1979 : Jour 4 : Desperate and the City

Jour 4

Mona referma la porte de son appartement. Son cœur battait à tout rompre. Jamais, de toute sa vie, elle n'avait ressenti une telle angoisse. Ce problème de dernière minute n'arrangeait rien, et la seule solution qui lui venait à l'esprit risquait d'aggraver les choses. Elle s'arrêta au milieu du palier, cherchant désespérément une autre idée. Rien. Elle n'avait plus le choix. Les minutes s'écoulaient à une vitesse alarmante.
Tu as vu Arthur Weasley attaqué par Nagini et McGo ne veut pas te croire ? Non, attends, ce n'est pas la bonne époque, même s'il est ton oncle par alliance.

Elle prit une longue inspiration et avança, résolue, jusqu'à la porte de Brad.
Tu vas rompre ? Youpi !

Elle toqua. Quelques secondes plus tard, Brad ouvrit la porte.

– Je m'apprêtais à venir te souhaiter bonne chance, dit-il.

Tu sais où elle était, ta copine, hier ? Elle était à un rencard avec un autre ! Ouais, elle cherche à te remplacer, voleur de petite fleur.

– J'ai besoin que tu me rendes un très grand service, lança-t-elle, alarmée.

Le visage de Brad se ferma brusquement.

– Qu'est-ce qui se passe ? Tu as l'air dans un état...

– Je vais être en retard, et j'ai un problème sur les bras, coupa-t-elle de nouveau.

– D'accord. Comment je peux t'aider ? répondit-il, précipitamment.

Mona hésita une seconde de plus. Ce n'était vraiment pas raisonnable. Il y avait sûrement une meilleure solution. Mais à qui demander ? Les seules personnes de confiance à qui elle pouvait demander de l'aide faisaient partie de l'Ordre du Phénix ou bien ils raconteraient à tout le monde ce que Mona allait faire aujourd'hui.

J'ai deviné ce qu'elle prévoit pour la journée. Pas pourquoi elle panique, mais je sais ce qu'elle va faire. Parce que moi, je fais attention à ce qui se passe dans la vie de mon héroïne. Et si vous n'avez pas trouvé, il va falloir potasser.

– Viens !

Elle attrapa le bras de son petit ami et l'entraîna dans son appartement. Au milieu du salon, Rogue était étendu sur le sol, la tête posée sur l'oreiller que Mona avait fait apparaître la veille.

– Je te présente Severus, dit Mona. Nous étions amis avec Lily à l'école. Severus était amoureux de Lily et, lorsque je lui ai annoncé son mariage, il... enfin, voilà, il est là. Je ne peux pas le laisser, et je dois partir.

Brad fixait toujours le jeune homme allongé sur le sol. Son expression ahurie le rendait encore plus stupide.
Quoi ? Non, je n'ai pas inséré d'avis personnel dans ma narration. Vils lecteurs.

– D'accord, dit finalement Brad. Il a trop picolé et ne s'en est pas encore remis.
– Voilà.
– Je m'en occupe, répondit-il enfin.

Quoi ? Mais non. Mona, tu ne peux pas laisser un Moldu avec un Mangemort. Il va mourir, ton Jules...
Attends, vas-y, laisse-le, vague à tes occupations.

À mi-chemin entre le soulagement et l'angoisse, Mona acquiesça finalement. Elle s'approcha du Mangemort et se pencha vers lui.

– Prince ? murmura-t-elle.
– Hm...
– Brad va s'occuper de toi, dit-elle. C'est un gentil garçon qui n'a pas fréquenté la même école que nous.
– Pourquoi tu lui dis ça ? demanda Brad.

Pour éviter que Rogue dégaine sa baguette pour faire un truc comme... de la magie.

– Severus est un garçon un peu particulier, expliqua Mona. Et, à moins de le connaître de réputation, on peut être surpris.

De l'entendre parler de Quidditch ou de sortilèges, ou de voler dans les airs. Mais le plus surprenant serait de l'entendre parler de shampoing.

– Lorsqu'il se réveillera, précise-lui bien que tu as fait tes études ailleurs...
– D'accord, répéta Brad, étonné.
– Alors, j'y vais, dit-elle, hésitante.

