22.Elisa

Si je pouvais ne plus jamais sortir de cet appartement, je le ferais. Jamais de ma vie, je n'avais ressenti pareille honte. Mon corps est secoué de sanglots durant le trajet. Je n'arrive pas à croire qu'Alexandro ait osé faire ça. Ces photos faisaient partie d'un moment intime. Je les avais prises seule, il a quelques années déjà, quand il était à une conférence à l'étranger et lui avais envoyées en espérant l'émoustiller. Pourquoi ai-je fait ça ? 

Mes larmes ne tarissent pas, même quand je m'arrête devant chez Connor et que je frappe à la porte. J'ai rasé les murs, tête baissée, de peur qu'on me reconnaisse. Je le hais. Je le hais. Je le hais. Dès que ma collègue m'a appelée pour me montrer cette merde de revue, je me suis effondrée. La police est venue au bureau, prendre ma plainte.

Est-ce qu'il me laissera tranquille un jour ? J'ai hâte de divorcer, de ne plus jamais avoir affaire à lui.
—Entre.
Je relève la tête vers Connor qui m'ouvre, esquisse un pâle sourire.

—Dam est en haut, dans la salle de bain.

—Merci Connor, soufflé-je.

Je grimpe l'escalier de bois, essuie les larmes de mes joues et prends une brève inspiration. Le bruit de l'eau me guide jusqu'à Damien, et j'entre dans la pièce. Il va être en colère, après moi aussi je suppose. 
Je m'appuie contre le lavabo, tandis que Damien est camouflé par la vapeur sur les vitres de la cabine. Je serais chez lui, pas chez Connor, je me déshabillerai et je le rejoindrai sous l'eau. J'ai besoin de lui, de son réconfort, de sa voix qui me dira que ce n'est rien, que ça passera.
Quand il coupe l'eau, je lui tends un drap.

Ses yeux verts sont assombris, par la tristesse je crois. Je remarque de suite sa lèvre inférieure fendue. Du sang y coule légèrement et je frissonne. Un hématome s'étend sur sa mâchoire, me brisant le cœur. Il a été se battre...Pour moi.
Cet homme est le seul qui ait fait un truc dans le genre pour me défendre, depuis le début.

Il prend le drap, l'enroule autour de sa taille et finit par m'enlacer. Ses bras qui se referment autour de mon corps me font le plus grand bien après cette journée de merde. C'est exactement ce dont j'avais besoin. J'éclate en sanglot, laisse le torrent de larmes ravager mon visage. Je n'en peux plus.

—Je suis désolé bébé.

Je m'accroche à lui, comme s'il était ma bouée de sauvetage dans cet océan d'emmerdes. Je voudrais hurler jusqu'à ne plus avoir de voix. Si Damien ne me tenait pas fermement contre lui, je m'effondrerais sur le sol.

*****

Dans la chambre de Connor, je m'installe sur le bord du lit, regarde Damien fouiller dans la penderie de son ami. Il en sort un t'shirt noir et l'enfile avant de venir s'accroupir devant moi.

—Je suis désolée, murmuré-je. Je crois que tu baignes dans mes merdes, là.

­—Elisa... Je suis avec toi bébé.
Nos yeux se croisent, restent fixés l'un à l'autre et je suis encore plus amoureuse de lui, quand je vois qu'il n'y a pas de honte ou de pitié dans son regard.

—Mon frère est un connard. Et rien, rien ne justifie qu'il étale ces photos dans la presse.

J'acquiesce, ne sachant pas trop quoi répondre.

—Je ne veux plus que tu te battes avec lui, dis-je en effleurant sa mâchoire. Tu lui donnes de l'importance alors qu'il n'en a pas.
Son soupir me prouve à quel point il voudrait que je comprenne son geste, mais je le comprends déjà.

—Je t'aime Elisa et je ne pouvais pas ne pas réagir.

—Je t'aime aussi.

Il s'assoit sur la moquette beige et je m'installe sur ses genoux, le serre dans mes bras.

—T'imagines tous les gamins qui vont s'astiquer le manche ? soupiré-je, dégoûtée. 

Damien rit et je l'imite, relâchant un peu la pression.

—J'y ai directement pensé.

Ses bras se referment un peu plus autour de moi quand je niche ma tête dans son cou. Je prends une longue inspiration, laisse son odeur bien à lui me réconforter, m'apaiser. 

­—On s'en fout, dit-il en prenant ma main dans la sienne. Je suis quand même le seul à t'avoir près de moi chaque nuit.

