Chapitre 40 : 1973 : Pot aux roses amical
Quelques minutes plus tard, Mona n'en revenait pas de se retrouver à nouveau dans cette situation. Elle tenait la tasse de Lily entre les mains, observait les feuilles de thé et, comme d'habitude, elle n'y voyait rien d'autre que des feuilles de thé.
– Miss Evans ? demanda Tradewell. Est-ce que vous êtes prête ?
– Je... je pense, dit Lily, peu convaincue.
– Alors, on vous écoute.
Lily prit une grande inspiration et fixa son regard vers le fond de la tasse de Mona.
– Je vois deux chiens, ce qui signifie de l'amitié. Il y a aussi un triangle, ce qui présage un événement inattendu, dit Lily. Et pour finir, je vois un dragon, ce qui annonce des changements à venir. Et tous ces signes sont situés tout au bord de la tasse. Cela devrait donc se dérouler très bientôt.
Le professeur Tradewell adressa un large sourire à son élève et lui prit la tasse des mains. Lily semblait assez fière de son interprétation.
– Effectivement, dit-elle. C'est exactement ça. Je suis très fière de vous, Miss Evans.
Puis elle se tourna vers Mona, et son sourire s'effaça aussitôt.
– À votre tour, Miss Moon.
Mona sursauta et redirigea son regard vers le contenu de la tasse qu'elle tenait.
– Eh bien... commença Mona, hésitante. Une assiette.
– Une assiette ? répéta l'enseignante. L'assiette ne fait pas partie des signes de la tasséomancie.
– Ah ? dit Mona, vaguement surprise.
– Concentrez-vous, s'il vous plaît, demanda le professeur.
Mona se concentra de toutes ses forces sur les feuilles de thé.
– Une branche, dit-elle finalement.
L'enseignante soupira et lui prit la tasse des mains.
– Oui, peut-être que vous l'avez vue, convint-elle en observant les feuilles.
– Ça signifie une nouvelle amitié, dit Mona.
Whaou, trop fort, moi aussi j'aurais pu prévoir qu'avec ce qu'il vient de se passer entre toi et Lily, vous allez devenir potes.
– Bon, dit Tradewell. Je suppose que vous avez des devoirs. Alors filez.
Les deux filles échangèrent un regard surpris et se levèrent d'un bond de leur siège. Le professeur Tradewell alla s'asseoir à son bureau, l'air profondément perdu dans ses pensées. Mona vit alors les deux tasses qui n'avaient pas été nettoyées.
– Tu viens ? demanda Lily.
– Je vais essayer d'entrer dans ses bonnes grâces, dit Mona. Vas-y sans moi.
Lily acquiesça et sortit de la classe.
– Professeur ? appela Mona. Vous voulez que je nettoie les tasses ?
– Faites-vous plaisir, répondit l'enseignante d'une voix morne.
Mona sortit sa baguette et, en un tour de main, les tasses furent propres. Elle les rangea ensuite dans l'armoire.
– Professeur ?
– Mmh ?
– Je peux vous poser une question ?
Tu ne comptes pas lui demander pourquoi elle ne peut pas te saquer, j'espère ?
- Mouis, dit l'enseignante en se redressant mollement vers Mona.
Mona ouvrit la bouche et essaya de formuler des mots, mais aucun son ne sortit. Et voilà, maintenant tu as bien l'air ridicule, la bouche ouverte comme ça.
– Il y a quelque chose chez vous, Miss Moon, dit subitement l'enseignante. Sur votre aura, sur votre famille, que je n'aime pas. Je ne sais pas ce que c'est et je n'arrive pas à l'identifier. Mais je suis sûre d'une chose : je ne l'aime pas. Cela répond-il à la question que vous souhaitiez me poser ?
– Ou... oui, lâcha Mona, surprise.
– Bien.
L'enseignante se pencha à nouveau vers son bureau et prit une pile de copies. Mona hésita un instant, puis elle bondit vers son sac de cours qu'elle avait laissé sur la chaise et sortit de la salle. Elle referma la porte et s'adossa contre le mur en fermant les yeux. Elle était sous le choc : qu'est-ce que la voyante pouvait bien voir de si négatif sur « l'aura » de Mona ?
