19.Damien
Je n'arrive pas à croire que, pour la première fois, je sois ravi d'être rentré.
Ses sentiments sont avoués, m'enlevant un poids des épaules. Elle m'aime. Ça paraît complètement irréel.
Ça fait du bien d'être à la maison, de la sentir contre moi, de passer derrière elle et d'embrasser son épaule nue. J'avais conscience de ressentir le manque, mais d'être auprès d'elle, me le confirme encore plus. J'aime sa présence chez moi, j'aime son parfum sur les oreillers du canapé ou du lit et j'adore encore plus voir ses affaires mêlées aux miennes.
Après avoir fait l'amour, je me suis endormi avec Elisa blottie dans mes bras. Je pense que jamais je ne m'étais autant senti à ma place qu'à ses côtés.
A mon réveil, je suis seul dans les draps mais toujours serein. Elle ne serait pas partie comme ça, pas après m'avoir avoué ses sentiments. La voix de Connor me parvient et l'odeur délicieuse de la bouffe avec. Je m'étire et me lève, la faim prenant le dessus sur la fatigue. Elisa frotte ses yeux emplis de larmes, et mes sourcils se froncent lorsque j'aperçois Connor, qui chiale aussi. C'est seulement après que mes yeux se posent sur les oignons qu'elle est en train de hacher. Le parquet grince sous mes pieds, signalant ma présence. Connor se lève de son tabouret, et je m'avance vers lui.
—Hey ! Voilà le commandant des cœurs de ces dames !
Je lui rends son accolade en riant.
—Non juste du sien, dis-je en pointant Elisa du doigt.
Elle me renvoie un sourire malicieux, et mon cœur gonfle encore un peu plus pour elle. Je contourne l'ilot et l'enlace avant d'embrasser sa joue. Qu'a-t-elle fait de moi ? Je ne me reconnais pas dans le rôle de guimauve au cœur tendre.
—Je te conseille d'aller enfiler des fringues, dit-elle, Mélanie va arriver.
Je grogne, non parce que je dois m'habiller, quoi que...mais j'aurais adoré avoir Elisa pour moi seul ce soir.
—D'accord, soupiré-je en restant collé à elle.
—Alors cette mission ? Succès !
Je ris lorsqu'il soulève sa bière.
—Un putain de succès ! Quelques pertes civiles, mais pas de décès dans nos troupes. Je crois qu'en tout, nous avons eu cinq blessés légers. Ce qui est vraiment bien, comparé à d'autres fois.
Elisa se crispe et je la relâche pour prendre moi aussi une bière.
—C'était quoi cette mission ?
Connor m'interroge du regard et je hoche la tête.
—On ne peut pas te dire, désolé. Mais c'était une mission très importante pour les Etats-Unis.
Je m'installe à côté de lui, observe ma femme mélanger la viande et les oignons hachés. Ça sent la bolognaise dans tout l'appartement, pour mon plus grand bonheur. Elle fait ce repas, sans même savoir que c'est l'un de mes favoris.
— Secret défense, ajoute Connor.
—Ouais, soupire-elle, je ne suis pas crétine encore. C'est ce truc ? Avec Al Quaïda ?
—Oui, confirmé-je. Mais la seule chose que tu dois retenir, c'est que nous avons réussi.
Elle me regarde, sa cuillère en bois en suspens.
—Hum, d'accord. Et ? Tu n'as pas eu peur ? D'aller là-bas ?
Elle est stressée et je trouve ça mignon cette inquiétude dans sa voix.
— C'est mon job d'éradiquer ces enflures, donc non, je n'ai pas eu peur. Et toi ? demandé-je pour changer de sujet. Avec Alexandro ?
Connor et elle se regardent rapidement et je me tends. Ce regard échangé n'augure rien de bon.
—Rien de grave, répond-elle.
—Ça veut dire quoi « rien de grave » ?
Je m'énerve. Il s'est passé quelque-chose, mais pas assez grave pour m'en avertir ? Ils se foutent de moi ?
