CHAPITRE XV
Comme je m’en doutais, le peu d’heures de sommeil, le vol, et les sorties d’hier, en plus du décalage horaire, ont complètement assommés Zachary et Mathéo. Ils n’ont pas vraiment l’habitude de voyager. J’étais donc assez soulagée qu’ils acceptent d’eux-mêmes ce matin, de rester au loft pour dormir et reprendre des forces. Deux zombies collés à nous, ce n’est pas exactement ce qu’il nous fallait à Sofia et moi. Et cette fois, nous sommes vraiment sorties toutes les deux. Pour faire tout ce qui était sur notre listes de choses à faire ensemble à New-York. C’est tellement extraordinaire de lui montrer tous ces endroits qu’avec elle, j’ai la sensation de visiter pour la toute première fois. Être avec Sofia, transforme n’importe quel musée silencieux et morne, en lieu animé, plein de joie. Je suis tellement heureuse qu’elle soit là. Je ne le dirai jamais assez.
Même si comme je le prédisais, elle m’oblige dès le déjeuner particulièrement copieux englouti, à dévaliser chaque magasin pouvant croiser son chemin. Elle passe au moins une heure dans chacun d’entre eux, que je connais déjà assez bien pour ne pas m’attarder aux essayages. Et puis soyons réalistes, certains vêtements qui sont dans mon dressing n’ont pas été portés depuis des mois, ce n’est pas le moment d’en rajouter.
Je préfère laisser mon amie profiter de ses multiples découvertes seule.
- Celle-là plaira à coup sûr à Mathéo, se réjouit-elle en sortant de la cabine d’essayage.
Elle se regarde dans le grand miroir avec excitation, arborant avec fierté une robe courte et moulante à multiples paillettes qui pourrait donner à n’importe qui une allure de boule à facette. Mais sur elle c’est tout le contraire ! Je n’arrive pas à croire qu’elle soit aussi belle ! Ses hanches, son ventre, ses bras…rien ne dépasse, tout est bien là où il faut.
- Serait-ce de la jalousie que je vois dans ton regard ? m’interroge le vendeur du magasin avec un sourire en coin.
Taylor est un grand ami de Caly. Elle ne fait confiance qu’à lui et à une poignée de stylistes expérimentés pour le choix de ses vêtements. Il vient souvent passer des soirées chez nous. Et je soupçonne ces deux-là de bien se plaire. Taylor a 35 ans, et n’a donc que deux ans de moins que ma tante, qui de toute façon n’a jamais été attirée par les hommes plus âgés. Grand, brun, costaux, il sait prendre soin de lui, s’y connaît en mode, et son regard ténébreux fait fondre chaque cliente passant la porte de la boutique. Je ne sais pas d’ailleurs, comment il peut garder un teint aussi bronzé en vivant à New-York. Mais ça ne fait que décupler son charme ravageur. Je crois que si je n’avais pas été obsédée par Zachary au moment de notre rencontre, moi aussi j’aurais pu être attirée par lui très facilement. L’âge ne m’a jamais dérangée. Après tout, si Colin Firth venait me demander en mariage ce soir, je ne pourrais pas refuser. Quoique…je devrais arrêter de songer aussi vite au mariage moi…
En tout cas, aujourd’hui, je le connais et l’apprécie trop pour ressentir quoique ce soit d’autre que de l’amitié pour lui. A la différence de Sofia, qui ne cesse de loucher sur lui. J’essaie de l’ignorer en répondant avec discrétion.
- Pas de la jalousie. De l’envie.
Ce qui n’est pas la même chose. Surtout avec Sofia. Elle provoque très souvent de la jalousie autour d’elle, c’est pourquoi elle ne se fait pas facilement d’amis. Ce qui a aussi toujours été mon cas avec ma forte poitrine. Nous nous sommes trouvées à l’époque la plus difficile pour des personnes qui n’assument pas leur physique. Le lycée.
- Ce n’est pas un peu léger pour New-York ? demandé-je finalement à mon amie qui continue d’admirer son reflet.
- C’est pour ça que je la porterai à Shelter Meek. Je la prends !
