CHAPITRE II

Je dois dire que je suis plus qu’agréablement surprise. Je ne m’y attendais pas et pourtant…c'est toujours ma chambre. Avec mon armoire dans le coin de la pièce, mon bureau un peu trop bien rangé, mon étagère pleine de mes livres de science-fiction préférés, ou encore mon lit. Mon cher lit et confident. Même mon oreiller est toujours là. Celui en forme de cœur que je serrais fort contre moi quand ça n'allait pas. Je vais m'asseoir sur le lit pour l'attraper folle de joie. Cette sensation de sûreté est toujours bien présente. Je n'arrive pas à croire que tout soit encore là. Dorian arrive devant la chambre après quelques secondes en riant pour jeter un coup d'œil à la pièce à son tour.
- Quand tu es partie Charlie a insisté pour qu'on ne touche pas à tes affaires. Ta mère a dû faire le ménage ici tous les jours sans déplacer le moindre objet sous peine de subir une crise de nerfs.
C'est bien la Charlie que je connais. Je n’en attendais pas moins d’elle.
- A chaque fois qu'elle boudait ou que tu lui manquais elle venait ici, et elle y restait pendant des heures à jouer à la poupée ou à faire je ne sais quelle bêtise.
Il vient s'asseoir à côté de moi sur le lit en passant sa main sur sa barbe. C'est là que je remarque qu'il ne va vraiment pas bien. J’étais trop heureuse de le revoir pour le constater.  Ses traits sont tirés, son visage plus pâle que d’habitude, ses yeux cernés et son regard vide. Je suppose que c'est le divorce qui fait ça. J'ai besoin de savoir. J'ai besoin de tout savoir.
- Dorian qu'est-ce qu'il s'est passé ?
Il n'a pas l'air surpris de ma question. Et il y répond même tout de suite, comme s’il s’était déjà entraîné à le faire, et qu’il savait déjà parfaitement quoi me dire.
- Le temps nous a rattrapé Amyra. Quand on s'est mariés on pensait qu'on serait toujours heureux, qu'on formerait tous une famille unie.
Il est plein de regrets. Le voir dans cet état me fait mal au cœur. Ma gorge se serre tellement qu'elle me fait un mal de chien.
- Puis tu es partie, ajoute-t-il en se tournant enfin vers moi. Après toi ç'a été au tour de Sébastien. Et il n'a pas fallu longtemps à Zachary pour faire de même. La maison est devenue vide sans vous trois. Les discussions devenaient banales, sans grand intérêt. Et ta mère et moi sommes entrés dans une routine qui a fini par nous éloigner.
C'est horrible. Je m'en veux, si j'avais su qu'en partant je causerais la fin de leur couple je ne l'aurais jamais fait. Sébastien, Zachary et moi, on était comme trois piliers importants de leur mariage. Et en partant on l'a fait s'écrouler.
- Mais ne te sens pas responsable je t’en prie. En réalité si Lucie n’était pas revenue je crois qu’on aurait…on ne se serait pas autant éloignés…
Lucie. Son ex-femme. Pourquoi il me parle d’elle ? C’est aussi moi qui l’aie poussée à reprendre contact avec Zachary, et si par ma faute encore une fois…et si j’avais vraiment tout gâché ?
Je sens les larmes se mettre à couler sur mes joues en serrant comme avant mon oreiller. J'ignorais ce qui se passait ici. J'étais bien avec Caly, à voyager dans le monde entier, à vivre dans des endroits de luxes et à rencontrer de nouvelles personnes. Mais ici, ma mère n'allait pas bien, à cause de moi, et je l'ignorais totalement. Je suppose qu'elle ne voulait pas m'inquiéter en me parlant de tout ça.
- Amyra ?
Je relève la tête vers Dorian qui sourit tristement en voyant mes larmes. Il les essuie avec ses pouces, puis il met son bras autour de moi pour que je puisse poser ma tête sur son épaule. Comme il le faisait avant pour me réconforter.
- Tu n'as pas à t'en vouloir. Ni toi, ni Sébastian, ni Zachary. On vous aimera toujours tous les trois et tu sais que tu pourras compter sur moi quoi qu’il arrive.