Elle ne bougea pas.

– File ! lança-t-il.

Après une nouvelle hésitation, elle vint déposer un rapide baiser sur ses lèvres.
À Brad, pas à Rogue ! Bande de provocateurs de cauchemars.

Finalement, elle repartit vers la porte. Elle n'attendit pas d'atteindre le placard à balai où elle avait ses habitudes et transplana immédiatement.

Mona atterrit dans une petite ruelle qu'elle avait repérée quelque temps auparavant. Les nerfs en pelote, elle avança dans la rue perpendiculaire, bien plus animée. Traversant un petit parking, elle entra dans une grande boutique éclairée d'un néon rouge. Une vendeuse la salua poliment avant que Mona ne repère madame Wilson. Elle se dirigea droit vers elle.

Madame Wilson épluchait une série de documents sur une table derrière les caisses du magasin de meubles et de décoration. Grande, ses cheveux tirés à l'extrême et attachés en chignon, elle laissait quelques mèches grises percer sa chevelure d'un noir intense, dont sa fille n'avait pas hérité.

– Bonjour, madame Wilson ! s'annonça Mona en arrivant à son niveau.

La dame releva la tête et son visage s'éclaira d'un sourire.

– Mona ! Te voilà ! Tu as vu ma fille ?
– Non, j'ai fait le tour de la boutique et je ne l'ai pas croisée, mentit Mona pour cacher son retard.
– Tu auras bien le temps de voir Kathy dans les prochaines semaines, répondit madame Wilson.

Elle rangea les documents dans le tiroir d'un bureau et se tourna de nouveau vers Mona.

– Tu es sûre que la réserve te conviendra ? Tu ne préférerais pas travailler en boutique ?
– Non, dit Mona, songeant aux gaffes qu'elle pourrait faire devant des clients moldus.
– Parfait. Alors, suis-moi.

Madame Wilson entreprit de traverser le magasin. Mona dut trottiner pour suivre son rythme.

– Notre boutique appartient à une franchise, expliqua-t-elle. Nous ne choisissons pas la marchandise, et nous avons une certaine marge consacrée aux pertes dues à la casse. Ton rôle sera, entre autres, de réparer les petits défauts de certains meubles endommagés. Nous avons créé ce poste rien que pour toi. Kathy nous a dit que tu avais un véritable don.
– J'ai appris ça à l'école, répondit Mona.

Et ce n'est pas un mensonge ! Ben oui, elle a appris des sortilèges de réparation à Poudlard.

– La plupart du temps, un simple point de colle, un clou ou une équerre suffisent. D'habitude, c'est mon mari qui s'en charge, mais depuis son lumbago, les petits dégâts s'entassent. Certains produits risquent de devenir invendables puisqu'ils sortiront bientôt du catalogue.

Mona acquiesça, se demandant si elle parviendrait à simuler un enfoncement de clou avec sa baguette.

– Nous te demanderons de ne pas trop parler de ta fonction, reprit madame Wilson. Ça ne convient pas vraiment à l'image de la franchise ce petit bricolage. Mais pour nous, ces réparations représentent une limitation des pertes.
– Je comprends, répondit Mona, même si ce n'était qu'à moitié vrai.

- Ton autre rôle sera de remplir les rayons de produits. Le responsable de la réserve, Gary, t'enverra une fois de temps en temps dans un rayon, tu devras noter les produits qui manquent et recharger les rayons. Tu seras surtout concernée par les rayons décorations pour t'éviter les charges lourdes.

- D'accord.

Elles atteignirent la réserve, une pièce remplie d'objets dans des états plus ou moins délabrés.

– Jette ce qui n'est plus récupérable, dit madame Wilson.
– D'accord. Quelle quantité peut être sauvée ?
– Un quart devrait être simple à réparer. Un autre quart demandera réflexion. Pour le reste, c'est sûrement trop tard.

Mona observa la pièce sans fenêtres, juste un hublot en haut de la porte.

– Ça ira ? demanda madame Wilson.
– Oui, oui, dit Mona, les yeux rivés sur une étagère pleine d'outils moldus dont elle ignorait l'utilité.
– Viens signer ton contrat après le déjeuner. Kathy te guidera. C'est un contrat de trois mois avec une semaine d'essai.

