chapitre 4 -Elisa
Cela fait plus de vingt-quatre heures que nous sommes ici, et je m'emmerde. Je ne suis pas encore sortie de cette chambre, je deviens folle. Elle est spacieuse certes, la déco y est sympa et carrément à mon goût et nous avons même une piscine sur notre terrasse. Sauf que, mon mari est vautré sur son ordinateur du matin au soir. Je comprends qu'il soit chef d'entreprise, qu'il ait un rôle important mais merde ! On est en lune de miel ! J'enfile mon maillot de bain bleu ciel, me déhanche devant Alex avant de sortir. Je me laisse choir sur le transat, exaspérée. Même pas un seul regard. Je saisis mon portable, prends deux trois photos de la terrasse et un selfie pour les envoyer à Mélanie. Si elle était ici, je suis persuadée que je ne serais déjà plus dans cette foutue chambre depuis longtemps. On irait à la plage, se baigner, se faire bronzer tout en profitant de la vue paradisiaque. Sauf que je suis seule. Parce qu'Alex n'est pas vraiment présent depuis qu'il a du Wi-fi.
—Magnifique !
Je ris en lisant la réponse de Mélanie. Ouais, cet endroit est splendide. Enfin, ce que j'en ai vu. Je me lève, me glisse dans l'eau. Elle est chaude et je lâche un gémissement de bonheur.
—Tu devrais venir Alex, cette piscine est une réelle merveille.
Il se retourne vers moi, et m'observe enlever le haut de mon maillot que je lui balance.
—Merde Elisa, tu fous de la flotte partout, dit-il en soulevant son ordinateur chéri.
—On s'en fout, dis-je en riant. Viens !
—Je ne peux pas, je bosse.
—On est en lune de miel Alex, m'énervé-je. On s'en fout là, de ton job.
—J'ai une vidéo-conférence demain, à neuf heures, heure locale. Je ne peux pas ne pas être prêt.
Je sors de l'eau, m'enveloppe du drap de bain moelleux avant de rentrer à l'intérieur.
—Tu fais chier ! Sérieux elle est géniale la lune de miel.
Ma voix pleine de sarcasme l'énerve, je le sais mais je m'en tape. Je file dans la chambre, troque mon maillot contre une robe en coton noire et tresse mes cheveux. Il me gonfle, ben qu'il travaille, moi je me barre.
Je prends mon sac à main, évite son bras tendu vers moi et sors de la chambre en claquant la porte. Je dois me forcer pour ne pas pleurer, parce que là, je le hais. Moi aussi je vais prendre du retard dans mon boulot, mais et quoi ? Je ne me vois pas bosser mes grilles horaires ici, téléphoner à Mélanie pour planifier son agenda. Quel connard !
Je grimpe dans l'ascenseur, bien décidée à foutre le camp d'ici. Les portes se referment et comme je suis seule dans la cabine, j'en profite pour une rapide retouche maquillage. Quand l'ascenseur s'arrête, je range mon mascara avant que les portes ne s'ouvrent. Je me fige en le voyant. PUTAIN.
—Hey, dit Damien en souriant, qu'est-ce que tu fais là ?
—Je te retourne la question, je réponds froidement.
Il nous a suivit ? C'est impossible autrement... Je crois au hasard et cetera mais pas à ce point-là.
—Je suis en vacances, dit-il en enfonçant ses mains dans les poches de son short.
Il est habillé de manière décontractée : t'shirt blanc, short qui lui descend en dessous du genou et des Jordan's blanches. Sa casquette posée à l'envers lui donne un je ne sais quoi vachement sexy. Je déglutis quand je me rends compte que je suis en train de la mater.
—Ah. Ben nous aussi.
—Tu es seule ?
Je pince les lèvres, pour éviter de lui dire que oui, là je me barre seule parce que son frère me fait royalement chier.
—Je vais me balader, je crois que j'ai vu un marché en arrivant.
Il sourit en coin, faisant ressortir une adorable fossette.
—Tu veux qu'on y aille ensemble ?
Je pouffe de rire quand il joue des sourcils. Il sait que je vais lui dire non, que c'est un manque de respect pour mon mari mais j'avoue que là, j'ai envie d'acquiescer juste pour faire enrager son frère.
—D'accord, on peut y aller ensemble.
Son sourire s'agrandit pendant que mon cœur fait une embardée. Bordel, je ne sais pas pourquoi, mais je n'arrive pas à rester insensible à son charme. Pourtant, je devrais tenir mes distances avec lui, parce que son frère ne lui parle plus depuis des années, qu'il dit que c'est un mec dangereux et manipulateur.
Il exécute une petite révérence quand les portes s'ouvrent et je ris en passant devant lui. Je me demande bien comment se fait-il qu'Alex et lui soient frères, ils n'ont rien en commun. Alex n'est pas du genre à faire le pitre pour me voir sourire. J'aime son côté sérieux, j'adore ça même, mais j'avoue que c'est assez dommage son manque d'humour.
