|Chapitre 44|

     10h25. Le 4x4 roulait à toute allure et pourtant, nous n'allions pas tarder à être en retard. Ma main se pressa autour de la poignée de la portière. Je suis secouée dans tout les sens mais je reste concentrée. Il le faut.  Les paysages brûlés par le soleil défilent derrière la portière à la vitre manquante et le vent claque mon visage. Je sent dans ma nuque ma queue de cheval qui vole dans tous les sens. Mes yeux se posent une nouvelle fois sur ma montre. 10h27.

-On est en retard les mecs. 

-On arrive. Répondit Vince en me montrant l'extérieur d'un geste du menton.

Je me pencha et vis à une centaine de mètres de nous,  les rails.  Je pris une grande inspiration et attrapa le fusil mitrailleur posé entre mes tibias. Je le chargea et passa la sangle autour de mon corps. Bientôt, un bruit familier se fit entendre. Un bruit que je rêve d'entendre depuis des semaines. Le train du WICKED.

Vince appuya sur l'accélérateur et je du bien me tenir pour ne pas me cogner dans tous les sens. Thomas, assis devant moi, attrapa son talkie-walkie et le porta devant sa bouche:

-Brenda on approche par derrière, occupez les!

-Accrochez vous! Nous cria Vince.

Je plissa les yeux pour ne pas me prendre toute la poussière que le véhicule dégageait et parvins à distinguer au loin, entre deux wagons, le 4x4 de Brenda et Jorge qui roulait à toute vitesse vers l'avant du train. Pour notre part, nous arrivions à l'arrière du train, et le véhicule peinait à rester derrière le dernier wagon. Après plusieurs secousses assez violente, la voiture réussit à se mettre dans les rails et nous accélérions de nouveau. 

-C'est de la folie Thomas! Soupira Vince soudainement inquiet.

Mon ami ne lui répondit pas et se détacha. Je fis de même. La portière de Thomas étant absente, il en profita pour se tenir et passer à l'avant de la voiture, sur le capot, pendant que je m'asseyais à sa place. En se tenant et en essayant de garder l'équilibre, Thomas saisit un crochet attaché à l'avant du véhicule. Il hurla à Vince de se rapprocher et nous ne tardons pas à nous retrouver à seulement deux mètres du wagon. Un mètre... Quelque centimètres... Et Thomas accrocha le crochet au train avant de monter sur celui-ci. 

En retenant ma respiration, je monta à mon tour sur le capot et sauta sur le train, m'agrippant à l'échelle sur laquelle se trouvait déjà Thomas. Mon ami s'assura que je sois bien agrippée avant de se tourne vers Vince. La voiture s'écartait déjà doucement, perdant de la vitesse malgré la corde qui la reliait au train. Vince en sortit avec hésitation et se mit sur le capot.

-Dépêches toi Vince! Criais-je.

L'une des roues droite de la voiture émit un drôle de bruit  avant de lâcher. Je vis le caoutchouc noir s'envoler et la voiture basculer sur la droite. Vince manqua de tomber mais se rattrapa pendant que son prénom s'échappait de nos lèvres. Mon coeur battait à toute allure et la voiture s'éloigna de plus en plus. Le crochet menaçait à présent de lâcher et nous lui hurlions de sauter. L'homme nous regarda puis finit par s'exécuter. Il se rattrapa à la deuxième échelle  et le crochet lâcha. La voiture bascula dangereusement en avant puis fit un tonneau avant de s'arrêter, retournée. 

Vince reprit son souffle et regarda la voiture derrière nous.

-Non de Dieu... Lâche-t-il. 

-Allons y. Continua Thomas en commençant à grimper à l'échelle.

-Eh! Un berg. 

Nous nous retournâmes pour regarder dans la même direction que Vince. Au loin, dans le ciel, une masse noire se rapprochait rapidement. Aucun doute, c'était bien un berg. Plus il se rapprochait, plus nous pouvions le détailler. Et c'est avec une boule au ventre que je vis ses canons se déployer, signe qu'ils allaient mettre feu. Ce n'était pas pour nous bien sûr. Le WICKED n'allait tirer sur son propre train. C'était sûrement pour Jorge et Brenda qui roulaient toujours à l'avant du train.