—Dam, soupire Connor. Ce n'est pas pire si tu veux savoir. Il y a eu cette histoire de paparazzis devant chez elle, et je l'ai amenée ici, comme tu m'as dit de le faire.
—Mais encore ?
Ils me cachent des choses, et honnêtement, ça me gonfle.
—Okay, souffle Elisa, exaspérée. Tu veux savoir mais ne t'énerve pas.
J'acquiesce même si je ne sais pas trop à quoi m'attendre. Elisa part dans la chambre et revient avec un magazine qu'elle dépose devant moi. J'observe la couverture où on distingue parfaitement sa main et celle de Connor enlacées.
—Dam, soupire Connor, je ne faisais que...
—Je sais.
Il ne ferait jamais ça. Connor est un ami, un véritable frère et j'ai parfaitement confiance en lui. Nous combattons côte à côte, nous protégeons la vie de l'un l'autre sur le terrain. Il ne me ferait jamais ça. J'ouvre le torchon de papier à la page quinze, regarde les photos. On y voit Elisa pleurer, pâle comme un cadavre et Connor qui la tire vers sa bagnole. Ensuite on les voit partir ensemble. Rien de dramatique.
Le titre est sans équivoque : Mais où s'arrêtera Elisa ?
J'ai envie de gerber. Ils la jugent encore, sans rien savoir, sans rien connaitre. Et évidemment, ils prêtent une relation à Elisa et Connor.
Je referme brusquement le magazine, me lève avant de le jeter dans la poubelle.
—Je vais me doucher et m'habiller. Mélanie va arriver.
Elisa hoche silencieusement la tête et je sors de la pièce. Je vais devenir dingue si ces ramassis de merdes continuent de déféquer ses conneries sur elle. Ils ne savent pas lui foutre la paix ?
Je prends des vêtements dans mon armoire alors qu'Elisa entre dans la chambre. Elle referme la porte derrière elle et nous nous fixons quelques secondes, sans rien dire.
—Damien, ne sois pas fâché s'il te plaît.
—Je ne suis pas fâché.
Je pose mes fringues sur le lit défait, ouvre ma commode.
—Il m'a appelée aussi, fais des texto. Mais je l'ai bloqué et j'ai encore déposé une plainte.
Je soupire, m'appuie sur le meuble en fixant la lampe posée dessus.
—C'est juste... Je voudrais vivre tranquille, que tu vives tranquille. Sans te soucier de sa prochaine connerie. Je ne supporte plus de le voir faire. J'en ai ras le cul de voir sa horde de journalistes t'emmerder contre un paquet pognons. C'est quoi le délire d'ailleurs ? Son service presse n'a pas autre chose à foutre ?
Elle dépose un baiser entre mes omoplates avant de coller sa joue à mon dos.
—Il finira bien par se lasser et nous laisser. J'ai rendez-vous avec un avocat vendredi prochain.
Elle passe ses bras autour de ma taille, et je me détends un peu. J'ai conscience que nous l'avons blessé, mais les choses ont changé. Elle est mienne, et il est hors de question que ce cirque continue.
—Je viendrai avec toi, chez ton avocat. Il doit avoir une injection d'éloignement. Tu sais que tu as le droit à ordonnance de protection ?
—Oui je le sais, et j'aimerai avoir ceci. Maintenant, embrasse-moi et va te préparer.
Je me retourne vers elle, la soulève avant de m'assoir sur le fauteuil dans le coin de la chambre.
—Sinon quoi ?
—Sinon Mélanie va fantasmer sur toi et je n'en ai pas vraiment envie.
Je souris en coinçant une de ses mèches brunes derrière son oreille.
—J'aime te découvrir possessive.
—N'importe quoi.
Ses joues rosissent, et je l'attrape par la nuque pour attirer son visage au mien.
—Je suis à toi Elisa, et tu es à moi. Nous, on le sait, c'est le plus important.
—D'accord.
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