Nous traversons le hall de l'hôtel, et je culpabilise déjà. Je m'écarte légèrement de Damien, même si celui-ci ne me colle pas. Je ne devrais pas aller me promener avec lui, Alex va souffrir, va m'en vouloir. Mais je ne peux pas revenir sur mon accord. Une balade... Ce n'est que ça, rien d'autre après tout.
Il m'ouvre la porte, et je passe devant lui, étonnée de sa galanterie.
—Alors, dit-il, tu veux vraiment aller au marché ou tu préfères la plage ?
La plage, vraiment. Mais que ferais-je à la plage avec lui mis à part mater son corps. Non, je ne peux pas faire ça.
—Le marché.
Il hausse les épaules et marche à mes côtés.
Le silence prend place entre nous, assez pour que je regrette d'être venue. Alex va être furieux.
—Pourquoi tu ne parles pas à ton frère ?
Je sais que je lui ai déjà demandé, mais Alex ne veut pas me répondre, me dit que ce ne sont pas mes affaires.
Damien tourne son visage vers moi tandis que je regarde droit devant.
—Il refuse de te le dire ?
—Oui, et c'est énervant.
—Il a baisé ma copine.
Je m'étrangle avec ma salive en fronçant les sourcils.
—Tu plaisantes ?
Son visage impassible me dit que non.
—J'ai l'air de rire ?
—Non.
Je n'en reviens pas. Je n'imagine vraiment pas Alexandro piquer la copine de son frère.
—Il y a longtemps ?
Si jamais il dit qu'il y a sept ans ou moins, Alex est un homme mort.
—Dix ans.
Je respire un peu mieux. Il ne m'a pas trompée. Il n'avait pas intérêt de toute façon.
—Je suis désolée, dis-je. Je ne savais pas que c'était aussi grave que ça.
—Et tu pensais à quoi plutôt ?
Il sourit quand nos yeux se croisent et je me reconcentre sur le chemin à emprunter. Il fait chaud, j'aurais dû mettre une robe blanche, ou dans les tons clairs. Heureusement que l'océan n'est pas loin et qu'il nous apporte un vent agréable. Ou bien est-ce le regard incandescent de Damien qui fait monter ta température? C'est probable...
—Je ne sais pas, des chamailleries, comme dans toutes les fratries en fait.
—Tu as des sœurs ou des frères ?
—Non, je réponds en souriant. Je suis unique.
Il rit et mon ventre se contracte à ce son. J'adore quand il rit, ça le rend encore plus sexy qu'il ne l'est.
—Ok, donc tu es une femme unique Elisa, c'est intéressant à savoir. Maintenant, dis-moi ce que ce gros naze a fait pour que tu te casses seule.
Je soupire, mal à l'aise. Je n'ai pas vraiment envie de lui raconter mes problèmes de couple. C'est extrêmement gênant de lui dire que, depuis que nous sommes mariés, soit quarante -huit heures, qu'Alex ne me regarde plus, qu'il préfère son ordi à moi. Mais... C'était déjà un peu comme ça bien avant que je ne l'épouse.
—Il travaille, marmonné-je.
—Quel crétin, souffle-t-il.
Pour le coup, je ne le reprends pas. Oui mon mari est un crétin, surtout que ces vacances ne se reproduiront pas de sitôt.
Nous arrivons enfin devant le marché, et les passants sont d'un coup beaucoup plus nombreux. Je me faufile entre les personnes, Damien sur mes talons. Sa main posée dans le creux de mes reins me trouble, et je devrais lui dire de l'enlever. Cependant, je ne le fais pas, parce que je me doute qu'il n'y a aucune arrière-pensée dans ce geste. C'est seulement une façon de ne pas se perdre à travers la foule serrée. Je m'arrête à un étal où les chapeaux me font vraiment de l'œil. Soyons clairs, jamais je ne porterais ce genre de choses colorées à outrance mais, cela peut faire un super souvenir.
La vendeuse me sourit quand j'en saisis un. C'est une sorte de sombrero et je le mets, même si je ne vois pas tellement le rapport avec la Thaïlande. Je ris quand Damien enlève sa casquette pour en poser un sur ses cheveux sombres.
—Alors ? Je ne suis pas canon ?
Je pouffe de rire en secouant la tête.
—Non, mais ridicule, oui.
Je me retourne vers la vendeuse et lui tends un billet de vingt Bath. Elle me rends de la monnaie, et je ris quand Damien m'attire contre lui pour prendre un selfie de nous.
—Cette photo a intérêt à rester secrète, lui dis-je en pointant mon doigt sur son torse.
—Non, je comptais l'envoyer à ton mari en fait.
