Partie I - Chapitre 4


LOUIS


Louis reste chez Harry. Des jours, il ne sait pas combien. Il n'y a pas de temps chez Harry, juste la vie qui s'écoule en petites gouttes ralenties.

Louis se repose.

Il pourrait dire qu'il se répare, mais ce n'est pas ça, il ne fait que dormir, s'asseoir par terre devant les piles de bouquins de Harry, lire, écrire, il ne mange presque pas, il regarde par la fenêtre, et le soir parfois il va marcher sur le trottoir, comme ça, il respire l'air, les étoiles, il tire la langue quand il pleut un peu mais c'est tout.

Il rentre vite à l'intérieur, l'appartement d'Harry brille d'une lumière douce et il y a toujours un peu de musique, parfois même Harry prend sa guitare et joue pour Louis mais c'est tout.

Ils ne parlent pas de leurs problèmes.

Ils ne reparlent plus de Louis cherchant à être brisé par la foudre, un soir d'orage.

Jamais.

Louis ne se répare pas chez Harry, ça il le faisait lorsqu'il parlait au psychologue, il y a des mois. Là ce n'est pas ça. C'est se reposer, vraiment. C'est prendre ce temps nécessaire pour s'écouter respirer, pour faire des choses qui ne servent à rien mais qui calment. Qui calment son rythme cardiaque. Et les pulsations. Dans ses. Veines.

Harry est là, autour de Louis. Mais pas vraiment non plus. Il parle si peu.

Il semble glisser, comme une ombre, immobile et délicate.

Harry a une bouche sans sourire sauf quand il joue de la musique et des doigts qui écrivent sans cesse. Harry écrit des poèmes sur le mur de son appartement, et Louis passe son temps à les lire et les relire, parce qu'ils sont beaux et incompréhensibles, comme lui.

Harry part chaque nuit. Louis ne le suit jamais. Il a peur du dehors maintenant. Quand Harry rentre, c'est le petit matin, il porte sur lui l'odeur de la nuit et de l'aurore, il a froid et sa peau est couverte d'une fine pellicule de sueur et souvent, il vient s'allonger contre Louis, qui a encore cette chaleur de la nuit et qui le serre dans ses bras. C'est le seul moment où ils se touchent, mais est ce que cela existe vraiment ? Parfois Louis pense que ces heures d'aube sont en dehors du temps, et que Harry lové contre lui, secoué de sanglots et le corps gelé par l'eau de mer n'existe pas. N'existe pas pour le reste du monde.

Parfois aussi, Louis a envie de plus. Il a envie de sentir le corps sec de Harry contre ses propres os. La bouche sur la peau de son cou, il l'embrasse un peu. Il imagine ce que ça ferait, de poser ses lèvres sur les lèvres de Harry. Il imagine ce que ça ferait de faire l'amour avec lui. Quand il y pense, il se remplit de froid, et ça lui mord le ventre. Il se demande si Harry a cette envie là, ou si il est juste en train de devenir fou. Quand Harry n'est pas là, il s'allonge sur son côté du lit et il respire l'odeur de sa peau imprimée sur le lin. Il y a comme quelque chose qui le dévore de l'intérieur, une chaleur moite qui envahit ses veines.



Harry n'est pas beau,

il est un monde à l'envers.

Louis a la tête en bas,

et le cerveau complètement retourné.

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