-Eh Brenda! Cria Thomas au Talkie-Walkie. Vous avez de la visite!

Le berg se mit alors à tirer et malheureusement, nous n'étions pas du bon côté pour voir ce qu'il en était de nos amis.

"Thomas! Cracha le talkie-walkie. On t'abandonne! Fais gaffe à toi!"

-Bonne chance! Leur répondit mon ami.

Thomas rangea l'appareil à sa ceinture puis nous nous mirent à escalader les échelles. Une fois en haut, nous commençâmes à courir sur le train, enjambant les différents espaces entre chaque wagons. Mon cœur battait la chamade mais j'essayais difficilement de le calmer. Minho était là, quelque part sous nos pieds... On continua de courir avant de s'arrêter quelques wagons plus loin. Au loin, je vis des gardes du WICKED courir vers nous, armes en main. En dessous de nous, Vince se laissa tomber entre deux wagons et Thomas lui passa un sac contenant le matériel dont il aurait besoin pour détacher les wagons. Des explosifs quoi...

Thomas descendit à son tour et je le suivis. Vince commença alors son travail pendant que je chargeais mon arme et tirais sur les gardes qui arrivaient. Plus je tirais, plus ils étaient nombreux.

-Vince! criais-je pour qu'il se dépêche. 

J'appuyais sans arrêt sur la détente, visant les gardes en me mordant violemment la lèvre. Bientôt, un déclique se fit entendre derrière moi. Vince avait terminé.

-amène toi! Me cria Thomas.

Je rejoignis les garçons et nous grimpâmes sur les côtés du trains pour ne pas être près de l'explosion. Je m'agrippa violemment aux barreaux et cacha mon visage dans mes bras pour le protéger. Je sentis mon front toucher quelque chose. Thomas. Pas loin, la dynamite fit son travail et je sentis une vague de chaleur se glisser dans ma nuque. Un bruit strident se fit alors entendre. Ça avait fonctionné. Les wagons sur lesquels nous nous étions ralentissaient. Je redressa la tête et vis l'autre partie du train s'éloigner avec les gardes du WICKED.

La partie du véhicule où nous nous tenions finit par s'immobiliser totalement et je sauta pour poser les pieds à terre. Thomas et Vince me rejoignirent et nous lançâmes un regard vers l'autre partie du train qui avait commencée à freiner, plusieurs mètres devant nous. On devait se dépêcher. Thomas se tourna alors vers le bord des rails et porta son pouce et son index à sa bouche. Un long sifflement strident s'en échappa. 

A une vingtaine de mètres, derrière un tas de rochers et de buissons, une silhouette se lèva. Newt.

-Newt! Criais-je. Amenez vous!

Le blondinet fit quelques gestes de la main et deux autres silhouettes arrivèrent près de lui. Murphy et Nate. Les trois garçons se mirent à courir vers nous, matériel sur le dos. 

Je me tourna vers Thomas qui frappait les wagons de ses poings en appelant Minho. Rapidement, des cris et des bruits de chaînes s'échappèrent du train et je me tourna dos au train pour ne pas à avoir affaire à ça. Nous ne pouvions prendre qu'un seul wagon... Toutes ces personnes qui criaient... Nous allions devoir les laisser avec le WICKED et j'en avait la boule au ventre...

En parlant du WICKED, je vis au loin des silhouettes noirs descendre de l'autre partie du train. Les soldats... Ils couraient vers nous.

-Thomas! Vince!

Mes amis s'approchèrent après avoir laissé l'un des wagons entre les mains de Newt Murphy et Nate. 

-Ah merde... Souffla Vince en regardant le WICKED courir vers nous. Va falloir jouer serré...  