Je pleure encore plus. Je suis rongée par les remords. Mais je suis aussi soulagée qu’il m’ait tout expliqué sans chercher à me ménager. Qu’il m’ait simplement dit les choses comme elles sont.
Pourtant toute cette peine que j’éprouvais disparaît au moment où j’entends la porte d'entrée s'ouvrir au rez-de-chaussée.
- Papa ?!
Je me lève comme un robot. Cette voix adorable. Cette petite voix que je n’avais jusqu’à présent entendu qu’au téléphone. Dorian se lève à son tour en posant sa main sur mon épaule.
- Je suis en haut ! J'ai une surprise pour toi !
J'entends des pas dans les escaliers. Les mêmes que j'entendais à l'époque. Je sèche la dernière larme qu’il restait sur ma joue, juste à temps pour que la petite qui surgit devant la chambre ne la voit pas. Elle est beaucoup plus grande qu'avant. Elle a dû prendre au moins vingt centimètres. Ses cheveux bruns coiffés en deux nattes sont aussi beaucoup plus longs, et elle porte son kimono resserré par une ceinture bleue. Dès qu'elle me voie, elle s'immobilise. Moi aussi. Aucune de nous ne fait le moindre geste, ni ne dit le moindre mot. Et soudain, sans savoir qui nous pousse à le faire, je me laisse tomber à genoux sur le sol et elle court vers moi. Je la serre aussi fort qu'elle le faisait à l'époque. Elle m'avait tellement manqué. Je m'en rends compte maintenant. Après tout, elle a été et sera toujours ma petite sœur. Nous nous séparons pleines d’émotions et je ne peux pas m’empêcher de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux.
- Tu as pleuré ? m'interroge la petite inquiète.
Elle voit toujours tout.
- Oui. Mais c'est juste parce que je suis vraiment heureuse d'être revenue. Tu as tellement grandi chérie regarde-toi.
Elle sourit autant que moi et me prend à nouveau dans ses bras. Je passe alors au moins une heure ici. Je parle un peu avec Dorian de la suite des événements. Les papiers du divorce ont déjà été signés. Tout sera officiel dans un peu moins d’une semaine. Déjà.
Je discute aussi un peu de mes voyages avec lui. Des pays que j'ai visités, que j'aimerais lui montrer et dans lesquels je retournerai sûrement. Je lui parle de mes études en ligne, de l'aide que j'apporte à ma tante durant ses reportages. Bref on parle un peu de tout. Je laisse également Charlie me raconter tout ce qui lui est arrivé en mon absence. Ses amours, ses progrès phénoménaux au karaté ou même les cadeaux qu'elle a reçu entre temps. C'est bientôt son anniversaire, elle va avoir neuf ans. Le temps passe vite. Trop vite. J'ai peur que Sofia finisse par s'inquiéter si je ne vais pas la rejoindre à son appartement tout de suite d'ailleurs. Alors je m'excuse finalement auprès de Dorian et de Charlie en leur promettant de revenir rapidement. Et je pars en direction de l'adresse notée sur mon téléphone.
Je crois bien que j'ai déjà vu cet immeuble avant. Un très grand, assez imposant avec au moins dix étages. Grâce à tous les appels en vidéo qu'on s'est passés Sofia et moi je crois que je connais l'endroit par cœur maintenant. Je marche donc pendant quelques minutes, avant de voir l'immeuble devant moi. Je vais enfin pouvoir me reposer. J'envoie un message à Sofia pour lui dire que je suis en bas et que je ne vais pas tarder à arriver, mais à cause de ça je me retrouve à devoir courir en voyant l'ascenseur plus loin qui commence à se fermer. Hors de question que j'attende ici pendant je ne sais combien de temps qu'il redescende.
- Retenez l'ascenseur ! crié-je de toutes mes forces avant de voir avec soulagement une main l'arrêter.
Je parviens à souffler une fois devant les portes qui s'ouvrent à nouveau complètement pour laisser place à un garçon un peu plus âgé que moi je suppose, que je ne connais pas. Il est plutôt mignon. Grand, roux avec une barbe fine, et des yeux verts magnifique. Il porte un pull en laine et un bonnet qui recouvre à peine sa tête. Il porte aussi une housse de guitare dans son dos qui lui donne un air assez intimidant. Quelle fille ne craque pas pour les musiciens ? Il me fait presque penser à Ed Sheeran avec cette allure. J'entre en le remerciant à bout de souffle.
