Chapitre 22 : 1972 : L'effort social

Jour 4

C'était samedi, et Mona profitait de ce repos, pas vraiment mérité, pour admirer la toute nouvelle robe que Grace exhibait. C'est alors que Dame de Fane apporta une nouvelle lettre à Mona.

— Tu dois la renvoyer avec une réponse ? demanda Grace, craintive.

Elle s'était réfugiée dans un coin du dortoir, tentant de protéger sa nouvelle robe. Mona parcourut rapidement la missive. C'était une copie de la liste de Terence.

— Non, répondit-elle.

Mona prit un biscuit pour hibou, et la chouette s'envola. Grace souffla de soulagement et revint vers son amie.

— Alors, de qui est la lettre ?

— De mon frère.

— Pourquoi il t'écrit ? Il doit être à vingt mètres de nous.

— Il avait sans doute peur d'oublier de m'envoyer ces notes.

— Quelles notes ? demanda Grace.

— Rien d'important.

Mona lisait à présent un petit mot où Terence lui conseillait d'aller parler avec un Gryffondor, puisqu'elle avait probablement le moins de contacts avec eux. Et il avait raison.

Terence qui a raison... ça arrive souvent, je trouve. De quoi vous donner la frousse. Oh zut ! Je voulais faire le narrateur parfait et ne faire aucune intrusion dans le texte pour ce « Jour 4 »... tant pis, j'aurais tenu quinze lignes. Tant qu'à faire... vous savez que je n'ai toujours pas de prénom ? C'est scandaleux, franchement. Je suis sûr que tous les narrateurs du monde ont un nom. Tous les auteurs doivent donner un nom à leur narrateur, même dans les plus mauvaises fictions, non ? J'en sais rien, je n'ai jamais rien écrit... jamais rien lu non plus... jamais rien vécu... je suis un narrateur... (reniflement) rien qu'un narrateur... (sanglot)... je déteste ma vie... et je n'ai même pas de vie (gros sanglot).

Mona repassa en revue les Gryffondor de la liste.

(snif).

Il n'y avait pas grand monde. Mona s'arrêta sur le nom de Sirius Black. Elle ne lui avait pas adressé la parole depuis que Dame de Fane l'avait attaqué l'année précédente. Il était peut-être temps de se réconcilier, après tout, c'était tout de même un Black. Il lui fallut quelques secondes pour se décider : Sirius Black serait le nom de la liste pour ce jour.

Et voilà, les gens redeviennent juste des noms. Oui, j'ai fini de pleurer... je suis un mec quand même.

— Je vais faire un tour, déclara Mona.

— Tu vas où ?

— Me promener, je reviens bientôt.

Bientôt, bientôt... t'as pas de carte du maraudeur, ma fille. Comment comptes-tu trouver Sirius Black un samedi après-midi... de pleine lune. Enfin là, il fait jour... mais plus pour très longtemps parce qu'on est en novembre. Mona sortit de son dortoir et se dirigea vers le hall. Elle comptait faire le trajet aller-retour jusqu'à la tour des Gryffondor. Après quatre allers-retours, Sirius Black n'apparaissait toujours pas. Mona élargit son territoire d'enquête, en vain. Elle décida alors d'aller affronter le froid près du stade de Quidditch. Mais Sirius ne s'y trouvait pas non plus.

Essaye la cabane hurlante.

Agacée, Mona décida de rentrer dans son dortoir ; elle était frigorifiée. Elle irait parler à Avery, avec qui elle ne parlait pas souvent. Arrivée devant la porte de sa salle commune, elle vit Sirius Black.

Ben voyons.

Le jeune homme discutait, ou plutôt se disputait...

ou carrément se fritait sévèrement...

Avec sa cousine, Narcissa Black. Heureux hasard...

Ouais, c'est ça, « heureux hasard »... comme si tout n'était pas prévu sur le cahier blanc. Oui, je suis cynique, mais sans prénom, je peux me permettre d'être cynique.

Mona avait justement eu une longue discussion avec Narcissa la veille. Elle parvint sans trop de difficulté à trouver un sujet de conversation qu'elle pourrait aborder avec la jeune sorcière. Lorsque Mona s'approcha, les deux Black se turent.

— Bonjour, Mona, dit Narcissa.

Black baissa la tête, fulminant encore contre Narcissa.

— Bonjour, répondit Mona. J'ai commencé ce livre que tu m'as conseillé. J'avoue que je ne m'attendais pas à ça.

— Oui, c'est assez spécial. Ce n'est pas de la grande littérature, ce n'est pas très fin... mais c'est tellement drôle, déclara Narcissa avec un sourire.

Sirius pouffa, visiblement étonné que sa cousine connaisse le sens de ce mot.

— Je vais t'avouer une chose, continua Narcissa. Il m'arrive parfois de relire ces livres, plusieurs fois.

— Oui, c'est toute une série, en fait ?

— Oui, et c'est de mieux en mieux. J'attends le prochain avec impatience. J'ai hâte d'apprendre si l'héroïne va enfin se décider à...

