebelles était difficile à traverser. Et malgré tout, je me rendis compte que l'espoir diminuait en moi aussi.
-Gally? Intervint Minho, brisant le silence qui s'était installé. Pourquoi t'es avec nous? Je t'ai transpercé la poitrine avec une lance.
Mon regard se posa sur les deux garçons. Eux qui s'étaient souvent détesté, je ne ressentais plus une seule once de colère entre eux. Juste une grande incompréhension de la part de Minho. Une incompréhension à laquelle Gally choisit de ne pas répondre.
Le garçon tapota amicalement l'épaule de Minho, répondant sur un ton plutôt amusé:
-C'est vrais. Personne n'est parfait mec.
Le rebelle se releva et Minho me regarda, totalement abasourdit. Je roula des yeux en souriant doucement et me leva à mon tour. Nous n'avions pas de temps à perdre.
-Minho aide moi! Fit Thomas en soutenant Newt pour qu'il reste debout. Gally et Mila, couvrez nous!
L'ancien coureur s'exécuta donc et aida Thomas à soutenir Gally pendant que armes en mains, Gally et moi ouvrions la voie.
Le plus vite possible, nous traversâmes une seconde rue mais alors que nous nous engagions sur une nouvelle route, une violente détonation retentit sur notre droite.
On sursauta, nous baissant par réflexe. Sous nos pieds, le sol trembla et partout autour de nous, les vitres des immeubles se brisèrent, explosant dans les airs. Le coeur battant, je releva la tête, cherchant à voir d'où provenait cette explosion qui n'était pas du tout prévu. C'est alors que, à quelques centaines de mètres de nous, je vis le mur de la ville exploser. De puissantes flammes se dégagèrent de l'explosion et le morceau de mur qui venait d'être attaqué laissa place à un trou béant, donnant accès aux gens de l'extérieur.
Je fronça les sourcils. Cette explosion n'était évidemment pas organisée par le WICKED, et notre plan n'en était pas non plus la cause. Je compris alors que c'était Lawrence et les rebelles qui avaient déclenché ça.
A cet instant, je réalisa que Lawrence nous avait trompé. Il avait demandé à Gally d'installer un boîtier pirate non pas pour faire tomber le WICKED... mais pour faire payer la ville entière...
Si la colère montait en moi, je réalisa que Gally devait être profondément touché par cette trahison. En effet, j'étais certaine que le garçon n'était pas au courant de ce plan de la part de Lawrence et lorsque je vis son visage, mes pensées furent validées.
Eclairé par les lumières de l'explosion, le yeux de Gally étaient figés sur le trou qui venait de se former dans le mur. Et dans ses iris, je vis les larmes monter, humidifiant ses yeux.
-Notre mission c'est de faire tomber WICKED... Souffla-t-il d'une voix tremblante. Pas d'atomiser la ville...
La tristesse et la déception dans son regard me touchèrent profondément. Derrière nous, des sirènes se déclenchèrent. Si c'était déjà le bazar dans la ville, cet évènement allait mettre encore plus la pagaille et nous devions nous dépêcher de fuir. Si Lawrence avait décidé de détruire la ville, nous ne pouvions plus rien faire.
-Gally faut pas rester là... L'encouragea Thomas en reprenant la route.
N'ayant jamais vu Gally aussi déçu, je m'approcha de lui et posa une main réconfortante sur son bras. Thomas avait raison. Nous devions avancer.
-Faut y aller Gally. Lawrence nous a tous trahit. Mais nous, on est ensemble. Alors rejoignons Brenda et Fry' et tirons nous d'ici.
Le garçon baissa les yeux en entendant mes paroles. Du coin de l'œil, je m'assura que les trois autres garçons ne s'éloignent pas trop et tira doucement Gally pour qu'il se remette à marcher. Le garçon prit alors une grande inspiration, replaça son arme contre lui et, ravalant ses larmes, il posa sur moi un regard déterminé.
-Allons y. Souffla-t-il en acquiesçant.
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