|Chapitre 45|
Quand on arriva au camp, je descendis du wagon. Une foule se forma autour de nous et je regarda la première personne venu:
-Vas chercher de quoi ouvrir ce wagon.
Il obéit et s'éloigna. Je me tourna ensuite vers le train au même moment que des mains se posaient sur ma taille. Je releva la tête et découvris sans surprise Nate. Je le regarda un instant. Je savais ce qu'il pensait. Et il savait que je savais.
-Je crois que j'ai même pas besoin de faire la réflexion... Souffla-t-il.
Je regarda sa veste en me mordillant la lèvre avant de replonger mon regard dans ses yeux noisette.
-Nate...ça fais des mois que j'attend de le revoir...
-Je sais. Et je suis content qu'on ai réussi. Vraiment. Après tout, y a rien d'officiel entre nous. Et je sais que, quand on ouvrira cette porte, tu retourneras dans ses bras.
-Ça fait des mois que je ne l'ai pas vu... murmurais-je. Je ne sais plus vraiment ce que je ressent pour lui. Mais je sais que je tiens énormément à lui. Comme je tiens à Newt, à Thomas, à Fry...
-Mais pas comme tu tiens à moi.
Cette phrase me figea une demi seconde.
-Nate... Je tiens à toi. Mais je suis vraiment paumée au niveau de...mes sentiments. Alors je veux être sincère avec toi. Quand on aura ouvert cette porte, je ne sais pas ce qu'il va se passer.
Il acquiesça et je posa ma tête contre son épaule un moment avant de me tourner en entendant le garçon revenir avec du matériel. Thomas le lui prit et commença à découper la porte.
L'opération dura quelques minutes. Les minutes les plus longue de ma vie. Quand ce fut bon, il ouvrit la porte avec un violent coup de pied et entra. Je le suivis. L'intérieur était sombre. Les immunisés étaient installés en lignes, les mains ligotés à des chaines accrochés au plafond. Il y en avait une cinquantaine.
Rapidement, deux visages familiers sortirent du lot.
-Aris! Sonya! Fit Thomas en s'approchant d'eux. Ça va? Vous êtes pas blessés?
-Non ça va. Murmura la blonde, soulagée.
Je passa derrière Thomas et m'avança dans le wagon, cherchant désespérément le visage si attendue. Plus je passais les rangs, plus les bruits de pas de Thomas et de Newt derrière moi se firent flou dans mon esprit. Rapidement, je me retrouva au fond, face au mur.
Il n'était pas là.
Minho n'était pas là.
Mon souffle se coupa et mon pouls résonna dans mes tempes. Je me tourna et croisa le regard de Thomas. Il comprit.
-Il est pas là... Souffla-t-il à Newt.
Mes amis me regardèrent mais je me perdais dans le vide. En sentant les larmes monter, je les dépassa et sortis du wagon. Ma tête tournait. Des gens approchaient avec des outils pour les chaines et des couvertures. Je passa entre elles avant de m'arrêter en plein milieu du passage. Milles pensées tournaient dans mon esprit. Quelle erreur avions nous faites? Qu'est-ce qui n'avait pas marché? Je fixais le sol en tournant sur moi même. Des mains se posèrent sur mes bras et je releva la tête.
-Fry... Murmurais-je.
Mon ami souriait mais en voyant mes yeux troublés de larmes, il comprit que quelque chose clochait.
-Qu'est-ce qui se passe?
Je le regarda un moment. Il connaissait Minho depuis plus longtemps que moi...
-Il est pas là Fry... Minho n'était pas dans le wagon...
Son visage se décomposa. Lui aussi avait de l'espoir dans ce plan. Lui aussi pensait que nous avions réussi. Doucement, il m'entoura de ses bras et je fis de même. Mon regard troublé de larmes se posa sur le wagon où les immunisés commençaient à sortir. Nate faisait partit de ceux qui distribuaient les couvertures à leur sortie. Il posa son regard sur moi. Lui aussi avait comprit. Il me regarda tristement et je baissa les yeux. Une larme coula sur ma joue.
********
Je leva les yeux vers la mer. Des cris de mouettes perçaient le silence. Le soleil était haut dans le ciel et une agréable chaleur se posait sur notre peau.
-venez tous par ici. Fit Vince en regardant les immunisés enveloppés dans des couvertures qui se rassemblaient devant lui. Ecoutez...Je sais que vous avez vécu l'enfer. Je voudrais vous dire que vos souffrances sont derrière nous. Mais la partie est loin d'être gagnée.
Je tourna la tête et vis Thomas près de moi, adossé au mur. Il me regarda et me sourit tendrement. Je baissa les yeux.
