|Chapitre 12|

Le garçon nous lançait des regards apeurés et il pleurait toute les larmes de son corps. Ses nombreuses boucles étaient collées à son front tellement il transpirait et il était collé au fond de la boîte comme une étoile de mer qui s'accroche à son rocher. 

Plusieurs garçons ricanèrent en regardant l'enfant. Quand à moi, toujours bouleversée par l'état de mon frère, je ne pouvais que le plaindre. Il était tellement jeune... Il ne devait pas avoir plus de 12 ans. Et maintenant que je m'étais rendu compte que des garçons beaucoup plus âgés et nettement plus fort -comme George- pouvaient mourir ici, je me demandais combien de temps il tiendrait dans un tel lieu...

Gally, posté près de moi, soupira en voyant que le nouveau ne bougeait pas, et s'approcha d'avantage pour aller le chercher. Mais Alby l'arrêta, levant une main devant lui. Tous les yeux se posèrent sur lui, curieusement.

- non. C'est Mila qui va le chercher. Dit-il en me regardant.

Je déglutie. Je n'avais qu'une seule envie: retourner voir George et pleurer dans mon coin. Je n'avais pas du tout la tête à m'occuper d'un gamin qui pleurait comme une madeleine. 

- Alby je préfère pas je...

- Si. Vas y. C'est pas discutable. 

Je soupira. Je savais que je ne pouvais protester face aux ordres de Alby. Il était l'autorité incarné. De plus, il me fixait avec insistance, me faisant comprendre que si je ne m'exécutais pas, je risquais de le regretter. Je reposa mon regard sur le nouveau qui pleurait bruyamment en nous suppliant de ne pas lui faire de mal et descendis dans la boîte. Je leva la tête vers Alby pour lui demander une dernière fois si je ne pouvais pas rester en dehors de ça mais il appuya son regard sur moi, me faisant comprendre que ce n'était pas discutable. 

Je m'accroupie donc près du garçon en l'observant. Il était plutôt costaux, mais ses joues rondes accentuaient sa part d'enfant. Il était véritablement terrorisé. Finalement, c'était peut être une bonne chose que je m'en charge. Enfin, j'aurais préféré que ce soit dans d'autres conditions bien sûr. Toutes ces brutes qui servent de blocards ne l'auraient pas rassurés. 

Le petit me regarda terrorisé de ses grands yeux rond. Il portait un tshirt blanc surmonté d'un haut orange sans manches. Il était trempé tellement il transpirait. 

- salut. Moi c'est Mila. Rien de cassé?

Il ne répondit pas, lançant un bref regard vers les autres avant de m'observer de nouveau. Il respirait fort, se collant d'avantage aux parois de la cage. 

-Allez viens. On est mieux dehors. Dis-je en lui faisant le sourire le plus amical possible.

Il ne bougea pas. Je lui tendis ma main, insistant avec douceur. Je le regardais droit dans les yeux.

-fais moi confiance ok ? Tu es en sécurité ici...

Je ne croyais pas un seul mot de ce que je venais de dire mais il fallait bien le rassurer...

Tremblant comme une feuille, il finit par prendre ma main et se leva lentement. Je l'aida à sortir pendant que Gally et Newt le tiraient.

Puis ce fut à mon tour de sortir et Gally me tendit la main. Je la prit et il me tira sans aucune difficultés hors de la boîte. Alors que je posais les pieds à terre, le nouveau tenta de partir en courant mais Winston l'attrapa au passage. 

- emmènes le au gnouf. J'irais le voir plus tard. Ordonna Alby.

Winston soupira mais ne broncha pas et s'en alla donc en tenant fermement le garçon.

- il est trop jeune pour être là... Murmurais-je.

Gally haussa les épaules en silence. Je ne savais pas si il ne se sentait pas concerné ou juste si il ne savait pas quoi dire. 

En tournant la tête, je vis au loin Minho appuyé contre la poutre du Q.G.
Minho était le genre de garçon qui se fichait complètement des nouveaux et il me fixait moi sans faire attention au garçon qui se débattait de sa petite force.

Je lui fit un regard noir puis retourna auprès de George. Ses paroles et sa réaction m'avaient profondément touchés et je ne voulais plus lui parler. 

Je m'assis à nouveau sur la chaise près du lit de l'infirmerie et serra la main de mon frère. Sa peau était douce et chaude. Son contacte allait terriblement me manquer. 

Au bout de dix minutes, il se mit à respirer fortement et à pousser de petits grognements. Je sursauta, l'observant quelques secondes avant de réagir. Je termina par me lever et me pencha au dessus de lui: 

- George ? George ? Demandais-je tout en ravalant mes larmes.

