9.Damien
Je m'arrête devant la porte de leur suite, le cœur battant à tout rompre. Elle regrette, je l'ai vu à sa façon d'être tout à l'heure. Elle fuyait mon regard, n'osait pas me parler. Pourtant, bizarrement, je n'ai pas envie qu'elle regrette ce que nous avons fait. J'ai aimé sentir son corps sous le mien, j'ai adoré ça même.
Si je suis là, à hésiter de frapper à cette porte, c'est parce qu'Alexandro m'a envoyé un texto. Il a parlé d'un truc sur l'armée mais je n'ai pas exactement compris ce qu'il voulait savoir.
Et si elle ne veut pas me voir ? C'est quand même pour l'approcher elle que je parle à ce connard.
Je fais craquer ma nuque, frappe.
Alexandro m'ouvre rapidement et je me fige quand je vois le désordre qui règne dans la pièce.
Il s'est battu. Je me crispe, mes épaules se tendent.
—Tu veux boire quelque chose ?
Le son de sa voix est bien trop haut perché pour être sincère. Il sait.
—Elle est où ?
Il avale son whisky cul sec, balance le verre sur le sol, le faisant éclater.
—T'as aimé baiser ma femme ?
J'ai envie de lui cracher à la gueule que j'ai pris mon pied comme jamais, que sa femme était bien mouillée pour m'accueillir en elle, que j'ai adoré la faire jouir de ma langue, que ses petits cris quand je la prenais m'ont retourné le cerveau.
—Elle est où ? répété-je.
Il se retourne vers moi, et j'ai un bref instant de panique en voyant le sang qui a éclaboussé sa chemise blanche. Il n'est pas blessé. C'est elle. Je m'avance vers lui, l'attrape fermement par le col de sa chemise.
—Je rêve où tu l'as frappée ?
Il ricane, nullement impressionné. Au même moment, Elisa sort de la chambre, écarquille les yeux quand elle nous voit. Sa valise tombe sur le sol dans un bruit sourd. Son regard m'implore, me demande pardon, tandis que je ne peux pas quitter des yeux son visage portant des marques de l'altercation qu'elle a eu avec lui.
—Vraiment un gros bâtard Damien. T'es qu'un connard.
—Tu vois ce que ça fait ? Tu ressens ça, cette douleur qui te bousille ? C'était ça le plan ! T'as baisé ma femme, je baise la tienne ! Vengeance Alexandro. Je te l'avais juré.
Mon frère me donne un coup de tête, alors que mon poing atterri avec force dans son nez. Je me rue sur lui quand il tombe au sol, le roue de coups. Ma lèvre se fendille quand il me touche. Nous nous déchainons, mettant toute notre haine dans nos coups.
Je le lâche quand j'aperçois Elisa quitter la chambre. Je me relève, cours après elle. Il faut qu'elle m'écoute, il faut que je vérifie qu'elle aille bien, qu'elle n'ait pas de blessure grave.
—Elisa !
Elle accélère le pas mais je finis par la rattraper. Je lui bloque l'ascenseur, lui prends sa valise.
—Dégages, siffle-t-elle.
—Regarde-moi, laisse-moi voir si...
Je tends mes mains vers son visage mais elle recule.
—Ne me touche pas, dit-elle d'une voix étranglée. Ne me touche pas.
Ses yeux bleus, rougis par les pleurs me transpercent, me déchirent. Je ne voulais pas en arriver là, je ne savais pas qu'il allait être violent avec elle.
—Je suis désolé...
—Alors c'était ça ? Une vengeance ? Je n'étais qu'un dommage collatéral ? J'ai un cœur Damien, une âme et tout le reste ! T'es un porc, t'es dégueulasse ! Dégage !
Je ferme les yeux en fourrageant dans mes cheveux. Je ne peux pas l'obliger à rester, elle ne me doit rien. Pourquoi a-t-il fallu que je parle de ça devant elle.
—Elisa...
—Mais tu vas me laisser, oui ?
Je m'écarte, la laisse reprendre sa valise quand l'ascenseur arrive. Sans un regard, elle s'y engouffre.
—Ce n'était pas que ça, murmuré-je.
Ses yeux me lancent des éclairs.
—Arrête de mentir. Ferme-la.
******
Depuis qu'elle est partie, je ne cesse de tourner en rond. Je vais me rendre malade à force. Je m'en veux de lui avoir fait subir tout ça. Tout est entièrement de ma faute, je le sais. Sauf que, je ne savais pas qu'Alexandro était violent et... Je ne savais pas que j'allais adorer être avec elle. Elisa est une femme belle, intelligente, marrante aussi. J'ai conscience que si elle a cédé à mes avances, c'est simplement parce que mon connard de frère la délaisse. Mais... Je ne sais pas... J'ai l'impression qu'il y a quelque chose d'autre entre nous. Je ne devrais pas espérer, pourtant c'est le cas. J'ai envie de la voir, de lui demander pardon, de la retrouver. Cette fille m'a piégé bien avant que je ne couche avec elle. Un sourire de sa part m'a désarmé, et avec un seul baiser, elle m'a conquis. Je suis dans la merde parce que je ne voulais pas de ça, je ne voulais pas ces sensations qui m'envahissent, mais c'est trop tard.
Je regarde les vols sur mon portable. Dans cinq heures, pas avant. J'imagine qu'elle a dû prendre celui de vingt-deux heures. Je m'allonge dans mon lit, ferme les yeux. Son visage blessé apparait, ses yeux emplis de tristesse aussi. Je regrette. Je regrette qu'elle ait dû subir les conséquences de mes actes.
Pourtant, je recommencerai, rien que pour la sentir contre moi.
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