Mona acquiesça, ne sachant quoi répondre.

– Si tu as un souci, adresse-toi à Gary, le responsable de la réserve. Il n'est pas très grand, un peu dégarni et rustre, mais il saura t'aider. Je vais le prévenir que tu es là. Bon courage.
– À vous aussi..., dit Mona vaguement.

Madame Wilson referma la porte. Mona se maudit. Pourquoi avait-elle dit « à vous aussi » ? Madame Wilson n'avait même pas dit « Bonne journée ».
Je pourrais vous expliquer pourquoi, mais vous allez encore dire que je suis méchant.

Hésitante, Mona s'approcha d'une table basse, identique à celle que Kathy lui avait rapporté quelques jours plus tôt. La plaque du dessus était légèrement décollée. Mona avança vers les étagères à outils et repéra un tube de colle à bois. Elle vérifia que sa baguette était bien cachée dans sa manche et avança avec le tube vers la table. Après un rapide coup d'œil vers la porte toujours fermée, elle sortit sa baguette.

– Reparo.

La plaque se recolla aussitôt. Mona cacha sa baguette, posa le tube de colle sur la table et chercha un autre meuble qui ne lui poserait pas de problème.

– Moon ! hurla Gary, le tout nouveau responsable de Mona.

Mona redressa la tête tout en glissant discrètement sa baguette dans sa manche.

– Fin de journée. Revenez demain à la même heure.

Soulagée de n'avoir commis aucun impair, Mona se redressa complètement. Il était dix-huit heures passées, et elle venait d'achever sa première journée de travail. Travailler n'était pas très passionnant ; hormis la pause déjeuner avec Kathy, Mona ne s'était pas vraiment amusée. Sa rencontre avec Gary avait été relativement brève, la phrase la plus longue qu'il lui ait adressée étant justement celle-ci. Elle jeta un coup d'œil aux objets autour d'elle et réalisa qu'elle en avait trop réparé. Tout au long de la journée, elle avait essayé d'adopter un rythme moldu, qu'elle avait déduit à partir des notices des tubes de colle qu'elle avait prétendument utilisés. Pour le lendemain, en revanche, il allait falloir qu'elle apprenne à clouer des objets. Après une réflexion intense, elle en avait déduit que cet outil doté d'un manche en bois et d'une tête en métal plat devait être la solution.

Vi, ça s'appelle un marteau. Et ce n'est pas parce que tu en as un que tu dois cogner le jour et la nuit de tout ton cœur. Sauf si c'est sur Brad et son outil à voler les fleurs.

– Ça s'est bien passé ? demanda Kathy en rejoignant Mona à la sortie du magasin.
– Oui, mentit Mona.
– Je n'ai pas encore terminé, fit Kathy. Mais on se voit demain pour déjeuner. Je commence à onze heures.
– Alors, à demain.
– Attends, j'ai...

Sans finir sa phrase, Kathy fouilla dans ses poches.

– Ton badge ! dit-elle en sortant un bout de plastique aux couleurs de l'enseigne. Tu dois l'épingler à tes vêtements avant de commencer.

Mona observa son nom inscrit sur le badge tandis que Kathy filait répondre à deux clients.

Elle rentra chez elle, plus épuisée qu'elle ne l'avait jamais été. Cette immersion dans le monde moldu avait été oppressante. Mona avait l'impression d'avoir passé la journée à éviter de dégainer sa baguette devant ses nouveaux collègues. Elle se demandait à qui parler de son travail. Kathy était la seule au courant de sa nouvelle activité. Malheureusement, elle ne pouvait pas comprendre les angoisses de Mona ni son incompétence dans certains domaines. Pendant un instant, Mona envisagea de lui révéler sa condition de sorcière. Mais cela n'arrangerait pas tout, d'autant que Kathy, fille des patrons, ne devait pas entendre n'importe quoi.

Mona transplana dans le placard à balais de son immeuble. À mi-chemin des escaliers, elle se souvint de Rogue, abandonné avec Brad.

Tu avais oublié ? Bel exemple d'amour sans borne.

