CHAPITRE XX

Je suis heureuse que les choses se soient mieux passés du côté de Zachary.
Bien sûr, Dorian aussi a hurlé sur son fils dans un premier temps. J’aurais été étonnée qu’il ne le fasse pas. Mais au bout d’un certain temps, il a fini par se calmer et a plutôt bien pris la nouvelle. Il n’a pas sauté au plafond, mais il ne s’opposera à notre relation. Il nous demande simplement d’attendre un peu avant de l’annoncer à Charlie. Et on ne comptait pas lui dire maintenant de toute façon. Elle est encore trop jeune pour comprendre ce genre de choses que même certains adultes, comme ma mère, n’ont pas l’air de vouloir comprendre.
Après quatre jours sans nouvelles d’elle, j’ai fini par me faire à l’idée qu’il lui faudrait vraiment beaucoup de temps pour accepter tout ça. Je suis prête à lui en donner. Autant qu’il le faudra. Mais je ne cesserai pas de vivre pour autant.
J’ai tout de suite accepté quand Zachary m’a proposé de venir faire un tour dans le club où il travaille. Sofia et Mathéo sont également venus, et il y a encore une semaine je me serais très certainement plainte intérieurement qu’ils passent toute la soirée à s’embrasser dans leur coin. Mais ce soir je suis trop occupée à regarder Zachary faire son travail comme un vrai professionnel. Il sert les gens avec une rapidité incroyable, et il fait même les trucs que les barmans font quand ils lancent les bouteilles dans les airs, qui me stressent toujours. Je ne l’avais encore jamais vu en pleine action. Il est tellement sexy derrière ce bar. Et ce ne sont pas les verres que j’ai déjà bu qui parlent.
Plusieurs filles passant par le bar tout au long de la nuit, remarquent également sans grande surprise le beau barman qui prépare leurs shots. Mais je ne suis même pas jalouse, parce que même en les servant elles, des filles plutôt canons qui ont absolument tout pour plaire et qui savent user de leur charme, les yeux de Zachary Collins ne se décollent pas un seul instant de moi. Je me suis faite belle pour lui ce soir. Et depuis le début de son service, il ne cesse de se vanter auprès de ses collègues que personne n’a le droit de me toucher à par lui. Je me sens si bien ce soir. Je me sens libre !  
- Tu t’amuses ? m’interroge un Mathéo sorti de nulle part. Tu ne t’ennuies pas trop toute seule ?  
C’est vrai que je suis assise seule au bar depuis une demi-heure. J’ai tellement dansé que j’avais besoin de me reposer un instant. Loin de la musique trop forte, de la foule…près de Zachary.
- Non ça va. J’aime bien être ici.
Il me sourit, devinant immédiatement pourquoi j’aime autant ce spot. J’ai une bonne vue de là où je suis.
- Il est vraiment heureux tu sais ?
Je suis surprise qu’il me dise ça. Je savais qu’il était heureux oui, parce que je ne le serais pas aussi dans le cas contraire. Mais je ne m’attendais pas à ce que Mathéo vienne me le dire. Lui et moi on commence à bien s’entendre depuis New-York. On ne se parle pas très souvent, mais on peut passer de bons moments ensemble avec Sofia et Zachary.
- C’est le moment où tu me dis que je n’ai pas intérêt à lui faire du mal ?
- Tu le promets ?
Je lui souris en levant mon verre dans sa direction. Je ne lui en veux pas de venir m’en parler. Je le comprends et je n’aurais pas non plus tarder à aborder le sujet avec lui.
- Seulement si tu promets la même chose.
A partir de maintenant quelque chose nous lie lui et moi. On sort tous les deux avec nos meilleurs amis respectifs. Si l’un de nous dérape, il peut être sûr que l’autre sera prêt à bondir à tout moment. Et comme pour « sceller notre pacte », il lève à son tour sa boisson pour la cogner dans la mienne. Je crois bien que ce sont les meilleures vacances de ma vie.
- Salut vous deux ! s’écrie Sofia en se jetant sur nous avec joie.
