Chapitre 8-Elisa
Quand je rentre dans ma chambre, je file sous la douche. Je veux pouvoir enlever son odeur qui s'est imprégnée sur mon corps. Dans la douche, je laisse mes larmes se mêler à l'eau, ma culpabilité me ronger. J'ai couché avec un autre homme que mon mari. Je suis un monstre. Aveuglée par ma haine du moment, je me suis laissée emporter. Damien est... Il n'y a pas de mots. Ce moment ensemble était d'une intensité que je n'avais jamais ressentie auparavant. Je me suis sentie belle, sexy et désirée. Sauf que je suis mariée, et que mon époux ne m'avait jamais fait l'amour de la sorte. Alexandro est un pacifiste au lit, ou une étoile de mer. C'est rare qu'il réclame du sexe, ou bien c'est qu'il a bu, comme hier soir. Avec Damien...
Stop. Je dois arrêter de le voir, je suis allée beaucoup trop loin avec lui. Mon corps tremble de nervosité. Alex va forcément le savoir, je suis sûre que Damien le lui dira un jour où l'autre. Il va me détester, encore plus. Ou bien c'est moi qui vais me trahir et il le devinera. Oui, il le devinera, c'est obligé et impossible qu'il ne remarque rien.
Quand la porte de la chambre claque, je m'empresse de sortir de la douche. Je n'ai pas de suçon, heureusement, ni de marques qui le mettraient sur la piste de mon infidélité. Je m'enveloppe dans une serviette et sors. Alex est dans la chambre dos à moi. Il est en train d'enlever sa cravate, détache sa chemise.
—Salut.
Il se retourne vers moi et souris.
—Ca va ? J'ai essayé de ne pas trop trainer.
Je hoche la tête, fonce dans ma valise que je n'ai pas encore défaite en évitant son regard. Je suis mal à l'aise. Merde pourquoi est-ce que j'ai fait ça ?
—Tout s'est bien passé ? demandé-je en prenant un short et une blouse.
—Oui, parfaitement. Et toi ? Tu as fait quoi ?
J'ai baisé avec ton frère. Et j'ai adoré ça.
—Piscine, soupiré-je. Enfin, celle de notre chambre.
—Bien, très bien.
—Ca te dit une balade ?
Dis-oui, je n'ai pas envie d'être renfermée ici avec toi, qu'on soit seul et que tu devines.
—Elisa... Peut-être demain tu veux ? Je suis fatigué.
J'enfile mes habits, énervée. Et ça recommence !
—Et moi je m'emmerde Alexandro ! J'ai besoin de bouger, d'aller à la plage, de faire plein de trucs merde !
Il soupire longuement en se passant une main dans les cheveux et hoche la tête.
—D'accord. On y va, mais pas trop longtemps.
Je souris, ravie qu'on puisse enfin sortir d'ici.
******
Dans le hall de l'immeuble, je repère de suite Damien. Je baisse les yeux, mal à l'aise. Il s'avance vers nous, d'un pas assuré et nous salue. Je regarde sa main serrer celle d'Alex, pensant aux caresses qu'elles m'ont faites plus tôt.
Quand il se penche vers moi pour m'embrasser sur la joue, j'arrête de respirer. Les doigts de mon mari s'enfoncent dans mes hanches quand il m'attire vers lui.
—Je pensais aller à la plage, dit Damien, vous aussi ?
—Tout à fait, répond Alexandro, on peut y aller ensemble, ça nous donnera une occasion de discuter.
Mes yeux croisent brièvement les siens et j'espère qu'il a lu le message que j'essayais de lui faire passer : Non, je t'en supplie.
—Ok, on y va.
*****
Je marche entre les deux hommes, ma hanche collée à celle d'Alex. La présence de son frère semble lui rappeler la mienne, et je suis terriblement honteuse. Ils parlent de leur mère, se posent deux ou trois questions gênées sur leur vie.
—Et question femme, Damien, tu as trouvé chaussure à ton pied ? Enfin, bien sûr que non, rit Alex, sinon tu serais venu avec elle.
Il ricane tandis que la rage qui émane du corps de Damien me fait frémir.
