17.Damien
Scènes fictives(je me répète) inspirée de la mission "jeronimo" réalisée par les soldats américains. (je suis honnête lol)
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Nous regardons tous nos pieds, concentrés. C'est une mission parmi tant d'autres mais je suis stressé. Mon domaine, c'est la flotte, les navires de guerre, pas de travailler sur terre. C'est peut-être pour ça que je ne sens pas ce truc. Mais quand on nous ordonne ce genre de missions, nous ne pouvons pas refuser tant l'honneur d'y participer est grand.
La mort ne m'a jamais fait peur, elle me frôle chaque jour, essaye de m'attraper dans ses filets obscurs sans jamais y être parvenu malgré le nombre de batailles accumulées.
Si aujourd'hui j'ai réellement le trac, c'est parce cette mission est vraiment dangereuse, que je peux me faire abattre par un gosse sans l'avoir soupçonné. Puis, à l'autre côté de l'océan, elle m'attend chez moi. Et ça, ça change beaucoup de choses.
Je clos les paupières et tente de calmer ma respiration un peu trop rapide.
Le bruit des pales de l'hélicoptère est feutré par nos casques, et c'est le seul son que nous percevons tant la concentration de chacun est à son maximum.
L'image d'Elisa traverse mon esprit. Elle et son sourire, elle et son corps de dingue, ses baisers enflammés. J'aurais voulu lui dire de ne pas s'inquiéter si elle voit à la télévision les images de ces instants, que j'allais revenir, parce que je suis comme ça, je fous la frousse en faisant le mort, puis je réapparais toujours. Combien de fois ma mère n'a pas harcelé la caserne en quête de réponse alors que je m'entraînais avec mes hommes ?
Ça fait déjà deux semaines qu'elle est installée chez moi, et bizarrement, ça me plait de la savoir en train de dormir dans mon lit, de fouiller mes fringues. Je ne l'ai plus appelée, nous sommes dans une zone où la connexion est difficile, puis, je me devais d'être concentré pour cette nuit. Mais là, je regrette de ne pas l'avoir fait. J'aurais bien voulu me remémorer sa voix, au cas où les choses tourneraient mal.
—Commandant ? Nous arrivons.
Je lève mon pouce en réponse à Tyler, un de mes soldats. Ils connaissent tous leur rôle, ce que nous attendons d'eux. Chaque action est calculée au millimètre près.
Il fait nuit noire, seule la lune éclaire les collines. Nous volons à une altitude précise. Il faut éviter de nous faire attaquer par l'ennemi en volant trop haut, puisque nous serons repérables sur les radars et en même temps, nous essayons de ne pas voler trop bas pour ne pas se faire entendre.
C'est une tactique de vol que seuls les meilleurs pilotes puissent se permettre. Le signal est donné dans nos casques, et je détache ma ceinture. Les soldats m'imitent. Nous sommes sept dans cet hélico, sept dans un autre et encore cinq qui nous suivent. Sans compter ceux qui débarqueront par la mer.
Plusieurs frappes aériennes vont avoir lieu à Tripoli, en Somalie aussi. Des frappes aériennes, des escadrons lâchés parmi les civiles et aussi, nous avons prévu des attaques plus centrées, comme celle que nous allons faire.
Cette nuit, nous attaquons la villa d'une figure importante d'Al-Qaïda. C'est très dangereux et risqué pour mes hommes.
Retenant notre souffle, le visage camouflé et nos armes chargées, nous nous regardons une dernière fois avant l'assaut.
Le bruit des pales de l'hélicoptère résonne dans ma tête lorsque nous enlevons nos casques. Les rafales de tirs à l'extérieur de la maison nous chargent, et, après avoir ouvert la porte, nous ripostons avec une précision des plus déconcertantes pour les voir s'écrouler chacun à leur tour. L'hélicoptère descend entre les hauts murs qui entourent la villa, et, un à un, nous sautons avant qu'il ne se pose au sol.
Ça y est : l'assaut est donné.
Des enfants hurlent, imités par leur mère, brisant le silence de la nuit. Une d'entre elle sort une arme de sa djellaba et me vise. Je l'abats sur place, avant de courir contre la façade pour me protéger d'une riposte qui pourrait venir de je ne sais où. On nous a toujours appris à nous méfier. Une femme peut être aussi redoutable qu'un homme, la preuve en était bien là. Et avec eux, vaut mieux pas se laisser attendrir par un pauvre gamin qui nous tendrait la main. Ils n'hésitent pas à ceinturer leurs gosses d'explosifs, comme c'est la mode ces dernières années. Deux soldats américains regroupent les enfants d'un côté, ordonnant aux femmes de s'allonger ventre contre le sol, les mains en évidence. Un coup de bélier dans la porte de la maison suffit à la faire céder. Les tirs des ennemis retentissent, les nôtres fusent.
