|Chapitre 47|

Les paysages défilaient sous nos yeux. A travers la vitre, je distinguais les plaines sèches et les montagnes désertes. Les rochers recouvraient le sol par endroits, séparés par d'épais buissons broussailleux. Si je ne savais pas comment était le monde en ce moment, j'aurais presque eu l'impression de faire une balade en voiture à la recherche d'un lieu où pique-niquer. Mais la réalité était toute autre. Et elle frappait nos esprits quand nous tombions sur des carcasses de voitures ou des affaires recouvertes de poussière, étalées sur le sol de par et d'autres de la route. 

Nous roulions depuis des heures, guidés par Newt qui tenait la précieuse carte où, quelques temps plus tôt, Jorge avait entouré l'endroit où était censé se trouver la dernière ville. Depuis le siège arrière, je lançais parfois des regards vers la feuille abîmée. Voyait-on le labyrinthe dessus? Je ne m'étais jamais posée la question. Mais j'en doutais. La structure qui nous avait retenu prisonnier avait surement été cachée par le WICKED aux yeux de la population restante. 

Prisonnier. C'est ce que nous avions pensé être durant des mois, voir des années pour certains. Alors qu'en réalité, nous n'avions jamais été aussi libre que lorsque nous étions au bloc. Chaque nuit, je repensais à sa forêt, aux cabanes, aux blocards... Tout cela me manquait. C'est affreux à dire mais, enfermés entre ces murs, en proie aux griffeurs, était largement plus paradisiaque que notre situation aujourd'hui.

Autrefois nous étions des blocards. Des coureurs, des medjacks,... Nous nous étions tous créés une identité, un nom. Une place. Mais ici, nous n'étions plus que des numéros, sans maisons, sans avenirs, à la recherche constante de nos amis perdu et d'un refuge. 

Je détestais la vie. Mais je n'avais pas le choix. Je devais sans cesse l'affronter.

-On fait une pause. Déclara soudainement Fry en arrêtant la voiture au milieu de la route.

Le garçon sortit de la voiture en courant jusqu'à un buisson puis se soulagea. Un vrais enfant. 

Comme Thomas et Newt, je mis pied à terre et étira mon dos puis mes bras. Je n'ai pas l'habitude des longs trajets en voiture. Je lança un coup d'œil à la route sur laquelle nous étions. Si il y a bien un point positif à la situation, c'est que nous pouvions nous arrêter au milieu du passage, personne ne viendra nous râler dessus. 

Je m'approcha ensuite de Thomas qui avait étalé la carte sur le capot de la voiture. J'examina le chemin avec lui et ne tarda pas à montrer une zone du doigt. 

-Nous allons devoir passer un tunnel de Control?   

-Oui. Mais dans cette région, je ne pense pas qu'elle soit encore utilisée. Acquiesça Thomas. Il n'y a plus de lieux habités à des kilomètres à la ronde. 

-Ce qui veut dire qu'on ne reverra pas d'autres humains avant d'arriver à destination... Soupira Fry' en revenant de sa pause pipi.

-Si il y a bel et bien des humains là où nous allons... Compléta Newt.

Je laissa échapper un rire nerveux. Ce tunnel désert ne me faisait visiblement pas penser à la même chose que eux: 

-En fait, ça veut surtout dire qu'on risque de croiser pas mal de fondu sur la route. 

J'avais dis ça avec tellement de naturel et de calme que les trois garçons me fixèrent en fronçant les sourcils. 

-Quoi? Vous avez pas hâte de retrouver nos amis les zombis? Ricanais-je en attrapant la carte. Allez on se remet en route. Je sais pas vous mais j'aimerais que nos retrouvailles avec eux se passent avant la nuit. Et je monte devant!

Sans attendre leur réponse, je m'installa à l'avant du véhicule, là où Newt était assit précédemment. Quand je posa les fesses sur le siège, une légère boule se forma dans mon estomac. Les fondus étaient le pire cauchemar qu'un humain puisse voir. 

Rapidement, mes amis montèrent à leur tour dans la voiture et on se remit en route. La carte sur les genoux, je tourna la tête vers le paysage. Je pria alors pour que nous arrivions jusqu'à la dernière ville en vie. 

*************

La suite du voyage jusqu'au tunnel se fit dans le plus grand des calmes. Plus personne ne parlait, appréhendant certainement la possible rencontre avec des griffeurs. Certes, mes paroles avaient peut être été un peu franc, mais ils étaient habitués et il fallait bien que quelqu'un tienne ce rôle là. 

Je lança un regard par dessus mon épaule. Newt s'était profondément endormit, la tête posée contre la vitre. Il avait une vraie bouille d'enfant quand il se reposait. 

J'aurais aimée m'endormir. Parfois, mes yeux se mettaient à piquer et je tentais de les fermer un instant. Mais d'étranges flashs du WICKED prenaient possession de mon esprit. Alors je me donnais des claques intérieurement et me concentrais sur la route. 

Mais je ne pouvais m'empêcher de repenser aux souvenirs qui m'étais revenus lorsque j'étais inconsciente il y a quelques semaines. Tant de choses m'étaient revenues en mémoire. Et j'avais depuis, essayé de ne pas y penser. Mais ici, assise dans le silence à attendre que nous arrivions, je ne pouvais éternellement chasser ces pensées. Et plusieurs questions méritaient d'être posées.