- Merci beaucoup. 
- Je t'en prie. Quel étage ?
- Le huitième.
Il me sourit avant d'appuyer sur le bouton numéro huit. Il avait déjà appuyé sur le cinquième étage, il doit sûrement vivre ici. Sofia m'a dit que beaucoup de jeunes avaient été attirés par le loyer. L'appareil commence à monter, rapidement plongé dans un silence assez gênant. Je n'aime pas me retrouver coincée avec une personne que je ne connais pas dans une petite boîte en métal sans rien dire. Alors je me tourne vers le garçon et lui tends ma main.
- Je m'appelle Amyra. Je suis en vacances ici.
Il regarde ma main en souriant et la serre immédiatement.
- Moi c'est Andrew. J’habite ici.
Je m’en doutais. Il a l’air plus gentil et sociable qu’au premier abord.
- Alors merci Andrew de m'avoir sauvé d'une attente interminable.
- Eh bien on m'a toujours dit que j'avais un petit côté chevalier servant.
L'ascenseur s'arrête finalement à son étage. Il remet en place la sangle de son étui sur son épaule et m'adresse un dernier sourire.
- Alors à bientôt peut-être. Amyra.
- Avec plaisir.
Il sort de l'ascenseur pour se diriger vers son appartement et moi je sors mon téléphone en reprenant le trajet. Quand l'engin s'arrête un étage plus haut je n'y fais pas vraiment attention. Je continue simplement de faire défiler la liste de personnes ayant vu ma story Instagram de ce matin quand j’étais dans l’avion. Et ce…jusqu'à ce que je l'entende.
Sa…voix.
- Amyra ?
Je lève les yeux en un instant. Comme si je venais d’entendre mon nom prononcé dans un mégaphone par une fanfare de mille personnes en plein défilé. Et me voilà nez à nez avec lui. Mon premier amour, mon pire cauchemar. Je n'arrive pas à croire que ce soit lui. Il n'a pas changé. Il est toujours aussi beau, toujours aussi grand. Il a toujours ce regard hyper intimidant, ce sourire irrésistible, et cette voix grave et douce à la fois qui me fait totalement fondre. Dès l'instant où mes yeux se posent sur lui, j'ai l'impression que tous les souvenirs me reviennent en un bloc. Nos souvenirs.
- Zachary.
Ni lui, ni moi, ne réagissons. Je ne sais pas quoi faire. Je ne sais pas quoi dire. J’aimerais juste…j’aimerais le prendre dans mes bras et le serrer fort contre moi. Mais je n’ose pas. Comment il réagirait à ça ? Est-ce qu’il m’a oubliée ? Est-ce que je ne suis plus qu’un lointain souvenir pour lui ? Il m’en veut peut-être d’être parti. Ou il s’en fiche. Il veut sûrement juste monter dans ce fichu ascenseur et partir. Du moins c’est ce que je pensais…
Jusqu’au moment où les portes commencent à se refermer et que mon premier réflexe et de les bloquer avec une main. C’est très rapidement que je me rends compte que l’autre porte a également été retenue par celle de Zachary. Nous nous regardons de nouveau, gênés, et enfin je me décide à sortir, pour aller me planter devant lui. De plus près je parviens à distinguer que ses cheveux ont très légèrement poussés. C’est un détail ridicule que je n’aurais pas remarqué en temps normal, mais ces épis je les connais par cœur. Mes doigts les ont parcourus tant de fois. Nos lèvres s’étirent au même moment en de grands sourires qui ne signifient qu’une chose que je m’empresse de dire :
- Bonjour.
Et sans attendre une seconde de plus on se prend dans les bras l'un de l'autre. Je m'attendais à ce que nos retrouvailles soient plus étranges. Je ne m’imaginais pas non plus une ambiance d’enterrement mais…après tout avant de partir d'ici il y a trois ans, je venais d'apprendre qu'il m'avait trompé avec une fille de son université. Le jour de mon anniversaire. D'ailleurs je n'ai jamais compris si c'était moi qu'il trompait avec elle, ou si c'était elle qu'il trompait avec moi. Même si cette histoire appartenait au passé et que j'avais fini par le pardonner, je pensais que le revoir me rappellerait ces mauvais souvenirs. Mais ce n'est pas du tout le cas. Au contraire. Je suis vraiment heureuse de l'avoir en face de moi.
