Jour 6 Samedi
Il avait toute la journée de samedi à stresser plus qu'il ne fallait. Peut-être aurait-il dû proposer de passer la journée avec lui? Il ne se serait pas fait un sang d'encre la journée entière à s'imaginer comment faire les premiers pas pour le baiser. Devait-il attendre avant ou après le film? Devait-il lui demander la permission ou juste y aller, lorsque leur position sera la plus avantageuse?
Encore et encore, l'angoisse le tenaillait. Ses mains moites le faisaient rager et il avait beau les essuyer, elle redevenait glissante en un rien de temps. Que de frustration ici. Dans un espoir vain de s'enlever se stresse, il s'installe dans son lit avec son cahier à dessin et peaufine sa bande dessinée.
Son super-héros prenait vie sous sa plume d'expert. Un nouveau crime avait été commis. La ville entière semblait plonger dans l'angoisse et la terreur. Comment aider chacun de ses pauvres villageois face au mal grandissant dans leur cœur? En trouvant la source bien sûr! Le jeune héros se dirigea donc immédiatement vers ses ennemis numéro un! Les jumelles diaboliques. Pourtant, même les jumelles semblaient en proie à cette angoisse générale et effectivement, il aurait été illogique qu'elles en soit la cause, car leur pouvoir consistait à amener la tristesse uniquement. Il s'apprête donc à partir, quand quelque chose d'imprévu arriva. Les jumelles diaboliques lui proposent soudainement leur aide. Elles aussi mal à l'aise face à cette ambiance lourde, voulait régler le problème au plus vite.
"Ben, viens ici"
Il poussa un soupir en refermant son cahier à dessin et suivit ses sœurs qui l'observaient.
"Tu ne vas quand même pas aller en date habillée comme ça?"
"Euh..."
"Avec du gèle dans les cheveux, tu seras encore plus craquant!"
"Et moi je vais te trouver quelque chose qui fait propre!"
Une fois les tâches répartie entre les filles, elle le tira jusqu'à la salle de bain, où elle tentait de placer ses cheveux denses. Sa soeur arriva pendant le processus avec un pantalon en tissus noir qui faisait beaucoup plus propre que le jeans qu'il portait. Elles l'apprêtent pour qu'il soit à son maximum avant de regarder leur chef d'œuvre et d'appliquer une touche d'eau de cologne. Il avait fallu beaucoup plus de gel que prévu pour sa chevelure, mais il avait maintenant le visage dégagé et un look un peu plus fier.
"Si Louis n'a pas envie de t'arracher chaque couche de vêtement en te voyant, c'est qu'il n'était pas vraiment gay!"
Benjamin s'observa dans le miroir avec un regard piteux. Il prit une respiration pour gonfler son torse et mettre son dos droit en prenant un regard imposant. C'est vrai qu'il semblait plus confiant et plus mature ainsi. Louis allait par contre ce poser des questions s'il le voyait apprêter ainsi et...
"MAMAN!"
Il avait crier son nom si fort que ses sœurs bondirent en mode défensive derrière. Qu'est-ce que leur frère avait vu pour crier ainsi? Une araignée? La mère arriva essoufflée à la porte.
"Oh mon dieu! Qu'est-ce qu'il y a?"
"Tu m'avais promis de ne rien dire aux filles à propos de Louis!" Dans sa voix, on pouvait déceler la tristesse de c'être fait ainsi trahi par sa propre mère.
Il avait encore un petit espoir que ses sœurs aient entendu son nom à l'école, mais à voir le visage gêné de sa mère, il comprenait qu'elle était l'unique traîtresse.
"Elles voulaient seulement savoir le nom du..."
Mais les larmes aux yeux, Benjamin s'enfuit dans sa chambre, ignorant sa mère qui tentait de le rassurer en lui disant dont comment il était beau. Il ne pouvait plus avoir confiance en personne. Les jumelles maléfiques avaient fait alliance avec la mairesse de la ville.
Son père le déposa devant le cinéma vingt minutes avant le début du film. Une dernière fois, Benjamin essuya ses mains moites sur son pantalon avant d'entrer dans la bâtisse. Il avait espéré être le premier à arriver, mais il aperçut Louis assis sur un banc le nez dans son téléphone. Le brun prit une grande respiration avant de se diriger vers lui. Il n'avait pas fait 3 pas que la tête frisé se relevait et scrutait les gens autour. Leur regard s'accrochèrent et la mâchoire de Louis en tomba presque. Oh. Il n'aurait peut-être pas dû laisser faire ses sœurs. Il était trop bien apprêter pour paraître naturel.
"Salut Louis."
"Salut... tu... tes cheveux..."
"Quoi? C'est pas bien? Mes sœurs ont voulu jouer à la coiffeuse avec moi! J'aurais dû les défaires après. Désolé."
"Non, c'est très bien. Tu... tu es beau. Très beau." Répondit Louis de plus en plus rouge et la gorge sèche avant de détourner le regard.
"Toi aussi tu es beau." ajouta Benjamin d'une toute petite voix.
"Pas tant que ça. C'est du vieux linge de Jonathan ou trouvez dans une friperie. Toi, ta mis un pantalon propre. J'aurais peut-être dû me préparer plus."
Les garçons baissèrent leur regard sur les jeans troué du frisé qui remontent en même temps ses lunettes sur son nez.
