|Chapitre 58|


L'eau ne m'avait jamais paru aussi glaciale et le chemin ne m'avait jamais paru aussi long. 

A 8, tous à la file indienne, nous parcourrions ce tunnel qui nous mènerait à notre destination. Je me tenais en troisième position entre Thomas et Newt, et gardais les yeux posés par dessus l'épaule de l'ancien coureur, observant le sac que Gally portait sur son épaule. J'avais accroché à ma ceinture une arme de poing et un lanceur qui pendait, frôlant ma cuisse à chaque pas.   

Les lanceurs étaient les armes les plus utilisés par les soldats du WICKED. Ils étaient comme de long tubes noirs comportant un viseur et constitués d'un système informatique et électronique complexe. Contrairement à la petite arme à ma taille, le lanceur ne tuait pas. Il lançait une grenade électrique qui paralysait sa victime pendant quelques minutes. C'était avec ce type d'arme que Minho s'était fait kidnapper par le WICKED, et c'était grâce à cette arme que nous allions l'en délivrer. 

-Attention à la tête. Intervint Gally alors que nous traversions le tunnel plus petit pour mon plus grand bonheur. 

Après avoir galéré à faire passer le sac de Gally, après avoir couru pour ne pas nous faire faucher par le train, et après avoir escaladé une dernière échelle, nous nous retrouvâmes enfin dans la ville. Rien n'avait changé et je fus une nouvelle fois marqué par les immeubles immenses, les lumières, et la propreté du coin. Le couvre feu était instauré depuis 2h déjà et nous devions donc être très prudent. 

Refermant la porte du tunnel derrière nous, Gally posa le sac sur le sol et l'ouvrit. Il en sorti quatre cagoules, quatre casques et quatre gilets par balle qu'il distribua à Newt, Thomas et moi. 

Sans attendre, j'entoura mon cou du tissu et y accrocha mon casque de soldat avant d'enfiler le gilet. Fait de carbone, l'uniforme était assez léger. Le casque protégeait lui le dessus de mon crâne ainsi que mon visage. Et bien que mes cheveux furent attachés, ils se retrouvèrent complètement caché par le tissu qui retombait dans ma nuque. J'enfila alors mes gants et veilla à ce que mes amis soient également prêt. Il était désormais temps pour nous de nous séparer et de commencer notre plan. Le stress grimpa en moi quand je le réalisa. 

Nous y étions. 

 -Bien. On ne change rien au plan, sauf si c'est une extrême nécessité. Déclara Thomas. Et surtout, on fait tous attention. Brenda ça va aller? 

La fille ajusta sa capuche en souriant en coin:

-Je vais gérer. 

Je me mordis l'intérieur de la joue. Seule, elle allait devoir voler un bus dans le parking du WICKED afin que tous les enfants que nous sauverons puissent s'y réfugier. 

-Et toi Fry'? Tu sais quoi faire? 

Le concerné se mit à sourire de toutes ces dents en brandissant une grosse pince. Son rôle à lui était de forcer l'entrée d'une grue de chantier que nous avions préalablement repéré près du mur de la ville afin d'y accrocher le bus de Brenda et de nous faire passer de l'autre côté, sur la terre brûlé, avec tout le monde. Sans lui, faire sortir tout le monde de la ville serra compliqué. 

-ok. Acquiesça Gally. On synchronise nos talkiewalkies.  

Nous rapprochant les uns des autres, chacun brandit son talkiewalkie personnel et un bip sonore s'échappa de chaque appareils. Nos écrans devinrent vert et un grésillement s'en échappa. 

Nous étions tous reliés désormais. 

-Bien. On y va alors. Si il y a le moindre problème, on se contacte. Indiqua Thomas d'une voix stressée. 

-On se retrouve à la fin de la guerre les gars. Sourit Newt avant d'ajuster son casque de WICKED. 

Nous échangeâmes des tapes amicales et encourageantes puis, presque à contre coeur, nous nous séparâmes. Du coin de l'œil, je regarda Fry' et Brenda s'éloigner de leur côté. Ils seraient loin de nous. Surtout Fry'. Et j'espérais qu'il ne leur arrive rien. 

-Allons y. M'indiqua Thomas en m'encourageant d'un geste de la main.  

Sans attendre, je me mis donc en route. Je me retrouva donc seule avec Thomas, caché dans son uniforme de soldat, comme moi, et Teresa, qui avançait devant nous. Si sa présence me dérangeait toujours, elle restait notre clé. Notre moyen d'entrer. 

