Chapitre XXI
J'ai passé la journée d'hier avec Sofia comme promis. Au programme le matin, séance paresse devant la télé entourées de kilos de nourriture. Friandises, chips, pop corn...on s'est même endormies l'une sur l'autre après avoir mangé tout ça. C'est sa mère qui nous a réveillé, après quoi on est tout de suite allées au centre commercial. Mais on n'a pas acheté de vêtements cette fois. On s'est juste promenées dans le bâtiments, on s'est moqué des filles qui passaient à côté de nous en nous regardant de haut dans leurs vêtements de créateur, ou des couples qui passaient leur temps à s'embrasser ou à se tenir la main. Je l'ai regardé draguer des employés de magasins différents parce que madame voulait me montrer comment faire quand elle ne sera plus là pour me pousser à le faire directement. On a quand même bu un cappuccino dans notre Café préféré en se racontant les derniers ragots qu'on ne s'était pas encore raconté. J'ai passé une superbe journée avec elle même si elle était un peu gâchée par le fait qu'on savait toutes les deux qu'on ne se reverrait pas de si tôt. Le soir on a regardé des films dans sa chambre et on s'est remémorés nos souvenirs de conneries ensemble. Je me rends compte de plus en plus que son absence va créer un trou énorme en moi. Et je sais que moi aussi je vais lui manquer puisque le lendemain quand je rentre chez moi pour faire ma valise elle vient m'aider. Elle ne veut plus me lâcher. Elle veut même me déposer à l'aéroport demain. Il y a une chose qui me rassure dans le fait de partir vite, c'est qu'elle n'avait pas le temps d'organiser une fête de départ. Je la connais si elle avait su une semaine en avance elle aurait fait de sa maison une véritable boîte de nuit. Bon par contre pour les valises je me demande si elle est vraiment d'une grande aide. J'ai tellement de vêtements que je choisis de n'emporter que l'essentiel pour l'instant. Mais elle me sort toutes les tenues dont je n'aurais pas forcément besoin. Elle me désespère. Je l'aime malheureusement. Alors je les prends ses tenues extravagantes. Juste pour lui faire plaisir.
- Tu te souviens de celle-là ? me demande-t-elle en agitant devant moi une robe que j'avais porté il y a deux ans pour une soirée déguisée.
On s'était toutes les deux déguisées en fées. Ridicule mais efficace, tout le monde était fan de nous. De vraies jumelles.
- J'avais complètement oublié l'existence de cette robe. Ou plutôt j'ai essayé d'oublier.
Elle lance un oreiller sur moi en grimaçant et je me mets à rire. C'est à ce moment-là que Charlie entre dans la chambre en courant pour venir se coller à moi. Sofia et moi on se sourit. Je soulève la petite dans mes bras avant d'aller m'asseoir sur le lit pour la poser sur mes jambes.
- Ça va ma puce ?
Je caresse ses cheveux faisant glisser mes doigts dedans.
- Je veux pas que tu partes.
- Je sais.
Elle me fait sa voix boudeuse. Celle à laquelle je ne peux jamais résister d'ordinaire. Mais aujourd'hui tout est différent et je vais devoir résister. J'enroule mes bras autour d'elle et je la serre contre moi. Avec elle j'ai appris ce qu'être grande sœur voulait dire et je crois que quoi qu'il arrive je l'aimerai toujours cette petite frimousse. Même quand elle deviendra ado et qu'elle se fera des piercings et des tatouages.
- On s'appellera le plus souvent possible Charlie. Et je suis sûre que tu seras mieux sans moi, tu auras plus de cadeaux pour toi.
- Je veux pas de cadeaux !