Et elle retourne à toute vitesse dans la cabine. J’espère que ce n’est pas pour y essayer de nouveaux vêtements. Je suis épuisée, j’ai besoin de rentrer et de m’allonger dans mon canapé pour oublier la douleur qu’éprouvent mes pieds. Torturés toute la journée par l’hyperactivité de Sofia.
- J’ai appris que ta mère et ton beau-père avaient divorcés.
Evidemment que Caly en a parlé à Taylor. Elle lui dit tout. Et elle a eu raison de le faire.
- Oui. C’est triste mais…je crois qu’au final ça va faire du bien à ma mère de se retrouver seule avec elle-même quelques temps. Elle s’était un peu perdue dans son rôle de mère et d’épouse.
- Je peux comprendre.
Comment ai-je pu oublier qu’il était père célibataire ? Je n’ai vu sa fille que quelques fois, parce que la garde partagée a été plus bénéfique à la mère qu’à Taylor, mais dès qu’il l’a avec lui, il devient l’homme le plus heureux du monde. Je le vois dans son regard.
Alors oui, je le crois quand il me dit s’y connaître en divorce. Même si sa fille à lui est encore petite. Elle est plus jeune encore que Charlie.
- J’ai dîné avec Caly la veille de son départ, elle saura lui remonter le moral. J’en suis sûr.
Je dois forcément sourire à la découverte de ce dîner. Dont ma tante ne m’a pas parlé un seul instant. Elle ne me cache des choses que très rarement. Mais c’est une bonne nouvelle. Ça signifie que ce n’était pas un simple repas pour elle et ça, c’est génial. Je ne commencerai cependant pas à me comporter comme Sofia avec Zachary et moi. Je ne vais pas les harceler pour qu’ils se mettent ensemble, ils sont grands. Ils savent ce qu’ils veulent.
Et moi, je voudrais que ma tante ait une vie hors de son travail. Bien sûr elle m’a moi, depuis quelques temps, mais je sais que malgré ma présence, elle se sent souvent seule…
Sofia refait rapidement son apparition, ouvrant les rideaux, vêtue d’une dixième robe qui ne fera que donner un coup de massue de plus à son compte en banque.
- Sofia il va bientôt faire nuit, les garçons nous attendent.
- Mais non ne t’en fais pas.
Et je n’aurais jamais dû l’écouter. Jamais. Quand Sofia dit avec autant d’assurance de ne pas s’en faire, c’est qu’au contraire, il faut s’inquiéter de tout.
C’est en effet à la nuit tombée que nous rentrons enfin au loft, les bras chargés de sac. Moi qui voulais un voyage à la Sex and The City, je ne suis pas déçue. Peut-être même un peu trop gâtée. Nous découvrons avec surprise, l’endroit totalement désert. Aucun signe de Zachary ou de Mathéo.
- Où est-ce qu’ils ont pu aller ?
- Je t’avais bien dit ne pas passer tout ce temps à essayer ces vêtements. Et puis comment tu comptes les ramener à Shelter Meek, alors que des boucles d’oreilles ne pourraient pas rentrer dans ta valise ?
- Je saurai me débrouiller.
Je m’apprêtais à lever les yeux au ciel, lorsque ces derniers se posent sur un bout de papier situé sur la table basse. Il n’était pas là avant.
Je vais rapidement l’attraper pour y lire les mots : On est sortis, ne nous attendez pas. Bonne soirée à vous !
Je reconnais très bien l’écriture de Zachary. Toujours très légèrement inclinée, il place la barre de son T bien trop bas. On peut donc facilement le prendre pour le signe +. Et il forme à chaque fois une petite boucle après ses O qui...
- C’est quoi ?
Sofia vient me tirer de mes pensées juste à temps. Sans elle je serais déjà partie dans une analyse complète de ce mot.
- Ils sont sortis. Je suppose qu’on mange sans eux ce soir.
La panique s’empare de mon amie qui s’approche de moi pour attraper la feuille et la lire avec attention. Si l’écriture de Zachary m’était bien familière, le regard de Sofia à cet instant, l’est tout autant. Je suis contrainte de la prévenir en souriant.