Je plonge mes yeux dans les siens, que j'adore.

—Et je me battrai encore pour lui faire comprendre que tu n'es plus à lui.

­Il porte nos mains jointes sur son cœur, faisant battre le mien un peu plus vite encore.

—Parce que là-dedans tu es mienne, Elisa. Quoi qu'il soit marqué sur tes papiers. Je t'aime, avec ces photos ou non, je t'aime pour ce que tu es et il peut faire ce qu'il veut, ça ne changera pas.

—Commandant, susurré-je, je crois qu'à chaque fois que vous ouvrez votre bouche, je tombe un peu plus amoureuse de vous.

Il sourit, prend mon visage entre ses mains rugueuses et dépose un baiser léger comme une plume sur mes lèvres.

—Seulement un peu ? Je me donne du mal pourtant pour te dire des choses cuculs. 

Je ris avant de l'embrasser.

—Je t'aime Dam, je suis réellement sous ton charme.

—Et moi donc. Dès que je t'ai vu, j'ai su. Je te voulais toi et rien que toi.

—Eh ! Ne baisez pas dans ma chambre !
Nous éclatons de rire en entendant Connor en bas de l'escalier. Je me relève et Damien m'imite.

******

Si un jour on m'avait dit que je me marierai avec le plus gros connard de la terre, que je le détesterai et que je serai éperdument amoureuse de son frère, je n'y aurais jamais cru.
Cette impression de vivre dans une mauvaise série télévisée ne me quitte pas. Je ne sais pas ce que j'ai loupé pour ne pas voir en Alexandro l'homme qu'il était vraiment.
Mon avocate se veut rassurante. Elle me dit qu'il risque de gros ennuis s'il continue à me nuire de la sorte, que l'argent ne suffit pas toujours à obtenir tout ce que l'on veut. J'espère... Je ne veux plus rien à voir avec lui, ni entendre parler de lui.

Je ne sais pas comment je dois faire pour m'en sortir, pour ne pas stresser à longueur de journée, à attendre qu'un nouveau truc me tombe dessus.  

Parce que là, j'ai Damien... Mais dans une semaine il repart. Et je ne sais pas comment je vais pouvoir supporter son absence. Comment vais-je respirer sans ma bouffé d'oxygène ? Il me manque alors qu'il n'est pas encore parti. 

Si je pouvais, je le ligoterais à une chaise pour qu'il reste près de moi, pour qu'il ne me laisse pas seule. Ces jours-ci, nous sommes restés dans son appartement, rien que tous les deux. Il y a juste le matin où il part courir pendant une heure.  Sinon, nous vivons en ermites, se délectant de nos corps, de nos sourires et de nos anecdotes. 

J'ai la sensation que c'est lui le bon, j'en suis certaine même. D'un regard, d'un mot, il a su me conquérir. Mais plus j'apprends à le connaître et plus je l'aime. Il est vraiment sensationnel. 

J'aime quand, couchés l'un à côté de l'autre, nous nous racontons notre enfance, nos souvenirs d'école ou encore quand il me dit ce qu'il fait sur son navire. J'aime rester là, à le regarder pendant qu'il fait sa musculation, j'aime quand il vient m'aider à cuisiner. Je me sens bien quand il est là, je me sens belle, je me sens valorisée par ses regards, par ses sourires.  C'est comme si on se connaissait depuis toujours... 

Je l'aime.

 Je l'aime plus que tout et je pense que rien ni personne ne pourra entacher cet amour que nous partageons.
Alors même si beaucoup de choses ne vont pas pour le moment, je les mets de côtés. J'essaye vraiment de profiter de chaque seconde avec lui, de le connaitre, de l'embrasser le plus possible.
Damien m'a enivrée, je ne peux plus me passer de lui et de son amour. Je suis raide dingue de lui.

******

Ce soir, nous sortons au restaurant italien. Ce sera notre première sortie avec le couple que forment depuis quelques jours Mélanie et Connor. Ça me fait drôle de voir ma meilleure amie avec le meilleur ami de Dam, mais Connor est un homme bien, gentil et attentionné. Je suis sûre qu'eux aussi sont fait pour être ensemble.