Il commença à s'agiter et je me rendis compte que ses ongles s'enfonçaient dans ma main. J'essayais de retirer ma main douloureuse mais il la tenait fermement, enfonçant ses ongles toujours plus profond. Je poussa un cris de douleur. Du sang commença à couler sur mon poignet.

Puis, il réussit à se redresser légèrement et me fixa. Ses yeux étaient à présent aussi noir que du charbon et il grognait.

Prise de panique je tenta une nouvelle fois de dégager ma main mais il ne lâcha pas. Le sang coulait encore plus et il tâcha la couverture. De son autre main, il essaya de m'attraper le visage mais j'essayais tant bien que mal de l'esquiver. Je ne voulais pas le frapper ou me défendre. Il restait mon frère...

J'avais mal. Mal à la main et mal de le voir comme ça...

- Minho ! Hurlais-je d'un coup, par réflexe. Newt ! Vite !  S'il vous plaît...

Je réussi enfin à me dégager et tomba au sol à cause de mon geste vif.

Je replia mes genoux contre ma poitrine, horrifiée. George secouait son lit en grognant et je savais que les sangles se briseraient bientôt... Libérant mon frère...

Je tenais ma main ensanglantée, tremblante, et vis Newt, Minho, Alby, Clint et Zack arriver.
Newt, Minho et Zack attrapèrent George et le clouèrent au lit pendant que Clint lui plantait une seringue de tranquillisant dans le cou.

Aussitôt, George se calma, regardant autour de lui de ses yeux noir et vide. Il continua quand même à se débattre mais moins violement.

Alby m'ordonna de sortir. Ce que je fis.
Cette fois, les larmes me manquèrent. C'était comme un cauchemar. 

Le seul sentiment qui m'envahissait à présent était la colère. Une colère contre ceux qui nous avaient envoyé là, attendant patiemment que chacun de nous meurt...

La journée passa et j'étais maintenant assise en haut de la tour, observant le bloc. Je n'étais pas retournée à l'infirmerie depuis l'incident, déjà car Newt m'en empêchait, mais aussi parce que quelque chose me bloquait intérieurement. En même temps, je repensa au moment où Alby m'avait annoncé que George serait banni...

Il ne m'avait pas dit comment cela allait se passer, mais je ne voulais pas le savoir. J'avais encore espoir qu'un miracle se produise et que je finisse cette affreuse journée, assise au près de George et riant avec lui.

A cette pensé, les moments passés avec mon aîné me revinrent à l'esprit, pour la centième fois aujourd'hui. Les fou rires... Les sourires... Les soirées à discuter... Une larme de joie et de tristesse coula le long de ma joue. Notre petit paradis n'avait pas duré longtemps...

En baladant mon regard dans le bloc, je vis Winston  s'approcher du gnouf et essayer de donner de quoi manger au nouveau. Mais ce dernier se mit à hurler à chaque fois que Winston essaya de s'avancer vers lui. Cette vision me rire malgré tout. De mon poste, je voyais le regard exaspéré de Winston et il finit par poser le sandwich qu'il avait ramener au sol, devant la porte faite de bambou, avant de s'éloigner en criant à tout le monde que "ce gamin était taré".

Je le suivis des yeux en souriant doucement. Je venais de passer les deux derniers jours à me dire que si George partait, je serais seule. Mais ce n'était pas vrais. J'avais de vrais amis ici. Je continuais d'observer Winston quand mon sourire s'effaça en voyant Zack et Josh tenir George fermement et l'emmener jusqu'aux portes du labyrinthe encore ouvertes.

Sous les ordres de Alby, les blocards se réunirent près de l'entrée et les matons les rejoignirent, tenant de longues perches en bois dans leurs mains.

Je compris aussitôt. Leurs visages devinrent grave et un silence de mort se mit à planner sur le bloc. Même le petit dans le gnouf n'hurlait plus. 

C'était bientôt l'heure de la fermeture des portes et ils allaient enfermer mon frère dans le labyrinthe... En proie aux griffeurs. 

-non... Murmurais-je.

A cet instant précis, j'oubliais ce qu'il s'était passé. Tout ce que je retenais, c'était que mon frère allait être sacrifié par nos amis. Et que j'allais le perdre. Je ne pouvais pas laisser faire ça. Si je perdais mon grand frère ce soir, ma dernière famille, je ne me le pardonnerais jamais. 