Elle gravit les marches quatre à quatre, s'interrogeant sur l'état de Brad. Allait-elle retrouver son cadavre dans le salon ? Arrivée sur le palier, quelque chose lui sembla anormal. Il lui fallut quelques secondes pour comprendre : ses sortilèges de protection avaient disparu.

T'es protections sont invisibles, comment tu fais pour les repérer ? Livrée avec un radar intégré ?

Elle sortit sa baguette, hésitant entre rebrousser chemin pour aller chercher de l'aide ou affronter seule ce qui se trouvait derrière la porte. La vie de Brad tenait peut-être à un fil. Lentement, elle poussa la porte. L'appartement était plongé dans une obscurité inhabituelle, les néons et lampadaires de la rue auraient dû en éclairer une partie. Mona pointa devant elle sa baguette quand soudain, l'appartement s'éclaira.

– SURPRISE !

Mona faillit s'étrangler. De chaque coin de la pièce, ses amies surgissaient en brandissant confettis et cotillons.

– Tes voisins sont des moldus ? chuchota Irène à son oreille.
– Oui, souffla Mona, abasourdie.
– Alors, on va refermer la porte.

On la tira à l'intérieur de son appartement, qui ne ressemblait plus du tout à chez elle.

– Tu n'as toujours pas acheté de meubles ! constata Grace en s'installant autour d'une longue table. On a tout fait apparaître.
– Ma mère viendra moins souvent tant que je ne peux pas la recevoir convenablement.
– Du coup, c'est nous que tu reçois mal, rétorqua Waha.

En même temps, elle ne t'a pas invitée.

Mona fut assise sur une chaise, probablement dupliquée des autres.

– C'est mon anniversaire, réalisa-t-elle en voyant le gâteau surmonté d'un énorme "19".
– Tu avais oublié ? demanda Lily.

STOP ! Irène, Grace, Waha, Lily, c'est bon, j'ai placé les quatre filles et un anniv.

– Non, répondit Mona. Ça m'était juste sorti de la tête. Mais... que... qui... quoi ?

Les invitées éclatèrent de rire.

– C'est Irène qui a tout organisé, dévoila Waha.
– Et elle a invité tout le monde ? fit Mona en jetant un regard à Lily.
– Elle m'a contactée en premier, expliqua Grace. Je lui ai conseillé d'inviter aussi Lily, en plus de Waha, à qui elle avait déjà pensé.
– Et j'ai donc découvert que tu étais une vraie cachotière ! ajouta Irène. Terence est au courant de ton amitié avec une fille de moldu ?
– Je suis vivante, donc non, répondit Mona.

Les filles ricanèrent tandis que Lily faisait apparaître des bougies sur le gâteau.

– Souffle-les vite, qu'on attaque la ganache, lança Grace. Ça fait une heure qu'on t'attend. Au fait, où étais-tu ?

Mona les regarda tour à tour.

– Chez mes parents, mentit-elle.

Elles parurent convaincues et la pressèrent de souffler les bougies. Une fois cela fait, Grace fit apparaître un long couteau, découpa le gâteau, puis distribua les parts.

– Une pour Mona, une pour moi, dit-elle.

Une pour maman, une pour papa...
– Une pour Irène, une pour Waha...

Grace a régressé. À moins qu'elle ne soit bloquée à l'âge de la maternelle depuis tout ce temps. Je ne m'en rends pas bien compte.

– Et une pour madame Potter ! s'exclama Grace d'un ton au-dessus en mettant une assiette devant Lily.

– QUOI ! hurla Irène. C'est une blague ?

– Non, dit Lily d'une voix faible. James et moi... nous nous sommes mariés samedi soir.

– Pourquoi je suis la seule à être surprise ? s'exclama Irène. Mona, tu le savais ?

– Heu... commença-t-elle, hésitante.

– Mona était demoiselle d'honneur, dévoila Waha.

– QUOI ! s'écria Grace à son tour. J'ai dû apprendre ça par le voisin de ma grand-tante, et toi, tu étais la demoiselle d'honneur de Lily ?

– C'était un tout petit mariage, tenta Mona.