Waouh. Même Sofia est impressionnée. La petite qui refuse les cadeaux c'est une grande première. Elle tient vraiment beaucoup à moi alors. Évidemment qu'elle tient à moi. Dans ses souvenirs j'ai toujours été dans sa vie. Et pour ma part j'ai l'impression qu'elle a toujours été dans la mienne. Mais son grand frère débarque devant la chambre à ce moment-là nous interrompant dans notre discussion. Même Sofia s'arrête de mettre des vêtements dans ma valise. Zachary me regarde d'abord avec un regard que lui seul peut avoir. Ce regard qui me donne l'impression d'être une personne totalement différente de celle que je vois tous les jours dans le miroir. Qui me fait me sentir belle. Mais je perds très vite ce regard lorsque ce dernier se pose sur les valises sur mon lit. Le visage de Zachary Collins se décompose comme s'il réalisait à l'instant que je partais demain. Et je réalise à mon tour que je ne le reverrai plus. Plus de disputes Zachary/Amyra. Plus de batailles de nourriture matinales, ou de batailles d'eau. Plus de blagues pour énerver l'autre, plus de vol de téléphone. Plus de baisers, de regards déstabilisants, ou d'escapades à deux. Je voulais à tout prix m'éloigner de lui après qu'il ait brisé mon cœur mais...faire ça ne me provoque qu'une souffrance de plus. Je suis tiraillée entre l'envie de rester et l'envie d'enfin réaliser mon rêve. Partir. Zachary et moi on se regarde pendant un long moment sans même nous en rendre compte. Nos regards en disent plus que de simples mots. Ils ne veut pas que je parte, et moi je ne parviens pas à l'effacer de mes pensées. Mais si je lui pardonne, si je pardonne ce qu'il a fait, qui me dit qu'il ne recommencera pas ? Non on parle de Zachary Collins et je me méfiais déjà avant de me mettre avec lui. Alors je tourne la tête pour l'ignorer à contrecœur et je serre un peu plus fort Charlie. Pas pour la réconforter elle, pour me réconforter moi. J'entends Zachary repartir et Sofia s'empresse de monter sur le lit pour venir me rejoindre et poser sa main et sa tête sur mon épaule. Maintenant je comprends ce que les gens veulent dire quand ils disent que les adolescents ne savent pas ce que veut dire aimer quelqu'un. Je pensais savoir jusqu'à maintenant. Mais tout ce que j'ai pu vivre, toutes les relations que j'ai pu avoir avant Zachary...ce n'était rien à côté de ce que je ressens aujourd'hui. Il était mon premier amour et je suis obligée de le détester. C'est injuste. On devrait interdire de tomber amoureux aux gens si ça doit faire aussi mal ensuite. Charlie me lâche vite pour aller chercher une de ses poupées et me la donner. Je la mets donc dans ma valise en souriant et elle vient s'asseoir sur le lit pour nous regarder continuer le rangement. C'est au tour de Sébastian de venir.
- Amyra je peux te parler un instant ?
Je me tourne vers mon amie qui trie les vêtements avec un sourire malicieux sur les lèvres.
- Juste le nécessaire Sofia.
- Oui maman.
- Je te le rappelle alors que je sais très bien que je serai obligée de refaire cette valise après ton départ.
Elle me tire la langue et je vais avec mon frère dans sa chambre. Il a l'air torturé par les remords. Ce que je voulais éviter. Il n'a pas à se sentir coupable de mon départ. Mais il ne me laisse évidemment pas le temps de parler.
- Amyra je suis vraiment désolé pour cette fille. Si tu savais à quel point je regrette je n'aurais jamais dû te faire ça et si tu pars à cause de ça, à cause de moi, je pense que je ne pourrai jamais me le pardonner. Je suis ton grand frère je suis supposé te protéger pas te faire souffrir, je culpabilise tellement, j'aurais dû régler ça moi-même. J'aurais juste mieux fait de me taire. Alors s'il-te-plaît ne pars pas juste parce que je suis un imbécile qui ne sait pas comment se comporter comme le grande frère que tu mérites d'avoir.
