30. Elisa
Six jours. Six longs jours que je n'ai pas entendu sa voix. Je crois que je vais finir dépressive. Est-ce qu'on s'habitue un jour à cette vie ? Parce que je crois que je n'en serais jamais capable. Damien me manque terriblement. Je tapote mon stylo sur ma lèvre inférieure, la tête ailleurs. Je pense à lui, comme d'habitude. Je me demande ce qu'il fait, s'il lui aussi pense à moi sans cesse...
—T'es la tête sur un bateau Elisa.
Je sursaute quand Mélanie sort de son bureau, soupire.
—Ouais, dommage que je n'y suis pas.
—Et moi donc !
Elle tire une chaise, s'assoit face à moi et prend le petit pot de vernis sur le coin de mon bureau.
—Connor me manque de trop. Je n'arrête pas de penser à lui, je n'arrive même pas à me concentrer sur mon travail.
Je hoche la tête, déglutis.
—Pareil.
Je la regarde appliquer le rouge sur ses ongles tout en l'écoutant me parler de son couple. Apparemment Connor lui a bel et bien volé son cœur. Elle en est dingue. Nous sommes interrompues par mon téléphone qui vibre sur mon bureau.
—Numéro inconnu !
Je sautille sur mon fauteuil de bureau, persuadée que ce soit l'homme de ma vie au bout du fil.
—Allo ? je réponds en souriant.
—Elisa.
Alexandro.
Je raccroche de suite, le cœur battant à tout rompre.
—C'était Alexandro, grogné-je.
—Putain ! siffle Mélanie. Il est vraiment culotté de t'appeler !
Je souffle longuement, profondément. Je n'avais plus entendu parler de lui depuis que Damien lui ai fendu le nez, et voilà qu'il revient à la charge.
******
Il est vingt-heures trente quand je quitte mon boulot. Je suis restée plus longtemps, parce que j'avais besoin de travailler, pour occuper mon esprit. Dès que je ferme les yeux, ses yeux verts m'apparaissent, sa bouche exquise se dessine. Je vais devenir folle, je pense que je suis vraiment en manque, et que ce que je fais s'appelle une crise. Un peu comme une alcoolique ou une droguée. Sauf que moi, je souffre du manque de Damien.
Je soupire quand, par la vitre de la porte, je vois la pluie tomber abondamment. Je n'ai même pas pris mon parapluie et je suis venue à pieds. Je sais que Damien m'a dit de prendre sa voiture mais je la trouve trop agressive, trop nerveuse, alors je préfère la laisser à son emplacement.
Je prends mon courage à deux mains, resserre mon imper et sors, serrant mon sac contre mon ventre.
Je crie quand je suis propulsée en arrière, clouée entre une façade et Alexandro.
Sa main se presse fermement autour de ma gorge et je cherche mon air, tandis que ses yeux me lancent des éclairs.
—Putain t'es en cloque ?
Je voudrais lui dire d'aller se faire foutre mais j'en suis incapable, tant il met de la pression dans son geste.
—Tu plaisantes ? Tu refuses de materner avec moi mais avec ce trou d'balle tu acceptes ? Tu vas lui pondre un gosse ?
Sa main se relâche et choquée, je porte les miennes à mon cou.
—Ca ne te regarde pas, lâché-je, essoufflée.
—T'es ma femme Elisa, merde !
Quelques passants se retournent vers nous quand il crie mais se dépêchent de partir, pressés par la pluie, ou la lâcheté de m'aider.
—Je ne suis plus ta femme ! On va divorcer Alex ! Je ne veux plus de toi !
—Mais ferme-la, dit-il en ricanant. T'es qu'une sale pute Elisa. Et faudra que tu prouves aux juges que ce bébé n'est pas de moi.
Mon sang bout dans mes veines. Si j'avais la force d'un homme, je lui arracherais sa tête de con.
—T'es pathétique, craché-je. J'ai mes preuves, crois-moi. Et ne m'approche plus sinon...
—Sinon quoi ? me coupe-t-il avant que je ne puisse finir ma phrase. Sinon ton Damien chéri viendra encore me sauter à la gorge ? Mais je sais que tu es seule Elisa. Et je sais où tu habites, ne l'oublies pas. Ce que t'as vécu là ? Ce n'était rien, attends-toi à pire maintenant.
—Ce sont des menaces ? m'énervé-je en repoussant mes cheveux trempés par la pluie.
—Oui. Méfie-toi quand tu sors, dorénavant.
Alexandro grimpe dans sa voiture, garée en double file et démarre en trombe, me laissant choquée, apeurée.