Pourtant très vite, notre étreinte me rappelle toutes les autres, ses mains dans mon dos, me rappellent toutes les caresses, et nos deux corps collés l'un à l'autre me rappellent...bref. Je me sépare presque aussitôt de lui, embarrassée, au même moment où il faisait un pas en arrière comme s'il avait eu la même pensée que moi. Je fais de mon mieux pour ne pas montrer à quel point je suis gênée, souriant encore plus en le voyant se gratter la nuque avec nervosité. Je me déteste d'avoir mis un jean et un débardeur basiques et pas quelque chose de plus joli, ou classe, ou même sexy. Je sais que c'est ridicule mais j'aurais aimé qu'au moment de le revoir je sois bien à mon avantage.
- C’est cool de te revoir, commencé-je finalement afin de briser le silence persistant.
- Oui mais…j’aurais aimé savoir que tu revenais.
Un sourire plein de malice se dessine sur mon visage sans que je puisse le contrôler.
- Tu aurais aimé le savoir ?
Il sourit à son tour en se retenant presque de rire et de lever les yeux au ciel.
- Tu viens passer les vacances chez Sofia ?
- Oui on avait prévu ça depuis un moment alors je n'ai…
Je m’arrête de parler dès que je remarque la direction de ses yeux. Il regarde quelque chose au niveau de mon cou. Et je sais ce que c’est parce que je suis vraiment la dernière des imbéciles ! Des idiotes ! Des…Et merde !
J'ai mis son collier…
Je l'ai emmené avec moi parce que je ne voulais que Caly tombe dessus dans notre loft. Je voulais simplement le porter quelques temps, et le ranger à mon arrivée pour ne prendre aucun risque. Je ne pensais pas que j'oublierais de l'enlever. Et surtout pas que Zachary me verrait le porter. C’est…un cauchemar.
- Hey Zach ! crie une voix derrière lui.
Je profite de cette diversion sans même chercher à en savoir plus sur elle, pour attraper le pendentif et le glisser à l'intérieur de mon t-shirt pour le cacher du mieux que je le peux. Une fois l'objet en lieu sûr, j'aperçois un des meilleurs amis de Zachary, s'avancer dans notre direction. C'est Mathéo le beau gosse aux tatouages du lycée, et l’un des meilleurs amis de Dylan à l’époque. Sofia ne m'avait pas dit qu'il vivait aussi ici. La connaissant elle doit passer ses journées à l'observer discrètement au moindre de ses faits et gestes sans oser aller lui parler. Je crois que parfois elle oublie qu'on n'est plus de simples lycéennes qui ont peur d'aller parler avec le garçon qui leur plaît. Mais bon. Je ne peux rien contre ça. Le nouveau venu donne un coup de poing amical dans l'épaule de Zachary en lui reprochant de ne jamais l’attendre, avant de se tourner vers moi en souriant, étonné.
- Amyra c'est ça ?
J'acquiesce de la tête en les regardant à tour de rôle. Il me tend sa main comme je l'ai fait avec le garçon de l'ascenseur un peu plus tôt. Andrew.
- On n'a jamais été officiellement présentés, je m'appelle Mathéo. Je suis le coloc de Zachary. Il m’a souvent parlé de toi.
Je fais comme Andrew, je serre la main du garçon en souriant à la fin de sa phrase. Si le concerné doit être en train de bouillir intérieurement contre son colocataire un peu trop bavard, je suis pour ma part aux anges. Alors comme ça monsieur parle de moi ?
- Ce n’est pas la peine de mentir pour me faire plaisir, je sais très bien que Zachary Collins ne parle que de Zachary Collins.
Ce dernier se met à sourire. Ça nous plaît toujours autant de nous envoyer des pics comme ça. Je crois bien que c’est la chose qui m'a le plus manqué dans notre relation. Enfin quand je dis relation je veux parler de...celle qu'on avait…avant. Avant toutes ces histoires. Je crois que je me mets à rougir. Je passe ma main dans mes cheveux en remettant ma frange en place comme pour cacher mon visage avec. Mathéo se tourne vers son ami.
