1975 : Jour 4 : Funérailles de Séduction

Jour 4

Mona bailla longuement sans aucune retenue.

– Dis donc, reprocha Terence.

– Y'a personne, rappela Mona.

Effectivement, à sept heures quarante-cinq un samedi matin, personne ne déambulait dans la salle commune des Serpentard. Tous étaient encore profondément endormis.

– Bon, qu'est-ce qu'il fait ? râla Terence.

– Ne t'inquiète pas, la poudre de cheminette ne partira pas sans nous, fit remarquer Mona.

– Ce n'est pas une raison.

Elle s'affala sur un canapé près de la cheminée. Des bûches y avaient récemment été déposées, sûrement par des elfes. En se rappelant le nombre d'elfes qu'elle avait vus la veille dans les cuisines, Mona réalisa qu'elle n'en avait jamais croisé aucun dans le château. Chez elle, Mona cherchait souvent la compagnie de Tutic, l'elfe de maison de la famille.

– Va le chercher, suggéra Mona, les yeux fermés.

– Je l'ai déjà réveillé, dit Terence.

– Tu as donc accompli ton quota d'aide à la famille pour la journée.

Les yeux toujours fermés, elle sentit Terence se retourner vivement vers elle, furieux. Mona ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

Il va exploser, le frérot.

– Le surdoué de la famille ne devrait plus tarder, arrête de paniquer, dit Mona.

– Je suis le surdoué de la famille ? dit une petite voix.

Mona rouvrit les yeux pour voir son petit frère, Hugh.

C'est pas encore aujourd'hui qu'on verra Terence exploser.

– Je disais ça pour te faire venir, mentit Mona.

– Ouais, c'est ça, dit-il.

– On ne dit pas "ouais", reprit Terence.

– Ouais, il a raison, dit Mona à Hugh.

Il sourit à sa grande sœur, tandis que Terence levait les yeux au ciel.

– On peut y aller ?

– Se coucher ? Bien sûr, dit Mona en feignant de vouloir rejoindre son dortoir.

– Non, on va être en retard, dit sérieusement Hugh en regardant sa montre.

Mona regarda ses frères avec déception et finit par les suivre hors de la salle commune.

– Quelqu'un d'autre est malade dans la famille ? demanda Hugh à voix basse.

J'espère que Marine l'est en tout cas. Dommage qu'on soit en 1975, on lui aurait refilé la grippe A, la grippe aviaire ou le covid.

– Non, répondit Mona. Tout le monde pète le feu.

Elle voulait le rassurer, mais réalisa après quelques instants que ce n'était peut-être pas une bonne idée. S'il devait y avoir un autre décès, autant que Hugh y soit préparé.

– En fait, je crois que Fidel n'est pas très bien, confia Mona.

Terence regarda sa sœur avec un air neutre.

Alors, le Fidel, il n'est pas malade mais alcoolique. Le fait que sa petite sœur ait déshonoré la famille il y a plus de trente ans lui a miné le moral, le pauvre. Bref, le monsieur est un grand tonton pour nos trois loustics ici présents. C'est le fils aîné d'Augustin, un joyeux nazi comme le patriarche décédé. Enfin joyeux... c'est une façon de parler. C'est un con, lui aussi.

– Fidel, répéta Hugh. D'accord. Quelqu'un d'autre ?
– Non, à première vue, notre famille est en bonne santé.

Je me dois de faire une petite éclipse dans le texte. Oui, je sais, j'en fais souvent, mais que voulez-vous, j'adore ça ! Les Moon ont beau être en bonne santé, cela ne veut pas dire que certains d'entre eux ne pourraient pas mourir. Non, mais je dis ça parce que si vous imaginez que la mort d'Augustin n'est qu'une exception, dites-vous que non, en fait. Parce que... ben, parce que voilà. Je ne vais pas vous raconter la suite non plus, faudrait pas pousser.

Mona arriva la première devant la porte du professeur McGonagall. Hugh étouffait un bâillement tandis que sa grande sœur toquait à la porte.

– Entrez, ordonna la voix de l'enseignante.

Mona ouvrit la porte, le professeur et Peter se tenaient près de la cheminée.

– Bien dormi ? demanda-t-elle.
– Oui, répondit Mona tandis que Hugh étouffait un nouveau bâillement.

Mona fit un petit signe de la main à Peter, il leva la tête en guise de réponse.

– Bien, dit McGonagall. On ne va pas lambiner, cela ne sert à rien. Pettigrow, allez-y le premier.

Il prit une poignée de poudre de cheminette et s'avança un peu plus près de la cheminée. Juste avant d'entrer dans l'âtre, il se tourna vers ses cousins.

– À tout à l'heure, lança-t-il.

Mona acquiesça et ne put s'empêcher de sourire.
Tu souris pourquoi ? Parce qu'il a prononcé quatre mots dans ta direction ? T'es pathétique, ma pauvre fille, c'est un con, reconnais-le.
Peter jeta la poudre à ses pieds. Quelques secondes plus tard, il avait disparu.

– À qui le tour ? demanda l'enseignante.
– À Terence, répondit aussitôt Mona. Hugh ira entre nous.

Terence se tourna vers sa sœur, visiblement peu content qu'elle prenne seule des décisions si brusques. Il s'avança cependant vers le pot qui contenait la poudre. Hugh l'imita l'instant d'après. Mona paniqua légèrement de voir son jeune frère entouré par les flammes, mais il prononça parfaitement sa destination et disparut. Mona s'avança alors vers la cheminée et prit de la poudre.

– Bonne journée, professeur, dit-elle.
– Oui... commença l'enseignante.

Ne lui réponds pas "à vous aussi", elle va à un enterrement à la base.

– Saluez Meredith pour moi.

Mona redressa la tête, acquiesça et entra dans l'âtre.

– Rue de Constantinople ! dit-elle.

Mona tourna sur elle-même dans les flammes vertes. Après quelques secondes, elle vit le salon de ses parents devant ses yeux. Mona sortit de l'âtre et avança vers sa mère qui se tenait entre ses deux frères.