Ça, c’est le signe qu’elle est bien bourrée. Les câlins. Elle est capable d’en faire à des étrangers sans même s’en rendre compte. Je trouve ça adorable maintenant que je ne suis plus la seule à devoir m’occuper d’elle quand elle est dans cet état.
Et en parlant de sa pauvre victime, elle attrape le bras de Mathéo lorsque passe sa chanson préférée pour l’obliger à aller danser avec elle. Comme toujours, il ne lui résiste pas longtemps.
- Tu viens ? me demande-t-il toujours tiré par l’hystérique.
- Je vous rejoins.
Et les voilà partis. Un jour il faudra vraiment qu’elle commence à freiner sur l’alcool pour ne pas ressembler à son oncle. Un jour, pas ce soir.
- Jolie robe, déclare une voix inconnue derrière moi.
Quand je me retourne et que je vois un mec un peu plus âgé que moi, portant une casquette et une barbichette atroce, venir se mettre en face de moi en s’accoudant au bar, je dois retenir un haut-le-cœur. D’abord parce qu’il empeste l’alcool et la cigarette au point de me donner la nausée, mais aussi parce que ce sourire pervers et la main qu’il pose alors sur ma cuisse me fait frissonner de dégoût.
- Je te l’enlève ?
D’accord, là soit je vomis sur lui, soit je lui donne le coup le plus violent que je puisse avoir en réserve. Mais heureusement, ce ne sera pas nécessaire. Puisque mon chevalier servant vient à ma rescousse en surgissant derrière le pervers, pour poser sa main sur son épaule et l’éloigner de moi rapidement.
- Je crois que la demoiselle n’a aucune envie d’enlever ses vêtements pour un type comme toi. Je te conseille de dégager avant que je te foute dehors moi-même.
Le taré, agacé d’être dérangé dans son « travail » dégoûtant, se met à le fusiller du regard avec une telle intensité que je verrais presque des flammes apparaître dans ses yeux. Cependant, ne faisant pas le poids face au charisme naturel de celui qui lui fait face, ces flammes disparaissent très vite. Juste avant que le pervers ne décide de filer en se mêlant à un groupe de personnes qui ne doivent sûrement même pas le connaître. Il me fait de la peine, pendant deux secondes seulement. Après lesquelles je me tourne vers mon sauveur en souriant pour l’attirer vers moi, toujours installée sur ma chaise haute.
- La demoiselle veut bien enlever ses vêtements n’importe quand pour toi Zachary Collins.
- Tant mieux parce que même si cette robe te va à merveille Amyra Salem, je te préfère largement sans.
Quand c’est lui qui pose sa main sur ma cuisse, je ne peux pas la repousser.
Bon sang j’ai tellement chaud. Et je ne saurais dire si c’est les margaritas ou Zachary qui me fait cet effet.
- J’ai fini mon service, m’annonce-t-il en souriant. On rentre ?
Je n’attendais que ça ! Je finis mon verre d’une traite avant de sauter de ma chaise pour le suivre jusqu’à la sortie. Il salue ses collègues une dernière fois en partant, et je suis heureuse de faire de même. Ils ont l’air plutôt sympas, j’espère que je pourrai les rencontrer dans des conditions un peu moins bruyantes un jour.
Une fois arrivés devant la porte de son appartement, je suis assez étonnée qu’il me demande d’attendre dans le couloir le temps qu’il règle « quelques détails ».
Je ne vois pas ce qu’il pourrait régler. Je l’ai visité avant-hier, et il était impeccable. En termes d’agencement, il n’était pas si différent de celui de Sofia, mais bien sûr, il y avait la petite touche personnelle des garçons. Si le beige règne en maître là-haut, ici c’est le gris qui domine. Dans un style minimaliste qui rend l’endroit plus spacieux, et confortable que chez Sofia. On pourrait croire que deux garçons vivant ensemble, ça représente bien plus de bazar qu’une seule fille dans un appartement à elle seule. Mais non. La seule différence entre les deux appartements, c’est que celui-ci possède deux chambres. Si celui de Sofia avait le même avantage, je n’aurais pas été contrainte de dormir sur cet horrible matelas pendant tout ce temps. Mais je ne vais pas m’en plaindre après qu’elle ait si gentiment accepté de m’héberger.