L'odeur âcre du sang se mélange à la poussière qui vole dans l'air. Des cris résonnent dans la villa, des corps s'effondrent. Nous grimpons les marches étroites sans attendre. Il fait sombre, nos souffles sont hachés par l'adrénaline qui coule dans nos veines.
—R.A.S !
—R.A.S !
Les miens hurlent ces trois lettres afin d'éviter d'envahir les pièces inutiles.
Je m'arrête au fond d'une chambre, devant une porte blindée. Il est là. Il se planque tel le sale rejeton de l'humanité qu'il est.
On l'a... Presque.
—On doit faire sauter la porte !
Je recule, laisse les démineurs poser les artifices.
Des hurlements se font entendre en bas, des tirs résonnent encore. Je cours dans les escaliers, saute par-dessus les cadavres au sol, laisse aux autres équipes tuer cet homme, commanditaire d'attentats dans diverses ambassades.
Je tire sur un vieillard qui vient de toucher un de mes hommes. Il tombe dans la flaque pourpre, m'injuriant dans sa langue natale en maintenant sa jambe, dont le sang dégouline.
Je fonce sur Pat, pousse mon arme dans mon dos et le traine sur le sol pour l'éloigner.
—Ça va aller, ça va aller mon gars.
Du sang coule de sa tempe, de sa bouche. Je le hisse sur mes épaules, nous sors en vitesse de là et cours jusque dans la cour. Un homme de mon escadron est blessé, et pour moi, cela veut dire que la mission n'aura pas été parfaite. Je dois le mettre à l'abri.
A peine sorti de la maison, l'explosion de la porte blindée fait trembler les murs et seulement quelques secondes plus tard, une rafale de tirs déchire le court silence qui était revenu.
—Opération terminée !
—Opération terminée !
—Opération terminée !
Je ne peux empêcher mon sourire d'étirer mes lèvres, et les deux soldats qui entourent les enfants et femmes hurlent à la victoire. C'était exactement comme j'aime : rapide, net, et précis. Mais ce n'est pas terminé : maintenant, nous devons nous grouiller de ramasser le maximum de preuves. Je laisse Pat entre les mains de Romuald et cours à l'intérieur aider l'équipe à fouiller, ramasser le plus de documents. Deux de mes frères d'armes portent le corps sans vie d'Abulka Majuina pendant que je fouille les nombreuses caisses éparpillées dans la pièce. Des plans, des plans, il y en a des tas. Des plans de leur baraque de merde, des plans d'attentats prévus aux quatre coins du monde. J'en ramasse le plus possible, cours dehors rejoindre un des hélicoptères qui décolle déjà.
∞
Je soupire profondément, je suis crevé. Cette mission m'a retourné les tripes. Pat ne risque pas sa vie et c'est un réel soulagement même si les images de cette nuit restent gravées dans ma tête. Tyler vient me rejoindre sur le pont, s'allume une clope et me tends son briquet pour que j'en fasse de même. Je crache la fumée, le regarde en souriant.
—T'as l'air retourné.
Il hoche la tête, s'appuie à la rambarde. Il est nouveau ici, c'est sa première grosse mission du genre, donc je le comprends.
—Ouais... j'ai tué un homme. Et même si c'est mon métier et qu'ils sont nés pour être tués, je ne sais pas... Je me sens bizarre de l'avoir vu s'écrouler en sang.
J'acquiesce, tire une taffe sur ma clope en fixant l'étendue d'eau devant nous.
—Tu sais, dans ce genre de missions, commencé-je, si tu ne les tues pas, c'est eux qui le feront. J'ai abattu une femme. Probablement une mère de famille. Mais elle était armée et me visait. C'était soit elle, soit moi. Dans notre métier, tu vivras des choses complètement marquantes, d'autres traumatisantes mais dis-toi qu'être un Seals, c'est ça aussi. Nous protégeons nos collègues, mais pas seulement. Une patrie entière est derrière nous. Et pour une première mission, t'as géré comme un chef.
—Merci mon commandant.
—De rien. Téléphone à ta mère, dis-lui qu'on rentre chez nous.
—Merci mon commandant.
Je me retourne lorsqu'il part et aspire une dernière taffe sur ma clope. Après cette mission réussie, nous avons eu l'ordre de rentrer plus tôt. C'est beaucoup plus prudent pour nos troupes qui sont fatiguées. J'ai pris la décision de ne rien dire à Elisa. J'ai envie de lui faire la surprise mais en même temps, j'ai la trouille de la revoir. Notre attirance sera-t-elle toujours aussi forte ? Voudra-t-elle aller plus loin avec moi ? J'espère. Parce qu'elle m'a terriblement manquée.
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