— Je vous dérange, là ? demanda brutalement Sirius.

— Oui, répondit Narcissa. Tu déranges tout le temps, en fait.

Mona ne put s'empêcher d'esquisser un sourire.

— Je dois vous laisser, déclara Narcissa. Je dois continuer mon travail.

Elle disparut dans un virevolte de cheveux. Sirius s'apprêtait à partir dans le sens opposé, mais Mona se plaça face à lui.

— Comment vas-tu, Sirius ?

— Bien, merci.

Mona commença à paniquer ; elle n'avait strictement rien à raconter au Gryffondor.

— Et heu...

— Te force pas à me faire la conversation, dit-il.

— Je ne me force pas, mentit Mona. Tu connais le livre dont on parlait ?

— Non.

— Eh bien, c'est...

— Et ça ne m'intéresse pas, ajouta-t-il.

Cassé !

— Ah ? Et... heu... tu as réussi la potion hier ? Ce truc pour faire pousser les cheveux.

— Oui.

Mona attendit une seconde, mais il n'ajouta rien.

— Moi non, avoua inutilement Mona. Je ne sais pas comment je me suis débrouillée.

— Au moins, ta potion n'a pas explosé.

Double casse !

Mona se força à rire.

— Oui, dit-elle. Au moins, elle n'a pas explosé. Je fais des progrès.

— Par contre, tu as bien fait exploser une salle de classe désaffectée avant-hier, dit Sirius avec un sourire mauvais.

Fra-cassée !

— Je... je ne vois pas de quoi tu parles, tenta Mona.

— Peter est convaincu que c'est toi, dit Sirius. Tu lui aurais fait un clin d'œil pour lui faire comprendre.

Alors, tu vas inventer quoi ? Que tu tentais de draguer Remus Lupin, qui était à côté de Peter à ce moment-là ?

— Ce n'est pas ce que cela voulait dire, essaya Mona.

Tu vois, elle draguait Remus. Elle est précoce, elle n'a que douze ans quand même.

— Ouais, c'est ça, dit-il. De toute façon, on peut difficilement te croire. Meurtrière !

Hein ? Tu y vas un peu fort, morpion.

— Quoi ? dit Mona, sentant la colère monter en elle.

— Meurtrière.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Tu sais très bien pourquoi je dis ça... et puis si Peter n'avait pas été là... Meurtrière.

Oui bon, on a compris, tu ne vas pas le répéter cent fois.

— Arrête de m'insulter, Black.

— Tiens, c'est plus Sirius ? demanda-t-il avec un sourire.

— Ok, t'as gagné, tu veux ruiner mes efforts pour me faire pardonner. Ben t'as gagné, maintenant dégage.

— Ah, parce que tu voulais te faire pardonner ? Mais tu as failli provoquer mon meurtre.

— T'y vas pas un peu fort ?

— Qu'aurait dit les Moon si tu avais tué un Black ?

— Mine de rien, ça m'aurait arrangée. Si mon mariage est arrangé, j'aurais été sûre de ne pas porter le nom des Black.

— J'ai un frère, rappela Sirius.

— Il est très gentil. Difficile de croire que vous faites partie de la même famille.

— Espèce de...

— Meurtrière, oui je sais, tu le répètes depuis une heure, dit-elle.

— T'es vraiment qu'une...

— Qu'est-ce que tu fous là, Black ? demanda une voix.

Oh, un intervenant mystérieux, mais qui est-ce donc ?

— Je me promène, répondit-il.

Tiens, Mona aussi se promène. Promenez-vous ensemble.

— Promène-toi ailleurs alors, là tu embêtes une Serpentard, dit Rogue.

— Exactement, promène-toi ailleurs, tu embêtes une Serpentard, ajouta Mona.

On a retrouvé Dupond et Dupont !

— C'est toi qui m'as retenu, rappela Sirius.

— La plus belle erreur de ma vie. Au revoir.

— C'est ça, au revoir.

Sirius lança des regards noirs autant qu'il le put avant de disparaître.

— Pourquoi tu l'as retenu ? demanda Rogue à Mona.

— Parce que c'est un Black, je suis obligée de bien m'entendre avec lui.

— Évidemment, dit-il. Et pourquoi il te traitait de meurtrière ?

— Pour rien. En tout cas, merci du coup de main. Je ne sais pas comment j'aurais pu m'en débarrasser sans ton aide.

— Ouais.

Ils restèrent là en silence.

— Au fait, comment as-tu fait pour rater ta potion hier ? demanda Rogue.

— Bonne question, je n'ai rien compris à ce qui s'est passé.

— On n'a qu'à retravailler demain si tu veux. Mais à mon avis, pour ta potion d'hier, tu as dû oublier les œufs de caille.

— Il fallait mettre des œufs de caille ? s'étonna Mona.

— J'en étais sûr. C'était soit ça, soit la préparation des épines de cactus.

— Il fallait préparer les épines de cactus ?


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