J'entendis un bruit.
Un grincement.
C'était un long grincement strident.

J'avais les yeux fermés mais à travers mes paupières je ne percevais aucune lumière.

J'étais consciente de tout cela et pourtant, je n'étais qu'à moitié réveillée.
A moitié, jusqu'à ce que de l'eau inonde soudainement mes poumons. Je me releva d'un coup et me mis aussitôt à tousser afin de recracher ce liquide qui faisait paniquer tous mes sens.

Après de longues secondes d'étouffement , l'eau termina par sortir de ma gorge et je me calma presque automatiquement. Je me mis alors debout avec quelques difficultés tout en cherchant une source de lumière. Seulement, j'étais dans le noir complet. Je me concentra alors sur mes autres sens.

J'huma l'aire mais le regretta aussitôt car la poussière envahissait l'espace. Je testa donc le toucher. En palpant autour de moi je compris que les murs qui m'entouraient étaient une sorte de grillage.

J'étais dans une grande cage.

Autour de moi, je sentais également des bidons et des caisses en bois qui se firent très bruyantes à mon contacte.

Puis, d'un coup, la cage commença à monter. La secousse de départ me fit perdre l'équilibre et je me retrouva donc assise dans un coin, les genoux contre ma poitrine, priant pour que ça s'arrête. Des néons blancs illuminaient l'espace tout les 2 mètres environ et une larme coula le long de ma joue. Je ne comprenais pas ce qu'il m'arrivait. Ni où j'allais.

Mais le pire, c'est que je savais encore moins d'où je venais.

Alors que j'essayais de rassembler mes souvenirs -en vain-, je fut soudainement prise d'une atroce migraine et mes yeux se fermèrent instinctivement pour essayer de me calmer. Mauvaise idée. Mon esprit fut envahit par des visions... Comme des flashs sans sens.

"Je me vis dans un laboratoire, entourée de personnes que je ne connaissais pas. Puis, je vis quelqu'un dont je ne percevais pas le visage me prendre dans ses bras et me murmurer « à bientôt petite sœur ». Je sentis alors de l'eau monter autour de moi, recouvrant mes épaules puis ma tête. Je me noyais. Des cris retentissaient autour de moi, de plus en plus aiguë. Je n'en pouvais plus... J'étais comme coincée entre cette vision et la réalité... L'eau me brûlait la gorge...Je dois ouvrir les yeux..."

Mes paupières s'ouvrirent et mes iris se baladèrent sur tout ce qu'il y avait autour de moi. Que ce passait-il? Quel était cette vision?
Ma main se posa sur ma gorge.
Il n'y avait plus d'eau.
Je ne sentais plus cette affreuse brûlure qui m'empêchait de respirer.

Toujours assise dans mon coin, essoufflée, je lança des regards effrayés autour de moi. Mais le détail qui me marqua le plus se trouvait au dessus de moi. En effet au loin, à plusieurs mètres au dessus de ma tête, j'aperçus un point rouge. Plus je montais plus il grossissait. Petit à petit, je distinguais alors le plafond..

La cage montait à vive allure vers le plafond de ce long couloir sans issues. Mes doigts passèrent dans les trous de la grille pour m'agripper à celle-ci. Que devais-je faire? Je n'eu pas le temps de répondre à ma propre question que ma prison de fer s'immobilisa et les grincements s'arrêtèrent.

Alors que j'écoutais ma respiration haletante dans ce nouveau silence de mort, une alarme se fit entendre et le point qui était une énorme ampoule au dessus de ma tête devînt vert.

Le plafond s'ouvrit alors en deux, laissant entrer la lumière aveuglante du soleil. Mettant mon bras devant mon visage pour me protéger les yeux, j'entendis des voix, toutes plus ou moins masculine.

"C'est une fille !"

"Une fille ? C'est pas normal.. "

" Elle est mignonne ! "

" Vraiment ? Laisses moi voir ! ".

-Taisez vous ! Résonna une voix plus grave que les autres. Newt, vas la chercher !

J'enlevais mon bras de mes yeux quand ceux-ci furent habitués à la lumière et vis des garçons penchés au dessus de moi hors de la cage. L'un d'entre eux sauta à mes côtés, faisant trembler le sol sous mon corps.

Il avait des cheveux blond ébouriffés et des yeux bruns. Son regard était posé sur moi, curieux et attentif. Par instinct, je me leva d'un coup. Qui était-il? Je n'allais pas lui montrer que j'avais peur. Je devais me montrer forte.

-Salut ! Se lança le garçon d'une voix douce . Pas trop secouée? Sors de là, le bloc est bien plus confortable...

Le bloc? De quoi parlait-il?

Alors que je me posais mille questions, il tendit sa main vers moi. Bien décidée à ne pas paraître faible, peu importe ses intentions, je l'ignora et me hissa hors de la cage en grimpant sur des bidons. Une fois debout, les garçons m'entouraient. Ils me fixaient chacun avec des sourires un peu inquiétant et en voyant le couteau que la plus part portaient à la taille, je fut prise de panique. Sans réfléchir, je voulu fuir mais l'un d'eux m'arrêta avec facilité en m'attrapant par les épaules.