- Chérie, ne commence pas.
- Tu crois qu’il y aura des filles ?
- Je n’aurai pas cette discussion avec toi.
Et je pars sans hésiter vers la cuisine pour la laisser seule avec sa paranoïa. Et c’est moi qu’on traite de fille jalouse. Elle ne changera jamais.
Je décide de nous préparer des pâtes, et de déboucher une bouteille de vin. Pas de sortie pour nous ce soir, je tiens à peine debout. Et puis comme Sofia et moi n’avons pas encore 21 ans, il n’y a que très peu d’endroits où nous pouvons nous rendre. Je n’ai accès à tous les autres en trichant un peu, que lorsque je suis avec Caly, qui connaît pas mal de gens prêts à fermer les yeux facilement avec elle. Heureusement que dans quelques jours, je pourrai enfin sortir sans me soucier de mon âge. Ici tout est bien plus strict qu’à Shelter Meek. Mathéo et Zachary ont eu raison d’aller s’amuser, puisqu’ils le peuvent eux.
Après le dîner, lorsque nous décidons de nous installer dans le canapé, le sujet de notre conversation me pousse à lui poser une question que je n’arrêtais pas de me poser depuis le concert d’Andrew.
- Au fait pourquoi Mathéo ne joue plus de la guitare ? Il en était quasiment amoureux au lycée.
Son visage s’assombrit soudain. J’ai dit quelque chose qu’il ne fallait pas ?
- Je ne sais pas en fait. Il accepte de me dire absolument tout, mais c’est le seul sujet qu’il évite toujours.
Je me demande ce qui a bien pu se passer. Zachary le sait sûrement. Mais je ne m’en mêlerai pas. C’est la vie privée de Mathéo, et s’il refuse même d’en parler à Sofia, c’est que le sujet doit être sensible.
- J’espère que…
Ce n’est pas grave.
C’est ce que j’aurais dit à ce moment-là. Si la porte du loft ne s’était pas soudain ouverte dans un grand fracas, faisant place à des éclats de rire. C’est dans un sursaut que Sofia et moi nous retournons pour apercevoir dans l’entrée, deux jeunes hommes de bien trop bonne humeur pour ne pas avoir un peu trop abusé de l’alcool ce soir. Ils essaient de se tenir l’un l’autre, pour ne pas tomber. Et ils rient. Bon sang qu’est-ce qu’ils rient, le quartier tout entier doit les entendre ! Sofia et moi échangeons, un même regard à la fois ahuri et amusé, avant de nous lever pour aller les rejoindre.
- Sofia ! hurle Mathéo en se jetant dans les bras de sa petite-amie. Tu m’avais tellement manqué ! Je ne t’ai pas vu de la journée !
D’accord…
Si moi je trouve ça assez mignon et ridicule à la fois, Sofia elle, est aux anges. Elle se fiche complètement de son état, elle est simplement heureuse d’entendre ces phrases sortir de sa bouche. Surtout après sa psychose de tout à l’heure…
C’est alors que je sens deux bras m’entourer de l’arrière et me serrer contre un torse musclé que je ne connais que trop bien. Je dois ressembler à une tomate à cet instant précis.
- Amyra il faut que je t’embrasse !
Et merde ! Qu’est-ce qui est plus rouge qu’une tomate ? Eh bien moi par exemple…
Ils vont mal. Très mal. Et Sofia n’a pas l’air de vouloir me soutenir dans cette réelle situation de crise qui semble l’amuser plus qu’autre chose…
- Eh bien Amyra, dit-elle en souriant. Qu’est-ce que tu attends pour donner à ce pauvre garçon ce qu’il demande ?
Je vais la tuer !
- Je n’embrasserai pas ce « pauvre garçon » alors qu’il n’arrive même pas à tenir debout tout seul. Ce serait profiter de lui.
Mathéo se met à rire.
- Alors s’il n’était bou…pas bou…s’il n’avait pas bu tu l’aurais fait ! déclare-t-il comme un vrai rapporteur de cour de récré.
