Jour 46 Jeudi

Benjamin et Louis dirent au revoir à Jérémy et la bande avant de se diriger à l'extérieur. Ils avaient rendez-vous au Mcdo du coin pour un dîner avec le père du frisé.

"Ne crois pas tout ce qu'il va te dire!" Le prévient Louis de plus en plus anxieux en s'approchant. "Et puis, son opinion c'est de la merde, alors on s'en fou de ce qu'il pense, ok?"

"Ok." Répondit Benjamin retenant un fou rire.

On aurait dit lui-même, la première fois qu'il avait amené son copain à la maison. Oh, ça voulait-il dire qu'il allait passer un interrogatoire? Il ne s'était pas préparé. Il observa le binoclard à qui il tenait la main. Tantôt, avant de quitter l'école, Louis avait été vomir son angoisse dans la salle de bain. Il semblait aller mieux, mais était-ce une façade?

Lorsque le restaurant apparut au loin, Benjamin éprouva un inconfort à sa main. Louis lui serrait beaucoup trop fort. C'était des plus inconfortables, il manquait de circulation. Il ne dit néanmoins rien comprenant le besoin du garçon de savoir sa main là dans la sienne.

En entrant, Louis balaya la salle du regard et Benjamin fut attristé de voir la haine naître dans ses yeux et la mâchoire se serrer. Il ne dit toujours rien, inconfortable et ne sachant quoi dire pour le rassurer et se laisse tirer vers un homme qui se leva en les voyant arriver.

"Salut Louis. Salut... Benjamin, c'est ça?" Demanda l'homme au dessinateur qui hocha discrètement la tête. "On commence par commander? Prenez ce que vous voulez les garçons."

Visiblement, Louis prit ses mots à la lettre, car en plus du trio régulier, il se choisit des chaussons aux pommes et un breuvage spécialisé. Benjamin se contenta d'un trio normal et après avoir passé commande, les garçons laissèrent l'homme à la caisse pour aller s'asseoir à la table.

"Ça va aller Louis?"

"Oui, pourquoi?"

"Car tu semble pas... content?"

"Pourquoi je devrais être content de le voir?"

"Je croyais que vous aviez parlé et que ça c'était arrangé?"

"Mouais." Souffla Louis sans rien rajouter.

Benjamin tourna son regard vers l'homme avant de venir passer quelques doigts dans les déchirures du pantalon de son copain.

"Il semble gentil. Il n'a fait aucun mauvais commentaire pour le moment."

"Ça va venir. Tu vas voir." Grogna Louis en croisa les bras.

"Ok, mais en attendant, si tu n'as pas l'intention de lui donner sa chance, pourquoi on est venu?"

Louis haussa les épaules avant de se tourner vers son copain qui profita de son attention pour lui offrir un sourire immense et flatter sa cuisse. Tactique réussit, car Louis détourna la tête en rougissant.

"Voilà." Dit le père en déposant le plateau repas devant les garçons et en s'asseyant en face d'eux.

Les adolescents prirent ce qui leur appartenait avant de commencer à se nourrir. Le père les regarda faire un moment tentant de trouver une façon d'enclencher la conversation. Ne trouvant aucun sujet, il mordit dans son hamburger. Ce fut ainsi pendant un moment. Les trois hommes mangent en silence.

"Donc Benjamin. Tu aimes le dessin?"

Le garçon hocha doucement la tête, pour approuver, mais la conversation ne continua pas, le père de son copain ne sachant quoi ajouter de plus sur ce sujet. Il n'aimait pas le dessin, lui.

"Tu aimes les super-héros?" Dit-il en pointant son chandail des gardiens de la galaxie.

"Oui." Répondit Benjamin en rougissant.

"Ton super-héro préféré?" Demanda le père qui s'y connaissait un peu dans ce domaine.

"Batman." Répondit Benjamin en souriant.

"Ta fini de faire semblant de vouloir être son ami?" Répondit agressivement Louis à son père en lui lançant des éclairs d'un seul regard.

Ni le père, ni Ben ne savait quoi dire après un tel commentaire. Benjamin vient glisser ses doigts de nouveau dans les trous du jeans de son copain. Il ne l'avait jamais vu comme ça avant. Pourquoi était-il si braqué devant son père. C'était bien de faire des efforts, non? Le fils et le père semblaient se vouer une lutte du regard et Ben commençait à se sentir de trop.

"Louis, je tente juste de connaitre mon... gendre." Dit le père incertain.

Il n'eut aucune réponse de Louis qui tourna la tête en colère.

"Ne me fais pas de l'attitude, tu veux." Grogna son père entre les dents voyant son garçon le rejeter aussi ouvertement. "Tu vois, je suis pas le seul problème dans notre relation, tu es toujours..."

Mais Louis venait de se lever d'un bond et quittait la table sans Benjamin et disparut dans la salle de bain. Le brun tourna son regard vers le père qui semblait aussi mal à l'aise que lui de se retrouver seul à cette table.

"Je devrais peut-être aller le voir." Dit Benjamin timidement avant de se lever.

"Reste assis. J'y vais. C'est moi qu'il déteste après tout." Répondit le père lasse avant de se lever et de se diriger vers la salle de bain.

Benjamin se rassit doucement inconfortable de la situation. Il resta assis presqu'une demi-heure à attendre qu'on vienne le retrouver. Il n'en était pas fâché. Il avait compris à l'attitude de Louis, qu'ils auraient dû prendre le temps de régler leur différend avant de l'inclure dans le lot. Voyant l'heure et ayant peur d'avoir un retard non motivé à son dossier, il se leva avant de glisser les chaussons aux pommes de Louis dans ses poches et de se diriger vers la salle de bain. Il ouvrit doucement la porte pour voir le père et le fils debout dans un coin à parler.

"Euh... Louis... c'est qu'il faudrait partir à l'école pour ne pas arriver en retard en cours."

Son copain rajusta ses lunettes avant de tourner la tête discrètement vers son père.

"Benjamin, je crois que tu peux retourner à l'école. Je motiverait l'absence de Louis cette après-midi."

"Oh." Laissa glisser Benjamin déçu de ce faire abandonner ainsi.

Il observa Louis qui lui lança un regard triste. Bon les deux en avait peut-être besoin après tout.

"J'ai tes chaussons dans les poches."

"Garde les. C'est pour toi." Dit Louis dans un souffle.

Était-il en train de pleurer? Sa voix semblait trembler.

"Ok. Tu m'écriras plus tard?"

"Ouais."

Benjamin hocha la tête avant de quitter le restaurant. Il traîna des pieds jusqu'à l'école, mécontent. Il se sentait blessé et insulté, mais en même temps, il comprenait que ce n'était pas la faute de quiconque. Chacun avait voulu bien faire sans se rendre compte qu'il brûlait des étapes. En espérant que leur problème se règle. En espérant que les choses vont mieux après.

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