Chapitre 146 : 1978 : La question des vrais bisous
Quelques minutes plus tard, Mona prit le chemin de sa salle commune pour y récupérer plusieurs livres afin de commencer son après-midi de devoirs et de révisions. Les ASPIC approchaient à grands pas. Elle choisit un chemin plus long pour être sûre de ne croiser personne. Ce ne fut pas le cas ; James et Lily semblaient eux aussi avoir cherché un endroit à l'écart. Ils s'embrassaient, collés contre un mur.
Vous perdez pas de temps ! Ah si, attendez, vous avez perdu sept ans.
Mona hésita à faire demi-tour lorsque Lily l'aperçut.
– Mona !
Aussitôt, les deux amoureux se détachèrent et avancèrent vers elle.
– Ça roucoule sévère, remarqua Mona.
– Oui, et grâce à toi, dit Lily, un brin gênée de parler devant James.
– Je te serai éternellement reconnaissant, dit-il avec un large sourire.
– J'ai fait une bonne action alors.
Bordel, Mona ! Mais ça veut dire que tu as sauvé le monde ! Mais si enfin, elle a aidé Lily et James à se mettre en couple, ils vont donc copuler, avoir Harry, et Voldi sera explosé une première puis une seconde fois. Je corrige : Mona, tu as sauvé le monde deux fois ! Ça, c'est pas de l'héroïne de pacotille !
– Par contre, je n'arriverais pas à y croire sans ta confirmation, dit James.
Il marqua une pause.
– Est-ce que vous êtes réellement amies ? demanda-t-il.
– Oui, souffla simplement Mona. Évidemment, ne...
– Ne le répète à personne, finit Lily.
Elle adressa un large sourire à Mona et, n'y tenant plus, la serra dans ses bras.
– Si on se marie, tu seras ma demoiselle d'honneur, murmura-t-elle.
– D'accord, mais lâche-moi tout de suite, supplia Mona, figée.
Après les mièvreries du nouveau couple, Mona parvint à rejoindre sa salle commune. Une fois son sac chargé, elle prit la direction de la bibliothèque. Après une hésitation, elle opta pour le chemin principal. À cette heure-ci, la plupart des élèves étaient soit en cours, soit posés au calme pour travailler. Les couloirs étaient donc presque vides, sauf autour de la bibliothèque où les élèves flânaient. C'est ainsi que Mona croisa Sirius, le regard plongé dans un manuel de botanique.
Déjà ? On le rencontre si tôt ? Mais il s'est presque rien passé de la journée.
Elle hésita à l'aborder, mais la présence d'autres élèves l'obligea à approcher son faux petit ami. Elle ne pouvait pas l'éviter sans déclencher une vague de ragots.
– Hé !
Classique comme entrée en matière, chez eux...
Sirius redressa la tête et aperçut Mona.
– Hé !
Ils ouvrirent tous deux la bouche pour parler, mais aucun son n'en sortit.
Tant que vous ne vous roulez pas une pelle !
Brusquement, de l'autre côté du couloir, une porte s'ouvrit à la volée. Le silence régna aussitôt à cet étage ; personne n'osa parler ou bouger. Irène fit irruption, folle de rage, et se tourna vers Mona, encore plus furieuse.
– Ton frère est complètement fou ! Un vrai dingue !
Là-dessus, elle longea le corridor à grandes enjambées. Stupéfaite, Mona resta muette, la suivant des yeux jusqu'à ce que Terence franchisse la porte que la Serdaigle avait claquée une seconde plus tôt. Mona le fixa sans assimiler complètement sa présence. Il caressait d'une main sa joue visiblement endolorie. Il hocha la tête en direction de sa sœur et s'éloigna dans la direction opposée à celle d'Irène. Quelques rires étouffés résonnèrent autour d'eux.
Qu'est-ce qui s'est passé ? Je veux savoir ! Ma curiosité trépigne, j'exige de savoir !
– Les gifles et les Moon, une grande histoire, dit alors Sirius.
– Une mode depuis deux jours, répondit Mona, encore ébranlée.
Leurs regards se croisèrent et leurs mutismes respectifs réapparu.
– On devrait aller à l'écart, dit-il. Ce serait plus simple pour parler librement.
Ça commence comme ça, et ça finit avec des gifles et des bisous !
Mona suivit Sirius dans la pièce qu'Irène et Terence avaient occupée quelques minutes auparavant. Elle le regarda insonoriser la porte, sans deviner ce qui avait bien pu attirer son frère et Irène dans cette salle.
– Je pensais que tu irais aux cuisines hier soir, dit-il. Comme tu n'es pas venue dîner.
– Je n'avais pas faim.
Un nouveau silence gênant s'installa, et Mona comprit le sous-entendu de Sirius. Il l'avait attendue aux cuisines la veille.
– C'est grâce à toi que Lily et James se bécotent en permanence, paraît-il ?
– Oui, répondit-elle. J'ai suggéré à Lily de prendre les choses en main.
À nouveau, le silence revint.
– Bon, dit-il brusquement. Ce qui est arrivé est arrivé.
– Oui, c'est vrai, dit Mona en se reprenant. On doit mettre cela au clair.
Leurs verves s'évanouit aussitôt.
Verve, pas verge, bande de pervers !
Ils se regardèrent, mal à l'aise. Sirius fit un pas, puis un autre, jusqu'à se retrouver tout près de Mona. Paralysée, elle réfléchit à toute vitesse. Il se pencha pour l'embrasser.
– Ohohooo ! dit-elle en s'écartant. D'abord, on doit en parler.
Oui, tu l'as fait ! Tu l'as repoussé.
– On a un peu de mal à en parler, fit-il remarquer vexé.
– Alors on doit faire un effort, dit-elle. Cette situation ne doit pas exister.
– Pourquoi ? On gagnerait en crédibilité auprès des autres en s'embrassant pour de vrai, dit-il en s'installant sur une table.
Je crois que tu as froissé le caniche.
Mona le regarda, stupéfaite, il avait osé formuler les choses clairement.
– Appelons un chat un chat ! dit Sirius avec un sourire détaché.
– Très bien, répondit-elle. Alors, on ne peut pas avoir une fausse relation de couple et échanger de vrais baisers.
– Pourquoi pas ?
– Pour une bonne demi-douzaine de raisons ! La première étant que nous avons un contrat avec des obligations. Ensuite, notre relation a une date de péremption, et je ne veux pas échanger de vrais baisers avec un type que mes parents trouvent idéal pour moi.
Ben ouais, t'es une rebelle !
– C'est un peu tard pour ça ! dit Sirius.
– Peu importe, répondit-elle. On prend des décisions maintenant sur ce qui se passe à partir de... maintenant.
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