L'homme se précipita vers Newt et les autres pour leur dire de se dépêcher pendant que Thomas posa une main sur mon bras:

-Tu t'en occupe?

Comme réponse, je repris mon fusil mitrailleur et le chargea:

-Je gère Thomas. 

Il acquiesça pendant que je me concentrais, observant les gardes avancer dans le viseur de mon arme. Derrière moi, j'entendis des bruits de métal et je savais que Vince et Thomas étaient en train d'attacher les cordes sur le toit du wagon. Je vis les gardes s'approcher d'avantage et cria:

-Newt ça avance?

-Me stress pas! 

Je grogna et regarda à nouveau les soldats. Ils étaient à une bonne distance... pour être touché. Je tira et en toucha deux. Mais eux aussi commençaient à tirer et je sentis une main m'entraîner vers l'arrière, contre le wagon. Nate.

-Te fais pas tuer princesse. Me lance-t-il. 

Je rechargea mon arme pendant qu'il tirait à son tour sur les gardes avec un fusil. Je me remit près de lui.

-Toi non plus le bleue. 

Je l'entendis ricaner près de moi et nous continuâmes de tirer. Les balles ennemies rebondissaient contre le wagon et je faisais tout mon possible pour couvrir Newt. 

-Newt!

-J'ai presque fini!!

Vince descendit du toit et sortit son arme pour tirer. Les soldats se rapprochaient de plus en plus et leurs tires se faisaient plus nombreux encore. Je lança un regard en arrière en entendant quelque chose tomber. Newt venait de finir de détacher le wagon du train.

-NEWT! Monte! Lui ordonna Vince.

Mon ami ne se fit pas prier et escalada l'échelle pour arriver sur le toit.  

- Monte! Me cria Nate. Ils sont trop nombreux!

Je passa la sangle de mon fusil autour de mon corps et monta également à l'échelle. Murphy me suivit. En haut, je m'allongea à plat ventre près de Newt et Thomas. Murphy se mit de l'autre côté et Nate ne tarda pas à arriver à mon niveau. Je repris mon fusil et le positionna pour continuer de tirer.

-Ils sont où?? Demandais-je en lançant un regard vers le ciel.

-Je sais pas! Soupira Thomas.

Quelques secondes plus tard, un grondement se fit entendre au dessus de nous. Une ombre nous couvrit. Le Berg de tout à l'heure. En le voyant, les soldats cessèrent de tirer. Je souris en coin. Nous les avions piégé. 

Le Berg s'ouvrit et un crochet au bout d'une corde en sortit. Je distingua le visage de Fry et Brenda. Ils avaient réussit. Notre plan était génial. En comprenant que le Berg avait été réquisitionné  par nos amis, les gardes se remirent à tirer en se rapprochant. Quand le crochet fut assez bas, Thomas et Newt y attachèrent les cordes du wagon puis firent signe aux autres de nous remonter. 

Toujours couchée à plat ventre près de Nate, je toucha trois gardes puis vis du coin de l'œil que Vince était toujours au sol.

-Vince grimpe dépêches toi! Criais-je. 

Rapidement, le wagon se détacha du train et s'éleva dans le ciel. Le plus vite possible, Vince se jeta sur l'une des échelle et arriva sur le toit de justesse. En quelques secondes, nous nous retrouvâmes à plusieurs mètres dans le ciel, hors de portée des gardes. Mon coeur battait vite et je me rendis compte que mon souffle s'était coupé. Lorsque l'air emplit mes poumons à nouveau, une immense joie remplaça le stress et l'inquiétude. Je me redressa en me retournant pour voir mes amis se prendre dans les bras.

Je releva la tête pour voir Brenda et Fry crier de joie dans le Berg. Je souris et leva mon arme vers eux en criant également. La pression retomba alors et je m'appuya contre le torse de Nate derrière moi. Mon grand sourire ne quittait pas mes lèvres et je laissa tomber ma tête en arrière sur l'épaule du garçon. Le vent tapait mon visage et je détendis mes jambes en fermant les yeux. 

On rentre à la maison. 

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