Chapitre 78 : 1975 : La découverte de Grace

Le professeur Flitwick arriva à leur rencontre, se léchant les babines après avoir terminé son dessert.

— Merci, jeunes gens, déclara-t-il. Rejoignez votre prochain cours, je prends le relais.

Mona et Clive s'éloignèrent ensemble après avoir salué leur professeur.

— Il faut que j'aille prendre mon livre de cours, annonça Clive. On se revoit en classe de défense contre les forces du mal. 

— Oui, à tout à l'heure.

Mona lui adressa un signe de la main et monta les escaliers qui devaient la mener au cours de défense contre les forces du mal. Tandis qu'elle montait les marches, elle se rendit compte que Clive était plutôt mignon. Il était sympathique, drôle... À bien y réfléchir, Mona se dit qu'elle avait peut-être un béguin pour lui.
Ben voyons, et un de plus à ta liste, c'est le combien, quinzième ? À la réflexion, il n'est pas si bien que ça, je retire ce que j'ai dit.
Mona arriva au bon étage, arpenta les couloirs et tomba nez à nez avec Lily qui débouchait d'un autre couloir.

— Alors ? Vous vous êtes fait attaquer par une bande de troisièmes années qui n'auraient pas travaillé leurs cours ? demanda Lily.

— Non, répondit-elle, c'était très calme.

— Ça va, t'étais avec Clive, c'est un gentil garçon.

Une idée traversa l'esprit de Mona : elle devait déjà partager son béguin pour Bertram avec Grace. Est-ce qu'elle allait devoir partager celui de Clive avec Lily ?
Ben voyons.

— Oui, admit Mona.

— Ce n'est pas comme travailler avec Mulciber, sinon je pense qu'en ce moment tu brandirais un crucifix en disant "Arrière Sang-de-Bourbe".

Elle mima le geste, ce qui fit éclater de rire Mona.

— Attends, intervint Mona. Il y a deux gamins de première année qui ont fait ça à Lorcan, le pote à moitié vampire de mon frère Hugh. Sauf qu'ils avaient crié "Arrière vampire" et qu'ils ont brandi de l'ail confit à l'huile d'olive.

À son tour, Lily éclata de rire.

— Ce ne sont pas les deux mêmes qui se lancent dans des missions périlleuses avec le Chevalier du Catogan ?

— Si, ça doit être eux. Mais il y a pire.

— Oui, toi, dit Lily. Le jour où tu as fait l'une de tes expériences avec Rogue et que tu t'es retrouvée suspendue par la chaussure en haut de la tour des Gryffondor.

— J'avais complètement oublié cette histoire, dit Mona en ricanant.

— Severus m'avait envoyé un message par hibou : "Regarde par la fenêtre et aide-nous".

— On a eu de la chance de ne pas se faire prendre lorsque je suis sortie par la salle commune des Gryffondor.

— Le pauvre Severus qui attendait derrière la porte, tout penaud, raconta Lily avec nostalgie.

Pourquoi je n'ai pas eu le droit d'assister à ça, moi ?

— Parce que c'était lui qui m'avait envoyée là, rappela Mona.

Soudain, le sourire de Lily se figea. Elle regarda un point derrière Mona. La Serpentard se tourna vivement. Grace était plantée au milieu du couloir.
Sacrebleu ! Elles vont se battre ! Ça va saigner ! Que l'aube soit rouge !
Non, attendez, c'est Grace, je retire ce que j'ai dit, on range les épées, les boucliers et les sabres lasers.

— Tu ne m'as pas raconté cette histoire, dit-elle à Mona. Elle avait pourtant l'air très drôle.

— Je... commença Mona.

— Elle sait que tu méprises les gens comme moi, coupa Lily devant l'hésitation de Mona. Elle ne voulait sûrement pas te blesser. Enfin, je crois, c'est la première fois qu'on en reparle depuis que cela s'est produit.

Ouh la menteuse, elle est amoureuse !
Lily lança un regard à Mona, qui se pressa d'acquiescer.

— Ne me prenez pas pour une conne, vous aussi, dit Grace. Mona, je sais que tu es aussi une bonne amie de Rogue et, visiblement, tu connais aussi très bien Evans. Je me suis demandé pourquoi elle nous suivait après l'enterrement de ton grand-père ; votre amitié est une bonne raison. Avec le doute sur la pureté de ton sang, Mona, c'est normal que tu n'éprouves pas ce sentiment de supériorité qui anime les vrais sang-purs. Je ne t'en veux pas, tu as le droit d'avoir des amies étranges et bizarres, mais ne me demande pas de t'accompagner lorsque vous vous verrez.

Elle leva la tête bien haute, toisa Lily, et tourna brutalement le dos aux deux filles avant de s'éloigner.
Waouh, quel discours, pendant un instant, c'est vrai que t'as pas paru conne. Sauf que la salle de classe où se déroulera ton prochain cours, l'endroit où tu allais à la base, se trouve derrière Lily et Mona.

— Eh bien, dit Lily.

— Ça devait arriver tôt ou tard, répondit Mona, inquiète.

