|Chapitre 49|


La route jusqu'à la dernière ville ne dura que quelques minutes. Jorge n'avait qu'à continuer sur la même route, descendant la montagne puis parcourant de nouvelles prairies sèches. Toujours assise à l'arrière du pick up avec les trois anciens blocards, je me vouais à une conversation très intéressante sur la nourriture avec Newt. Celui-ci me raconta -pour la troisième fois depuis notre rencontre- là fois où il avait préparé des tomates farcies pour tout les blocards. Visiblement, il en était extrêmement fier!   

-Arrêtez de parler de bouffe les gars! Je meurs de faim! Grogna Fry.

Je ria en regardant mon ami qui venait de croiser les bras sur son estomac en grimaçant. 

-Un peu de patience Fry, on mangera en arrivant. Lui indiqua Thomas.

-Si on trouve de quoi manger. Je vous rappelle que nos réserves sont restées avec les fondus dans le tunnel... Soupirais-je.

-On trouveras de quoi manger en bas. Si il y a des survivants, il y a de la nourriture. Nous rassura Newt.

C'est tout ce que j'espérais: qu'il y ait des survivants, ET de la nourriture. 

-Dites moi, intervint Brenda, je me suis toujours demandé... C'était comment la vie dans le labyrinthe? 

Le silence se fit pendant quelques secondes. Nous, les quatre survivants du bloc, échangions des regards grave. Comment pouvions nous décrire ça? 

Voyant que mes amis ne trouvaient pas leurs mots, je décida de répondre brièvement. Je savais que si j'en disais trop, je repartirais dans une profonde dépression:

-C'était à la fois le paradis et l'enfer. 

Brenda me regarda à travers le rétro viseur. Je me doutais qu'elle espérais plus de détails. Mais jamais elle n'oserait insister. 

-Newt passait ses journées à commander ceux qui faisaient n'importe quoi et à s'occuper des plantations, expliquais-je. Fry nourrissait tout le monde en passant son temps derrière les fourneaux, quand à Thomas et moi, nous faisions notre sport en courant dans le labyrinthe pour trouver une sortie. Enfin, Thomas a surtout agacé beaucoup de monde durant le peu de temps qu'il était au bloc. Mais il nous a sauvé alors... on oublie ses conneries.

Thomas roula des yeux, amusé, tandis que Fry et Newt rirent au souvenir de cette longue période de notre vie.

En regardant de nouveau Brenda, je vis un sourire se dessiner sur ses lèvres. Je savais qu'elle en pinçait pour Thomas. Et si au départ, je ne le voyais que en couple avec Teresa, la trahison de celle-ci m'avait vite coupé l'envie de devenir la marraine de mini Thomas-Teresa. Alors que Brenda, je la connaissais mieux que jamais. Et j'espérais au plus profond de moi que si il devait finir avec une fille, ce serait avec elle. Leurs futurs enfants seront coriaces. 

-En tout cas, j'espère qu'il nous sauvera aussi de ces ruines... Souffla Newt en regardant devant le véhicule. 

On se pencha au dessus du rebord du pick up pour voir la ville. Nous arrivions. La ville brillant au soleil n'était pour l'instant plus visible. Nous entrions dans une ville abandonnée, aux murs à moitiés détruits par le temps et par des bombardements. Certaines maisons et immeubles tenaient encore à moitié debout tandis que d'autres étaient totalement effondrés. Mais il n'y avait pour le moment, pas l'ombre d'un humain. 

Des débris et des objets de toute sorte traînaient dans la poussière et des cadavres pourrissaient dans certains coins. 

-Charmant... Murmurais-je.

Un silence de mort régnait en maître ici, parfois troublé par le bruit de plastique emporté par le vent ou par des tuyaux et barres de métal pendant dans le vide et se cognant contre les murs de béton. 

Parfois, mon regard croisait les yeux inertes d'une peluche abîmé ou de personnages sur des affiches déchirées. Je n'arrivais même pas à me rendre compte si l'endroit pouvait servir de refuge à des fondus ou non. La plus part des immeubles et maisons restant possédaient une face écroulée, dévoilant l'intérieur des différentes pièces. La ville devait d'ailleurs être dans cet état depuis longtemps. Il n'y avait plus l'ombre d'une décoration où d'une quelconque vie. Si tout se terminait un jour, les gens qui auraient pour charge de rebâtir ces lieux auraient du travail pour des années. 

-Tu sais où tu vas Jorge? Demandais-je au bout de plusieurs minutes à rouler au milieu de ces ruines. 

-Aux rebord de Denver. Si il y a encore des humains qui vivent ici, ils seront certainement là bas. 

Denver. C'était donc son nom. La dernière ville. Celle qui représentait sûrement un espoir pour certain, et un cauchemar pour d'autres. Là où, je l'espère, tout se terminera. 

