Chapitre 77 : 1975 : Abricots rôtis
Rogue resta silencieux durant de longues secondes à regarder Mona.
— Ah ?
— Oui, donc si Clive a pu trouver des renseignements de ce genre sur les Patronus, je me suis dit que tu n'aurais pas de mal à en trouver et à comprendre pourquoi tu as également fait apparaître une biche.
Mon dieu, qu'elle est naïve !
Rogue éclata de rire.
Et ça, ça fait peur !
— Mona, ce que tu peux être...
Naïve, tu peux le dire.
— Aveugle parfois, dit-il.
— Comment ça ?
— Même ton pote Potter a compris, révéla Rogue calmement.
— Compris quoi ?
— Compris que... j'aime Lily.
Mona resta interloquée un instant.
— Oui, moi aussi je l'aime, dit-elle. Ses amies aussi l'aiment... James aussi... ses parents...
Sa voix baissait à mesure qu'elle parlait.
Elle a enfin compris.
— Tu l'aimes, conclut Mona. Comme... tu es amoureux ?
— Bon, ben moi, je vais manger, déclara Rogue en attrapant ses affaires.
— Non, attends, tenta Mona alors qu'il ouvrait la porte.
Sacrebleu, voilà une scène fort intéressante ! Mais que va-t-il se passer ? Rogue va-t-il se marier avec Lily ? Lily va-t-elle comprendre que James est aussi amoureux d'elle ? James va-t-il jouer à saute-mouton avec Clive ? Clive sera-t-il le futur mari de Mona ? Mona aura-t-elle une vache baptisée Sirius ? Sirius offrira-t-il des haricots à Terence ? Tout cela, vous ne le saurez pas dans le prochain jour !
Jour 7
— C'est ce que Lily me disait l'autre jour, le fait d'être séparés en quatre maisons nous ligue les uns contre les autres, expliqua Mona.
— Lily ? répéta Grace. Quelle Lily ? Lily Evans ? Pourquoi est-ce que tu parlerais de ce genre de choses avec elle ?
Mona manqua de recracher son abricot rôti. Comment avait-elle pu être si négligente et prononcer le nom de Lily ? En face d'elles, Rogue avait relevé la tête, il regarda autour de lui pour vérifier que personne d'autre à la table des Serpentard n'avait surpris la bourde de Mona.
— Elle est préfète, répondit vaguement Mona. Moi aussi. Il nous arrive de parler quand on s'ennuie. Et vu qu'elle est à Gryffondor et moi à Serpentard, nos conversations sont assez superficielles. Le plus souvent, enfin, les rares fois où l'on se parle, c'est au sujet de nos trucs de préfets ou de cette répartition pas toujours saine.
Une goutte de sueur perla sur le front de Mona. Elle jeta un coup d'œil à Rogue, son visage était impassible.
— Mouais, répondit Grace en fronçant les sourcils.
Mona fit tourner son abricot dans son assiette et le coupa avant de l'approcher de sa bouche.
— L'un de vous deux a réussi son Patronus ? demanda Grace à Mona et Rogue.
Rogue jeta un coup d'œil à Mona avant d'ouvrir la bouche pour répondre, mais Grace reprit la parole sans lui laisser le temps d'émettre le moindre son.
— Je sais que vous bossez ensemble, je ne suis pas complètement idiote non plus.
Grace, Grace, Grace, comment te dire ? Ils sont potes depuis leur deuxième année, c'est la cinquième et tu ne t'es toujours rendu compte de rien. Donc... Tu es complètement conne.
— Je n'ai pas réussi, expliqua Mona, mais Rogue oui.
— Non, corrigea-t-il vivement. J'ai obtenu de bons résultats, mais pas de Patronus corporel.
Patronus de Rogue = biche = Lily = Rogue amoureux de Lily. Pendant une seconde, Mona avait oublié cette information capitale.
— Oui, c'est vrai, dit Mona. Elle le regarda à nouveau avec des yeux éberlués.