Ouais, une cérémonie expédiée en un paragraphe, de peur que des infos sur ladite cérémonie ne finissent sur la Toile.

– Petit ou non, c'était un mariage, répliqua Grace.

– Tu aurais tout de même pu convier ta sœur, dit Waha à la jeune mariée. Tes parents ne sont pas en très bonne santé, d'accord. Mais ta sœur...

– Est une andouille, trancha Lily. À chaque fois que je la vois, j'ai l'impression qu'elle est encore plus insupportable que la fois d'avant. En plus, son nouveau petit ami est un... prétentieux, arrogant, laid... vraiment pas fréquentable.

Comment narrer que cette information sera gravée à jamais dans la cervelle de Mona ? Je tente :

Un court instant de silence suivit la déclaration haineuse de Lily, tandis que ses derniers mots résonnaient dans l'esprit de Mona.

– Si tu es si bien informée, reprit Waha en se tournant vers Grace, tu sais peut-être si la rumeur disant que Lucius Malefoy et Narcissa Black sont fiancés est vraie ?

– C'est vrai, répondit Grace d'un ton important. La nouvelle sera annoncée dans la Gazette du Sorcier demain. Ce n'est pas tous les jours que deux grandes familles nobles s'unissent.

Bien sûr que si. Elles passent leur temps à unir leurs cousins entre eux.

– Je pensais qu'ils garderaient ça secret, dit Waha. Ce n'est pas vraiment le moment d'annoncer des mariages.

– Ce cas-là est différent, intervint Mona. On ne peut pas dire que Lucius Malefoy risque une attaque de Mangemorts pendant son mariage.

Tous les visages se tournèrent vers elle.

– Ben quoi, fit-elle. C'est flagrant.

– Mais pas encore officiellement confirmé, ajouta Grace.

Mona haussa les épaules.

– Encore un petit secret que devra porter Narcissa Black, dit Irène d'un ton mystérieux.

Elle avala une bouchée de son gâteau, savourant son petit effet.

– Pourquoi tu dis "encore un" ? demanda Lily. On sait bien que toutes les vieilles familles ont des secrets, mais tu fais allusion à quelque chose en particulier ?

Les quatre filles lancèrent un regard en coin à Mona avant qu'Irène ne reprenne la parole.

Oui, les Moon ont pleins de petits secrets, a commencer par l'identité du grand-père génétique de Mona.

– En 1954, mon grand-père était dans le nord de l'Afrique. Il travaillait sur un gisement de branchiflore en Méditerranée, révéla-t-elle.

– C'est bien, on est contentes pour lui, dit Grace avec ironie.

– Il ne travaillait pas seul ! rétorqua Irène.

– On est encore plus heureuses qu'il ait eu de la compagnie.

– Cygnus Black était avec lui. C'est lui qui finançait l'expédition, précisa Irène, agacée que Grace gâche son récit.

– Magnifique ! s'écria Grace. Ton grand-père fréquentait un Black et toi, une Moon. Vous êtes une famille qui côtoie du beau monde.

Mona ne put s'empêcher de ressentir une pointe de fierté.

– Tu ne comprends pas, insista Irène. De juillet à octobre, ils étaient tout le temps là-bas. C'était trop loin pour transplaner, et le voyage était trop long pour revenir.

– Du coup, ta grand-mère est restée seule pendant quatre mois. La pauvre... fit semblant de compatir Grace.

– Narcissa Black, aussi blonde et différente que ses deux sœurs sont brunes et identiques, est née en juin 1955, annonça Irène victorieuse. Soit 9 mois plus tard.

Grace resta muette, scotchée par la révélation.

– C'est impossible, dit-elle enfin. Ça se saurait.

– Les Black ont dit que Cygnus rendait visite à sa femme même si le voyage était compliqué, expliqua Irène. Mais depuis que mon grand-père perd la boule, il raconte un tas de secrets.

– Comme tu viens de le dire, ton grand-père perd la boule, objecta Grace.

– Ma grand-mère a tout confirmé.

– Peut-être que Cygnus rendait bien visite à sa femme, et que ton grand-père ne voulait pas voir ta grand-mère.

– Bon ! déclara Mona. On va peut-être prendre une deuxième part ?