Il se tait après ces dernières paroles qui me font du mal. Il pense vraiment être un mauvais frère ? Oui il a merdé mais il devrait savoir que je ne pourrai jamais lui en vouloir au point de vouloir partir vivre loin de lui. Je lui souris et je pose mes mains sur ses épaules.
- Alors écoute-moi bien Sébastian, certes tu aurais pu trouver un autre moyen de m'annoncer cette nouvelle mais tu as choisi celle-là et c'était un choix maladroit. Je t'en ai voulu c'est sûr mais tu es mon frère je ne pourrai jamais te détester, on fait tous des erreurs. Et si je t'entends dire encore une fois, une seule fois, que tu es nul comme grand frère je te jure que je te fais une prise de karaté comme jamais je ne t'en ai fait. Tu es génial Sébastian. Tu es une personne incroyable et sans toi je ne sais pas ce que je serais devenue à l'heure qu'il est. Si je pars ce n'est pas de ta faute, c'est parce que j'ai envie de le faire depuis longtemps et que j'ai fini par devenir assez courageuse pour me lancer. Je t'aime espèce d'imbécile alors arrête de culpabiliser tu n'y es pour rien.
Il me sourit tristement et je le prends dans mes bras lui aussi. Décidément c'est encore une fois la journée des câlins. Si je dois en faire un à une personne de plus je jure que je vais devenir folle, que je vais me mettre à pleurer et que ça ne va pas être joli à voir. Pourquoi partir devient plus difficile que ce que je pensais ? Je pensais que le moment venu je n'aurais plus aucun doute. Mais on en est à la veille du départ et je n'ai que ça en tête. Est-ce que je fais bien de partir ? Est-ce que je devrais rester ? Est-ce que je pourrais encore choisir de rester ? Et est-ce que j'ai une réelle raison de vouloir rester ? Pas vraiment. Je suis certaine que tout le monde finira par être heureux même sans moi. Sébastian par exemple. Il est maladroit mais lorsqu'il veut quelque chose il fait tout pour l'obtenir. Je ne me fais donc pas de soucis pour lui et Eliott. Sofia elle, je sais qu'elle s'en sortira très bien. Au début ça sera difficile mais tout le monde ici l'adore et Mac sera là pour elle. Charlie est triste pour le moment mais avec tous les amis qu'elle a, ses cours de karaté et tout le reste je peux vous assurer qu'elle oubliera très vite mon absence. Ma mère...je sais qu'elle va s'inquiéter pour moi. Mais elle comprendra. Même si ce n'est pas maintenant, elle comprendra un jour. Il y a une personne que je n'ai pas cité dans la liste. Pas parce que je m'en fiche de lui, mais plutôt parce que je ne préfère pas songer à ce qu'il pourrait faire après mon départ. Ni avec qui. Au final je suis celle qui le bloque et l'empêche de tomber dans ses travers et je pense qu'il aimera ne plus m'avoir dans ses pattes. Ce soir-là le dîner ne pouvait pas être plus catastrophique. Si encore ça criait dans tous les sens, ça m'aurait rappelé les autres repas de famille et je serais allée me coucher dans la nostalgie. Mais non. Silencieux avec une ambiance tendu à en réveiller les morts. Je sais que ma mère m'en veut de partir mais quand même, elle pourrait...je ne sais pas moi faire un effort ? Se comporter comme une personne civilisée. Dorian comme à son habitude tente de jouer le médiateur.
- Alors fiston tu repars quand à l'université ?
- Samedi.
Je jurerais entendre ma mère marmonner quelque chose du genre "super un départ de plus". C'est clair qu'entre Zachary et moi, et Sébastian qui compte partir à la fin de l'année...la maison va être assez vide. Et la petite se sentira sûrement bien seule. Et Dorian qui s'entête à vouloir passer un dîner animé.
- Je suppose que tu vas bien t'amuser au Brésil Amyra. Je crois que de tous mes voyages celui-là était le plus beau.