- On y va ?
- Ouais, lui répond Zachary pour ensuite s’adresser à moi. On allait sortir. On va boire un verre dans le bar d'en face tu veux venir ?
J'aimerais. J'aimerais vraiment y aller mais...Sofia.
- Ça aurait été avec plaisir. Mais je crois que Sofia n'appréciera pas que je ne passe pas ma première soirée ici avec elle.
Je vois bien que Zachary est aussi déçu que moi. S’il croit bien le cacher, il a sûrement oublié que je connais par cœur chacune de ses expressions.
- Je comprends. Une prochaine fois alors.
Il me sourit tristement avant de se glisser à côté de moi pour appuyer sur le bouton de l'ascenseur qui s’était refermé derrière moi. Je suis sûr qu'il ne le fait pas exprès, mais quand on se retrouve à proximité je sens presque automatiquement son odeur. Le même parfum qu'il portait il y a trois ans. Je le reconnaîtrais sans même essayer de le faire. Celui qui me hantait nuit et jour, celui que je sentais quand je me réveillais et me couchais dans ses bras, celui dont les chemises que je lui prenais en cachette étaient imprégnées. Je pensais ne plus jamais le sentir à nouveau. Et cette proximité... Je ne pourrai pas la supporter plus longtemps. Heureusement il s'éloigne enfin de moi après quelques secondes. Je les regarde tous les deux en souriant, attendant que l'ascenseur remonte. Ce qui arrive plus vite que je ne l'espérais. Lorsqu'on entre à l'intérieur, je me retrouve à nouveau à côté de lui, ce qui me pousse à me coller le plus possible à la paroi glacée et sûrement pleine de microbes. Pourtant ça m'est égal. Tant que je suis le plus loin de lui possible. J'arrive à mon étage après un trajet beaucoup trop silencieux, pour qu’en sortant de l'ascenseur, Mathéo me surprenne en me retenant.
- Attends Amyra.
Au fond j'aurais voulu que ce soit Zachary qui me retienne. Je ne sais pas pourquoi, il n'aurait aucune raison de le faire de toute façon. Et je n’aurais aucune raison de le vouloir parce que je suis passée à autre chose depuis longtemps merde !
- Pourquoi ton amie ne viendrait pas avec nous ? me propose alors le colocataire comme s’il venait d’avoir une idée de génie. Ça ne nous poserait aucun problème, pas vrai Zach ?
Zachary qui jusqu'à maintenant s'était contenté d’écouter son ami avec autant d’étonnement que moi, me fait enfin face et me sourit en se grattant la tête comme un gamin.
- Ouais vous pouvez venir toutes les deux.
Je me retiens de sourire en acquiesçant de la tête à plusieurs reprises sans m'en rendre compte.
- D'accord. On vous rejoint là-bas alors ?
Les portes de l'ascenseur se referment sur eux aussi vite qu'elles s'étaient ouvertes pour me laisser sortir, au moment où ils acceptent. Je reprends alors ma route en allant frapper à la porte de l'appartement 8b. Porte qui s'ouvre presque aussitôt comme si mon amie était en train de faire les cent pas devant celle-ci en m'attendant. Ce qu'elle a déjà fait par le passé. Elle est très protectrice. Elle s'inquiète très facilement pour moi. Alors dès qu'elle me voit elle pousse un vrai soupir de soulagement avant de me laisser enfin entrer.
C'est la première fois que je vois son appartement en vrai et pas sur un écran. Il est plutôt bien aménagé. Spacieux avec une belle vue sur la mer. Le beige est omniprésent ici, normal c'est la couleur préférée de Sofia. Un canapé en cuir beige, une nappe beige sur une table de jardin en bois qui sert à présent de table à manger, des étagères beiges remplies de livres et de bibelots... Elle exagère un peu oui. Le pire c'est qu'elle ne doit même pas s'en rendre compte. La télé est deux fois plus petite que celle qu'il y a au loft à New-York mais c'est parfait. Le salon et la cuisine ne font qu'un, c'est pourquoi il suffit de faire quelques pas pour atteindre les fourneaux. Tout est bien rangé, ce qui m'étonne venant de mon amie bordélique. Je suppose qu'elle a dû faire un grand ménage avant mon arrivée. C'est adorable. Je continue de visiter du regard la pièce quand je suis interrompue par une vraie boule d'énergie.