– Bonjour Mona, dit-elle.
– Bonjour mère, répondit Mona.
– Votre père est parti travailler, dévoila-t-elle. Il nous rejoindra plus tard.
– J'ai faim, dit Hugh.
– Tutic vous a préparé à manger.
– On peut manger dans la cuisine ? quémanda Mona avec espoir.
– Non, répliqua Terence. On n'est pas des domestiques. On mange dans la salle à manger.
– La table est déjà prête dans la salle, coupa Magda.

En même temps, c'est logique, tu fais la cuisine dans la cuisine et tu manges dans la salle à manger.

Ils s'avancèrent vers la salle à manger. Tutic, l'elfe de la maison, était en train de déposer une corbeille pleine de viennoiseries sur la table.

– Tutic ! s'écria Mona en se précipitant vers l'elfe de maison.
– Bonjour, mademoiselle, répondit-il avec un grand sourire.
– Tu nous as préparé quoi de bon ? demanda Mona en s'agenouillant pour se mettre à la hauteur de l'elfe.
– Les gaufres préférées de Hugh, les pancakes préférés de Terence et...

Il ralentit légèrement le ton pour faire monter le suspense.

– Des muffins au chocolat et aux noix.

Mona poussa un cri de joie. Après quelques secondes, elle se tourna vers sa mère et ses frères installés à table. Ils regardaient Mona avec désapprobation. Mona se racla la gorge, se leva et vint s'installer à table.
Ta mère ne doit pas du tout être vexée de voir que tu es si contente de revoir Tutic. C'est à peine si tu lui as dit bonjour.

– Comment se passent vos cours ? demanda Magda une fois que tout le monde fut correctement attablé.

Hugh répondit en premier. Lorsque ce fut le tour de Mona, elle parla principalement de ses cours de sortilège. C'était le seul moment de la semaine où elle parvenait à rapporter des points à sa maison.

– Et toi, Terence ? J'ai encore reçu un avertissement la semaine dernière, dit Magda. Quand cesseras-tu de hurler dans les couloirs ?
– C'est pas de ma faute, se défendit-il. C'est cette gourde d'Irène Clay ! Elle est insupportable.
– Tu dois pourtant bien t'entendre avec elle, dit Magda. Son père occupe un haut poste au ministère et ses oncles pourraient nous aider.
– Je sais, dit Terence. C'est pour ça que je fais des efforts et que j'essaye d'améliorer notre relation. Mais rien n'y fait, elle est profondément agaçante. Pire que Mona.
– Hé ! râla Mona. Moi, je m'entends merveilleusement bien avec Irène, alors elle ne dira pas trop de mal sur notre famille malgré le déshonneur que nous apporte Terence.

Vengeaaaaaaaance !
Elle adressa un petit sourire à son frère qui semblait sur le point d'exploser.

– Moi aussi j'aime bien Irène, déclara soudain Hugh. Lorsque je dois parler à une personne de la liste, j'adore la choisir. Je n'ai pas besoin de meubler la conversation, elle s'en charge pour nous deux.

Magda adressa un sourire bienveillant à son fils cadet. Mona ne put s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie. Terence, qui fixait son pancake, semblait dans le même état.

– À quelle heure est l'enterrement ? demanda soudain Mona.
– À onze heures, répondit Magda en remplissant les verres de jus de betterave. J'ai confectionné de nouveaux vêtements pour l'occasion. Augustin était très connu dans la communauté sorcière. Je pense qu'il y aura du beau monde.

Du beau monde ? Genre, y'aura un tapis rouge pour les mener au cercueil ?

– En tout cas, les Malefoy seront là, annonça une nouvelle voix.

Tous les quatre se tournèrent vers Edgar Moon. Il se tenait dans l'encadrement de la porte et toisait ses enfants.

– Tes cheveux sont trop longs, Hugh, dit-il.

Hugh frotta la pointe de l'une de ses mèches entre deux doigts.

– Je les aime bien comme ça, dit-il à voix basse.
– Et les tiens trop courts, Mona, reprit Edgar en ignorant son fils. Tu n'es plus une petite fille, tu dois avoir les cheveux longs.

Mona regarda son reflet dans le grand miroir posé sur le buffet. Ses cheveux lui tombaient juste au milieu de la nuque. Elle les trouvait elle aussi très bien comme ça. Ça ne lui prenait pas trop de temps à les coiffer et leur longueur lui permettait de ne pas aller trop souvent se les faire couper. Terence n'avait reçu aucune remarque, son visage affichait un petit air satisfait.

– Comment sais-tu que Malefoy sera là ? demanda Magda.
– Il me l'a dit à l'instant, répondit Edgar.
– Il va faire affaire avec la famille ? demanda-t-elle avec espoir.
– Non, il vient de refuser une nouvelle fois. C'est limite si je ne lui faisais pas peur en lui proposant cet investissement.

Magda devint pensive.

– Nous n'aurons pas encore de rentrée d'argent ce mois-ci, annonça Edgar.

Magda adressa un vague regard à son époux et replongea vers son muffin aux noix.

De longues minutes de silence passèrent. Le petit-déjeuner terminé, les trois enfants montèrent dans leurs chambres. En montant les escaliers, Mona s'arrêta devant une toile qu'elle avait toujours aimée : un simple paysage de peupliers. Elle remarqua que la signature en bas du dessin avait disparu et que le cadre semblait bien plus récent. Mona fronça les sourcils et observa les toiles voisines. Aucune n'avait de signature, et les cadres avaient tous été changés. Les tableaux originaux n'étaient plus là, remplacés par des copies.

Mona monta dans sa chambre, qui n'avait pas changé. Tutic y faisait toujours le ménage régulièrement. Elle s'avança vers la fenêtre pour observer la rue de Constantinople. Elle chercha les traces de craie sur le perron des voisins, mais elles avaient depuis longtemps été effacées par la pluie.

Ça fait cinq ans, après tout. On parle de craie, pas de la bêtise de ton père, ce n'est pas indélébile.

Mona jeta un coup d'œil aux vêtements sombres posés sur son lit. Elle reconnut la coupe de la robe qu'elle avait vue en photo dans le Sorcière Hebdo de Grace quelques semaines plus tôt. Sauf que cette fois, la robe était grise et sans motif, contrairement à la photographie où elle affichait une jolie couleur bleu ciel. Le reste de la tenue préparée par Magda était noir : le chapeau, les gants, les chaussures et le petit gilet en laine.