– C'est vrai, cette histoire ? demanda Lily en se tournant vers Mona. J'ai toujours trouvé que Narcissa ne ressemblait pas à ses sœurs. Qu'elle avait un truc... je ne saurais pas trop comment dire.

– Je suis sûre que toi, tu peux le confirmer, dit Irène. C'est un secret de polichinelle, cette histoire.

Mona regarda ses quatre amies tour à tour.

— Parce que ma propre famille possède un paquet de secrets de polichinelle, je dois forcément connaître ceux des autres ? demanda-t-elle.

— Toi aussi, tu as des secrets, dit Lily. Pas seulement ceux de ta famille.

— Oui ! renchérit Irène. Depuis quand tu es amie avec Lily ? Tu as d'autres amitiés cachées ?

— Selwyn, lâcha Mona.

Selwyn ? C'est qui celui-là ? Un ami masculin ? Je ne l'aime pas !

— Pardon ? demanda Irène.

— Un ancien prétendant de Druella Rosier, dit Mona. Avant qu'elle ne se tourne vers Cygnus Black.

Ah... ce n'était pas un pote... Non, je n'ai pas l'air idiot.

Cette révélation fut suivie d'un long silence.

— Je savais bien qu'elle était trop blonde ! s'exclama Lily. Et Sirius aussi trouve qu'il y a quelque chose de louche avec sa cousine !

Bizarrement, c'est plutôt Bellatrix que je trouverais louche, moi.

— Selwyn, c'est juste l'une des plus grandes familles de sorciers... et que des blonds, ajouta Waha. Enfin, pour ceux qui restent.

Mona regrettait déjà ses révélations. Elle se trompait peut-être, après tout. Elle ne faisait que répéter ce qu'elle avait entendu au détour d'une réunion de famille.

— La contraception, ils ne connaissaient pas ? demanda Lily, outrée.

— Ben non, répondit Grace. La plupart des filles de bonne famille ne sont pas au courant. On ne parle pas de ce genre de choses.

— La mère et la grand-mère de Mona lui ont envoyé une lettre quand elle était à Poudlard, dit Lily. Elles lui ont tout expliqué.

— Ah bon ? s'étonna Grace. Pourquoi sait-elle ça et pas moi ?

— Parce que Lily était là lorsque j'ai reçu cette lettre, expliqua Mona.

— De toute façon, même si Druella était au courant, les accidents, ça arrive, dit Waha. La magie ne fait pas tout. Même si, à notre époque, des produits comme ceux du docteur Stinson sont très efficaces.

Stinson, contraception... Qui a demandé une référence pourrie ?

— Ils ont un sale goût, dit Mona. Je préfère largement les sortilèges.

Les filles du docteur Stinson se tournèrent vers elle, médusées.

Quoi ? J'ai fait une vanne avec 4 filles et un Jeans plus haut, je me devais de saluer les 4 filles du docteur March.

— T'es plus vierge ? s'étonna Waha. C'est qui ?

— C'est Sirius ? demanda Lily.

Wo ! À quel moment la conversation a-t-elle déraillé ? Je devrais peut-être arrêter de dire des conneries. Ou alors je continue à en dire et je vous bloque la lecture. Outch ! Vilains ! Qui m'a virtuellement frappé ?

— Non non ! s'écria Mona en s'insultant intérieurement. J'ai juste voulu être prévenante et... je m'ennuie parfois ici. Alors, je me renseigne.

— C'est Clive ? demanda Irène. Tu l'as revu à ma fête d'anniversaire.

— Non ! s'écria Mona.

— Ce n'est pas Gaïden ? renchérit Grace.

— Non ! répéta Mona, excédée. Je n'ai rien fait.

— Mouais, dit Waha. T'as copulé, ça se voit. En fait, c'est écrit sur ton visage.

— Non ! protesta Mona en luttant pour ne pas chercher un miroir.

Les autres filles n'étaient pas dupes, mais aucune ne prononça un mot. Mona s'apprêta à reprendre la parole pour se défendre quand on toqua à la porte. Pour la première fois depuis son emménagement, elle espéra trouver sa mère sur le palier. Mais à cette heure-ci, c'était improbable. Elle se leva et ouvrit. Brad se tenait sur le paillasson, un gros paquet emballé dans les mains. Des raclements de chaises derrière elle indiquèrent que ses amies se levaient pour voir qui c'était.

