chapitre 3- Damien

L'orage gronde depuis déjà plus d'une heure, et je rumine, les idées noires comme le ciel.

Je me suis barré de leur mariage débile et j'ai foncé ici, chez Sam. Ce bar doit être l'endroit que je fréquente le plus une fois que je rentre. Souvent les gars et moi y passons nos soirées à refaire le monde, à rire de nos anecdotes concernant l'armée, l'école militaire ou encore de nos missions.

Assis sur un haut tabouret, j'observe Sam nettoyer les verres. Mon attention se porte sur Jenny, la serveuse. Brune et jolie, elle m'attire. Nous avons déjà couché ensemble, plusieurs fois même. Je l'amenais dans les toilettes ou je la suivais à l'arrière cuisine. Elle fait des pipes d'enfer surtout. J'ai bien envie de la baiser pour évacuer toute cette tension accumulée aujourd'hui. Mais j'ai encore plus envie d'Elisa. De sentir sa bouche sur la mienne, de la retourner dans tous les sens pour dévorer chaque parcelle de son corps.

Fait chier.

Je fais tourner le verre de scotch entre mes doigts, observe le liquide ambré tapisser le verre. J'avale, cul sec, grimaçant quand l'alcool me brûle la gorge.

Quel putain de mariage de merde.

Je ne sais même pas pourquoi je suis resté là toute la journée. Enfin si, je le sais. C'est pour elle, pour la regarder, pour connaitre le moindre truc sur elle.
Elisa...
Cette femme est redoutable, je n'en doute pas. Elle ne va pas être simple à séduire, encore moins à mener jusqu'à mon lit. Pourtant... Elle me plait. Elle a ce truc qui m'attire. Enfin, les trucs. Lesquels ? Petit un, elle est sublime. Elle a ce sourire qui ne peut que séduire la gent masculine. Des yeux qui vous transpercent, qui vous donne l'impression de fondre comme neige au soleil et qu'elle peut deviner le moindre de vos secrets. J'aime quand elle me regarde. Secundo, elle a cette aura, qui m'absorbe, tout entier. Il suffit qu'elle soit dans une pièce pour que je ne la quitte plus du regard. Même quand sa blondasse de copine tentait d'attirer mon attention. Quand elle est là, il n'y a plus qu'elle qui existe, effaçant même le décor autour de nous.

Et enfin, petit trois, elle est à mon frère.

Il a cassé mon couple, je casserai le sien, c'est aussi clair que ça.

Il n'y a plus qu'à choisir quelle tactique employer pour parvenir à mes fins, et, je n'en vois qu'une de possible même si ça me révulse: la réconciliation avec Alex. Mais cette idée, me donne envie de gerber. Ma mère m'a dit qu'ils s'envolaient pour la Thaïlande dès ce soir. Leur lune de miel durera une petite semaine seulement, ce qui me fait bien rire. Alexandro a tellement de pognon qu'il pourrait partir un mois sans souci. Une semaine... Radin.

-Hey !

La paluche de Connor atterrit avec force sur mon épaule. Il s'installe au bar, à côté de moi, commande une tournée. Conor est un ours. Deux mètres, quatre-vingt-quinze kilos de muscles. Je fronce les sourcils en regardant la barbe noire qui pousse sur sa mâchoire.

-Tu fais la grève du rasoir ou t'as la flemme?

Il rit en se passant les doigts dedans.

-Les deux. Tu devrais essayer Dam. Les femmes adorent sentir mes poils leur gratter les cuisses.

Je ris quand Jenny nous apporte nos verres.

-Il a raison Damien, on adore ça.

Elle retourne de l'autre côté du bar après m'avoir envoyé un clin d'oeil.

-Et ce mariage ?demande Connor.

-Pitoyable.

Connor rit en secouant légèrement la tête. Lui et moi sommes connus quand nous étions tous deux ados. Ils habitaient dans la même rue que moi, et l'amour que nous avions déjà pour l'armée nous a soudé. Depuis, nous sommes inséparables, un peu comme une paire de couilles.

-Sa meuf ? Elle est bonne ?

Un sourire fend mon visage, imitant le sien. Même s'il a compris, j'affirme.

-Plus que bonne. Le genre de fille que tu boufferais à chaque repas.

-Quel enculé !

Je cogne mon verre au sien, en guise d'accord. Ouais, l'enculé.

-Tu vas faire comment ? me demande Connor.