Et après, on s'étonne que les lecteurs me trouvent féminin. C'est de ma faute, je n'ai qu'à ne pas recopier le dernier numéro de Vogue !

Mona observa sa robe avec un regard appréciateur, puis elle retira sa veste.

Et nous, on sort. On va attendre dehors que cette jeune fille se change.

Lorsque Magda appela ses enfants depuis le rez-de-chaussée, Mona sortit de sa chambre, vêtue de la robe grise, tenant le chapeau à large rebord entre ses doigts gantés.

J'essaye de vous faire comprendre que Mona est juste hyper élégante.

Arrivée dans le salon, Mona se regarda à nouveau dans le miroir. Elle remarqua avec surprise que c'était la première fois que sa mère lui offrait une tenue qui mettait en valeur ses formes.

Même s'il n'y a pas grand-chose à mettre en valeur, t'es plate, jeune fille.

Terence avait dû le remarquer, car il fronça les sourcils en voyant la tenue de sa sœur.

— C'est un enterrement, pas un carnaval.

— C'est notre mère qui a choisi nos tenues, rappela Mona.

— Exactement, dit Magda en entrant dans la pièce. Et cette robe te va très bien.

— Merci, répondit Mona en essayant de mettre son chapeau correctement.

Magda vint à la rescousse de sa fille.

— N'hésite pas à le porter à la main dès que la cérémonie sera terminée, expliqua Magda. Ça t'occupera les mains, et on verra mieux ton visage.

Elle passa une mèche des cheveux de Mona derrière l'oreille, reposa le chapeau sur sa tête, puis finalement remit les cheveux de sa fille dans leur position initiale.

— On va te présenter du monde, avoua Magda après une hésitation.

Mona releva la tête.

— Moi, Terence et Hugh ?

— Surtout à toi, avoua Magda, mal à l'aise. Essaie de faire bonne impression.

— Pourquoi surtout à moi ?

— On anticipe. Tu n'as que quinze ans, ce n'est que de l'anticipation.

— Pardon ? fit Mona en semblant comprendre.

— De toute façon, si tu nous ramènes un James Potter ou un Gaïden Wilkes, tu n'auras pas besoin de nous.

— Pardon, répéta Mona d'une voix criarde. James et... ?

Elle se tourna violemment vers son frère.

— Toute l'école sait que tu as fréquenté James Potter, rappela Terence. Elle a pu l'apprendre par quelqu'un d'autre.

— Deux jours à peine ! rappela Mona. Personne n'aurait relaté un événement aussi insignifiant.

— Tu serais surprise du nombre de personnes que ça peut intéresser, révéla leur mère. Par contre, je veux bien savoir ce qui s'est passé entre toi et Gaïden ?

Mona baissa la tête, elle ne voulait pas parler de Gaïden, surtout pas avec sa mère.

— Rien du tout, avoua Mona.

— Pourtant, il te trouvait très intéressante à une époque.

— Plus maintenant, dit Mona en se souvenant que Gaïden avait regardé attentivement dans sa direction quelques jours plus tôt.

— Dommage. Le prochain, c'est qui ? J'aime beaucoup Sirius Black.

Et si je te disais qu'il a embobiné ta fille il y a deux jours pour lui rouler une pelle et lui foutre la honte après ? Ça la foutrait mal, non ?

— Il a l'air un peu rebelle, il pourrait comprendre certains de tes goûts en amitié et passer l'éponge sur ce petit défaut.

Rebelle ? C'est Mona la rebelle. Enfin, un jour... j'espère.

Mona réfléchit à quoi répondre.

— Il y en a d'autres de bien aussi, dit-elle. De toute façon, j'ai le temps.

— Oui, rassura Magda immédiatement. Tu as encore quatre ans.

— Pardon ? fit Mona en se tournant à nouveau vers sa mère, qui triturait toujours le chapeau.

— T'es habillée comme une dame, fit remarquer Hugh en entrant dans la pièce.

— Merci, dit Mona en oubliant momentanément les quatre ans qu'il lui restait.

Pourquoi tu dis merci ? Si ça se trouve, c'est Terence qui est habillé comme une dame.

— On y va, déclara Edgar en entrant à son tour. Allez, tout le monde à la cheminée.

Comme tu es ravi de revoir tes gamins, ça fait peur.

Une heure et demie plus tard, Mona avait mal à la mâchoire à force de faire des sourires, des sourires crispés de rigueur pour un enterrement.

— On m'a souvent parlé de vous, dit une dame dont Mona n'arrivait pas à se souvenir du nom.

Mona acquiesça bêtement, ne sachant trop quoi dire. Edgar entraîna la dame en question un peu plus loin après avoir adressé un clin d'œil satisfait à sa fille.

— Pourquoi est-ce qu'ils te présentent autant de monde ? demanda Ludo à côté d'elle.

— À ton avis.

— Ils commencent déjà ? s'étonna Ludo.

— Ils préparent le terrain.

— Tu vas devoir faire comme Molly et les devancer, dit-il.

Mona baissa la tête et garda les yeux fixés sur ses pieds. Elle remarqua vaguement une paire de chaussures vernies se placer de l'autre côté de Ludo.

— Excusez-moi, dit la jeune fille aux chaussures vernies. Je sais que ce n'est pas vraiment le moment approprié, mais est-ce que je pourrais avoir un autographe ?

Mona releva la tête et regarda son cousin. Il était à présent batteur dans l'équipe des Frelons de Wimbourne, il avait déjà acquis une petite popularité, ce qui finalement plaisait bien aux Moon.

— Effectivement, dit Ludo. Ce n'est pas vraiment le bon moment.

Le sourire de la fille aux chaussures vernies s'effaça soudain.

— Alors on va faire ça discrètement, ajouta Ludo, malicieux.

Un léger sourire revint sur les lèvres de la fille. Elle lui confia discrètement un stylo et un bout de parchemin.

— C'est quoi ton joli prénom ?

Il ne va quand même pas draguer à un enterrement ?

— Dave, répondit la jeune fille.

— Dave ? répéta Ludo. C'est étonnant pour une fille.