— Tu as de la visite, dit-il. Je repasserai plus tard.

— Non, attends, l'arrêta Mona.

Elle passa sur le palier et referma la porte, apercevant les yeux curieux de ses amies à travers l'interstice.

— Mes amies m'ont organisé une soirée surprise entre filles, dévoila-t-elle.

— Je vois ça, dit-il. Tiens, joyeux anniversaire, petite Momo.

Il lui tendit le paquet. Mona le prit sans vraiment y prêter attention.

— Tu te souviens de mon ami de ce matin ? demanda-t-elle, craignant que Rogue lui ait peut-être effacé la mémoire.

— Severus ? dit Brad. Oui. Il n'est pas très causant. Il m'a demandé si j'étais un molle du... Il n'a pas terminé sa phrase, et après, il ne m'a presque plus parlé.

Un molle du... J'achèverais bien la phrase, mais autant éviter d'être traité de pervers. Z'avez vu ? J'ai tenu 27 lignes sans commentaire.

— Il est parti en bon état ?

— Oui, mais il avait l'air surpris que je sois ton petit ami, dit Brad. Tu n'as mis aucun de tes amis au courant ?

— Les quatre filles derrière cette porte savaient que j'avais quelqu'un avant que tu ne frappes.

Elles l'ont su une seconde avant. Bien joué, gamine, ce n'est pas un mensonge.

— Revenons à Severus, dit Mona. Tu ne te sentais pas bizarre après sa visite ou... ?

— Non, pourquoi ? Il se drogue ?

— Non non, dit-elle sans comprendre clairement sa phrase.

— Il m'a dit qu'il t'enverrait un hibou, ajouta Brad. Ça veut dire quoi ?

— C'est comme un coup de Bigo, répondit Mona, pas vraiment sûre de ce que pouvait être un "coup de Bigo".

— Ah d'accord, dit Brad. Dans mon lycée aussi, nous avions nos expressions bien à nous.

Elle se contenta d'acquiescer et regarda alors le lourd paquet qu'elle tenait. Elle le posa sur le sol et commença à le déballer. L'objet offert était dessiné sur l'emballage, Mona se pressa de lire ce qu'il y avait d'écrit, elle ne connaissait pas cet objet.

— Une cafetière pour faire le café ! s'exclama-t-elle en feignant l'enthousiasme.

— Ce sera sûrement plus simple, et il sera probablement meilleur, dit Brad. J'ai mis des filtres dans le carton.

Parce que tu lui as fait goûter ton café ? Et il ne te prend pas pour une folle ?

— Des filtres, dit-elle, perplexe. Ce sera encore mieux, alors.

Y'a des chances !

– Retourne avec tes amies, dit Brad. Je laisse ma porte ouverte, je t'attendrai. Même si je dors, n'hésite pas à entrer.

– D'accord.

Ils échangèrent un bref baiser avant que Mona ne retourne à l'intérieur. Dès qu'elle passa la porte, les discussions animées des filles cessèrent immédiatement. Mona toussota, cherchant à paraître naturelle, et se dirigea vers la cuisine pour y poser le carton contenant la cafetière.

– Alors ? demanda froidement Grace. C'était lui ?

– Oui, répondit Mona.

Il n'y avait plus aucune raison de nier.

– Un moldu ! lança Irène. Tu aimes vivre dangereusement. Terence va te tuer.

– Je n'ai pas l'intention de lui dire, rétorqua Mona.

Elle se retourna pour observer les réactions de ses amies. Lily paraissait légèrement déçue, Waha affichait un sourire coquin, Irène oscillait entre l'amusement et l'inquiétude. Grace, elle, semblait absolument horrifiée.

– Un moldu ! répéta Grace.

– Oui, eh bien, ce sont des choses qui arrivent, répondit Mona en haussant les épaules. On ne choisit pas toujours...

– Tu ne m'as rien dit, lâcha Grace, visiblement outrée. Ça devait être un moment important dans ta vie, et tu ne m'as rien confié.