En un bon, je me releva, et dégringola l'échelle pour mettre pieds au sol. En passant, le bandage qui avait été enroulé autour de ma main se prit dans un clou et me coinça. Sans ménagement, je l'arracha, ne prenant aucunement soin à ma main blessée. Quand je fus au sol, je me mis à courir vers eux. Zack, Josh et George avançaient d'un pas lourd vers les portes et ils arrivèrent rapidement au niveau des autres. 

-Non! Attendez! M'écriais-je en courant vers eux. 

Les regards se tournèrent vers moi. Ils ne m'avaient même pas avertit de ce qu'ils voulaient faire ce soir. A une vitesse folle, j'arrivais près d'eux. Je ne lâchais pas mon frère des yeux. Zack le mit à genoux, face au labyrinthe, afin de détacher ses mains. 

Mais alors que je n'étais plus qu'à quelques mètres de lui, Minho m'attrapa le bras pour m'arrêter. En fureur contre lui et les yeux humides, je lui écrasa violement le pied, ce qui eut pour effet de me libérer de sa poigne. Je me précipita au coup de mon frère, toujours à genoux. A ma grande surprise mais également pour mon plus grand bonheur, je sentis ses bras entourer ma taille. Je ferma fort les yeux, le nez enfuit dans son cou. Les larmes coulèrent sur mes joues et ma voix tremblait. 

-Je ne t'abandonnerais pas George...

Je le sentis me serrer contre lui avec force et tendresse. Il était de nouveau lui même. 

-Je vais devenir un monstre Mila... je ne veux pas te faire de mal... Il le faut.

Je le serra d'avantage en entendant ses paroles. Mais il se recula légèrement pour voir son visage et sa main vint caresser ma joue avant de jouer avec mes cheveux. Ses yeux étaient toujours sombre. Mais son esprit était redevenu le même que avant. La vision de ses iris noir me brisèrent d'avantage le cœur. 

-Je t'aime George... S'il te plait... Laisse moi t'aider...

Comme réponse, sa main se posa doucement sur la mienne et il caressa du bout des doigts ma blessure. Il savait que c'était lui qui avait causé ça, et il me regarda dans les yeux. Je compris qu'il refusait ma proposition. Il allait mourir. 

Les larmes coulèrent d'avantage et je posa mon front contre le tiens. 

-Non...
Sans que je ne puisse le réaliser avant, je sentis des bras puissant entourer ma taille et me tirer en arrière. J'hurla. Ils me séparaient de mon frère. 

Je me débattais comme je le pouvais. Mais la personne qui me tenait était plus forte que moi. Je vis mon frère me regarder tristement, sans bouger. 

-On y va. Indiqua Alby une fois que je fus tirée hors du cercle qui s'était créé autour de George. 

Je continuais de me débattre comme je le pouvais, hurlant qu'on le laisse jusqu'à en perdre la voix. Les matons qui tenaient les perches les abaissèrent, de façon à former un mur de lances censées pousser George dans le labyrinthe si il voulait résister. Sur les côtés, certains blocards tenaient également des lances aiguisées en bois. 

Le grincement des portes se fit entendre. George se leva, dos à nous. Sans un mot, il se mit à avancer jusque dans le labyrinthe. Je criais tellement, suppliant de le laisser vivre, que je ne m'entendais même plus. Tout ce que je percevais était le battement de mon cœur déchiré et le grincement des portes qui se rapprochaient. 

Tout mes membres tremblaient. Face à cette scène, j'avais l'impression que c'était  moi que l'on tuait. 

Quand George fut dans le labyrinthe, il se tourna vers  nous, et posa son regard sur moi. En le voyant ainsi, les larmes doublèrent et je cessa de crier. Mes yeux se posèrent sur ses lèvres. Il voulait me dire quelque chose. Il articula.

 "Je t'aime"

Je regarda de nouveau ses yeux. Une larme coula sur sa joue. Et les portes du labyrinthe se refermèrent. 

Je cessa totalement de me débattre. Je tremblais. Et si la personne qui me tenait me lâchait, je n'avais pas la force de tenir debout.
Mes yeux restèrent bloqués sur le mur en béton qui s'était fermé, emprisonnant mon frère face à une mort certaine. 

George. Mon grand frère. Je ne le verrais plus jamais. C'était fini. 

Il allait mourir, seul. 

Ma tête se mit à siffler et je devins aveugle, ne discernant que de vagues formes. 

-Mila? Mila! Fit la voix de Gally.

C'était lui qui me tenait.

Je ne voyais plus rien, je n'entendais plus rien. Tout n'était que néant. 

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