— C'est mon petit ami, l'autographe est pour lui.

Le sourire de Ludo se figea. Il gribouilla sur le parchemin et le rendit à la fille.

— Tu t'es fait avoir, dit Mona. Tu as pris le risque de te faire choper par les Moon pour rien.

— Ils sont trop occupés de toute façon, dit-il. Le corps est dans le trou et recouvert de terre, alors maintenant ils peuvent saluer les gens qui sont venus honorer Augustin et leur soutirer plus facilement de l'argent.

Mona leva la tête pour vérifier ses dires. Effectivement, tous les Moon étaient agglutinés autour de la terre retournée, mais plus aucun ne regardait vers le sol.

— Oh ! s'exclama Ludo. L'un des financiers de l'équipe nationale de Quidditch, je vais aller le saluer.

Mona ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

— Tu comptes te marier avec James ? dit une voix.

Mona se retourna et vit Peter, qu'elle n'avait pas remarqué jusque-là.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que tes parents et plusieurs autres Moon vont vouloir te marier comme il faut. Ils ne te laisseront pas le choix, sauf si tu fais toi-même un bon mariage. Comme pour Molly, ils n'avaient pas prévu que son choix ne serait pas si bon. James est un bon choix, et même si vous n'êtes plus ensemble, vous continuez de bien vous marrer.

— Non, je ne pourrais pas me marier avec James, déclara Mona.

— Pourquoi ? demanda Peter, étonné.

— Parce qu'il est amoureux d'une autre, rappela Mona. Et puis il est anti-Mangemort, même si mes grands-parents adoraient ça, mon père un peu moins.

Ils virent soudain Marine Moon venir vers eux, accompagnée d'une femme grande et élancée, coiffée d'un chignon strict sous un chapeau assez semblable à celui de Mona.

— Oh non, murmura Peter.

— Quoi ? demanda Mona à voix basse. C'est qui ?

Il ne put répondre, Marine arrivait déjà à leur hauteur.

— J'aimerais vous présenter Walburga Black, annonça-t-elle. Walburga est une vieille amie de Meredith.

Attends, si c'est la mère de Sirius et que Meredith est la grand-mère de Mona et compagnie, quel âge avait Mme Flippante quand Sirius est né ? Pire, à quel âge a-t-elle dû copuler pour que... beurk, non, je suis désolée, à partir d'un certain âge, ce genre de choses devrait être interdit.

— Bonjour, saluèrent Peter et Mona en chœur.

— Tu es donc Peter, l'un des amis de mon fils Sirius, dit Mme Black d'un ton hautain.

— Oui, admit-il.

— Et toi, tu es Mona, une fille très sympathique d'après ce que me racontent mes fils.

Mona retint un froncement de sourcil. Sirius la trouvait sympathique ? Elle se souvint bien vite que c'était l'une des clauses de son chantage.

— Lequel de mes fils préfères-tu ? demanda Mme Black sans détour.

Avec lequel préfères-tu te marier ? Le Mangemort qui va bientôt mourir ou le futur prisonnier qui se fout de ta gueule ?

— Je ne saurais dire, hésita Mona. Je connais mieux Regulus, je pense.

— Tu pourrais pourtant préférer Sirius. En plus, c'est un bon ami de Peter, cela faciliterait les choses.

Mona écarquilla les yeux.

Fais-toi passer pour folle, elle ne voudra pas d'une dingue comme bru. Je ne sais pas moi, miaule, imite ta chouette, dis que tu adores les rognons, le foie et la cervelle de porc. Débrouille-toi sinon tu vas te retrouver avec une alliance au doigt sans comprendre comment elle est arrivée là.

— Walburga ! s'écria Meredith en apparaissant auprès du groupe. Il me semblait bien t'avoir aperçue.

— Meredith ! Cela fait vraiment longtemps.

— Très, répondit-elle avec un sourire crispé.

Heureusement que Mémédith est là pour te sauver.

— Je faisais connaissance avec ta petite-fille, dévoila-t-elle. Qui sait, elle pourrait imiter sa grand-mère et épouser un Gryffondor ?

Wohoho ! Non mais ça va pas d'annoncer directement les choses comme ça ! Et que fais-tu de mon factice cœur ? Espèce de future vieille crieuse de tableau !

Mona fut prise d'une quinte de toux, elle s'excusa d'un geste et commença à reculer.

— Pardonnez-la, demanda Peter tandis qu'elle s'éloignait. Elle est un peu souffrante en ce moment. On étudie beaucoup en extérieur durant nos cours de soins aux créatures magiques. Elle a dû prendre froid.

C'est dingue comme il peut être sympa avec sa cousine... quand ses potes ne sont pas dans le coin. Étrange, ça ressemble vachement à l'attitude d'un traître, enfin moi je dis ça, je dis rien.

Mona remercia intérieurement Peter et fila se cacher près d'un bosquet où elle put continuer de tousser sans problème. Du coin de l'œil, elle observa sa grand-mère entraîner la mère de Sirius et Regulus à l'écart.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda la voix inquiète de Magda.

— J'ai avalé de travers.

— Pourquoi as-tu quitté si soudainement tes grands-mères et Mme Black ? corrigea Magda.

Parce qu'elle n'avait pas envie d'être la future Madame Black, et on peut la comprendre en voyant cette vieille peau.

— Pour éviter de leur postillonner dessus, expliqua Mona, un brin caustique.

— Lequel des fils Black préfères-tu ? demanda Magda sans détour.

— Mais pourquoi tout le monde me pose cette question ? s'irrita-t-elle.

— Il faut que nous sachions vers lequel te diriger.

— Aucun, révéla Mona.

— Aucun ? répéta Magda, déçue. Pourtant, Sirius...

— Encore moins lui.

— Donc tu préfères Regulus ! s'écria-t-elle triomphante.

— Non, enfin si, mais ce type est un idiot, il est gentil, mais il... il... il est trop facile à embobiner.

— Oh, dit Magda. Effectivement, ce ne serait pas un bon parti. Dans ce cas, je vais te présenter à Mme Mulciber.

HHHHiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

Elle commença à s'éloigner lorsqu'un petit cri de panique venant de sa fille la fit stopper.