-le WICKED est toujours là. Il ne lâche pas l'affaire. Poursuivit Vince. Parce que vous avez quelque chose qu'ils veulent. Ils vous ont enlevés parce que vous êtes immunisés. Immunisés contre un mal qui a anéantit l'espèce humaine. Ils sont persuadés qu'il faut vous sacrifier pour trouver un vaccin. Je penses autrement. Dans deux jours, il désigna un bateau que certains retapaient depuis des semaines, quand ce vieux rafiot sera en état de prendre la mer, on va mettre les voiles et se tirer ailleurs.
Des exclamations se firent entendre et je me redressa. Se tirer? Je me tourna vers Thomas pour voir si il était au courant. Je savais que c'était le plan. Récupérer Minho et partir. Mais justement, Minho n'est pas encore là!
-Un ailleurs où WICKED ne pourra jamais vous trouver. Où vous pourrez vous reconstruire. Un ailleurs où vous vous sentirez chez vous.
S'en était trop. Je ne voulais pas en entendre d'avantage et je m'éloigna de la place. Thomas aussi avait disparu. Mais je savais où il était. Je me dirigea alors vers une maison et y entra sans hésitation. Sonya et Aris soignaient les vilaines plaies sur leurs visages.
-Tenez, buvez ça. Fit Harriet en leur tendant des tasses.
Ils prirent une gorgée et Aris sourit doucement:
-Vous en avez mit du temps pour nous sauver.
-Moi aussi je suis content de vous voir. Rit doucement Thomas.
Je m'avança pour me tenir près de Newt et Brenda.
-Raconte moi ce qu'il s'est passé.
-On s'est défendu. Souffla le garçon. Ou plutôt on a essayé de se défendre.
-Vous avez eu de la chance de nous trouver. Fit Sonya. Ils nous trimbalaient sans arrêt. Comme si y avait un truc important qui se passait.
-Vous savez où ils vous conduisaient? L'interrogea Newt.
-Ce dont je me souviens, ils arrêtaient pas de parler d'une ville.
Je releva la tête, intéressée.
-Le truc, c'est qu'il doit plus trop y en avoir des villes... Murmura Harriet.
-Y en a même carrément plus... Fit Brenda. Enfin, si on parle des villes qui sont debout.
Thomas fronça les sourcils:
-Attendez... je comprend pas. Pourquoi Minho...pourquoi il était pas dans le train?
Sonya et Aris s'échangèrent un regard.
-Je suis désolé Thomas...
Je me mordis la lèvre. Désolé? Pourquoi?
Aris me regarda:
-Il y était.
*********
*********
Un coup... deux coups... encore un peu...
AÏE Putain...
Ce foutu boulon vient encore de tomber... Et sur moi en plus! Sous l'énervement, je donna un coup dans le véhicule que j'étais en train de réparer. Un mois que j'essayais de le remettre sur pied. A l'aide de mes jambes, je sortis de cet étroit espace et me releva la mâchoire crispée. Je posa ma clé dans la caisse à outils et soupira de nouveau.
-T'as besoin d'aide? Fit une voix familière derrière moi.
Je me tourna à peine vers Newt.
-Non. Je gère.
Un silence se fit pendant que j'essuyais mes mains pleines de graisse dans un chiffon.
-Mila... Tu sais que tu peux demander de l'aide à Jorge... ou même Vince.
-Vince? Raillais-je. Je crois pas. Monsieur est trop occupé à préparer son départ vers le refuge.
Newt ne répondit pas. Étonnée, je lui lança un regard. Il paraissait surprit et attristé par ma réponse. Je reposa alors les yeux sur mes outils:
-Désolé. Je suis juste sur les nerfs.
-Je sais. Ça fait une semaine Mila. Une semaine que Aris et les autres sont revenus. Et ils reprennent des forces... Alors oui, Vince veut les mettre à l'abris.
-Mais on peut pas partir Newt. Soufflais-je en me tournant vers lui . Pas après ce petit succès... On avance... et je suis sûre que le prochain essaie sera le bon...
Le blond s'approcha et passa sa main dans ma queue de cheval en me regardant avec tendresse:
-Je sais ce que tu ressens Mila... Et si il y a bien quelqu'un ici qui voudrais sauver Minho, c'est moi. Mais je perd espoir...Comme tous les autres... Jorge... Brenda... Vince...Nate...
A ce dernier nom, je détourna le regard. Le blondinet tourna doucement mon visage vers lui:
- Concentre toi sur Nate. Passe du temps avec lui. Vous vous appréciez beaucoup...
-Je veux retrouver Minho...
Je le fixa les yeux brouillés de larmes.
- Je...j'adore Nate... Mais j'ai besoin de Minho... Et je ne laisserais pas tout tomber comme ça.