Me faisant sortir de mes pensées, des bruits ne tardèrent pas à se faire entendre. Des bruits de voitures, et des voix. Je me redressa pour voir devant la voiture. Jorge empruntait une rue étroite au bout de la quelle il semblait y avoir du mouvement. 

-Voilà nos hôtes. Ricana Jorge. 

Je me mis debout à l'arrière du pick up. C'était un vrais bazar ici. Il y avait des gens partout. De tout âge, de toute origine, marchant tous dans la même direction. 

Jorge stoppa le pick up dans une ruelle et nous mirent pieds à terre. Pour continuer, nous devions marcher. Vu le monde, la voiture ne passerait pas. Et puis, nous serions repéré en peu de temps si le WICKED surveillait les environs. Laissant le peu d'affaires que nous avions dans la voiture, nous nous mirent à marcher vers la rue principale, là où il y avait le plus de population. 

Devant nous, plusieurs cadavres humains enroulés dans des bâches étaient alignés sur le sol. Plusieurs hommes les portaient, puis les balançaient pour les jeter dans un pick up encore plus abîmé que le notre. Nous dûmes enjamber les corps pour arriver au centre de la rue, marquant une pause pour examiner notre nouvel environnement. 

Les côtés de la rue était constituée de vieux immeubles délabrés mais servant toujours d'habitation à en juger les personnes assises aux rebords de chaque étages, observant les nombreux passants. Au rez de chaussez, des petits "commerces" avaient été installés, utilisant des bâches comme toit, et proposant des boîtes de conserve, des bouts de tissus et d'autre babioles. 

Des cordes avaient été accrochés entre les bâtiments, traversant la rue et couverts de vêtements en train de sécher au soleil, tel des banderoles en période de fête. Des voitures étaient garées de toute part et des caisses, cagettes et tonneaux traînaient dans certains coins de la rue, empilés les uns sur les autres. 

Ce que j'observa par la suite, fut les gens. Alors que certains semblaient faire leur vie indépendamment des autres, la plus part marchaient tous dans la même direction, criant comme lors d'une manifestation. En voyant un groupe de garçons porter des pancartes de fortunes avec noté "laissez nous entrer", je jugea qu'il était en effet question d'une manifestation.

-Allons dans leur sens. Indiquais-je en montrant du doigt les pancartes.

Suivant mon idée, nous nous mirent à traverser la rue, suivant le peuple visiblement en colère. Il y avait  vraiment de tout ici. Tous vêtues de vieux vêtements, on devinait que vivre ici était plus de la survie que autre chose. Certains portaient un masque en papier, d'autre des masques recouvrant tout le visage. Encore une fois, ces "accessoires" étaient tous différents. Je croisa même certaines personnes avec un masque fait à partir d'une bouteille en plastique. Malheureusement, je n'étais pas certaine que le virus ne se transmette que par voie orale. 

-On reste groupé! Ordonna Newt.

Luttant pour rester les uns à côtés des autres, nous nous frayons un chemin au milieu de la foule protestante. Il y avait tellement de monde que nous étions sans cesse bousculé et il fallait jouer des bras pour ne pas se faire emporter par les gens. Les sourcils froncés, je grogna en recevant un coup d'épaule. J'espère que notre but n'est pas loin. Je ne tiendrais pas longtemps au milieu de tout ces gens. 

Pas très fan des contactes tactiles avec des inconnus, je mis ma capuche. Si je pouvais au moins préserver mes cheveux de tous ça, ce serait cool. Veillant à garder un œil sur tout, je continua de marcher à la suite de Thomas et Jorge. 

-J'ai l'impression d'être en enfer! Grogna ce dernier.

-faut surtout qu'on reste ensemble. Lui répondit Thomas.

A force d'être ainsi bousculée et de devoir sans cesse me servir de mes avants bras pour parvenir à avancer au milieu de tout ce monde, je commençais à perdre patience et je ne réussissais plus à calmer mes nerfs. 

Mais alors que j'allais pousser un homme qui ne voulait visiblement pas s'écarter de mon chemin, une voix résonnant dans un haut parleur attira notre attention. 

"Nous sommes la voix, de ceux qu'on entend pas!"

Comme tout les passants s'arrêtèrent de marcher en entendant l'homme qui venait de parler, nous fîmes de même, nous retournant pour voir de quoi il s'agissait. Deux camionnettes en file indienne roulaient vers nous, des hommes armés et dotés de masques à gaz assis sur le toit ou debout sur les côtés, se tenant aux portières et levant leurs armes en l'air. 

-Qu'est-ce que c'est ça encore? Soupirais-je.  

"Ils se planquent dans leur forteresse!" Poursuivit un homme au visage découvert assis sur l'avant de la première camionnette. 

En l'écoutant, les gens autour de nous poussèrent des exclamations, levant les poings en l'air. 

-Alors eux, ce sont les rois de la ville je me trompe? Fit Fry.

-Ou des clowns. Me moquais-je.