—Ne te tracasse pas Alex, répond Damien sur un ton faussement sympa. J'ai une copine oui, pas régulière puisqu'elle est mariée mais j'adore la baiser quand bon me semble.
Je ne sais pas comment j'arrive à feindre l'indifférence, mais je continue d'avancer, le cœur palpitant à toute vitesse. Il parle de moi. Mais quel gros con !
—C'est cool ça, rit Alex.
Je suis certaine qu'il ne le pense pas. C'est cool ? Quand il va savoir que c'est moi la femme mariée dont il s'agit, il va faire un infarctus. En attendant, j'espère qu'il ne le devinera jamais. Nous continuons notre chemin, traversons la ville afin de rejoindre la plage. Hua Hin est un village réputé pour ses plages de sables blancs, son soleil qui ne semble jamais se coucher. Aussi, les gens d'ici vivent des produits de la mer qu'ils ont pêchés, durant de nombreux jours.
Le panorama qui se tient devant nous est magnifique, digne d'une carte postale. Je pourrais rester ici, toute l'année, rien que pour ces paysages.
Alex grimace quand j'enlève mes chaussures et un regard en coin me permet de savoir que Damien enlève les siennes.
—Tu ne devrais pas marcher pieds nus ici chérie, dit Alex. De nombreux animaux défèquent dans le sable.
Je hausse tellement les sourcils, que je suis certaine qu'ils doivent toucher la racine de mes cheveux. Un rire résonne derrière moi, me réchauffe.
—Sérieux ? Putain mec mais t'es grave !
Je ne peux qu'être d'accord avec Damien. Alexandro exagère.
—Je n'ai pas envie d'avoir du sable dans mes sandales, c'est désagréable.
Alex hausse ses épaules avant de m'attirer contre lui. Sa bouche chaude se pose sur le coin de ma bouche, descend dans mon cou. J'aperçois Damien par-dessus l'épaule de mon mari, il me lance un regard noir. Doucement, je repousse Alex. Ce n'est tellement pas lui, ça. Je sais qu'il agit simplement de la sorte parce que son frère est là, que c'est une façon de le montrer que je suis à lui. J'avance dans l'eau, portant mes sandales en main. Elle est excellente. Les deux hommes derrière moi discutent et ça me perturbe. Je n'ai pas peur que Damien lui révèle, tout compte fait je ne crois pas qu'il le ferait. Ce qui me perturbe c'est de me rendre compte que je regarde plus le beau brun que mon mari puis, je me demande comment se fait-il qu'il semble si à l'aise alors que nous avons couché ensemble. Nous marchons le long de la plage. Le sable colle à mes pieds, s'amasse entre mes orteils. Je les écoute parler de l'armée, d'un certain Connor que je ne connais pas. Et là, j'ai juste envie d'être seule, de parler à Mélanie. J'ai besoin de lui dire ce que j'ai fait, pour savoir ce qui cloche avec moi.
—Je vous laisse, dis-je doucement, je suis fatiguée.
Les deux hommes se figent, me scrutent de leur regard.
—Mais c'est toi qui...
—C'est bon Alex, laisse-la rentrer si elle est fatiguée.
Je souris discrètement à Damien, le remercie d'un signe de tête. Il doit se douter que je suis mal, que je n'aime pas être dans cette situation, entre les deux hommes.
*******
—T'as couché avec ?
J'écarte le combiné de mon oreille quand Mélanie hurle. Ouais, même moi je n'arrive pas à y croire.
—Oui. Je sais c'est super grave ! Mais... Putain Mélanie... Je me sens mal là, pour Alex...
—Dès que je l'ai vu, j'ai su !
Je ris en secouant la tête. N'importe quoi.
—Mais tu n'as rien vu cocotte, je t'assure, ça s'est fait comme ça... Je ne sais même pas en fait.
—Elisa ! crie-t-elle, ce mec te dévorait des yeux samedi ! On voyait clairement qu'il voulait te baiser !
Je me crispe. Ce n'est pas vrai, pas à ce point-là. Et en plus, ça ne me déculpabilise vraiment pas. Tromper son mari, c'est déjà quelque chose, mais le tromper avec son frère, c'est pire !
—J'ai adoré ça, murmuré-je.
—Donc il fait bien la chose, dit-elle en riant.
Je l'imite en acquiesçant.