Contrairement à la dernière fois, la ville était presque vide. Il n'y avait plus la foule qui marchait sur le trottoir doté de masques blanc et portant des costumes sagement repassés. Les seules personnes que nous croisâmes furent des groupes de soldats qui veillaient sur le bon respect du couvre feu ou des voitures du WICKED qui, de la même façon, arpentaient les rues. 

A chaque fois que nous croisions leur chemin, mes muscles se crispaient. C'était bien la première fois que des soldats nous voyaient sans essayer de nous tuer. 

Mon lanceur en main, je songeais à une éventuelle rencontre avec Ava ou Janson. Pour leur sécurité, valait mieux qu'ils soient sagement en train de dormir à cette heure-ci.

Sentant que j'étais tendu à ses côtés, Thomas se rapprocha légèrement pour coller son coude au miens. Etant dans la peau de soldats, nous devions rester droit et en position. Mais ce petits contact physique avec mon ami me détendit malgré moi. Je n'étais pas seule. Nous étions tous ensemble et nous veillions chacun sur les autres. 

Au bout de quelques minutes, après avoir traversé une quinzaine de rues, la tour du WICKED se présenta face à nous. C'était la première fois que je la voyais aussi près. Et il fallait l'avouer, elle était de loin le bâtiment le plus impressionnant de toute la ville. Elle était si haute que j'en voyais à peine de bout. Des lumières bleutées étaient accrochées dans toute sa hauteur et le mot WICKED en toute lettre illuminait la ville depuis la façade. Eux qui se donnaient tous les moyens possible pour trouver un vaccin avaient dépensé beaucoup de sous pour l'esthétique de leur immeuble....

Ce qui attira ensuite mon attention fut moins drôle. Au pied du bâtiment patrouillaient de nombreux soldats et leurs voitures aux gyrophares allumés trônaient tout le long du trottoir.  

Pour le coup, nous ne pouvions pas dire que le WICKED était mal protégé. Et savoir que nous allions y entrer sans que personne ne le sache fit monter l'adrénaline en moi. 

-Pourquoi vous êtes deux à me suivre? Murmura Teresa qui marchait devant nous. Vous avez pas peur que ce soit suspect? On dirait que je me suis faite arrêté là.  

-On a tenu à ce que je vous accompagne parce que si tu nous la met à l'envers, contrairement à Thomas, je n'aurais aucun mal à te coller une balle dans la tête. Soufflais-je à mon tour d'un ton calme mais sérieux. 

Thomas ne répliqua pas mais la fille tourna le tête vers moi. Elle semblait hésiter, cherchant à savoir si j'étais sérieuse ou non. Et malheureusement pour elle, je l'étais. Voyant que je ne rajouterais rien, elle avala difficilement sa salive et regarda à nouveau devant elle.

L'entrée de l'immeuble était une porte tournante et surveillée par quatre soldats, sans compter tous ceux qui tournaient dans les environs. Teresa s'y engagea et d'un pas assuré, nous la suivîmes. La fraîcheur de la nuit disparu à l'instant où nous entrâmes et les bruits de la ville s'estompèrent. Aussitôt, Teresa sembla hésiter, ralentissant le pas alors que nous passions sous le regard des soldats. Je grogna intérieurement. A quoi jouait-elle?

-T'arrêtes pas. Ordonna Thomas, la forçant à reprendre un rythme de marche normal.

Face à nous, à quelques mètres de la porte, se trouvaient des fines structurent métallique. Des détecteurs. Si nous avions de faux costumes de soldats ou si nous possédions encore nos puces, nous ne serions jamais passé. Mais heureusement, à l'instant où nous traversâmes le portail, une lumière verte s'éclaira le long de la structure. Nous étions passé et les gardes qui ne nous avaient pas lâché des yeux détournèrent enfin le regard. 

Enfin. Nous étions dans la tour. Et pour le moment, le plan fonctionnait à merveille. 

Alors que nous progressions au rez-de-chaussée de l'immeuble, nous croisâmes de nouveaux groupes de gardes. Par politesse, la plus part nous adressaient des salutations par un geste de la tête et, ne voulant pas paraître étrange, nous leur rendions parfois maladroitement. 