C’est bien la première fois que je le vois dans cet état. Que je le vois aussi insouciant. Habituellement il est toujours plus responsable que Zachary, ce que je trouve fascinant puisqu’il doit vivre avec lui jour après jour, et qu’il ne flanche jamais.
Et je trouverais ça drôle en temps normal de découvrir une autre facette de sa personnalité aussi folle. Mais qu’il dise ce genre de choses, ça ne m’aide pas du tout. Alors je décide de le faire taire en réussissant à me libérer de Zachary, que je rattrape en faisant passer son bras sur mes épaules. Il a toujours été aussi lourd ?
- Sofia je crois qu’ils ont besoin de dormir un peu.
- Non ! protestent les deux enfants en riant toujours.
Et ils commencent à s’agiter, en perdant quelques fois l’équilibre. De toute évidence ils ne veulent pas que leur soirée s’arrête maintenant.
C’est alors, que des souvenirs me reviennent. Des souvenirs que j’avais enfouis au plus profond de ma mémoire au moment même où je les avais récupérés. Cette soirée que j’avais passé en boîte de nuit avec Mackensie et Sofia, durant laquelle ma meilleure amie avait trouvé judicieux de me faire boire, pour que je tombe dans les bras de Zachary une fois rentrée chez moi. A l’époque j’avais agi exactement comme lui aujourd’hui. Et il s’était comporté comme un parfait gentleman avec moi. Il aurait pu succomber à mes avances, mais il m’a repoussée à la place. Plus d’une fois. Il a enlevé ma robe pour que je puisse respirer dans mon sommeil, et avait même retiré son propre t-shirt pour me l’enfiler. C’était la première fois que je me réveillais avec son parfum. Et que je me rendais compte qu’il pouvait vraiment avoir de bons côtés. C’est une bonne chose que trois ans plus tard les rôles soient inversés. Zachary et moi serons finalement quittes. Je ne m’étais jamais pardonnée cette histoire, tant j’avais eu honte de mon comportement. Demain, ça sera à son tour de se sentir mal.
J’arrive à le convaincre de monter, en lui faisant croire qu’il va simplement prendre une douche, ce qu’ils devraient faire tous les deux, puisqu’ils empestent l’alcool à des kilomètres. Mais je doute qu’ils puissent tenir debout seuls et rester en place assez longtemps. Sofia pourrait facilement accompagner Mathéo, son petit-ami, dans la salle de bains. Mais il est absolument hors de question que je fasse ça avec Zachary. Même s’il me suffirait de l’asperger sans le déshabiller pour le réveiller ne serait-ce qu’une tout petit peu, l’idée même de pouvoir apercevoir son corps de dieu grec à travers son t-shirt, de voir le tissu se plaquer contre son torse et prendre la forme parfaite de ses tablettes de chocolat… Je ne pourrai pas faire ça. Non je ne pourrai pas. Je ne dois pas ! Alors je me contente de l’accompagner jusqu’à sa chambre et de le laisser tomber sur le matelas moelleux.
Bon d’accord. Comme ça, vulnérable, et jovial… Il est adorable. Son sourire refuse de le quitter, jusqu’au moment où je m’éloigne du lit pour sortir.
- Attends ! proteste-t-il en se redressant avec difficulté.
Bon sang il est tellement sexy…
- Reste.
Rester ? Non. Non je ne peux pas rester dans la même chambre que lui. Ce serait une très mauvaise idée. Je savais que vivre sous le même toit que lui allait rendre les choses difficiles. Je savais que ça raviverait des souvenirs.
Pourtant je suppose…qu’il n’y a aucun mal à ce que je reste si je m’en vais dès qu’il est endormi… Et merde ! Merde ! Merde ! Merde !
Je vais m’asseoir au bord du lit, à l’opposée exacte du fêtard qui retombe lourdement sur son oreiller en souriant de nouveau. Alors j’étais vraiment comme ça moi aussi quand j’étais dans le même état avec lui ?
- Tu t’es bien amusé ce soir, n’est-ce pas ?