—Ouais, Damien excelle dans les cunnilingus.
Nous rions toutes les deux alors qu'une ombre noire grandit derrière moi. Je retiens mon souffle, bredouille un « je te rappelle » avant de raccrocher.
—Damien quoi ?
Je ferme les yeux. PUTAIN. Mes mains deviennent moites autour de mon portable. Je le serre entre mes doigts, essayant de rassembler tout mon courage.
Alex se poste devant moi, poings serrés, torse gonflé.
—Répète.
—Alex...
Je me lève mais retombe sur le transat quand il me pousse brutalement.
—Tu plaisantes j'espère ?!
Mes yeux se brouillent de larmes quand il m'attrape par les cheveux, me soulève. Si ses yeux étaient des armes, je serais morte. Sur le champ.
—Tu me fais mal, arrêtes !
—Mais je n'en ai rien à cirer ! Bordel Elisa tu déconnes ?
—Je suis désolée, sangloté-je.
Sa main enserre ma gorge, l'autre me tire les cheveux. Il me fait rentrer dans la chambre, me balance au sol.
—T'as couché avec ce bâtard ? Putain, j'n'y crois pas !
Il tourne en rond, tel un lion dans sa cage tandis que je me relève.
—Calme-toi...
Je l'implore mais il s'énerve encore plus. Je sais qu'il a raison de m'insulter, de crier autant qu'il en a envie. Il a raison. Je ne suis qu'une salope. Je...
—Et tu te vantes auprès de tes copines ?! Bordel tu me dégoutes.
Son poing atterrit avec force sur le mur, me faisant sursauter. Il va me tuer. Je viens de foutre mon mariage en l'air.
—Pourquoi ?! Pourquoi ?
—Je n'existe pas pour toi Alex ! Tu ne me calcules pas ! Tu me rabaisses sans cesse ! Putain et moi qui croyais que c'était le stress du mariage qui te rendais exécrable ! Mais même pas !
—Ferme ta gueule Elisa ! hurle-t-il en s'avançant dangereusement vers moi. N'essaye pas de trouver des excuses débiles ! T'as baisé avec mon frère merde !
Je me tais, consciente que j'ai mal agis. En rajouter ne ferait que d'empirer les choses.
Il se colle à moi, me faisant reculer contre le mur. Je me protège le visage, la peur au ventre. Il saisit mes poignets, les serre entre ses poings. Son regard brille d'une étincelle meurtrière qui me paralyse sur place.
—T'as aimé ça en plus ?
Je ne réponds pas. Je mentirai en disant que non, je le tuerai en affirmant que oui.
—Tu sais que tu vas le regretter toute ta vie ? T'en as conscience ?
Je hoche difficilement la tête, déglutis. Oh que oui, je le sais.
—Je ne divorcerai pas. Tu vas devoir payer ton erreur.
—Arrête, pleuré-je.
—Tu voulais quoi avec ce mec ? De la passion ? Du frisson ?
Mes larmes me brûlent les joues, mon corps tremble, mes jambes flanchent.
—Tu veux que moi aussi je te baise de la sorte ? Que je t'enfonce un vibro pendant que je te fesse ? C'est ça que tu veux ?
—Arrête. Arrête. Je t'en supplie Alex.
—T'as pensé à moi pendant qu'il te baisait ?
Je ferme les yeux pour ne plus le regarder. Mon cœur va imploser, je le sens. Je ne sais pas quoi dire pour qu'il me lâche, pour qu'il se calme. Ce que j'ai fait est impardonnable, j'en ai pleinement conscience.
—T'as pensé à moi ?!
J'hurle quand il me gifle, que ses coups s'abattent sur moi. Je me débats, le repousse et quand j'arrive à m'extirper de ses mains, je m'enferme dans la chambre. Il tambourine à la porte comme un fou, faisant trembler la porte. Je me dis que s'il arrive à entrer, il va me tuer. Ma respiration est saccadée, douloureuse. Du dos de la main, j'essuie le sang qui coule de mon nez et de ma bouche. Il faut que je parte d'ici. Je ne peux plus rester avec lui.
J'attrape ma valise, fonce dans la salle de bains et prends mes affaires avant de les enfoncer dans mon sac.
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