- Bon alors raconte Amyra ? Qu'est-ce que Dorian t'a dit ?
C'est vrai. J'avais presque oublié ma visite chez les Collins. Je me laisse tomber dans le canapé presque aussi confortable que le mien.
- Je te dirai tout plus tard. Pour l'instant on bouge.
- Comment ça ?
Je me redresse en souriant comme une hystérique, incapable de cacher mon excitation à ma meilleure amie.
- J'ai croisé Zachary.
- Quoi ?!
Elle sourit à son tour, les yeux et la bouche grands ouverts en venant s'asseoir à côté de moi.
- Raconte ! s'écrie-t-elle à présent aussi surexcitée que moi.
- Je l'ai croisé à son étage il allait prendre l'ascenseur. On a à peine parlé à vrai dire et j'ai l'impression qu'il était assez bouleversé parce qu'il n'a pas cherché à faire le genre de remarques agaçantes qu'il faisait souvent.
- Tu m'étonnes. Il revoit l'amour de sa vie trois ans plus tard dans son immeuble sans savoir ce qu'elle fait là, sans s'être préparé avant et tu croyais qu'il allait te charrier ?
Ce qu'elle me dit me fait sourire et me désespère à la fois. L'amour de sa vie. Je n'occupais pas une place aussi importante dans sa vie sinon il ne m'aurait pas fait le coup de la copine déjà existante. Mais je ne dis rien à Sofia pour ne pas gâcher le moment et je continue mon récit.
- En tout cas on a vite été rejoints par Mathéo.
Ma meilleure amie émet alors un son étrange presque similaire à un cri de phoque et me donne une claque sur la cuisse.
- Tu as parlé à Mathéo ! Mathéo le meilleur ami de Zachary aka son colocataire hyper sexy que j'espionne tous les jours et dont je rêve de pouvoir visiter la chambre ?! Tu te fous de moi.
Je ris face à sa réaction que j'attendais évidemment. Je la connais trop bien. Assez pour savoir que si elle était folle de ce gars avant mon départ, aujourd'hui elle en est obsédée. Après tout elle est célibataire maintenant et elle peut regarder tous les garçons qu'elle veut. Et puis ça fait deux ans que Mackensie est parti, elle peut se permettre de passer à autre chose. Alors avant qu'elle ne reprenne son souffle et qu’elle continue de m'incendier de questions, je lui annonce la nouvelle qui va sûrement la rendre dingue.
- Figure-toi qu'ils allaient boire un verre dans le bar d'en face. Et quand ils m'ont proposé de venir avec eux je leur ai dit que je voulais passer la soirée avec toi.
- Tu es folle ?!
- Mais ensuite Mathéo m'a proposé de t'emmener avec moi et j'ai dit oui.
Là elle se me met à crier, en me remerciant à plusieurs reprises. Ce qui m'amuse encore plus. On se comporte encore comme deux gamines. Surtout quand on est l'une avec l'autre. Je pense que pour notre bien à toutes les deux, on ne devra jamais assister au mariage de l'autre histoire de ne pas provoquer une vague de tympans explosés. Et je suis certaine que si je vivais avec elle, nos voisins finiraient par trouver un moyen de nous virer. Ou alors ils déménageraient et l'immeuble ferait faillite, ce qui nous obligerait à partir. Dans tous les cas, si on vivait ensemble, on finirait sans toit. Cette pensée me calme très vite même si je ris toujours. Je lui donne un mon tour un bon coup sur la cuisse pour la calmer.
- Bon dépêche-toi, on doit se changer parce que sans vouloir te vexer, tu es affreusement laide.
- Je sais qu'il y a un miroir derrière nous Amyra mais ce n'est pas une raison pour parler à ton reflet sur ce ton.
Puis elle se lève à toute vitesse pour m’entraîner avec elle jusqu’à sa chambre. Je dois choisir la tenue parfaite. Qui dit : « j'espère que je t'ai manqué » et en même temps « ne rêve pas trop ». Parce que je suis prise d'une envie folle de provoquer Zachary Collins ce soir.
Je risque de le regretter. Pas vrai ?

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