On a dû crier en même temps ! On est synchrones, vraiment. De plus, c'était le même cri strident, le même cri... féminin... Oh purée, je crie comme une fille !

— Je préférerais encore Sirius Black à Mulciber.

Moi aussi, même s'il va finir en prison et disparaître derrière un voile.

— Il va pourtant falloir que tu trouves quelqu'un qui te convienne.

Mona se demanda soudain si la mère de Bertram Aubrey était ici.

Non, elle n'est pas ici, ni celle de James, ni celle... des autres mecs pour qui tu as le béguin ! Non mais !

— J'y penserai, mentit Mona.

— Bon, on va y aller, déclara Magda après un instant.

— On rentre ? demanda Mona avec espoir.

— Bien sûr que non. Marine organise un repas de famille.

Évidemment, la vieille biquette devait organiser un repas pour fêter sa nouvelle veuvitude ! Non, ça n'existe pas ce mot, mais je suis le narrateur de Mona, vous vous souvenez ? Je suis le type qui invente des mots et qui fait des interruptions de texte sans arrêt. Je fais aussi des avances rapides, comme ça : >>>>>>>>>

Mona se retint de pousser un long soupir de soulagement lorsque tout le monde fut convié à quitter la table pour rejoindre d'autres pièces plus confortables. C'était la dernière étape avant le départ. Dans le salon, Mona nota une petite différence dans la décoration : sur le portrait d'Augustin, un ruban noir entourait un coin du cadre. Elle se rendit alors compte que, malgré son enterrement, on avait peu parlé du défunt. Mona attendit que tout le monde soit plus ou moins installé pour choisir sa propre place. C'est alors qu'elle vit le groupe d'enfants se former, elle se pressa vers un canapé juste à côté d'eux. Elle n'aimait pas particulièrement leur compagnie, mais leur présence avait le don d'éloigner toute personne ennuyeuse, comme Marine, Edgar... Augustin... Mona sursauta. Lui, il ne l'embêterait plus à présent.

– Salut, cousine ! dit Bill en voyant Mona s'installer auprès d'eux. Tu joues avec nous ?

Oh, Bill Weasley, qu'il est mignon le petit bout ! Il a quel âge ? Cinq ans ? Oh, qu'il est trognon, le petit rouquin, avec ses toutes petites chaussures et son air facétieux. Je peux lui dire qu'il va se faire dévorer la tête par un loup-garou ? Quoi, j'ai cassé l'ambiance ?

– Non, merci, répondit Mona en songeant un instant à ce que dirait Edgar s'il la voyait s'amuser avec les enfants.

– Elle est trop grande pour jouer avec nous, fit remarquer Mazarine. Mon papa dit qu'elle va bientôt se marier.

– Rufus a dit ça ? demanda Mona avec une voix bien plus stridente qu'elle ne l'aurait imaginé.

– Il dit aussi que t'as pas de chance, dévoila Mazarine.

– Ah, il dit ça, ton papa ? demanda Mona, remarquant soudain que Mazarine ne devait pas appeler son père "papa", encore moins en public.

Mona s'imagina un instant appeler Edgar "Papa". Elle sourit à cette évocation plus qu'improbable.
Tu souris ? Moi, je me fends la poire, c'est juste... attends, j'imagine... Nan, y'a pas moyen, c'est trop fendard.

– Il dit quoi, ton père ? demanda Rufus Scrimgeour en s'approchant.

– Que Mona va bientôt se marier, répondit Mazarine.

Il eut un regard gêné. Charlie vint déposer un Lego dans les mains de Mona et repartit sans rien dire.

– La famille en parle beaucoup, tu t'en doutes. Surtout depuis que tu as fréquenté James Potter, déclara Rufus.

– Vous le savez aussi ? s'étonna Mona.

– On me l'a raconté, mais je n'avais rien demandé. Tu serais étonnée du nombre...

– De personnes que cela intéresse, finit Mona à regret.

Charlie vint déposer un nouveau Lego dans les mains de Mona.

– Tu sais, reprit Rufus après un instant, personne ne peut obliger quelqu'un à se marier.

– Suffit de trouver une personne convenable avant d'avoir un choix imposé, je sais, dit Mona, incapable de cacher son insolence.

– Tu peux aussi dire que tu ne veux pas te marier, expliqua-t-il.

– Pardon ?

– De la bonne manière, évidemment. Tu imposes de repousser l'échéance d'année en année, et quand tu as fait ton choix, tu l'imposes.

Mona écarquilla les yeux en regardant son cousin par alliance.

– S'il te plaît, reprit Rufus. Ne dis à personne ce que je viens de dire. Je peux affronter des Mangemorts, mais pas ton père et encore moins Marine Moon.

Mona sourit, et Rufus préféra s'éloigner avant de dire encore une fois trop de choses.
Il n'est pas si con, le futur ministre, c'est vrai, tu n'as qu'à dire non ! Tout simplement.
Charlie s'approcha de Mona, lui fit un grand sourire et lui donna un nouveau Lego. Mona lui sourit à son tour, et Charlie retourna à ses affaires. Elle regarda la pièce et les personnes qui l'entouraient. Finalement, elle chercherait bien une nouvelle compagnie.
Pourquoi ? Charlie ne va pas si vite, tu ne mourras pas ensevelie sous une montagne de Lego.
Peter était entouré de ses parents, Gareth et Marla Pettigrow, impossible de l'approcher. Idem pour Ludo, lui aussi entouré de ses parents, Devon et Mira Moon. Quoique, Mona les approcherait bien, après tout, elle avait toujours bien aimé son grand-oncle et sa grand-tante.
Moi, un petit igloo, ça me suffit.
Oui, c'est pourri, mais je devais la faire, j'étais obligé, c'était trop facile.
Mona s'apprêtait à se lever quand Charlie revint avec un nouveau Lego. Cette fois, William, âgé de deux ans, le suivait de près avec un autre Lego. Elle se retrouva avec un bon petit tas de Lego sur les genoux. Elle décida de les emboîter entre eux avant de tout faire tomber. Elle termina lorsque William lui apporta un nouveau Lego. C'est alors que Mona se souvint de l'histoire des deux parents de William, que Molly lui avait racontée. John Wrubel, d'origine allemande, avait été envoyé au collège de Poudlard dès sa onzième année pour se trouver une fiancée britannique. Les Wrubel étaient cousins avec toutes les familles allemandes de sang-pur. Miranda et lui étaient tombés amoureux à l'école. Ils avaient commencé à se fréquenter dès leur sixième année avec la bénédiction de leurs parents respectifs. Si seulement une chose comme ça pouvait arriver à Mona... Elle amorça un geste pour se relever lorsque son grand-père Ignatius vint s'installer à côté d'elle.
Rappel pour les nuls ! Ignatius n'est pas le vrai grand-père de Mona. Meredith a copulé on ne sait où avant le mariage.