Plusieurs élèves commencèrent à arriver. Lily et Mona s'écartèrent par réflexe. James et sa petite bande suivaient, pas très loin.

— Voilà la plus belle, dit-il à Lily. Et la plus drôle, ajouta-t-il en direction de Mona.

— C'est nul d'être drôle pour une fille, déclara Mona.

— J'y peux rien si t'es nulle, dit James.

Mona sourit, jusqu'à ce qu'elle se rende compte que Sirius éclatait de rire. Elle se tourna vers lui et lui adressa un regard noir. Il cessa aussitôt de s'esclaffer. Peter regarda ce manège avec inquiétude.
Et là, Sirius repoussa ses amis, fondit sur Mona et lui roula la pelle du siècle !
Eh ben non, hein ! Fausse joie ! Comment je vous ai eus, vous y avez tous cru !

— Prête à enfin réaliser ton exploit ? demanda James.

— Peut-être, répondit Mona.

— Lily y est déjà parvenue, dit-il.

— Pour une fois que j'arrivais première quelque part, il a fallu qu'elle me pique la place en sortilège. La méchante.

Lily esquissa un imperceptible sourire. Après quelques instants, le professeur Sheldon sortit dans le couloir. Il haussa les sourcils aussi haut qu'il le put et montra d'un large geste l'entrée de sa classe. Les élèves entrèrent un à un et s'installèrent à leur place habituelle. Grace entra dans la salle en dernier et vint s'asseoir auprès de Mona.

— Chiche qu'il nous traite de cornichons dans les dix premières minutes.

— Non, murmura Mona. Il ne tiendra pas cinq.

Elles échangèrent un sourire, et Mona sentit un immense soulagement de savoir que Grace ne lui en voulait pas.
Dommage, j'aurais bien aimé te voir combattre contre Grace. Je t'imagine lui balançant des sortilèges saugrenus pendant que la blondasse sautillera sur place en hurlant à chaque égratignure.

— Inutile de vous éparpiller, annonça le professeur Sheldon. Levez-vous, nous aurons aujourd'hui notre dernier cours concernant les patronus. Pour ceux qui n'y arriveront pas aujourd'hui, eh bien tant pis pour eux.

Les élèves se levèrent et rejoignirent le fond de la classe. Mona leva sa baguette et chercha un souvenir heureux, n'importe lequel. La naissance de Bill, par exemple. Meredith était tellement excitée ce jour-là. Elle avait même oublié la moitié du bon protocole à avoir en public.

— Spero Patronum.

Aucun résultat satisfaisant. L'anniversaire des trois ans de Hugh, c'était une très belle journée. Marine Moon avait la grippe, et Edgar était retenu par les affaires. Une belle journée.

— Spero Patronum.

Une fumée blanchâtre peu concluante sortit de la baguette de Mona. Elle regarda autour d'elle en quête d'un meilleur souvenir. Il lui fallait peut-être quelque chose de plus récent. Elle vit Rogue, qui faisait semblant de jeter son sortilège ; il échangea un regard avec Mona et haussa les épaules. Lily, de son côté, exhibait son patronus en forme de biche. Elle sourit à Mona. James et Sirius Black se battaient avec leurs baguettes comme s'il s'agissait d'épées d'escrime. James fit semblant d'avoir été mortellement touché lorsqu'il vit que Mona regardait dans sa direction. Dans le patronus de Clive, l'ombre d'un fennec apparut aux yeux de Mona. Le garçon lui fit un signe encourageant. Irène commençait à s'énerver contre ses échecs répétitifs ; elle donna un coup de pied dans une table et, aussitôt après, une expression de douleur apparut sur son visage. Mona lut sur ses lèvres "ça fait mal". Grace se grattait le nez avec sa baguette magique, plongée dans ses souvenirs, puis elle murmura "Bertram" en direction de Mona avant de lancer un sortilège peu brillant. Bertram... Il était une année en dessous, pourtant ils avaient un point commun avec toutes les personnes que Mona venait d'observer. Elle leva sa baguette et prononça avec force :

— Spero Patronum !

Un sanglier translucide sortit de sa baguette et fit le tour de la pièce en courant à toute allure. Mona, émerveillée, le regarda revenir vers elle. Elle le caressa, puis après quelques secondes, il disparut.
Tu as donc une part d'Obélix en toi, c'est bon à savoir.

— Et un cornichon de moins ! s'écria le professeur Sheldon.

Mona releva la tête et remarqua sans surprise que tous les regards étaient tournés vers elle. Elle haussa les épaules et adressa des sourires contrits à ceux qu'elle avait observés quelques secondes plus tôt.

— Alors ? demanda Grace lorsque les regards se détournèrent. Tu as fait comme moi ? Tu as tenté Bertram ?

— Non, répondit Mona. J'ai utilisé un souvenir de quelques jours.

— Lequel ?

— Celui où tous mes amis sont venus me réconforter après l'enterrement d'Augustin.

C'est d'un classique ! Hé, attendez ! Mais c'est la fin de cette année ! Mais je veux pas partir maintenant, moi. Pas le choix ? Bon tant pis, vous allez me manquer, mon public !

Fin d'une année en 1975
À suivre : une année en 1976


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