-Eh détends toi ! Ricana un garçon.

Par un reflex qui m'était encore là inconnu, je me dégagea de son emprise et lui asséna un coup de pied dans ses bijoux de famille suivit d'un coup de poing au niveau de la mâchoire. Le garçon grimaça de douleur et tomba à genoux dans l'herbe.

Cette petite démonstration amusa cependant les autres qui ne manquèrent pas de se moquer de leur ami et de répéter que j'avais du cran.

-Taisez-vous un peu les gars. Intervint une nouvelle voix. Vous ne l'aidez pas à avoir confiance là.

Je me tourna vivement pour voir à qui j'avais maintenant affaire et fis face à un garçon, évidement, sans doute plus âgé, à la peau noir et portant un t-shirt simple beige. Son autorité semblait avoir de l'effet car les garçons ne prononcèrent plus un seul mot. J'en conclu alors qu'il était le chef du groupe et que si je devais craindre quelqu'un, c'était lui.

-Désolé. Ils ne savent pas comment accueillir les filles. J'espère que leur galanterie reviendra un jour. Dit il. Je m'appelle Alby. Bienvenue. Avant de t'éloigner de ce groupe de brutes, j'ai juste une question à te poser: de quoi te rappelles-tu ?

Cette question me paraissait stupide mais je m'aperçus avec effrois que ma mémoire avait entièrement disparue. Si, lorsque j'étais dans la cage, je ne me souvenais plus pourquoi j'étais là, je venais de remarquer que je ne me souvenais même plus de mon passé ni même de mon apparence.

-Je...je m'appelle Mila.. Dis-je doucement. Je ne sais rien d'autre...pourquoi je ne me souviens de rien ?

-C'est normal. Répondit calmement le fameux Alby. Tout le monde ici est passé par là. Personne ne se souvient plus de rien à par notre nom. Mais ça ira mieux dans quelques jours tu verras. Suis moi Mila.

Il commença à s'éloigner puis s'arrêta en voyant que je ne le suivais pas.

-Suis moi... Fais moi confiance... Dit il en me lançant un sourire amical.

Je le dévisagea puis lança un regard aux garçons qui nous observaient avant de finalement accepter de le suivre. Un garçon c'était mieux que toute une bande. Surtout qu'il avait l'air plus sage et à l'écoute. Je ne lança aucun regard à ma victime qui grognait encore agenouillée sur le sol, et me mis à marcher.

Rapidement, Alby se mit à parler, présentant l'endroit où j'étais comme le "bloc". Ce qui m'effraya encore plus que tous ces garçons fut d'immenses murs qui entouraient l'endroit. Haut d'une trentaine de mètres, ils bouchaient totalement l'horizon et se montraient menaçant. A chaque fois que je les regardais, j'avais l'horrible impression d'être un rat en cage. Et lorsque je demandais à Alby pourquoi nous étions ici ou ce qu'il y avait derrière ces murs, il ne répondait pas, changeant de sujet.
Ainsi, il me montra la ferme,l'abattoir , le gnouf -qui faisait office de prison-, et plusieurs autres endroits. C'était un véritable petit village éparpillé dans une prairie bordée par une forêt assez dense.

Et je ne comprenais toujours pas pourquoi j'étais ici. Il n'y avait pas l'ombre d'une autre fille et tous les garçons que nous croisions me lançaient des regards appuyés.

Étais-je coincée dans un cauchemar?

En continuant de suivre Alby, qui paraissait tout de même sympathique, j'examinais la "cantine" des yeux. Les tables étaient posées sur une sorte d'estrade en bois et couvertes d'un toit fait de branches et de feuilles pour les protéger de la pluie. Sur le rebord, assit une hachette à la main, un garçon m'observait. Il était un peu plus musclé que les autres, et abordait un regard froid et sombre. Contrairement à tous ceux que nous avions croisé lors de la visite, il ne détourna à aucun moment le regard et, gênée, ce fut moi qui rompit ce contact visuel. Réaction que je regretta automatiquement. Je ne voulais montrer aucune faiblesse. Je n'avais aucune confiance en eux pour le moment.

Soudainement, me faisant sortir de mes pensées, Alby se tourna vers moi.

-Nous avons trois règles importantes. Annonça-t-il. La première: Tu dois faire ton boulot. Il n'y a aucun glandeur ici.

-Mon boulot? Et c'est quoi?

-On verra ça plus tard. La deuxième: Évites de frapper les gens.

En disant cela, il arqua un sourcil en me regardant, me faisant comprendre que ma réaction de tout à l'heure ne serait pas acceptée une seconde fois. Je roula alors des yeux en croisant les bras. Si il croit que je vais laisser un seul de ces garçons m'embêter ou me toucher une seconde fois, il se trompe sévèrement.

-Et la troisième? Poursuivais-je pour changer de sujet.