Je m'éloigna, ne souhaitant pas parler d'avantage avec mon ami. Newt ne rajouta rien, me connaissant trop bien pour savoir que dans ces cas là, il valait mieux me laisser tranquille. Je m'en alla donc, abandonnant la carcasse de voiture qui ne me mènerait à rien.
Comme souvent cette dernière semaine, je marcha sans voir où j'allais, fixant le sol. Depuis qu'on avait récupéré le wagon, les quartiers étaient plus bruyant que d'habitude. Et étonnement, ça m'agaçait.
Je voulais être seule. Enfin je crois.
Malgré moi, mes pieds prirent la direction d'une ruine fermée par un drap servant de rideau, et de porte. Je l'écarta d'un geste du bras et regarda à l'intérieure. Nate nettoyait son fusil. Il releva ses yeux bruns vers moi. Je l'observa un instant. Je l'aimais vraiment bien.
J'hésita un instant puis parla doucement:
-tu viens avec moi?
Il m'observa et acquiesça en se levant. Il me comprenait sans même que je lui parle. Et ça, c'était vraiment ce qu'il me manquait.
Il s'approcha et je ne bougea pas. Aucun bruit. Aucun mot. Il regarda mes lèvres et se pencha pour les caresser avec les siennes dans un baiser tendre et presque furtif. Je baissa les yeux pour regarder sa bouche puis replongea mon regard dans le sien.
-T'es triste... je le vois... Murmura-t-il.
Je ne répondis pas. Et il ne s'attendait pas à ce que je le fasse. Comme Newt, il avait le don de savoir ce que je pensais rien que en me regardant dans les yeux. Et sa phrase eut pour résultat de serrer mon cœur alourdit par tous ces sentiments que je n'arrivais plus à décerner les uns des autres.
Il replaça ma queue de cheval brune en passant ses doigts dedans puis attrapa doucement ma main avant de m'entrainer dehors.
Sans un mot, on traversa le camp et on s'approcha plus encore de la mer . L'océan était calme et se perdait dans l'horizon. J'aurais aimée être ici avec George et Winston. Alors que mon regard se perdait dans cet horizon bleuté, Nate me tira doucement par la main et on escalada des rochers au pied desquels nous abandonnâmes pantalons et t-shirts. Une mouette cria au dessus de nos têtes.
C'est dingue comme, dans de tels endroits, nous avions l'impression de vivre... normalement... Sans virus, sans fondu... sans WICKED...
Mais après tout, qu'est-ce que je connaissais de la vie normale? Mes souvenirs avaient été effacés et même si certains me revenaient, je n'étais pas certaine d'avoir déjà eu une vie "normale"...
Arrivés en haut des rochers, on s'approcha du bord. L'eau se trouvait désormais à plusieurs mètres sous nos pieds et les vagues se brisaient contre les flancs de la falaise. Nate tourna la tête vers moi. Il me sourit tendrement et lâcha ma main avant de sauter dans le vide.
Je suivis son corps des yeux. Il ne tarda pas à disparaître dans l'eau avant d'en ressortir la tête et de la lever vers moi.
Une rafale de vent vint secouer ma queue de cheval et je regarda de nouveau l'horizon. Une drôle d'impression s'empara de moi. Comme si c'était la dernière fois que je vivais ça... Comme si c'était le dernier horizon de liberté que je verrai...
Je n'avais jamais osé sauter. Oui, moi, Mila, je n'avais jamais osé sauter dans l'eau. Comme si quelque chose me retenait et m'interdisait de connaitre cette adrénaline.
Nate m'attendait en bas. J'avais l'impression de voir dans l'océan les visages de mes amis se refléter...
Winston... Zart...Gally...Shuck... Alby... et tant d'autre...
A cet instant, cela pouvait paraître stupide certes, mais je les voyais tous, en train de m'encourager à me lancer et à les rejoindre dans l'eau...
Je ne lâchais pas cette surface bleu et attirante des yeux. Ma jambe droite s'avança toute seule et mon corps tomba dans le vide. L'air sur mon cœur et cette sensation de chute, étonnement, détendirent mon corps. Et bientôt, à mon tour, je m'enfonça dans l'eau salée.
Dans le bleu sombre de l'océan, je perçus son visage... Minho...
Je ne pouvais pas le laisser tomber. Il avait besoin de moi.
Une main saisit mon bras alors que j'observais ce visage sortit de mon esprit. Je sentis mon corps remonter à la surface et deux bras me serrer contre un torse que je connaissais...
J'enfonça mon visage contre le cou de Nate en fermant les yeux.
-Tu l'as fais Mila... T'as réussi... T'as sauté...
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