Chapitre 24 : 1972 : L'importance des noms
Après sa séance de travail avec Severus Rogue, Mona décida de partir en quête d'une personne sur la liste. Mais elle ne savait pas encore qui choisir. Comme c'était dimanche et qu'elle avait le temps, autant opter pour une personne difficile d'accès. Quelqu'un d'une autre année et d'une autre maison. Quelqu'un comme... Frank Londubat. Frank était assis sur une marche de l'escalier, en compagnie de plusieurs autres élèves de troisième année, dont le fameux Gaspard Singleton, le futur inventeur. Par chance, Frank se leva et se dirigea vers Mona.
Je parie qu'il doit aller faire pipi.
— Frank ! appela Mona.
Il regarda Mona avec un léger étonnement. Le garçon était brun, avec les cheveux coupés courts et un front étrangement proéminent.
— Salut... heu..., hésita Frank Londubat.
— Mona, répondit-elle, surprise qu'il ignore son nom. Mona Moon.
— Oui, c'est ça, la sœur de Terence.
Mona était encore plus surprise. Toute sa famille était très connue et respectée dans la bonne société sorcière, et Frank Londubat ne la connaissait que grâce à Terence ? L'humiliation ! Quoique, franchement, il y a pire que Terence... Il y a Marine Moon.
— Je me demandais comment allait ta mère, dit Mona sans trop savoir où elle mettait les pieds. Je l'ai rencontrée à une ou deux reprises. Elle est charmante.
— On parle bien d'Augusta Londubat, ma mère ? dit Frank avec un sourire.
— Heu... oui.
Mona se mit à paniquer, elle ne se souvenait pas avoir vu Augusta Londubat une seule fois dans sa vie. Sa mère lui avait vaguement raconté que Mona avait assisté à un thé chez Marine Moon auquel Augusta était présente. Mona n'avait que quatre ans ; déjà à l'époque, elle aurait été incapable de dire laquelle parmi les bonnes femmes présentes dans le salon de Marine était Augusta.
— Enfin oui, dit Frank. Ma mère est charmante et trop franche, selon ses amies.
Trop franche, mais oui, « Augusta Londubat est trop franche et pose trop de questions », cette phrase revient en mémoire de Mona. Elle l'avait entendue au détour d'un repas de famille. Ça aurait été sympa que tu t'en souviennes un peu plus tôt, ma fille.
— Dommage que si peu de gens aiment la vérité, dit Mona.
Comme toute ta famille ? C'est sûr que si Augusta demande pourquoi ta famille n'organise plus de soirées somptueuses ou pourquoi leurs dons financiers diminuent de plus en plus, ça risque de poser problème.
— Je dois y aller, dit Frank. En tout cas, ma mère va bien, je viens même de choisir son cadeau de Noël. C'est très gentil de prendre de ses nouvelles.
Mona ne savait pas quoi ajouter, alors elle choisit sa porte de sortie habituelle : elle sourit. Frank se détourna, lorsque Mona trouva quoi répondre.
— Au fait ! C'est quoi son cadeau de Noël ? Je n'ai pas encore trouvé quoi offrir à ma mère.
— Une étole de renard, répondit Frank. C'est un truc qu'on met autour du cou.
— Oui, je sais... C'est une bonne idée de cadeau.
C'est une idée pourrie, oui, qui aurait envie de se trimbaler avec un renard mort autour du cou ?
Il put enfin s'éloigner.
Et aller enfin faire pipi.
Mona sortit une feuille de papier et un stylo de sa poche. Elle pouvait à présent attendre un mois avant de reparler à Frank Londubat. Il était presque l'heure de dîner ; Mona avait juste le temps d'envoyer une lettre à Marine Moon pour lui raconter ce qu'elle avait appris sur les sorciers importants de l'école ces derniers temps. Et aussi qu'elle n'avait pas d'appareil pour prendre les élèves en photo. Mona choisit soigneusement ses mots. Elle devait d'abord envoyer la lettre à son père pour qu'il puisse l'inspecter. En se débrouillant bien, Mona pouvait se faire offrir un appareil photo pour Noël. Un cadeau coûteux certes, mais si Mona en avait besoin pour servir Marine, Edgar pourrait bien casser la tirelire.
— Tu peux apporter cette lettre aux parents ? demanda Mona à sa chouette. Reste un peu chez eux, parce qu'ils vont sûrement te demander de rapporter la lettre à Marine Moon.
Dame de Fane tapa du pied.
Enfin, de la patte, mais c'est moins glam' d'écrire « Dame de Fane tapa de la patte ».
— Tu serais vraiment très gentille de faire ça, insista Mona.
L'oiseau détourna la tête.
Genre elle en a rien à secouer d'être gentille.
— S'il te plaît...
La chouette cracha en direction du mur de pierre.
Dame de Fane ou le raffinement originel.
— Je demanderai les biscuits que tu adores pour Noël, dit Mona.