Je n'avais eu aucun souvenir d'une rencontre avec Georges. Où était-il à ce moment là? Quand l'ais-je retrouvé? Et pourquoi j'étais dans des chambres séparées comme Thomas et Térésa alors que visiblement je ne suis pas aussi importante que eux pour le WICKED?

Quel était véritablement ma relation avec Minho autrefois? Etes-ce pour ça que à mon arrivée dans le labyrinthe, j'avais cette constante impression de le connaître? 

Et en ce qui concerne Newt... Devais-je lui avouer pour sa sœur? Surtout maintenant que nous étions partit?

Chaque jours, j'hésitais à lui avouer que sa sœur n'est autre que Sonya. Et que à sa naissance, elle se nommait même Lizzy. Mais en y réfléchissant, dans une telle situation, peut être que j'aurais aimée ne pas savoir que George était mon frère. Histoire de moins souffrir en le perdant... 

Je croisa le regard de Thomas qui me sourit tendrement. Je lui rendis son sourire, plus tristement que je ne l'aurais voulu, puis tourna la tête vers Fry. Le garçon conduisait en souriant légèrement. Il m'impressionnait. 

Depuis que je le connaissais, il ne passait pas une journée sans sourire. Il respirait la joie de vivre et c'était extrêmement rassurant d'avoir quelqu'un d'aussi positif au près de sois. 

L'ancien cuistot tourna la tête vers moi et se mit à rire. Il savait que je me perdais dans mes pensées et il m'avait déjà dit plus d'une fois que je réfléchissais trop. C'est pour ça qu'il riait. Et malgré moi, je me mis aussi à rire.

Je les aimais du plus profond de mon cœur. Nous étions plus qu'une famille. Et j'aurais aimée que certaines personnes soient encore là pour rire avec nous. 


*************

Dans l'après-midi, alors que j'observais toujours la route, un panneau attira mon attention. Il était immense, et une carcasse de voiture se tenait près de lui. 

"Contrôle de contamination obligatoire à 3kms"

-Thomas, réveilles Newt. Soufflais-je. On va arriver au tunnel.

Je vis les mains de Fry se crisper sur le volant. Il était inquiet. Comme nous tous. Mais j'étais bien déterminée à ne pas mourir aujourd'hui. 

La zone de contrôle était un bâtiment en béton bientôt recouvert de végétation. Ses alentours n'étaient qu'un amas de débris, de voitures abandonnées, de barbelés et de plantes brûlées par le soleil. Deux tours électriques rougies par la rouille étaient tombées et avaient brisé des dépouilles de voiture sous leur poids. Sur toutes les grilles, des panneaux d'avertissement et des conseils vis à vis du virus tombaient à l'abandon. 

Fry entra dans la zone barbelée et la traversa jusqu'au bâtiment attaché à la montagne. Et c'est là que nous le vîmes. 

Le tunnel. 

Il était assez haut pour deux camions et aussi large que trois voitures. Il n 'y avait plus aucune bribe d'électricité et de ce fait, nous distinguions à peine ce qu'il s'y trouvait à plus de trois mètres. L'endroit était plus qu'effrayant. Il semblait tellement vide que nous y imaginions sans problème une horde de fondus nous y attendre.

J'échangea un regard avec Fry avant qu'il ne coupe le moteur devant le tunnel. Nous sortirent du véhicule en observant les alentours. Un véritable silence de mort régnait ici. 

-C'est sympa. M'exclamais-je ironiquement.

Accompagnée des garçons, je m'avança jusqu'au tunnel. Nos pas y résonnaient déjà. De près, c'était pire que lorsque nous étions en voiture. L'air frais qui s'en dégageait me glaça le sang. 

-Tu veux qu'on aille là dedans? Demanda Newt en regardant Thomas.

Le brun haussa les épaules en regardant la carte pour vérifier qu'il n'y avait pas d'autre passage. 

-Je ne voudrais pas gâcher la fête mais moi, si j'étais un fondu, c'est bien le genre d'endroit que j'aurais choisis pour me planquer... Railla Newt.

-J'ai peur qu'on ait pas vraiment le choix... Soupira Thomas.

Un corbeau sortit du tunnel en hurlant avant de se poser sur un fil barbelé. Les résonnements de son cris dans le tunnel me firent immédiatement penser aux bruits inhumains des fondus.

Avalant difficilement nos salives, on examina le tunnel en silence. Nous n'avions pas le choix. Si nous voulions retrouver Minho, nous devions traverser ce nid à zombis. 

-Je monte devant. Déclara Newt en retournant vers le véhicule.

Fry et Thomas s'échangèrent un regard amusé mais nerveux, tandis que j'observais toujours le lieu. En tant que claustrophobe, disons que les tunnels n'étaient pas mon fort. Mais en ce qui concerne ceux remplis de monstres, c'était encore pire. 

En soupirant, je retourna jusqu'à la voiture avec les autres. Cette fois, je m'installa donc à l'arrière aux côtés de Thomas. 

Je mis mon fusil entre mes jambes, prête à l'utiliser. J'étais bien contente de l'avoir pris avec moi. 

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