Fry me lança un regard amusé avant d'observer à nouveaux ces hommes. Comme les autres, nous reculâmes un peu pour les laisser passer. 

"En pensant qu'ils vont garder le remède, rien que pour eux! Et ils nous regardent, nous, le petit peuple, dépérir et pourrir!"

Je fronça les sourcils. Le WICKED avait vraiment choisit de laisser mourir ces gens ici. Ma haine ne s'apaiserait jamais. 

Les camionnettes passèrent devant nous alors que j'observais les hommes installés dessus. L'un deux, les yeux cachés derrière le verre rouge de son masque à gaz, sembla nous remarquer. Je fronça d'avantage les sourcils en me rendant compte que, même si nous ne distinguions pas son visage, il nous observa tout du long de son passage. 

Nous regardait-il parce qu'il ne nous avait jamais vu? Ou au contraire, parce qu'il savait que le WICKED nous recherchait? A sa place, je nous aurais utilisé en échange pour entrer dans la ville... alors qui nous disait qu'il n'en ferait pas autant? Je serra la mâchoire en voyant que, une fois loin de nous, il se pencha pour parler à son camarade avant de nous pointer du doigt et de disparaître dans la foule.  

"Mais nous sommes plus nombreux que cette poignée d'idiots!" Poursuivit l'homme au loin. "Alors je vous le dis: nous sommes un peuple debout! Levons nous et reprenons, ce qui nous appartient!"

Les acclamations fusèrent autour de nous et tous s'agitèrent d'avantage. 

-Eh ben... un vrais chef d'armé... ricanais-je en croisant les bras.

Un bruissement attira de nouveau notre attention. Je leva les yeux. Des drones, surement du WICKED, traversaient le ciel. 

-On ferait mieux de se remettre à marcher. Grogna Thomas en les voyant également.

Tout à fait d'accord avec cette idée, nous nous remirent en marche, accélérant le pas. Nous suivirent la troupe, traversant deux autres quartiers de la ville. Plus nous avancions, plus les acclamations furent bruyantes et nombreuses. Bientôt, nous arrivâmes à un vieux hangar dont il ne restait que la moitié des murs ainsi que la structure en ferraille.  

L'endroit était remplit de monde en furie. L'endroit était plus ouvert, libérant d'avantage d'espace pour la foule qui s'arrêtait là. Désirant voir ce qu'il y avait devant, nous traversâmes l'endroit en se frayant un passage entre les gens et leurs pancartes qu'ils agitaient avec colère.

En levant la tête, nous vîmes ce que nous cherchions. Devant nous, le mur en béton de la dernière ville se présentait devant nous. 

-C'est ici! Fit Thomas. On va pouvoir entrer!

A en voir la manifestation, nous n'étions pas les seuls à vouloir entrer. Et je doutais que nous ayons plus de chance que eux.

"Laissez nous entrer!" Hurlais les gens en cœur. 

-Thomas attend! Appela Jorge en rattrapant le brun qui filait à toute vitesse au milieu de la foule. T'empruntes pas la bonne voie! Tu te crois plus fort que tous ces gens qui ont jamais réussit à entrer? T'arriveras à rien! 

-Si je suis venu jusque là c'est pas pour faire marche arrière! Répliqua l'ancien coureur. 

Je soupira. Qu'est-ce qu'il peut être têtu ce mec! 

Plus nous avancions, plus il y avait de monde et plus nous étions vulnérable aux yeux du WICKED ou d'un quelconque autre danger comme les hommes de tout à l'heure par exemple.

-Putain, dans quelle galère on va se foutre encore! Protesta Fry. 

Plus les mètres passaient, plus il était difficile pour moi d'avancer. Au bout d'un moment, je sentis une main dans mon dos. En jetant un regard par dessus mon épaule, je constata qu'il s'agissait de Newt. plus grand que moi, il parvenait mieux à avancer et m'aida ainsi. 

Après un moment qui me sembla une éternité, nous arrivâmes enfin à l'avant de toute cette agitation. Les cris de la population me donnaient mal au crâne et j'étais bien contente d'avoir ma capuche pour l'atténuer un peu.

Je regarda devant nous, bousculé sans cesse par les manifestants qui se faisaient de plus en plus nombreux. Face à nous se trouvaient les murs du WICKED. Ou plus précisément, la porte de la dernière ville. Celle-ci s'étendait sur plusieurs mètres de haut et se présentait à une centaine de mètres de notre emplacement. Pourtant, personne n'avançait d'avantage, et des barrières nous empêchaient de le faire. Je baissa les yeux. Des carcasses de voitures nous séparaient de la porte et c'était comme si tous ces manifestants enragés avaient peur de s'avancer d'avantage. Quelque chose ne tournait pas rond ici.

Soudain, alors que j'observais les murs, cherchant à savoir ce qui effrayais autant les gens, des mains se posèrent sur nos épaules. 

-Eh! Faut se tirer grouillez vous! S'exclama Newt.

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