"J'adore ton style."
Le binoclard haussa les épaules. Jeans troué, chemise à carreaux attachée à la taille et chandail d'un groupe de musique différent tous les jours. Ils n'avait pas vraiment de style selon lui, sinon, un style emprunté à son frère qui lui refilait ses vieilles affaires. Seul son bracelet en cuir était bien à lui. Il aime ses vêtements, mais il savait que son look n'était pas approuvé par tout le monde.
Benjamin vient s'asseoir à ses côtés sur le banc et glissa sa main vers la sienne pour la prendre. Lorsqu'elle s'effleure, Louis se leva d'un bond comme s'il avait reçu une décharge électrique.
"Bon, allons acheter nos billets."
Le frisé se dirigea vers le comptoir du cinéma, alors que Benjamin déçu le suivit derrière. Venait-il d'éviter de lui prendre la main? Pourquoi? Son nouveau style ne lui plaisait pas? Quoi qu'hier non plus, il n'avait pas eu de contact physique de toute la journée. Qu'est-ce qui arrivait?
"Je vais vous prendre deux billets."
Benjamin reporta son attention sur son ami qui tendait un billet de 20$ à la dame.
"Je peux payer mon billet! J'ai de l'argent!"
Refusant de le regarder de nouveau, Louis lui répondit.
"C'est moi qui t'invite. C'est à moi de payer."
Benjamin continua de l'observer un moment la bouche légèrement entrouverte.
"Ok, mais je paie le popcorn."
Et il se dirigea vers le comptoir à nourriture.
"Un grand popcorn s'il vous plaît. Et des boissons gazeuses."
À la course, Louis le rejoint avec ses deux billets en main.
"Qu'est-ce que tu fais!"
Se sentant soudainement coupable, Benjamin tenta de s'expliquer.
"Je... nous prend à manger. Tu voulais deux popcorn séparer?"
"C'était moi qui devait tout acheter."
"Oh. Mais non, tu n'es pas obligé. Tu paie l'entrée et je paie la nourriture. C'est bien comme ça aussi."
Benjamin lui offrit un merveilleux sourire. Il avait eu peur que c'était de devoir partager un popcorn qui le dérangeait. Mais Louis devient encore plus inconfortable. Il agrippa les breuvages qu'on leur tendit et se dirigea vers les salles.
"Ok. Viens alors."
Comprenant de moins en moins la situation, Benjamin prit le popcorn et le suivit. Dans la salle, il y avait un silence de plomb. Ni l'un ni l'autre ne parlait en mangeant leur popcorn. Quand le film commença, ils avaient déjà mangé la moitié du contenant. Ils passèrent près d' une heure en silence, les yeux rivés à l'écran. Benjamin lançait parfois des regards à Louis qui semblait angoisser à ses côtés. Il essuya ses mains sur ses pantalons, avant d'essayer de lui prendre la main. Si sur le coup, Louis sembla l'accepter, leur regard se croisa et le garçon retira sa main en se levant.
"Je vais aux toilettes." Avait-il servi comme excuse avant de s'éloigner.
Benjamin l'observa quitter la salle déboussolée. Il essuya de nouveau ses mains moites sur son pantalon, les sourcils froncés. Pourquoi il avait l'étrange impression que Louis le fuyait maintenant. Il avait cru pouvoir échanger un baiser avec le garçon en fin de semaine. S'il voulait si peu passer du temps avec lui, pourquoi l'avoir invité à sortir?
Louis revient plusieurs minutes plus tard et Benjamin n'essaye plus aucun contact avec lui. Ils terminaient le film en silence et sortaient doucement de l'établissement.
"C'était bon."
"Oui, je trouve aussi."
Ni l'un ni l'autre ne se regardait dans les yeux. Fixant le sol, chacun n'avait d'idée de quoi rajouter.
"Je dois y aller. Jonathan m'attend."
Benjamin leva la tête pour fixer Louis qui pointait une voiture plus loin où il était capable d'apercevoir le grand frère texter, une cigarette à la bouche.
"Ok. À lundi à l'école."
"Oui."
Pourtant Louis ne bougeait pas de sa place. Tout comme Benjamin, il semblait attendre quelque chose. Peut-être que le moment était encore bon pour s'embrasser. Enlever le malaise et le doute. Benjamin fit un pas vers lui et ressentant son corps s'embraser. Le soleil s'est couché quelques minutes plus tôt, laissant un ciel orange. Il avait dû pleuvoir pendant leur séance, car l'asphalte était humide et des gouttes d'eau continuaient de perler sur les voitures. L'air était humide et les gens dans la rue sortaient tout comme eux du cinéma, heureux et discutant du film qu'il venait de voir. Un baiser serait parfait. Mais plus il se rapprochait du corps de Louis qui semblait figé comme un chevreuil au milieu de la route, plus son cœur menaçait d'éclater. Finalement, manquant de courage au dernier moment, Benjamin fit dos à Louis.
"Ok, alors, bye."
Puis il partit courir les larmes aux yeux et le cœur en miettes. Pourquoi Louis n'avait fait aucun mouvement dans son sens. Peut-être avait-il tout imaginé. Peut-être ne l'avait-il jamais aimé comme lui avait commencé à l'aimer.
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