J'avale mon verre cul sec. Il a toujours su ce que je prévoyais, même mes plans les plus foireux et ça le fait rire. Il est le seul à qui j'en parle de toute façon. Ma mère me tuerait si elle savait à quoi vont me servir toutes les informations que j'ai réussi à lui soustraire.

-C'est mort. Ils se barrent en Thaïlande à l'instant même.

Connor se passe une main sur son crâne rasé, en regardant la nana à l'autre côté du bar.

-Va en Thaïlande. Tu sais où ils sont partis exactement ?

-Ouais, tu sais bien ma mère, c'est pire qu'un magazine people.

Connor rit alors que j'envisage vraiment son idée. Je feinterai le hasard, et m'incrusterai auprès de la sublime Elisa. Je trouverai bien un moyen d'être seul avec elle, le temps de lui voler un baiser.

J'attrape mon portable, regarde les vols en direction de Hua Hin, le village qu'ils ont choisi pour leur lune de miel. Putain je vais payer une blinde. Tant pis.

-J'ai un vol à cinq heures du matin.

-Ca ne te laisse pas beaucoup de temps pour préparer tes affaires, ça.
La blonde le regarde, avant de se lever. Je sais qu'il est l'heure pour moi de partir puisque Connor va avoir de l'agréable compagnie.

-Je te dis quand j'ai atterri, lui dis-je, en lui donnant une tape sur l'épaule.

******

Quand je descends de l'avion, c'est avec le sourire aux lèvres. Il fait un temps radieux, et je me sens bien malgré les vingt et une heures de vol que je viens de me coltiner. J'ai hâte de voir la sale gueule d'Alexandro. Enfin, "hâte" est un bien grand mot. C'est surtout Elisa que j'ai envie de voir, et pas que... Je vais devoir feindre la surprise, seulement. Un coup de fil à ma mère m'a permis de savoir dans quel hôtel ils pionçaient et c'est donc cette adresse que je donne au chauffeur de taxi.

Les rues sont étroites, pleines de pouss-pouss tirés par des hommes. Les plus chanceux en ont à pédales mais ils se font rares. On devine de suite que ce village est d'une pauvreté extrême, même si le taux de tourisme explose chaque année. Quel endroit bizarre pour une lune de miel. Le taxi s'engouffre difficilement dans le flot de passants.
Certains hurlent devant leurs étals, tentant de vendre leurs poissons, leurs légumes ou encore leurs breloques. A travers mes lunettes de soleil, j'observe ce spectacle, fasciné. Pourtant, j'ai déjà vu bon nombre de pays différents, m'habitue aisément aux coutumes mais jamais je n'étais venu ici, en Thaïlande.

Plus nous avançons, et plus le décor change. Il devient plus sophistiqué, plus riche aussi. Les maisons ressemblent à des villas, et je suppose que si elles sont si grandes, c'est parce qu'elles abritent des générations entières.

Je me tends quand le taxi s'arrête devant l'hôtel luxueux. Il a bien choisi, je dois le reconnaitre. La façade est immense, ornée de détails invraisemblables, de moulures peintes d'une couleur argentée. Je règle ma course, m'extirpe de la banquette arrière et saisis ma valise.

******

Après m'être douché, je m'allonge. Il faut que je dorme. Je suis mort. Je réfléchis à une tactique, pour ne pas les rater. Mis à part les attendre dans le hall, je ne vois pas. Ou dans le restaurant de l'hôtel, c'est encore mieux. Ils vont quand même être forcés de descendre pour bouffer. Je ferme les yeux, revois son visage, ses lèvres qui me donnent envie de les dévorer. Cette nana va me rendre dingue, je le sais, et j'ai conscience que je joue à un jeu dangereux mais j'ai besoin, j'ai besoin de me venger, de porter le coup de grâce à mon frère.

On peut dire de moi que je ne suis qu'un connard, mais je m'en tape. Il m'a pris ma copine, la baisée sous mon toit, dans mon canapé, plusieurs fois. Je revois encore son sourire arrogant quand je les ai surpris. Pas une seule once de gêne, ni de malaise. Mais bien que de la fierté, de la putain de fierté quand il a su qu'il venait de ruiner une partie de ma vie.

Après lui avoir défoncé la gueule, sous les cris de cette salope qui venait de me tromper, j'ai juré de me venger. J'en ai fait la promesse à Alexandro. Il ne me croit sans doute pas capable de baiser sa petite femme, mais si. Surtout qu'elle me plait, alors ça n'en sera que plus facile. Mêler le désir et le plaisir à ma vengeance, je ne demandais rien de mieux.

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