Je déglutis, même si je sais qu'il plaisante. Pourquoi est-ce que je me sens bien avec lui ? Pourquoi je ne pense même pas à Alexandro alors que je devrais ? Et pourquoi je frissonne quand il me touche? J'avance alors qu'il range son portable. Je sais qu'il ne le montrera pas, je ne sais pas pourquoi mais j'ai l'impression que je peux lui faire confiance. La culpabilité m'assaille, je me ronge les ongles. Damien doit le ressentir puisqu'il fronce les sourcils en me coupant le chemin.
—J'efface la photo si tu veux.
—Non, ça va, dis-je en soupirant. C'est juste... Rien. Je vais rentrer avant qu'Alex ne se demande où je suis passée.
—Dis-moi.
—Je... Fin, tu te rends compte que je suis là, avec toi alors que je devrais être avec lui ?
—Et ?
J'écarquille les yeux face à son « et ? » débile.
—Et ? Sérieusement Damien ? Vous ne vous parlez même pas ! Et depuis dix ans, ce n'est pas rien. J'ai l'impression de lui planter un couteau dans le dos en étant avec toi.
Damien se passe une main nerveuse dans les cheveux, regarde autour de nous.
—Ne dis rien.
Je ris froidement, le fixant droit dans les yeux.
—Tu me demandes de mentir à ton frère ?
—Elisa, on s'est promené ensemble. On n'a pas baisé. Mais c'est toi qui vois.
Je ferme les yeux, tentant de réfléchir. Il a raison, je ne peux pas dire à Alex que je viens de passer du temps avec son frère. Il péterait une durite, et je le comprends.
—Ok, je ne dirais rien. Mais...
J'ai vraiment envie de lui demander quand est-ce qu'on pourra se revoir, je ne sais pas pourquoi. Cependant je me tais, parce que c'est mieux ainsi.
—On y va ?
Je hoche la tête, le suis à travers la foule qui ne cesse de s'amasser. Il se retourne, saisit ma main dans la sienne et avance, me tirant derrière lui.
Je devrais lâcher cette main, oh que oui. Sauf que j'aime la sensation de ses doigts rugueux qui frottent doucement mes phalanges. J'aime la chaleur de sa paume qui se répand dans la mienne.
C'est mal, j'en ai conscience, mais c'est tellement agréable. Ça a l'air con pourtant, mais Alex et moi, nous nous donnons plus vraiment la main. On marche côte à côte. Je suppose que la routine a un peu pris de l'ampleur dans notre couple.
Dès que l'espace devient moins confiné, je le lâche. Parce que ses sensations de plaisir me foutent mal à l'aise. Je fronce les sourcils quand, avant d'arriver à l'hôtel, Damien entre dans une ruelle.
D'un coup, je me retrouve entre un mur et lui. Mon souffle est saccadé alors que ses yeux verts plongent dans les miens, avant de descendre sur ma bouche.
—Ne fais pas ça, je souffle.
Sa respiration s'accélère, tout comme la mienne quand il se lèche les lèvres. Son cœur tambourine contre le mien, sa chaleur me réchauffe, me liquéfie.
—Pourtant, j'en ai très envie Elisa.
Et moi aussi, quelque part. Je devine que ses baisers doivent être passionnés, un délice.
—Je suis mariée, murmuré-je.
Et je ne le dis pas seulement pour lui, c'est comme une piqure de rappel que je m'inflige. Je suis mariée. Je ne peux pas faire ça.
—Mais t'en as envie Elisa. Je le sais. Je le vois à tes pupilles dilatées, à ça aussi.
Il caresse du bout du doigt la veine de mon cou qui pulse son ma peau. J'en frissonne. Pourquoi est-ce que je réagis comme ça, avec lui ?
—Je ne peux pas Damien.
Il dépose un baiser sous mon oreille, je ne respire plus, ferme les yeux. Ses lèvres sont douces sur ma peau. Il remonte sa bouche jusqu'à mon oreille, caresse ma nuque.
—Je suis au deuxième étage, chambre deux cent onze.
Il se recule et part, melaissant essoufflée, excitée.
Je n'arrive pas à croire qu'il ait voulu m'embrasser. Le pire étant que je l'auraislaissé faire si vraiment il avait insisté. Et au fond de moi, j'aurais adoré qu'il le fasse.
Je reste là quelques minutes, honteuse. Je ne sais pas ce qu'il m'arrive. Je mesuis mariée il y a deux jours et j'avais envie de sentir sa bouche sur lamienne. Jamais un autre homme n'avait réussi à me faire douter de ma fidélité.Pourtant, je ne supporterai pas qu'Alex me trompe, rien qu'à cette idée monventre se tord. Alors pourquoi le ferai-je ?
*****
J'en profite pour vous souhaiter à toutes un excellent réveillon de Noël à l'avance ;-) Bisous
Amandine
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