Je reçois un message de Zachary après quelques minutes, m’informant que je peux enfin entrer. Heureusement parce que je commençais à m’endormir debout. Je pousse la porte qu’il n’avait pas complètement fermée pour me faufiler à l’intérieur, et je crois halluciner quand je vois une traînée de pétales de roses rouges et blanches à mes pieds. Il n’a pas fait ça ! Aucune lumière n’est allumée dans l’appartement, mais le chemin est parfaitement bien éclairé par des bougies dégageant un parfum formidable. Chemin qui me mène finalement jusqu’à la chambre de Zachary. Où plus de pétales m’attendent sur le sol comme sur le lit. Et où des dizaines d’autres bougies sont allumées et posées çà et là, sur le bureau, la table de chevet, l’étagère… Je n’arrive pas à croire qu’il ait fait tout ça. Je me demande d’ailleurs où il est, et pourquoi je me retrouve dans une chambre vide.
Une question que je ne me pose plus, quand son enceinte Bluetooth se met en route pour jouer les premières notes de « Sexual Healing ». Je me retourne alors vers la porte par laquelle je viens de passer pour entrer. Et ce que je vois à ce moment…ce que je vois…me fait exploser de rire. Zachary Collins est là devant moi, vêtu uniquement d’un boxer noir et blanc, des bretelles accrochées à ce dernier, tout ça agrémenté de deux bracelets en forme de manchettes qu’il porte aux poignets, et surtout, d’un magnifique nœud papillon !
Même si je ne peux pas m’empêcher de rire, je ne me gêne pas pour observer un peu tout ça. J’ai une vue imprenable sur son corps de rêve je ne vais pas détourner le regard tout de même !
- Alors ça te plaît ? finit-il par me demander en s’avançant tout en tournant sur lui-même pour me montrer l’envers du décor.
Je crois que je n’ai jamais autant ri. Il est incroyable. Il est trop parfait !
- Si tu savais comme je t’aime, réponds-je entre deux rire en allant déposer un baiser sur ses lèvres.
Toujours dans ses bras, je jette un nouveau coup d’œil à la chambre parfaitement décorée. Il a su réunir dans la même pièce, trois choses qui me font un effet monstre. Les bougies, Marvin Gaye, et bon sang…ce nœud papillon. J’aimerais lui sauter dessus rien que pour ça.
- Ce sont de faux pétales au fait. Je sais que tu n’aimes pas qu’on torture la nature.
Il a pensé à… Et puis merde ! C’est le détail de trop ! Je prends mon élan pour pouvoir sauter contre son torse musclé et l’embrasser avec fougue. Ses mains viennent se poser sous mes fesses très rapidement pour me soulever, et très vite me faire atterrir sur le lit, qui rebondit sous le poids de nos deux corps.
Je n’attends qu’une chose, qu’il m’enlève cette foutue robe une bonne fois pour toute !

Je suis blottie dans les bras de mon bien-aimé assoupi, quand je vois le jour commencer à se lever par la fenêtre de sa chambre. J’aime assister à ce genre de spectacle, surtout quand je viens de passer une nuit aussi magique. Mes cheveux doivent être dans un état pas possible. Tous mes vêtements sont éparpillés sur le sol, près des bougies pour la plupart déjà éteintes. Et Marvin Gaye s’est tût il y a une bonne heure, au moment où la batterie de l’enceinte est morte. Tout est devenu si paisible. Je n’entends que la respiration de Zachary qui continue de me serrer contre lui, même endormi. J’aimerais rester dans cette position à tout jamais. Mais j’ai aussi besoin de boire un bon café si je veux rester en forme aujourd’hui. Si je dors maintenant, je suis partie pour me réveiller à 21h ce soir.