Rogue poussa une sorte de grognement et Mona se reprit aussitôt. Elle regarda sa montre pour détourner son attention. Il lui restait encore beaucoup de temps avant le début du cours de défense contre les forces du mal.
— T'avais pas un truc de préfète à faire ? demanda subitement Grace.
— Une ronde dans le couloir des enchantements, dit Mona machinalement. Les troisièmes années ont un devoir important, les professeurs ont peur qu'ils saccagent la salle de classe pour sécher le cours.
Mona, on dirait, enfin moi je dis ça comme ça, que ton cerveau fait un blocage, ne me demande pas lequel. T'as juste un truc qui déconnecte.
— Ce n'était pas pour ça que tu te plaignais de ne pas avoir le temps de finir ton dessert ?
— Si, dit Mona en enfournant la petite cuillère dans sa bouche.
— Et c'est quoi que tu manges ?
— Des abricots rôtis avec de la glace à la vanille, dit Mona en savourant une nouvelle bouchée de glace.
— Ça ne serait pas le dessert, justement ? suggéra Grace.
Perso, j'ai compris où ça bloque !
Mona regarda son amie, écarquillant les yeux. Elle avait encore la cuillère dans la bouche lorsqu'elle retroussa de sa main droite,son poignet gauche qui cachaitsa montre. Elle recracha violemment sa cuillère sur la table et sortit en quatrième vitesse. Elle attendit d'être dans le hall pour se mettre à courir en direction du couloir des enchantements. Elle arriva toute essoufflée devant Clive Hunting, qui avait sorti sa baguette.
— Je... souffla Mona, épuisée. Je suis là !
— Et à moitié morte, fit remarquer Clive.
— Ouais, admit Mona en s'approchant d'une fenêtre pour s'accouder à son rebord.
— Tu ne voulais pas rater le dessert ? suggéra Clive.
— J'ai dû abandonner la moitié de mon assiette quand je me suis souvenue de ce truc.
— Au moins, tu as pu goûter.
Elle a même pu recracher sa petite cuillère sur la table avec toute l'élégance d'une mademoiselle Moon. Oh non ! J'y pense, Terence a dû assister à ça ? Et je n'ai même pas pensé à vérifier s'il n'avait pas une tête de Bob l'éponge desséché.
Mona acquiesça et son regard tomba sur la baguette magique de Clive.
— Tu as eu des ennuis ? demanda-t-elle en désignant la baguette.
— Je pensais, mais en fait, c'était toi qui courais, dit Clive, gêné.
— Dis que je fais beaucoup de bruit tant que tu y es !
— Tu fais beaucoup de bruit, dit-il avec un sourire.
— Pfff ! Allez, viens, on va faire notre travail de gentils préfets.
Il est plutôt gentil, ce garçon, il se fout de ta gueule mais pas trop. C'est un bon élève, pas un futur Mangemort. Pas du tout le genre de type pour qui tu pourrais avoir le béguin.
Ils commencèrent à marcher de long en large dans le couloir des enchantements.
— Est-ce qu'on doit s'attendre à voir l'un de tes exploits durant le cours de défense contre les forces du mal ?
— Je ne pense pas, dit Mona. Je n'ai pas arrêté de m'entraîner, et toujours pas de Patronus corporel. Je me demande ce que sera le mien. Pas toi ?
— Non, je ne me demande pas ce que sera ton Patronus, dit Clive.
Mona soupira avec un sourire amusé.
Commence à m'énerver, ce lascar ! Y'a que moi qui ai le droit de me foutre de Mona.
— Je pense que le mien sera peut-être un fennec, raconta Clive. C'est ce à quoi ressemblaient les vagues formes que j'ai pu apercevoir. Et toi ?
Fennec ? Ça pue, ces bestioles.
— Les formes que j'ai vues étaient beaucoup trop vagues pour discerner quelque chose.
— À ton avis, ça pourrait être quoi ?
— Un coléoptère, un hippopotame, une vache... que sais-je encore !
Le professeur Flitwick arriva à leur rencontre, il se léchait les babines après avoir terminé son dessert.
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