– Tu construis un château fort ? demanda-t-il en désignant les Lego que Mona tenait entre ses doigts.

– Une réplique exacte de Poudlard, dit-elle.

– En parlant de Poudlard, comment se passent tes études ?

– On vient de commencer à étudier les Patronus, et j'avoue avoir un peu de mal avec ce sortilège.

– Il est vraiment très difficile, dit Ignatius. Mais il serait plus prudent que tu apprennes à le maîtriser à la perfection.

– Je n'abandonne jamais un sortilège, dévoila Mona.

– Cette matière te plaît toujours autant ?

– Oui, et de plus en plus.

Elle invente des sortilèges plus dingues les uns que les autres.

– Et la divination ?

– J'abandonnerai cette matière l'année prochaine, avoua-t-elle.

Ignatius esquissa un sourire compréhensif.

– Tu as toujours des amis ?

– Oui, répondit Mona.

– Des Gryffondor ?

– James Potter, dit-elle après un instant. On s'entend bien.

Son amitié avec lui était parfaitement publique.

– Les amitiés garçons-filles ne sont pas vraiment les mêmes à ton âge, dit-il un brin déçu.

Mona hésita un instant, puis très vite, elle ajouta :

– J'ai aussi une amie à Gryffondor, mais s'il te plaît, ne le dis pas aux parents.

– Pourquoi ? s'étonna Ignatius. Tu as le droit d'avoir des amis dans toutes les maisons de Poudlard. – Lily est... née Moldue.

Mona avait à peine murmuré les derniers mots, comme si Charlie, qui lui apportait un nouveau Lego, pouvait comprendre ce que cela signifiait et le hurler dans le salon bien sang-pur de Marine Moon.

– Oh, dit Ignatius avec un sourire. Je ne dirai rien.

– Même à grand-mère ? demanda Mona, inquiète.

– Ma femme n'a pas toujours besoin de tout savoir. Il y a plein de choses que je sais, ou que je devine, sans qu'elle le sache.

Ils échangèrent un sourire. Meredith ne croyait pas à l'importance réelle du sang, mais sa mère lui avait quand même laissé quelques séquelles, au point que Meredith pouvait désapprouver sans interdire certaines amitiés de Mona. Charlie déposa un nouveau Lego dans les mains de Mona, et elle l'empila sur les autres. Après quelques secondes, William l'imita. Mona et Ignatius continuèrent de parler de la vie de Mona à Poudlard lorsque Charlie vint vers eux sans Lego. Il tapa sur la main de sa cousine.

– Où est maman ? demanda-t-il timidement.

– Elle doit être... commença Mona en regardant autour d'elle. Pas très loin...

– Pipi ! dit Charlie.

– Ah bon ? S'étonna-t-elle.

– Mona va t'emmener, dit Ignatius avec un sourire.

– Pourquoi moi ? Demanda-t-elle.

– Parce que moi, j'ai déjà donné. J'ai eu quatre enfants et sept petits-enfants.

Mona prit la main de Charlie, non sans oublier d'adresser un regard faussement méchant à son grand-père.

– Tu as besoin d'aide ? demanda Mona tandis que Charlie entrait dans les toilettes.

– Le bouton, dit-il.

Elle se pencha vers le pantalon de son cousin et le déboutonna.

– Autre chose ? Demanda-t-elle.

– Sors et ferme la porte, dit-il.

Elle se redressa, vaguement vexée par tant de brusquerie.
Oui, parce qu'elle ne se rend pas compte qu'il n'a que deux ans, le rouquin sur pattes.
Mona sortit et ferma la porte. Elle attendit derrière.

– Mona ? demanda Molly en arrivant. Où est Charlie ?

Où est Charlie ? Où est Charlie ? Attends, je me dois de faire une vanne là... Où est Charlie... Où est Charlie... Je ne trouve pas... Rah, j'enrage !

– Je fais pipi ! hurla Charlie à travers la cloison.

Molly étouffa un rire et se tourna vers sa nièce.

– Il t'a mise à la porte ?

– Oui.

– Moi aussi, il me met souvent à la porte maintenant.

– Il grandit, dit Mona.

– Oui. Comment va Kathy ? Vous avez échangé encore plus de courrier ces derniers temps.

– C'est à cause de Léo, l'un de ses copains de classe.

– Ah, tout s'explique, dit Molly.

La poignée se baissa lentement, et la porte s'ouvrit pour laisser sortir Charlie.
T'étais pas très très bien caché, dis donc !
J'ai fini par trouver ! Pas Charlie, ma vanne.

– Le bouton, dit Charlie.

Molly se rapprocha de son fils et reboutonna son pantalon.

– Tu t'es lavé les mains ?

Charlie mit ses mains sous le nez de sa mère.

– Oui, ça sent bien le savon. Tu les as rincées au moins ?

– Oui ! s'écria Charlie, lassé.

– T'as fini d'embêter ce pauvre gosse, petite sœur, dit Gideon en sortant de l'ancien bureau d'Augustin.

– Arrête donc de m'appeler petite sœur.

– Mais tu seras toujours notre petite sœur, dévoila Fabian.

– Ce n'est pas une raison. Qu'est-ce que vous faites ici, de toute façon ?

– Je viens faire pipi, moi aussi, dit Fabian.

– Et moi, j'aide mon petit frère à déboutonner son bouton, ajouta Gideon.

J'adore les frangins Prewett !

Molly se redressa de toute sa hauteur.

– Qu'est-ce que vous faisiez dans le bureau de grand-père ?