Mes doigts étaient crispés autour de mon arme et je pouvais sentir mon coeur battre fort dans ma poitrine. Sans le vouloir, je me plongeais dans mes pensées lorsque qu'un soldat arriva face à nous et s'arrêta face à moi. Surprit, nous nous arrêtâmes tous les trois, observant avec méfiance l'homme devant nous. Nous ne distinguions pas son visage à cause du casque et ignorions si il s'agissait d'un allié ou d'un ennemis. 

Le soldat, toujours face à moi, sembla me fixer quelques secondes puis tourna la tête vers Thomas et Teresa. Mon souffle se coupa. Mais qui était-il?

J'examina sa tenue. Contrairement aux notre, les motifs militaires de sa veste de trouvaient dans les tons rouges. Et lorsque, enfin, l'homme nous fit signe de la tête de le suivre, je compris avec soulagement qu'il s'agissait de Newt. Nous reprîmes alors la route pendant que Newt se plaçait à mes côtés. 

Suivant Teresa, nous descendîmes plusieurs escaliers, nous enfonçant d'avantage dans l'immeuble. Plus nous avancions, plus mon coeur battait fort. A chaque pas, nous nous rapprochions de Minho. 

Au bout de quelques minutes, nous nous retrouvâmes à longer de grandes baies vitrées donnant sur le parking du WICKED. Le parking où Brenda devait voler un bus. J'avais hâte d'être dans un coin tranquille pour avoir de ses nouvelles. 

Alors que je regardais droit devant nous, un soldat entra dans le couloir et se mit à marcher droit devant nous. De nouveau, nous ignorions de qui il s'agissait, le pouvant pas voir son visage. J'échangea un regard avec Newt avant d'observer de plus près la nouveau venu. Nous ne pouvions même pas nous risquer de demander, au cas où il s'agirait d'un véritable membre du WICKED. 

Heureusement, l'homme finit par baisser son arme pour lancer un regard vers nous. 

Gally.

Nous étions enfin tous réunis et nous pouvions retrouver Minho tranquillement. 

Les couloirs défilèrent devant nos yeux et les marches se multiplièrent sous nos pieds jusqu'à ce que Teresa s'arrêta devant une porte. Elle posa l'un de ses doigts sur un boitier près de la poignée et la porte se déloqua dans un cliquetis sonore. La fille poussa la porte et nous fit entrer dans une cage d'escalier à l'abris des regards. Levant nos armes, je vérifia avec les garçons que l'endroit était bel et bien vide et que personne n'arrivait alors que nous commencions à descendre les nouveaux escaliers. 

-Attendez une minute. Nous stoppa Gally en s'arrêtant devant ce qui ressemblait à des conteurs électrique sur l'un des murs. 

Je tourna la tête vers lui pour le voir toucher les différents boitier du bout des doigts.

-Faut que je force ce truc. Indiqua-t-il en retirant son casque pour mieux voir.

Je grogna un peu. Nous n'avions pas de temps à perdre. Mais nous n'avions pas le choix. C'était le deal avec Lawrence. Gally devait placer un boitier comme demandé par le chef des rebelles. J'en profita donc pour relever mon masque derrière lequel je commençais à suer. 

Newt fit de même et se mit à tousser violemment. Je me tourna vers lui, surprise et inquiète par la quinte qu'il avait soudainement. Secoué par cette toux, le blond posa ses mains sur la rampe d'escalier pour se tenir. Je m'approcha un peu, réfléchissant à ce que je pouvais faire pour l'apaiser. Je le vis soudain froncer les sourcils et je suivis son regard. Teresa le fixait. Mes poings se serrèrent et je m'interposa, regardant la fille d'un œil sombre. 

-Qu'est-ce que tu veux? Arrête de le regarder comme ça. 

Sans attendre une réaction de sa part, je me tourna ensuite vers Newt qui toussait d'avantage. Celui-ci finit par s'asseoir et je m'approcha tandis que Gally commençait à forcer les boitiers sur le mur avec une meuleuse.

-hey respire... Dis-je doucement pour que la toux soudaine de mon ami se calme

Les yeux de Newt se posèrent sur moi alors qu'il commençait à suer par grosses goutes. Je fronça légèrement les sourcils. Il me regardait avec une souffrance que je ne lui avais jamais vu. Que ce passait-il? Était-il malade? Il se portait bien il y a quelques minutes...

Je fouilla dans mes poches et en ressorti un morceau de bandage. Thomas nous avait forcé à en prendre, au cas où il y a des blessé. Je le plia en quatre et épongea le visage de mon ami avec. J'étais inquiète et ne comprenais pas ce qu'il avait jusqu'à ce j'éponge son cou. 