– Ça va ? demanda une voix inquiète.
Mona ouvrit les yeux et vit Lily Evans qui, visiblement, l'avait attendue.
– Oui, dit Mona. Je ne pense pas qu'elle m'apprécie plus qu'avant, c'est tout.
T'es pas du tout cramée. Lily semblait dubitative, mais ne dit rien. Les deux filles marchèrent côte à côte dans les couloirs, jusqu'à ce que l'ombre d'un élève de Serpentard apparaisse devant elles. Rogue les regardait avec un air inquiet. Il vint vers elles après quelques hésitations.
– Tu devrais faire gaffe, dit Rogue à Mona. Gaïden te cherche, il m'a demandé où tu étais.
Lily gardait les yeux baissés, passionnée par ses ongles.
– Et tu lui as répondu quoi ? demanda Mona.
– Que je n'étais pas ta baby-sitter, dit Rogue.
– Il n'a pas dû apprécier, supposa Mona.
– Il n'a qu'à comprendre tout seul.
Tu veux que Gaïden comprenne tout seul que Mona ne veut pas de lui ? Mais es-tu sûr qu'il possède assez de neurones pour ça ?
– Bon, je retourne dans la salle commune, je vais essayer d'asseoir Gaïden dos à la porte pour que tu puisses te faufiler, déclara Rogue.
– Fais gaffe, tu es en train de faire une chose gentille pour moi, fit remarquer Mona.
En guise de réponse, Rogue lui lança un regard noir et lui tourna vivement le dos. Il bougea tellement vite qu'une plume s'échappa de sa robe.
– Prince ! rappela Lily.
Rogue se figea et se tourna lentement. Lily et lui échangèrent un regard effaré, tandis que Mona les regardait tour à tour, surprise.
– Prince ? répéta Mona. Je croyais que j'étais la seule à connaître ce surnom à Poudlard.
– J'ai dit la seule à Serpentard, rectifia Rogue en se rapprochant des deux filles.
– Comment tu le connais ? demanda Mona à Lily.
– C'est Severus qui me l'a dit, dit-elle, fautive.
Mona recula d'un pas, réfléchissant à toute vitesse. Alors, il faut le temps que tout le système cérébral se mette en place...
– Attendez, dit Mona. Il y a un truc que je ne saisis pas. Tu m'as dit que tu voulais que je t'appelle comme ça parce que c'est ce que tu es. Tu ne voulais pas mettre les autres au courant parce qu'ils ne savaient pas qui tu étais réellement. Ça veut dire que Lily... ?
Rogue et Lily échangèrent à nouveau un regard embarrassé. Rogue ouvrit la bouche pour parler, mais Mona le coupa.
– Vous sortez ensemble ?
Et voici la déduction du siècle ! Severus Rogue et Lily Evans sortent ensemble !
– NON ! dirent les deux autres en chœur.
– On est juste amis, dit Lily précipitamment. D'avant Poudlard. Mais comme je suis à Gryffondor et Prince à Serpentard, on a jugé plus judicieux de garder notre amitié secrète.
Tiens, ça me rappelle quelque chose.
– Je comprends parfaitement, dit Mona. Je suis surprise, mais je comprends, et je ne dirai rien.
– T'as intérêt, sinon tu te débrouilles avec tes explosions de chaudron, déclara Rogue.
Ça serait dommage, j'adore quand tu es recouvert de substance visqueuse.
– On devrait peut-être y aller, dit Lily. C'est bientôt le couvre-feu.
Les trois élèves repartirent dans la même direction.
– N'empêche, dit Mona à Rogue. Quand je t'ai dit que je trouvais Lily sympathique, tu aurais pu me dévoiler le pot aux roses.
– Tu me trouves sympathique ? demanda Lily.
– Un peu trop rousse, mais on va faire avec, dit Mona avec un sourire.
Et voilà, Mona fait encore de l'humour. Elle finirait par me mettre au chômage technique si je ne faisais pas grève à partir de maintenant tout de suite ! Les voix des trois élèves s'éteignirent peu à peu, tandis qu'ils progressaient ensemble dans le couloir avant de se séparer pour rejoindre des destinations différentes.
Fin d'une semaine en 1973.
À suivre : une semaine en 1974
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