– On se renseigne, dit Fabian. Pour savoir où sont nos ennemis...

– Ennemis ? Ennemis de quoi ? Mère vous tuerait si vous vous engagez.

– Augustin a toujours eu de bonnes sources, on n'allait pas les laisser inutilisées.

– Le jour de son enterrement, râla Molly.

– On n'a pas vraiment eu le choix, dévoila Gideon, gêné.

– Mouais...

Les deux hommes rejoignirent le salon après avoir salué Mona.

– Ne dis rien à personne, supplia Molly. Gideon et Fabian vont s'attirer des ennuis.

– Je n'en avais pas l'intention, rassura Mona.

Charlie lâcha soudainement la main de sa mère et se mit à courir en direction du salon. Molly se pressa à sa suite. Mona les suivait d'un pas plus calme, de peur qu'on l'associe au comportement étrange de son neveu.

– Qui est-ce qui court comme ça ? demanda Muriel Moon lorsque Mona arriva à sa hauteur.

– C'est Charlie, répondit-elle après une courte hésitation.

– Des enfants, râla Muriel. Toujours des enfants partout.

Des vieux qui râlent contre les enfants. Toujours des vieux partout. Mona acquiesça, ne sachant pas trop quoi répondre.

– Alors, toi tu es la petite Mona ? demanda Muriel. Tu es sortie de Poudlard pour l'enterrement de mon frère ?

– Oui, répondit-elle. Le professeur Dumbledore nous l'a permis, à moi et à mes frères, ainsi qu'à Peter.

– Peter, il est étrange ce garçon-là, commenta la vieille femme. Je ne pense pas qu'il relèvera l'honneur de la famille. Peut-être pourrions-nous compter sur toi, tu seras sûrement la prochaine que je coifferai de ma tiare.

– On verra, répondit Mona en s'enfuyant, craintive devant ce flamand grincheux.

Qui veut une autre tradition à la con ? La vieille Muriel coiffe toutes les Moon de sa tiare lors de leur mariage. Je suis sûre que ça vous dit quelque chose, mais si une certaine fleur avec un certain rouquin... avant une attaque de Mangemorts.

Mona rejoignit sa mère qui lui faisait de petits signes.

– Trouve tes frères, on s'en va, déclara Magda.

– Déjà ? s'étonna Mona.

– Ton père pense qu'il serait plus judicieux de stopper la réunion de famille.

Mona haussa un sourcil, surprise, mais ne posa pas plus de questions, trop heureuse d'écourter la réunion. Elle partit à la recherche de ses frères. Hugh et Peter discutaient près de la cheminée.

– Hugh, on va bientôt partir, annonça Mona. Plus loin, elle vit son père parler à Terence.

Hugh sembla surpris à son tour, mais ne posa pas de questions devant Peter.

– À tout à l'heure, lança Mona à son cousin.

Peter hocha la tête et se pressa de rejoindre ses parents. Si Edgar Moon et sa petite famille quittaient les lieux, toutes les autres personnes pouvaient partir sans craindre d'être impolies.

– NON ! ON NE S'EN VA PAS ! cria une voix.

Hein ? À ce stade, on part, y a des Moon partout. Je vais provoquer une attaque moi.

Tout le monde se tourna vers Fidel. Le premier fils d'Augustin hurlait contre sa femme Greatchen.

– Je dois faire ce que mon père aurait voulu, conserver l'honneur des Moon ! s'écria-t-il en titubant.

En agissant comme un ivrogne ! C'est ce qu'il aurait voulu, c'est sûr.
Mona comprit alors pourquoi son père souhaitait que tout le monde se retire au plus vite. Fidel était déjà bien saoul et apte à faire un scandale.

– Maintenant que le patriarche est mort, ils vont tous oublier ce que c'est d'appartenir à une famille aussi prestigieuse que la nôtre. Ils vont tous nous faire honte.

Ça ne serait pas plutôt toi la honte des Moon ? Et puis prestigieuse... C'était quand la dernière fois que le nom des Moon a été cité dans la Gazette du Sorcier ? Aujourd'hui ? Oui bon, mais il aura fallu un mort.

– Père, je vais vous raccompagner, dit Eugène Moon en s'approchant.

– Si tu crois que tu auras plus de chance qu'elle !

Il désigna Greatchen de son index. Elle semblait de plus en plus fatiguée au fil des mois. Mona commençait à ressentir de la pitié pour sa grande-tante.

– Je ne partirai pas sans avoir fini de tous les prévenir ! s'écria Fidel.

Il s'écroula soudain sur le plancher, inconscient. Eugène leva sa baguette et souleva le corps de son père. Casey arriva auprès d'eux. La femme d'Eugène tenait leur fils William dans ses bras. Mari et femme échangèrent quelques mots, puis Casey salua brièvement tout le monde avant de s'en aller par la cheminée en entraînant Greatchen avec elle.

– Je vais aider Eugène, déclara Edgar à sa petite famille. Saluez tout le monde et partez.

Quelques courtes heures plus tard, Mona et Hugh jouaient aux dames sur la petite table du salon. Ce fut à cet instant que le maître de la maison franchit le seuil de la porte.

– Alors ? demanda Magda automatiquement.

– On l'a couché, dit-il. Et endormi. Il pourrait encore s'en prendre à sa femme.

Edgar se posa brutalement sur le canapé et plaça sa tête dans ses mains.

– Quel déshonneur il est devenu. Ça, et ensuite la mort d'Augustin. C'est trop en si peu de temps.

Magda s'installa auprès de lui.

– Après Poudlard, je deviendrai un sorcier respectable et je ferai honneur à ma famille, déclara Terence.

– Y a intérêt, dit Edgar après quelques secondes de silence. Mais cela sera progressif, pas automatique. Il nous faut quelque chose de radical pour rester une famille respectable, il nous faut un beau mariage.

Il se tut et échangea un regard avec Magda. Elle baissa les yeux, l'air accablé, et Edgar reprit la parole.

– Mona, nous te marierons dès ta sortie de Poudlard. Tu peux déjà commencer avec ta mère à faire le tri parmi les prétendants.

Hein ? Non mais ça va pas la tête ? Elle a quinze ans. Tu t'es planté de siècle, gros malin.