Je me stoppa net, figée face à ce que je venais de voir. 

Son cou. 

Ses veines.

Elles devenaient noires. Elles ressortaient. 

Je releva la tête pour regarder mon ami. Il avait les larmes aux yeux et pourtant, sa toux se calmait. 

Non.

Comment?

Comment avais-je fais pour ne pas le voir?  

Pourquoi ne m'avait-il rien dit?

Je mordis ma joue intérieur avec violence. 

Newt avait la braise. 

Newt n'était pas immunisé. 

C'était trop brutal pour que je le réalise pleinement. A mes yeux, c'était encore impossible. Mais c'était bien là. Et Newt me regardait avec peine, honteux et désolé. 

Je me redressa, luttant pour ne pas laisser cette nouvelle m'effondrer. Je n'avais pas le droit. Pas maintenant. 

Sa colère envers Thomas l'autre jour... moi qui pensais que ce n 'était que le stress et l'émotion qui l'avait poussé à réagir ainsi...

J'avais tord. 

L'un de mes meilleurs amis avait la braise. Et je ne l'avais même pas vu. 

Etonnement, un nouveau sentiment prit place dans ma poitrine, couvrant le sentiment de tristesse et d'injustice. A présent, j'étais plus déterminé que jamais. Nous allions réussir. Nous allions sortir d'ici, et nous allions récupérer le remède que Newt prendrait comme Brenda avait pu le faire. 

Tout allait s'arranger. J'en étais persuadé. 

Je posa ma main sur l'épaule de Newt alors que celui-ci se redressait, allant visiblement un peu mieux.

-On va trouver le remède. Tout va s'arranger Newt.

Le garçon me regarda et acquiesça faiblement, sans pour autant répondre. Comme si il ne voulait pas se prononcer. 

Je releva ensuite les yeux vers Thomas qui revenait après avoir vérifié l'étage d'en dessous. Une chose me frappa alors. Thomas avait insisté pour qu'on récupère les "remèdes" fabriqués par le WICKED. Au départ, je pensais que c'était pour Brenda, mais elle allait bien. 

Thomas était au courant. Il était au courant et il essayait de sauver non pas Minho, mais Minho ET Newt. 

Je me mordis la lèvre. J'avais honte. Honte de ne pas l'avoir vu. Mais là, maintenant, le plus important était de réussir notre mission. 

Plus déterminée que jamais, j'aida Newt à se lever et regarda où en était Gally avant de me retourner vers Thomas. Le garçon venait de saisir son talkiewalkie et l'alluma, le portant près de sa bouche:

 -Fry' on est entré. ça avance?

L'appareil émit un grésillement avant que la voix de Frypan se fasse entendre:

"ouais j'avance tranquillement. Oublie pas de saluer Minho pour moi."

-ok courage. Lui répondit Thomas. 

Je reposa les yeux vers Newt. Bien que son teint soit légèrement pâle, il était de nouveau en forme et il posa une main sur mon épaule:

-ça va mieux t'inquiète. 

Je posa à mon tour une main sur son bras en acquiesçant, lui faisant comprendre que j'étais là pour lui. De l'autre côté, Gally ouvrait enfin son boitier qu'il avait galéré à forcer. Il commença alors à y installer un boitier aux nombreux fils, fabriqué par les rebelles eux-mêmes. J'espère que leur truc fonctionne sinon ils nous auront fait perdre notre temps.

-ça devrait marcher. Déclara l'ancien bâtisseur comme pour répondre à mes pensées. 

Thomas acquiesça alors et reporta son talkiewalkie devant sa bouche:

-Brenda c'est bon pour toi?

"Non pas encore je suis sur le coup."

Je soupira discrètement de soulagement. Aucun des deux ne semblait avoir de soucis aux tons qu'ils avaient employés. Et c'était une inquiétude en moins. 

-Ok. On compte sur toi pour être prête à temps.

"t'inquiète pas. Tu sais que je serais au rendez-vous." 

Thomas rangea son appareil et tous les yeux se posèrent sur Gally. Il était temps d'y retourner. Et heureusement, le garçons termina de fixer son boitier sur le compteur électrique. La boîte émit une série de petits bips et une lumière jaune s'en dégagea.

-Nickel! Sourit Gally. On y va!

Remettant mon casque en place, je me redressa, arme en main. 

Nous n'étions plus qu'à quelques marches de Minho.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top