Grace paraissait encore plus bouleversée et se tourna soudainement vers Lily.

– Je suis sûre que toi, tu savais !

– Non ! protesta immédiatement Lily. Je ne savais rien. Pourtant, on s'est vues samedi, et à aucun moment je n'aurais pu deviner que Mona avait quelqu'un. Bien que maintenant que j'y pense...

Mona lui lança un regard suppliant, espérant qu'elle n'évoquerait pas la scène entre Sirius et elle.

– Non, je ne savais vraiment rien, conclut Lily. Et je le regrette. Tu aurais pu m'en parler.

– À moi d'abord ! s'emporta Grace. J'ai la priorité !

– Moi aussi, j'aurais aimé être au courant, ajouta Irène. Ce garçon n'est pas aussi beau que Sirius, mais il reste très séduisant.

– Tu aurais pu discuter avec moi, intervint Waha. On aurait pu parler de nos aventures sexuelles ensemble. Lily est bien trop prude pour aborder ce genre de sujets.

– Il t'attend ? demanda Irène.

– Non, répondit Mona. Ce sera... bien plus tard.

Waha, Lily et Irène échangèrent des regards complices, visiblement amusées. Grace, en revanche, semblait toujours furieuse.

– Bon, moi, il faut que j'y aille, dit Lily. Il se fait tard.

– Oui, renchérit Irène. J'ai du travail demain.

– Moi aussi, ajouta Waha.

Les filles se levèrent et, après les salutations d'usage, trois d'entre elles quittèrent l'appartement, prenant le chemin du placard à balai qu'avait indiqué Mona.

Alors qu'elle refermait la porte, Grace se tourna une dernière fois vers Mona.

– Il s'appelle comment ? demanda-t-elle.

– Brad Keaton.

– Très moldu, dit-elle avec dédain.

– J'ai caché cette histoire à tout le monde, dit Mona.

– Pas à Kathy, rétorqua Grace. Ton amie moldue doit être au courant de ton aventure avec un moldu.

Tu n'as pas fini avec ta jalousie à la con ! Essaye plutôt de convaincre Mona de rompre avec l'autre jardinier.

– Oui, souffla Mona. Je voulais comprendre un peu mieux les us et coutumes des moldus.

– Heureusement que tu ne l'as pas dit à Lily.

Les deux filles s'observèrent en silence.

– Bon, je vais y aller, reprit Grace. Tu dois retrouver Brad Keaton, et moi, je suis fatiguée. Tu veux que je t'aide à ranger ?

Quoi ? Mais non ! Dis-lui qu'elle est irresponsable, qu'elle doit arrêter de se promener en sous-vêtements chez lui.

Mona acquiesça, et en deux ou trois coups de baguette, l'appartement retrouva son aspect vide et morne. Le manteau de Mona tomba au sol, la chaise qui le supportait ayant disparu. Grace le ramassa et un petit objet glissa par terre. Mona sentit son cœur bondir. Elle se précipita pour le récupérer, mais Grace fut plus rapide.

– C'est la boutique que possèdent les parents de Kathy ? demanda-t-elle en examinant le badge où figurait le nom de Mona.

Mona réfléchit à toute vitesse. Grace ne pouvait pas découvrir autant de choses d'un coup.

– Oui.

– Tu y travailles ?

– Non, répondit Mona, incapable d'improviser une excuse crédible.

Assomme-la, c'est une bonne porte de sortie.

– Pourtant, tu as un badge à ton nom.

– Je m'ennuie, expliqua simplement Mona. Je passe un peu de temps là-bas pour mieux comprendre les moldus. Pour Brad.

Grace remit le badge dans la poche du manteau.

– On se contacte, déclara-t-elle après un long silence. Et on se revoit. Je veux tout savoir sur Brad et ton nouveau travail.

Mona ouvrit la bouche pour protester, mais Grace balaya ses objections d'un geste de la main. Elle ouvrit la porte et sortit. Mona s'assit sur l'une des deux chaises restantes, contemplant son appartement vide. Après une minute, elle se releva, traversa le palier et sécurisa sa porte avant de sortir.

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