J’essaie de quitter les bras de Zachary avec délicatesse, afin de ne pas le réveiller, puis je me dirige vers son armoire, incroyablement bien rangée, pour attraper un de ses grands t-shirts et l’enfiler en m’arrêtant un instant pour sentir l’odeur qui s’en dégage. Celle de Zachary. Je ressemble à une psychopathe comme ça, je devrais éviter de faire ce genre de choses. Je vais dans la cuisine une fois le précieux t-shirt revêtu, afin de préparer mon nectar du matin, quand je réalise que je suis incapable de faire fonctionner cette machine infernale. Pourquoi il y a autant de boutons là-dessus ? Thé, chocolat chaud, cappuccino…
Une machine à café n’est-elle pas supposée…faire du café ? Je n’y arriverai jamais à ce rythme-là. Je risque de casser ce truc, si je continue de donner des coups dedans comme je commence à le faire au bout de quelques secondes privées de ma drogue.
Je m’arrête pourtant, aussitôt que j’entends la porte d’entrer s’ouvrir derrière moi. J’ai bien failli faire une attaque avant de réaliser que ce n’était que Mathéo qui venait de rentrer.
Ce dernier me remarque très vite, ainsi que les pétales à ses pieds qui semblent l’intriguer et l’amuser à la fois.
- Je suis supposé les suivre ? plaisante-t-il en les pointant du doigt.
- A tes risques et périls.
Nous rions en cœur, tandis qu’il enjambe les bougies pour venir me rejoindre.
- Des problèmes avec la machine ?
- Comment tu as deviné ?
Il sourit en prenant les choses en main pour m’éviter de disjoncter.
- Je l’ai reçue à Noël. Le lendemain, elle aurait fini à la poubelle si Zachary n’était pas intervenu pour la sauver.
Je me sens moins seule maintenant. Quelle idée d’offrir à quelqu’un un appareil aussi sophistiqué qui pourrait facilement provoquer la fin de l’espèce humaine en se révoltant contre ses créateurs. Je m’emporte peut-être mais c’est le genre de choses que dirait Caly. Visiblement j’ai pris certaines de ses habitudes. Je remercie Mathéo lorsqu’il me tend une tasse gigantesque qu’il me fallait cruellement. Le parfum qui s’en dégage agit tout de suite comme un calmant sur moi. Et la gorgée que je prends sans tarder me réveille assez pour remarquer les bâillements incessants de celui sans qui je n’aurais pas pu savourer ce café.
- Tu rentres tôt, remarqué-je enfin. Je te croyais avec Sofia.
- C’était le cas, mais mon patron m’a appelé, il a besoin de quelqu’un pour assurer l’ouverture de la salle.
J’avais presque oublié que Mathéo aussi travaillait. Dans une salle de sport si j’ai bien compris. C’est logique après tout, comment il pourrait se payer un tel appartement sinon ?
C’est quelqu’un de très responsable, j’imagine qu’il a dû beaucoup déteindre sur Zachary. Mais je me demande toujours comment il a pu en arriver là. Surtout quand je peux voir d’ici sa précieuse guitare, accrochée au mur dans le salon, comme un trophée qui n’a pas été touché depuis un bon bout de temps. Quand on était au lycée, il disait à tout le monde qu’il ne se voyait pas faire autre chose que de la musique. Il avait même réussi à entrer dans une grande école spécialisée. Alors pourquoi travailler dans une salle de sport ?
Et je dois fixer cette guitare un peu trop longtemps, puisqu’il finit par s’en rendre compte.
- Tu te demandes ce qui m’est arrivé ?
Moi et ma curiosité…
Je m’étais pourtant juré de ne pas m’en mêler.
- Non je…je trouve ça dommage que tu aies arrêté c’est tout. Tu étais très doué.
Il esquisse un léger sourire en baissant la tête avec tristesse. Et voilà Amyra ! Tu vois ce que ça fait aux autres quand on est trop indiscret !
- Mon grand frère l’était encore plus, dit-il sur un ton mélancolique assez inhabituel. J’ai appris à jouer avec lui, je voulais réussir à le surpasser un jour.
Son grand frère ? Je ne savais pas qu’il en avait un. Sofia ne m’en a jamais parlé. Zachary non plus d’ailleurs.
- Mais il a eu un accident de moto il y a deux ans et il n’a pas survécu.