Mona ouvrit la bouche, cherchant la réponse la plus appropriée, lorsqu'elle prononça un :

– Non.

– Pardon ? demanda-t-il en se redressant.

– Pas cette année, je suis encore trop jeune pour penser à ce genre de choses. Je serai peut-être prête l'année prochaine.

Mais c'est qu'elle suit les conseils d'oncle Rufus, la gamine.

– Ce n'était pas une proposition, mais un ordre, dit froidement Edgar.

– Je ne chercherai pas de bon parti cette année, répondit calmement Mona.

– Tu ne vas pas t'y mettre toi aussi, pas sous mon toit, dit-il, offusqué.

– Mona, tu dois penser au bien de la famille, ajouta Terence.

– Et toi, si on te forçait à te marier avec Irène Clay, pour voir ? répondit Mona avec méchanceté.

– Je suis un homme, la situation est différente. Tu ne peux honorer ta famille qu'en faisant un beau mariage et de beaux enfants.

– Oui, eh bien, je n'ai pas envie d'y penser cette année.

– TU FERAS CE QU'ON TE DIT ! hurla Edgar en se levant.

– Non, répondit-elle timidement.

Edgar lança un regard noir à sa fille et sortit de la pièce en claquant toutes les portes sur son passage. Mona vit sa mère ouvrir la bouche.

– Je vais prendre l'air, coupa Mona.

Elle se leva, abandonnant sa partie de dames, et sortit sur le perron. Par précaution, elle choisit de faire quelques pas pour s'éloigner de la maison.

– Mona ?

Elle se retourna et tomba nez à nez avec Kathy.

– Hé ! lança Mona, radieuse.

– Tu t'es fait virer de ton école ? demanda la Moldue.

– Non, j'ai eu la permission de sortir pour l'enterrement de mon arrière-grand-père.

– Oh, dit Kathy en effaçant son sourire. Je suis désolée.

– Il était vieux et malade, ce n'était pas une surprise, répondit Mona. On parle d'autre chose ?

– Bien sûr, répondit la Moldue, compréhensive. Je t'ai déjà parlé de Léo ?

– Dans toutes tes lettres et chaque fois qu'on se voit, pourquoi ?

– Parce que je suis sa nouvelle petite amie !

– Non ? s'écria Mona, radieuse.

– Si, on est sortis ensemble à une soirée organisée par une fille de ma classe. C'était vraiment trop bien.

Les deux filles descendirent la rue Constantinople jusqu'à un pub miteux où Kathy offrit un verre à Mona. Elles continuèrent de parler de la toute nouvelle relation amoureuse de Kathy jusqu'à ce que la nuit tombe.

– Bon, je rentre dîner, dit Kathy.

– Moi aussi, répondit Mona. Je reviendrai durant les vacances de Noël.

– Ce ne sera pas très long maintenant, dit-elle. Je te raconterai le nouvel épisode de « Kathy & Léo ».

Elles éclatèrent de rire et rentrèrent chez elles. Mona arriva un peu avant que tout le monde ne se mette à table. Elle s'installa et attendit une éventuelle remarque de ses parents, mais ils ne dirent rien sur son refus. Edgar n'ouvrit pas la bouche de toute la soirée, seule Magda alimentait la conversation. Elle faisait surtout parler Terence de ses amis.

Les trois étudiants ne reprirent la route de la cheminée que bien après le dîner. Ils retrouvèrent le bureau du professeur McGonagall, qui corrigeait des copies, assise à son bureau.

– Le couvre-feu est déjà passé, annonça-t-elle. Tâchez d'être discrets.

Ils rejoignirent les cachots. Terence prononça le mot de passe et la porte menant à leur salle commune s'ouvrit.

– Mona ?

Tous les trois se retournèrent pour voir la tête de Rogue coincée dans l'entrebâillement d'une porte.

– Allez-y, dit Mona à ses frères.

Ils entrèrent dans la salle commune, et leur sœur avança vers Rogue.

– Qu'est-ce qui t'arrive, Prince ? T'as cherché un sortilège qui a mal tourné et tu te retrouves avec une queue de dragon ?

– Non, répliqua simplement Rogue.

Il s'écarta pour laisser entrer Mona. Lily était au centre de la pièce.

– Bon, moi je vais me coucher, dit-il, gêné. Bonne nuit.

– Bonne nuit, répondirent les deux filles en chœur.

Il claqua la porte, et les deux élèves se retrouvèrent seules.

– Alors, comment ça s'est passé ? demanda Lily.

– L'enterrement était très bien, plein de gens sont venus dire à quel point Augustin avait été un atout pour notre communauté et blablabla. Bref, les banalités affligeantes habituelles.

– Pas trop pénible ?

– La journée a été très très longue, dit Mona.

M'en parle pas, rien qu'en premier jet on est déjà rendu à 6700 mots, le découpage des chapitres va être facile, tiens.

– Mes parents veulent déjà me marier.

– Avec qui ? s'étonna Lily. James ?

– Non, lui, je te le laisse.

Elle s'installa lourdement sur une chaise tandis que Lily protestait.

Proteste, proteste, tu ne protesteras pas très longtemps... quoique trois ans encore, mais de mon point de vue, ça ne fait que dix-sept jours.

– Ils n'ont pas de nom bien précis, reprit Mona. Mais ils m'en ont cité certains que j'aurais préféré ne jamais entendre.

– Tu as l'air épuisée, dit Lily.

– Oui, admit Mona. On s'est levés tôt. Et entre l'enterrement, mon futur mariage, Kathy que je ne reverrai qu'à Noël, la crise de Fidel, Peter qui a réussi à se comporter normalement avec moi durant quelques heures et tout le reste, je suis vraiment, mais alors vraiment fatiguée.

Lily se rapprocha et après quelques hésitations, elle plaça la tête de Mona sur son épaule. La Serpentarde fut surprise, mais ne bougea pas. Après quelques minutes, Mona se mit à pleurer.

Oui, bon, elle pleure, c'est triste, mais moi, j'en peux plus de ce quatrième jour interminable, alors c'est vraiment avec bonheur que je vais vous narrer le :

Jour 5

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