- On est allés dans un bar, et on a commencé à boire… Et…
Et j’imagine bien la suite oui. S’il y a bien une chose que les gens savent faire ici, c’est faire boire les étrangers. Il ferme les yeux en riant. Ça paraît étrange, mais ça me fait plaisir de le voir comme ça. Jusqu’à présent, les seules fois où je l’avais vu réellement ivre, étaient celles où il rentrait tard le soir quand je vivais encore avec lui. Il faisait le plus de bruit possible pour informer de son arrivée à toute la maison. Tout comme mon frère le faisait également. Ça rendait dingues ma mère et Dorian. Et je les comprenais, mon rythme de sommeil était devenu si irrégulier que je ne pouvais parfois même pas suivre les cours. Je n’aimais pas ça du tout. J’étais tellement sérieuse, et lui, était tellement….
- Tu crois qu’un jour tu voudras de moi ?
Je sens ma gorge se serrer à l’entente de cette question qui finit par se perdre dans le silence. Pourquoi je me sens si mal tout à coup ?
- Je veux qu’on soit ensemble Amyra. Je veux qu’on se marie, qu’on ait des enfants dans une grande maison, avec…un jardin…gigantesque…
Il commence à s’assoupir. Et je ne sais alors pas du tout s’il est endormi, lorsque je me penche pour m’allonger en face de lui et le regarder avec attention. Sa joue écrasée contre l’oreiller, lui donne définitivement l’air d’un enfant qui vient d’être bordé. Plusieurs mèches de cheveux tombent sur son front, et un filet de bave ne tardera sûrement pas à sortir de sa bouche grande ouverte.
Je suis tellement pathétique. Pourquoi je n’arrive pas à lui avouer ce que je ressens pour lui ? Pourquoi je n’arrive pas à me l’avouer à moi-même quand je sais que…que je ne ressentirai jamais, avec n’importe quel autre homme, ce que Zachary Collins me fait ressentir avant tant de facilité. Quand je le regarde, oui je vois ce mec arrogant, qui m’a trahie, trompée, et blessée. Mais je vois aussi, et surtout, celui pour qui mon cœur n’a jamais cessé de battre. Au moment même où je le regarde dormir, je peux sentir qu’il bat bien plus fort que d’habitude. Je crois que je l’ai compris quand il m’a offert ce vinyle. Il a confirmé qu’il me connaissait mieux que personne. Et c’est une des nombreuses raisons qui me poussent… A l’aimer…
Les rayons du soleil viennent violemment m’aveugler lorsque vient ce que je suppose être le matin. Je grogne légèrement, en ouvrant doucement mes paupières, pour que mes pupilles ne souffrent pas trop de la lumière. Pourtant, à ma grande surprise, je constate qu’il n’y a rien de lumineux devant moi. Et je dois complètement ouvrir les yeux, pour enfin apercevoir la silhouette de Sofia, debout, face à moi, secouant quelque chose dans sa main. Un sourire machiavélique aux lèvres.
C’est quoi cette histoire ? Et depuis quand mon lit est devenu aussi confortable ? Aussi chaux. Aussi…Zachary Collins ! Je me réveille en même temps que celui dont les bras m’entouraient et contre qui j’étais confortablement blottie. Comme si c’était un énorme doudou. Il a l’air aussi surpris que moi, bien que dans le flou total, quand je connais pour ma part, une bonne partie de l’histoire. Je ne me souviens tout simplement pas m’être endormie. Et encore moins contre lui. Peut-être que c’était une habitude que nos corps ont retrouvée quand ils se sont de nouveau sentis à proximité. Ils se sont attirés. Je n’avais pas prévu ça…
Et Sofia qui brandit avec fierté la photo encore noire qui vient de sortir de son appareil !
Les rayons du soleil mon œil ! J’aurais dû me douter que c’était ce fichu flash !
- Le petit déjeuner est prêt, nous informe la photographe en herbe. Il est déjà midi mais je n’osais pas vous réveiller.
Midi ?! Waouh ça faisait longtemps que je ne m’étais pas réveillée aussi tard.