Waouh. Je ne sais même pas quoi dire. En seulement quelques secondes je viens d’apprendre qu’il avait un frère, et que ce dernier est mort. J’ignorais totalement…
Si j’avais su…
- Je suis désolée Mathéo. Je n’aurais pas dû…
- Comment tu pouvais le savoir ?
Il m’adresse un sourire si rassurant que je ne peux que culpabiliser davantage. Je me sens bête maintenant. C’est sûrement une autre habitude que j’ai pris à Caly de ne pas savoir stopper ma curiosité quand elle va trop loin. Elle dit sans cesse que c’est un défaut professionnel dont elle aimerait se débarrasser. Je la comprends.
- Je vais bien je t’assure, insiste alors Mathéo. Je ne vois simplement plus l’intérêt de continuer la guitare sans lui.
Je suis touchée qu’il m’en parle. Qu’il se confie à moi. Je vois bien que malgré ce qu’il dit, il est toujours très affecté. Et c’est normal il a perdu son frère ! Je n’ose même pas imaginer ce que je deviendrais si je devais perdre Sébastian. On ne guérit pas de ce genre de choses.
Pourtant ça n’a pas l’air de le déranger de me raconter tout ça, quand moi-même je ne comprends pas pourquoi il le fait puisque…
- Sofia n’est pas au courant. N’est-ce pas ?
Il secoue la tête tout en s’appuyant contre le comptoir de la cuisine derrière lui. J’ai l’impression qu’il s’attendait à ce que je lui pose cette question, et qu’il la redoutait depuis le début. Je ne comprends pas.
- Sofia est incroyable Amyra. Elle est attentionnée, ambitieuse, spontanée, elle sait rester optimiste face au moindre problème. Et elle a un sens de l’humour à toute épreuve. Elle possède des qualités que je n’avais encore jamais trouvé chez les filles que je fréquentais avant elle.
Ça me fait tellement plaisir de l’entendre dire ça. D’enfin avoir la confirmation que lui et moi sommes sur la même longueur d’onde la concernant. Ce n’est pas pour rien que je suis restée amie avec elle pendant tout ce temps. Malgré la distance. Elle est le genre de personne pour qui on ferait n’importe quoi.
- J’ai peur qu’en découvrant mes défauts, elle réalise que je ne suis plus celui que j’étais autrefois, et que je suis devenu…un trouillard.
C’est la chose la plus ridicule et la plus mignonne que j’aie jamais entendu. Il a peur de dire à la fille qu’il aime qu’il est capable d’éprouver de la peur. Mais cette fille ce n’est pas n’importe qui. Je connais assez Sofia pour savoir qu’elle se fiche complètement qu’il ne soit plus le fantasme parfait qu’elle s’était fait de lui au lycée. Contrairement à moi elle ne s’attache pas trop au passé. Elle va de l’avant, et elle arrive toujours à me faire avancer avec elle. C’est sûrement pour ça que j’ai tant besoin d’elle. Et aujourd’hui, j’imagine que je ne suis plus la seule.
J’abandonne donc ma tasse pour aller poser ma main sur son épaule, et le rassurer à mon tour.
- Tu oublies une qualité chez elle. Elle est loyale. Et même si elle donne l’impression de toujours être d’humeur fêtarde, elle sait aussi être à l’écoute quand il le faut.
Il semble reprendre un peu confiance en lui. Je ne sais pas s’il suivra mon conseil. Quoiqu’il choisisse de faire, je lui promets sans tarder que tout ce qui a été dit aujourd’hui, ne sortira pas de cette cuisine. Si quelqu’un doit le dire à Sofia, ce n’est pas moi. Le téléphone de Mathéo, qui lui rappelle qu’il devrait déjà être parti en se mettant subitement à sonner, l’oblige à s’excuser et à couper court à notre discussion pour aller se préparer. Je me retrouve donc très vite à nouveau seule dans la cuisine. Avec pour seule compagnie, mon café qui a eu le temps de refroidir légèrement. Du moins c’était ma seule compagnie, avant que Zachary ne débarque dans la cuisine en baillant et en passant sa main dans ses cheveux plus que décoiffés. Il porte un simple boxer, qui malheureusement pour n’est pas celui d’hier soir, et qui n’est cette fois pas accompagné des bretelles et du nœud papillon. Il paraît tout de suite rassuré de me voir.