Je suis en train de m'apprêter dans la chambre de Damien, que je commence à considérer comme la mienne. A vrai dire, je ne suis même plus retournée chez moi, et j'ai ordre du Commandant de rester autant de temps que j'en ai envie. Si je lui disais « pour toujours » je pense qu'il prendrait quand même peur.
Je me dandine d'un pied à l'autre, tentant de fermer la tirette de ma robe dans mon dos. Elle est simple : Noire et m'arrive juste au-dessus du genou. Je l'aime beaucoup parce qu'elle épouse bien mes formes, m'amincit aussi.
Damien entre dans la chambre, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise gris anthracite. Il est... Waouh ! Mon mec est un vrai canon ! 

—T'es sublime, dit-il en s'approchant de moi.
Ses doigts frôlent ma peau quand il remonte la fermeture dans mon dos. Un frisson parcourt mon échine, comme à chaque fois qu'il me touche.

­—Je te retourne le compliment, je lui réponds en souriant.
Son sourire s'agrandit et nos regards se croisent dans le reflet du miroir.

Il entoure ma taille de ses bras, pose son menton sur mon épaule.

—On va bien ensemble, tu ne trouves pas ?

Je ne peux qu'affirmer. C'est vrai qu'on forme un beau couple. Il est si beau...
Je ris quand je le vois sortir son téléphone. Je crois que sa mémoire doit être pleine de photos de nous. Mais je le laisse en faire tant qu'il veut, même si je n'aime pas vraiment ma tête de niaise dessus. Il m'a dit que c'était pour pouvoir les regarder quand il sera parti, alors j'en profite toujours et en fais pleins aussi. 

—J'ai un cadeau pour toi, dit-il en rangeant son téléphone.

—Dam...

—Ce n'est pas grand-chose. Viens.

Je prends la main qu'il me tend et m'assoit dans le lit. Je ne sais pas ce qu'il fait, ni quand il a eu le temps de faire quoi que ce soit sans que je ne m'en rende compte.

­—En fait, dit-il d'une voix posée, quand je vais courir le matin, je passe toujours devant les mêmes boutiques et...
Il sort une petite boite rectangulaire de sa table de chevet et me la tend.

—J'ai été le chercher ce matin. Je ne sais pas si t'aimeras... Tu ne portes jamais de bijou... Mais...

Je ris de le voir si nerveux. Je suis certaine que je vais aimer, comme c'est de lui. 

—Je sais déjà que je vais adorer.

J'ouvre la boite sous son regard qui scrute la moindre de mes réactions.

Je retiens mon souffle quand je prends la fine chaîne en argent.

—L'étoile, c'est pour...

—Parce que tu es commandant ?

Un sourire illumine son visage quand il a l'affirmation que j'ai saisi le message. 

—Ouais, exactement.

Je lui saute dessus, le serre dans mes bras.

—J'adore ! Merci !

—Je suis content alors, murmure-t-il. J'avais la trouille que tu détestes ce truc.

—Ne dis pas n'importe quoi, c'est magnifique.
Je le lâche, lui tend le bijou et me retourne. Je souris de toutes mes dents quand il attache le collier autour de mon cou.

—Comme ça, dit-il en m'attirant contre lui, tu penseras toujours à moi.

Comme si j'avais besoin de ça pour penser à lui... Mais j'adore son cadeau. 

Je me retourne et presse mes lèvres sur les siennes. Elles sont délicieuses, addictives. Sa langue vient lentement à la rencontre de la mienne et mon ventre se contracte de désir. Je le désire tout le temps, il n'y a rien à faire, mais quand il m'embrasse, mon corps le réclame encore un peu plus. Très vite ma respiration s'accélère, au gré de ses caresses. Je défais les boutons de sa chemise, un à un, il descend la fermeture éclair de ma robe. Mes lèvres le dévorent, j'aspire chacun de ses souffles, caresse chaque parcelle de sa peau qui se dévoile à moi.

—Je t'aime, souffle-t-il entre deux baisers, je t'aime bébé.

—Je t'aime aussi Dam.
Je geins quand de sa main, il écarte mon string. Je me dépêche de défaire son pantalon, avide de lui. J'attrape son sexe dans mon poing, lui tirant un râle de plaisir. Il s'allonge sur moi, je le guide pour qu'il me possède. Un gémissement s'échappe de ma gorge quand il me pénètre, quand il bouge en moi. Nos mains se rejoignent, nos doigts s'emmêlent, au-dessus de ma tête.

Mon bassin vient à la rencontre du mien, je savoure chacun de ses mouvements, chacun de ses baisers. Nos coeurs battent à l'unisson alors que nos corps ne font plus qu'un... 

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