Partie I - Chapitre 5
LOUIS
Louis appelle sa mère, un soir. Il y a déjà cinq jours qu'il est parti. Quand il entend sa voix à travers le téléphone, il se rend compte pourtant que sa mère ne s'était rendu compte de rien. Qu'elle ne s'inquiétait pas.
Louis est assis par terre, sur le sol de la cuisine d'Harry, a plusieurs kilomètres de chez lui, et sa mère n'en sait rien, et sûrement aussi : elle s'en fout.
Louis aime sa mère mais pas comme on aime une maman, il l'aime plus pour son odeur, la douceur de sa peau quand elle le serrait dans ses bras lorsqu'il était enfant. Il l'aime pour les œufs sur le plat en forme de bonhomme ou les balades au parc pour sortir le chien. Il l'aime moins maintenant qu'elle ne s'inquiète plus d'où il va le soir jusqu'à ce que la nuit tombe ou qu'elle ne propose plus de lui coller un pansement sur le genou lorsqu'il tombe par terre. Mais sa voix c'est toujours pareil, il a envie de pleurer en l'entendant parler, et de tout lui avouer, de lui dire qu'il a voulu mourir et qu'elle ne s'en doute même pas, ou que si elle s'en doute alors il déteste qu'elle fasse semblant. Il a la gorge noué. C'est si bizarre d'aimer un être tout en le détestant viscéralement.
Il lui parle un peu. Il ment. Il raconte qu'il est chez un ami et qu'il veut rester le temps des vacances. Sa mère dit qu'elle s'en doutait. Elle est gentille. Elle raconte son travail, elle raconte que son père est un peu malade. Elle le gronde d'être parti sans prévenir et puis elle ajoute très vite « ce n'est pas grave, à ton âge on aime aller chez des amis ». Et puis elle lui dit je t'aime, comme ça, comme absente au travers des mots. Elle raccroche.
Louis est assis par terre, nimbé dans une tristesse qui ne partira sans doute jamais.
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