- Te voilà. Je pensais que tu t’étais enfuie.
Il vient se mettre face à moi en posant ses mains sur le comptoir derrière moi, afin de totalement m’emprisonner.
- En laissant toutes mes affaires éparpillées dans ta chambre ? Je ne pense pas qu’on puisse fuir un coup d’un soir de cette manière.
- Dans ce cas je suis ravi d’apprendre que ce n’en était pas un.
Il commence à m’embrasser. Et lorsque ses lèvres atteignent mon cou, je suis obligée de reposer ma tasse pour ne pas renverser l’intégralité de mon café sur le sol. Je dois fermer les yeux et me mordre la lèvre pour ne pas pousser quelques gémissements qui attireraient facilement l’attention de Mathéo qui est toujours dans la salle de bains. Et l’idée qu’il puisse en sortir d’une minute à l’autre et nous surprendre à ce moment-là me motive assez pour réussir à repousser Zachary en riant.
- Dois-je te rappeler que tu as un colocataire qui est en train de prendre sa douche dans la pièce d’à côté ?
Il lève les yeux au ciel en se dirigeant vers la machine à café.
- Rabat-joie.
- Obsédé.
Ça m’avait manqué ces petits pics qu’on aimait tant se lancer autrefois. Je ne lui avais pas sorti cette insulte depuis…bien trop longtemps. Mais ça lui plaît à lui aussi, sinon il n’essaierait pas de cacher son sourire.
Et je réalise enfin, que je ne l’ai pas remercié pour son « show » d’hier soir. Je sais qu’il l’a fait uniquement pour me changer un peu les idées. Pour que je me sente mieux.
- Zachary tu sais que tu n’avais pas à te transformer en Magic Mike pour me faire oublier mes problèmes avec ma mère, pas vrai ? Tu n’es pas responsable de tout ça.
Je sais qu’il culpabilise beaucoup. Il pense être la cause de notre dispute, mais ce n’est pas le cas. Et je ne cesse de le répéter mais il continue de s’en vouloir. Surtout en sachant que son père continue de lui adresser la parole.
- Tu n’as toujours pas eu de nouvelles d’elle ?
- Non et ça ne fait rien. Je sais qu’elle ne va pas m’en vouloir éternellement.
Je vais déposer un baiser sur sa joue en lui souriant.
- Mais merci de faire tout ça pour moi. Tu es adorable.
Je ne veux pas qu’il m’empêche de me sentir mal en prenant toute ma peine pour lui. Ce n’est pas comme ça que ça fonctionne. Je veux aussi qu’il soit heureux. Comme Mathéo me l’a dit hier soir.
- Cependant, ajouté-je donc avec malice. Je suis assez déçue que tu aies organisé cette petite soirée avant moi. Et dire que j’avais ramené de New-York mon costume d’infirmière sexy spécialement pour toi.
Il lui faut un moment pour se souvenir de la photographie bien exposée à la vue de tous, qu’il avait eu l’occasion de voir le jour où il était venu m’inviter à dîner. Depuis, cette photo a disparu de l’appartement de Sofia, je n’allais quand même pas la laisser là. Mais il semblerait qu’elle n’ait pas disparu de la mémoire de Zachary qui se met soudain à sourire comme un gosse.
- Tu es sérieuse là ?
Je hausse les épaules sans rien ajouter, en m’éloignant de lui pour prendre mon café et retourner dans la chambre. Où il me rejoint très vite pour m’emprisonner de ses bras, et ne plus me lâcher pour me poser encore plus de questions, qui n’auront pas de réponses avant quelques jours. Je dois encore décider si oui ou non je suis prête à subir une nouvelle fois ce déguisement assez moulant et étroit pour être apparenté à un vrai outil de torture.
Mais après tout…
Il mérite que je fasse ce sacrifice, non ?

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