Le volatile fit quelques pas pour s'éloigner.
Dame de Fane ou la bonne volonté incarnée.
— J'irai dans les cuisines de Poudlard demander aux elfes les restes de pâtisserie. Tu aimes la pâtisserie des elfes ?
La chouette jeta un coup d'œil en direction de Mona et consentit à s'approcher et à tendre une patte.
La tentation des pâtisseries nous perdra tous. Les rapaces en premier ; alors si un jour les chouettes entament une grève anti-courrier, on pourra négocier à base d'éclairs au café et de tartes au citron.
Dame de Fane s'envola en emportant la lettre dans le soleil couchant. Mona la regarda voler pendant quelques instants.
C'est poétique...
Soudain, la chouette fondit en piqué et remonta avec ce qui semblait être une musaraigne au bec.
C'est moins poétique.
Mona esquissa un sourire et fila dans la grande salle, elle s'installa comme d'habitude auprès de Grace. Elle se trouva donc juste en face de Mulciber. En fait, Mona réalisa que Grace était installée pile au centre de tous les garçons.
— Pourquoi tu t'es mise avec les garçons ? murmura Mona. On aurait été mieux avec les filles de troisième année.
— T'arrêtes pas de dire qu'elles sont pas intéressantes, dit Grace. Et puis les garçons sont tellement fascinants.
— Fascinants ? répéta Mona, surprise.
Un truc qui va avec l'âge, je pense. Serais-tu à la bourre, Mona ? Tu as douze ans, tu devrais peut-être commencer à te poser des questions sur les garçons. Ou au minimum rougir lorsque l'un d'entre eux te parle.
— Je me demande bien où peut être passé ce type bizarre de Gryffondor, déclara Mulciber.
— Lequel ? demanda Mona en pensant automatiquement à Peter.
— Remus Lupin. Il est souvent malade, je trouve.
— Il est peut-être retourné voir sa grand-mère, tenta Mona.
— Tu es naïve, dit Mulciber. Sa grand-mère n'est pas malade.
Mona haussa un sourcil. « Naïve » ? Comment Mulciber pouvait-il lui parler ainsi ? Mona ne répondit pas, elle se contenta de lui adresser un regard vexé, et le garçon replongea vers son assiette.
— De toute façon, ils sont tous bizarres à Gryffondor, dit Mulciber.
Mona relâcha sa fourchette bruyamment et regarda Mulciber droit dans les yeux. Tous les élèves alentour observaient l'échange.
— Je ne dis pas ça pour ton cousin, dit-il. On voit bien qu'il n'est pas très à l'aise là-bas, il ne parle pas beaucoup.
Mona haussa les épaules et reprit sa fourchette.
Quel dialoguiste exceptionnel : trois fois qu'elle réplique en silence.
— Par contre, Black, on voit bien qu'il est très fier d'être là-bas, dit Mulciber. Il aurait dû être avec nous et n'éprouve aucun remord. Quand je pense que l'année dernière, je suis allé lui parler en me disant qu'il aurait peut-être besoin de soutien. Je me suis lourdement trompé.
— Moi aussi, intervint Mona. J'ai voulu être gentille, je pensais que c'était un vrai déshonneur pour lui d'avoir atterri à Gryffondor.
— Voilà, ajouta Mulciber. Qu'est-ce qu'il t'a dit, à toi ?
Mona se remémora rapidement les conversations qu'elle avait pu avoir avec Sirius. Du coin de l'œil, elle aperçut Rogue, il avait cessé de mâcher et l'observait.
— Rien de particulier.
— Vous vous êtes disputés, et il t'a traitée de meurtrière, dit Rogue.
À nouveau, tous les regards se tournèrent vers Mona.
— Mais non, mentit-elle. Il ne s'adressait pas à moi.
Les visages retournèrent vers les assiettes, hormis celui de Rogue. Mona lui fit un signe de tête pour qu'il cesse d'en parler.
— Je ne comprends pas comment un type avec une lignée aussi noble peut supporter de partager la même table que des Sang-de-Bourbe, ajouta Avery.
Vas-y Mona, raconte-leur que tu as passé tout l'été avec ta voisine moldue.
— J'aurais tellement honte à sa place, ajouta Gaïden Wilkes.
Alors, Mona, tu ne leur racontes pas tes parties de poker moldue ?
— Peut-être que c'est pour ça qu'il fait semblant d'être fier, pour ne pas montrer qu'il a honte, tenta Grace.
— Non, dans ce cas, il ne s'empêcherait pas d'être sympathique avec nous, dit Mulciber.
C'est peut-être parce que t'as pas l'air sympathique.
Ses paroles furent acclamées par des séries d'acquiescements de tête. Un plat de pâtisseries apparut devant les yeux de Mona.
— Du dessert ? proposa Gaïden.
— Non, merci, dit Mona.
Collant, ce Gaïden, il n'arrête pas de s'occuper de l'assiette de Mona. Curieux.
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