Midi. Je devais vraiment bien dormir. Dans les bras de Zachary…
Hier soir j’ai vraiment réalisé que je…
- Est-ce que je ne me souviens de rien parce que j’ai beaucoup trop bu hier soir ? m’interroge Zachary en grimaçant tout en se tenant la tête.
Il ne souvient de rien. Bien sûr. J’aurais dû m’y attendre. J’aurais dû me douter que toutes ces confessions qu’il m’a faites, s’effaceraient de sa mémoire dès son réveil. Je ne sais pas pourquoi je suis déçue alors que je savais que ça se passerait comme ça.
- Je ne sais pas ce que vous avez fait hier soir Mathéo et toi, plaisante Sofia, mais en tout cas, oui, je peux t’assurer avec certitude que vous n’étiez pas sobres quand vous êtes rentrés.
La situation devient quelque peu…gênante. J’ignore pourquoi je suis toujours dans le lit à côté de Zachary, alors que Sofia est là debout, devant nous, un appareil photo dans les mains. Je devrais arrêter de me retrouver dans ce genre de position inconfortable.
Pour mettre fin à tout ça, je me lève une bonne fois pour toute, afin de m’éloigner un peu plus de Zachary, et de me rapprocher de mon amie bien trop curieuse.
- Bon alors on t’attend en bas, dis-je à l’attention de la victime d’une sévère gueule de bois.
Je pousse ensuite vers la porte, une Sofia qui aurait sûrement voulu assister à plus. Ce que Zachary lui donne sans même s’en rendre compte.
- Amyra ?
Sofia et moi, nous retournons aussitôt. Parce qu’elle s’appelle Amyra elle ? Depuis quand ?
Zachary semble gêné.
- Je n’ai pas…dit ou fait des trucs bizarres hier soir j’espère.
Je devrais dire non. Mais je ne veux pas effacer de ma mémoire à moi aussi ce qui est arrivé. Je ne veux pas prétendre que rien n’a été dit. Je veux qu’il sache, sans vraiment savoir.
- Disons qu’on est quittes.
Et sur cette simple phrase qui me permet de semer le doute dans son esprit, dans celui de Sofia, et peut-être un peu aussi dans le mien, je sors accompagnée de ma meilleure amie qui sourit fièrement une fois dans le couloir.
- Vous étiez si mignon. Un vrai petit couple.
- Et si pour une fois tu t’occupais du tien ?
Je crois lire de la surprise sur son visage. Elle n’est pas surprise que je lui retourne le « compliment » avec tant de sarcasme dans la voix, mais plutôt que je le fasse sans vraiment être agacée, comme j’ai pris l’habitude de l’être à chaque remarque de fan hystérique de sa part.
Eh bien…je n’ai peut-être plus envie de m’énerver pour ça. Hier soir j’ai compris. Ça peut sembler étrange, puisqu’il m’a fallu voir un Zachary complètement ivre mort pour ça, mais maintenant, je sais ce que je ressens. J’esquisse un léger sourire, qui ne fait qu’attiser la curiosité maladive de Sofia.
- Amyra qu’est-ce que tu me caches ?
J’attrape soudain la photo que tenait mon amie distraite entre ses mains, pour l’éloigner d’elle avec satisfaction.
- Je crois que tu es supposée demander ma permission pour le droit à l’image avant de prendre une photo de moi.
Elle essaie de récupérer son précieux bien, mais je suis plus agile qu’elle. Non seulement je garde l’objet dans ma main, mais en plus j’arrive à la contourner facilement pour me diriger vers la chambre de Caly.
- Je vais prendre une douche. Je te rejoins en bas dès que je suis prête.
- Amyra !
Je lui lance un baiser, ainsi qu’un clin d’œil, en ouvrant la porte de la chambre pour dire juste avant d’entrer, folle de joie :
- Joyeux réveillon du nouvel an chérie.
Dans quelques heures seulement, l’année sera terminée. Et une nouvelle débutera alors.
Ce soir, sera le début de quelque chose.
Quelque chose qui ne s’était jamais vraiment fini…
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