-La troisième,tu ne vas jamais de l'autre côté de ces murs. Seul les coureurs ont le droit.

Je tourna ma tête vers les portes qu'il m'avait montré quelques minutes avant. C'était en réalité une énorme ouverture dans l'un des murs faisant 6m de longueur et de largeur. De là où j'étais, je ne voyais pas sur quoi donnait ce passage. Mais il me semblait que c'était un large couloir s'enfonçant dans l'obscurité. Et en le regardant, un frisson désagréable glissa le long de ma colonne vertébrale.

Mes sourcils se froncèrent soudainement lorsque je vis deux garçons revenir de ce couloir en trottinant, arrivant dans le bloc en sueur, comme si ils avaient passés la journée à courir. L'un était grand et maigre, aux cheveux blonds et aux grands yeux bleus, tandis que l'autre possédait des cheveux noir, des yeux en amande et devait faire une demi tête de plus que moi. Un second frisson caressa ma nuque en le voyant et l'incompréhension m'envahit.

Alby lui, sourit en les voyant et s'approcha d'eux, me faisant signe de le suivre. Je n'en avais pas spécialement envie mais il fallait que je sache un maximum de choses sur ce lieu et ses habitants. Les deux garçons, en voyant leur chef, se dirigèrent vers lui pour le saluer. Le grand blond fut le premier à me remarquer. Et lorsqu'il posa ses yeux sur moi, son expression changea violemment, passant de la joie à la surprise la plus totale.

Le garçon aux yeux en amandes me vit peu de temps après et il perdit son léger sourire, me fixant sans retenu.

-On a une nouvELLE je vois.. Fit il.

-Oui. Je vous présente Mila.

-Moi c'est Minho. Fit L'asiatique. Et lui c'est Ben.

Je croisais de nouveau les bras sans répondre. Je voulais juste qu'ils cessent de m'observer ainsi. Mais mon geste n'eut pas la réaction espérée. En effet, je remarqua Minho sourire discrètement, et le blond, Ben, se mit à rire face à mon comportement.

-Allez vous reposer les gars. Intervint Alby en voyant que je bouillonnais intérieurement.

Pour mon plus grand plaisir, les deux garçons acquiescèrent puis s'éloignèrent en trottinant, non sans lancer un dernier regard dans ma direction. Je souffla enfin. Je détestais être ainsi observée...

Alby se tourna alors vers moi et sourit avec douceur.

-Suis moi. Tu mérites de te retrouver un peu seule et de te poser pour réfléchir.

Ça, c'est pas de refus...
Sans broncher, je le suivis donc de nouveau jusqu'à l'une des cabanes qu'il ne m'avait pas présenté et il en ouvrit la porte.

-Entres. Quelqu'un viendra te chercher quand on mangera. Profites-en pour te reposer.

J'acquiesça, toujours silencieuse, et entra. Il n'y avait personne et l'endroit ne comportait qu'une seule fenêtre. Ce petit cocon me fit ressentir une sorte de sécurité et je compris que si Alby me laissait là, c'est qu'il n'y avait aucun danger pour moi. Après quelques derniers mots, Alby s'en alla, fermant la porte en bois derrière lui.

Le calme se fit alors. Un calme reposant. La pièce était assez petite mais comportait tout de même une table avec deux chaises, un robinet et un miroir. Je m'approchais de ce dernier pour me regarder dedans. Même si cela pouvait paraître improbable, je ne me souvenais plus de mon apparence physique et découvrir son visage était une chose inattendue et effrayante. Imaginez que je ressemble à un lézard et que depuis mon arrivée je me trimbale ainsi dans le bloc? Ma vie ici sera alors foutu.

Fort heureusement, ce que je vis dans le miroir me rassura légèrement. Je possédais des cheveux bruns tombant en ondulation sur mes épaules, des lèvres légèrement rosées et de beau yeux bleus profond. Mon visage avait des traits fin et était parsemé de discrètes taches de rousseurs. Pour ce qui était de mon corps je ne savais pas vraiment quoi en penser... c'était un mélange entre un corps athlétique et un corps sous-alimenté...

J'espère qu'on mange bien ici?

Concernant ma tenue, j'étais vêtue d'un débardeur noir, d'une légère veste pourpre et d'un pantalon gris. Mes chaussures n'étaient autre que des bottines foncées et mes lacets étaient enroulés autour de ma cheville pour mieux les maintenir.

Je n'avais évidement aucun souvenir de qui m'avait habillé ainsi mais c'était tout de même un style que j'appréciais. Il y aura donc au moins un point positif dans cette histoire...

En soupirant, j'ouvris le robinet et m'aspergea le visage d'eau fraîche avant de m'installer sur l'une des chaises. Je devais réfléchir à tout ça et remettre mes pensées en ordre.

Qu'avais-je fais pour me retrouver dans une telle situation?

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Voilà le premier chapitre! J'espère qu'il vous plaira et n'hésitez pas à commenter sous peine d'être banni dans le labyrinthe...