*****
Cela fait deux heures que je suis chez Damien. Tout est verrouillé tant j'ai la frousse et je n'arrive pas à stopper ces maudites larmes. Je me doutais qu'il allait profiter que je sois seule pour agir, mais je ne m'attendais pas à cette agression, en pleine rue.
Danielle lui a dit pour la grossesse, et je ne sais pas quoi en penser. Je sais que Dam ne lui avait pas dit de se taire, qu'il s'en fout que son frère le sache, mais personnellement, j'aurais préféré qu'elle attende que Damien soit là pour le dire. En attendant, je vais avoir peur à chaque pas que je ferai dehors. Je me blottis dans les draps, le ventre noué. J'enfuis mon nez dans le coussin de Damien, respire son odeur qui est encore légèrement dessus quand mon téléphone vibre sur la table de nuit. Je me rue dessus.
« Connecte-toi bébé, dans cinq minutes je suis à toi. Je t'aime ».
Un sourire fend mon visage et j'éclate en sanglots. Je suis trop heureuse d'avoir enfin de ses nouvelles. Je bondis du lit, fonce dans le salon prendre mon ordinateur avant de retourner me coucher avec.
Comme promis, cinq minutes plus tard, la sonnerie sur Skype retentit. Je clique sur le bouton vert et ne peux m'empêcher de sourire niaisement quand je le vois, sur l'écran, aussi magnifique qu'à son habitude.
—Hey.
Son sourire reflète le mien, j'en suis certaine. Je voudrais tant le serrer dans mes bras, le sentir contre moi.
—Commandant, je réponds en souriant de toutes mes dents.
—Putain bébé tu me manques.
—Tu me manques aussi Dam, c'est affreux.
—Mon ange... Je te jure que je vais traverser l'océan à la nage si tu pleures encore.
—Je ne pleures pas, je mens, j'ai une poussière dans l'œil.
Damien éclate de rire et je l'imite, ravie de le voir, de l'entendre et de m'enivrer de son rire.
—Bon, t'as raison, je pleure. Mais de joie. Je suis super contente de t'entendre, de te voir.
—Moi aussi Elisa, je suis content. Je t'avoue que ces jours-ci, je n'ai pas le moral. J'aimerai mieux être à la maison avec toi qu'ici. Tu vas bien ? T'as l'air épuisée...
—Je vais bien Damien, ne t'inquiètes pas pour moi. Je travaille, j'ai beaucoup de retard dans mon boulot et je demande des tâches en plus pour m'occuper. Sinon je déprimerai à rester ici.
Je ne peux décidément pas lui dire pour Alexandro, surtout si son moral n'est pas top. Il deviendrait malade sur son navire de guerre.
—Ouais, soupire-t-il, mais repose-toi quand même. T'es enceinte bébé, t'as autre chose à faire que de tuer au boulot.
Je me couche sur le côté, remonte l'ordinateur sur l'oreiller.
—Tu portes quoi ?
Je regarde ma tenue en riant, conscient qu'il sait ce que je porte.
—Ton t'shirt.
Il hausse un sourcil taquin, et même à travers un foutu écran, je peux voir le désir animé ses pupilles.
—Tu sais, dit-il en se levant, je suis seul dans ma chambre, et t'es seule. Attends, je pose deux secondes le pc, j'ai besoin de mes deux mains pour verrouiller cette porte de mes deux.
Je ris en l'entendant jurer, retiens mon souffle quand il se recouche dans son lit.
—Jolie chambre Commandant.
Il rit encore et je me laisse enivrer par ce son si sexy. Il me manque...
—Je disais donc, je suis seul et toi aussi. Alors...
Je rougis quand je comprends là où il veut en venir. On ne peut pas faire ça, par webcam ?!
—Je me demandais ce que t'as pensé de mon mot...
J'éclate de rire ce qui le surprend. Cet homme est surprenant !
—Désolée, dis-je en étouffant mon rire, je croyais que t'allais me proposer de faire des choses par webcam interposées.
Damien rit à son tour et j'en profite pour graver son sourire et son visage d'ange dans ma mémoire. Je prends quelques captures d'écran à son insu, juste pour l'avoir encore plus près de moi.
—Je n'ai plus que vingt minutes alors je préfère parler que de me branler, mais la prochaine fois, pourquoi pas.
—Ok Dam. Alors, dis-je en reprenant mon sérieux, tu voulais savoir ce que j'ai pensé de ton mot ?
—Oui, souffle-t-il.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top