Je lui souris mais ma mère se lève soudain de sa chaise et voulait dire quelque chose. Mais à la dernière minute elle se ravise et part dans son bureau. Ça ne sert à rien d'aller la voir quand elle est comme ça. Alors je me lève à mon tour.
- Je vais dans ma chambre je dois m'assurer que je n'ai rien oublié pour demain.
Dorian hoche la tête en souriant et je me dirige vers les escaliers. Mais une fois dans ma chambre ce ne sont pas mes affaires que je regarde. Je vais m'appuyer sur le rebord de ma fenêtre pour essayer de chercher quelque part dans cette ville qui a été mon chez moi pendant des années un certain réconfort. Je pense que ce qui contrarie le plus ma mère c'est que je parte avec sa sœur qu'elle n'apprécie pas vraiment. Mais je ne voulais pas partir vivre chez mon père. Pourquoi ? Tout simplement d'abord parce qu'on commence à peine à s'entendre, je ne veux pas tout gâcher en allant vivre avec lui tous les jours. Et ensuite parce que je ne veux pas quitter une vie de famille tranquille pour en connaître une seconde. J'ai besoin d'aventure, de voyager. Et ça je ne pourrai le faire qu'avec Caly. Demain je prendrai d'abord l'avion pour aller à Rio, je vais rejoindre ma tante là-bas qui rendait visite à mon oncle et donc son frère. Je suis contente de pouvoir le revoir lui aussi. Il m'a beaucoup manqué et je m'entends très bien avec sa fille qui a le même âge que moi. Je ne les ai pas vus depuis des années, ma mère n'a pas une très bonne relation avec son frère aussi. Ça me manque de voir ma famille. Après Rio on décolle direction mon nouveau chez moi. Qui ne sera plus cet endroit où j'ai connu les pires conneries comme les plus beaux moments de ma vie. J'ai trouvé l'amour dans cette ville alors que je pensais qu'il m'était interdit après tous ces échecs amoureux. Je me suis fait des amis en or que je ne suis pas prête de laisser tomber. Et surtout je me suis trouvée moi. J'ai trouvé ce que je voulais faire de ma vie. Je vois un avion passer au loin dans le ciel en faisant un léger bruit. Je le regarde s'éloigner jusqu'à ce que les petites lumières clignotantes ne deviennent plus qu'un nouveau souvenir, un souvenir de Shelter Meek.
Alors voilà. Cette fois c'est fini. Je regarde ma chambre une dernière fois. Ce lit qui a partagé tous mes états d'âme. Ce bureau qui a subit toutes mes colères. Cette armoire qui a dû trembler de peur à chaque fois que j'allais faire du shopping et que je revenais avec des sacs entiers de vêtements. Ces murs qui a un moment étaient recouverts de poster en tout genre, je m'attache beaucoup trop aux objets. Mais cette chambre a été ma cachette à maintes reprises. Tous ceux qui me connaissent savent que dès que quelque chose ne va pas bien, la première chose que je fais c'est venir m'enfermer ici. J'entends le klaxon de la voiture de Sofia en bas qui me presse. Je jette donc un dernier coup d'œil en souriant avant de sortir en refermant la porte derrière moi. Je ne peux pas m'empêcher de fixer la porte de la chambre de Zachary avec une envie incroyable d'entrer et de lui dire au revoir. Mais je résiste. Je traverse le couloir avec peine sans regarder en arrière. Sans même regarder les cadres de notre famille accrochés aux murs. Et je descends les escaliers en me battant un peu avec mes valises qui refusent de passer. C'est Dorian qui vient à mon secours. Il attrape une de mes valises, puis l'autre et les descend calmement pour ensuite m'accompagner dehors. Mon frère est en train de parler avec Sofia devant la maison. Il a décidé de venir avec nous à l'aéroport je suis donc soulagée de ne pas avoir à lui dire au revoir maintenant. Ma mère est là elle aussi. Elle tient la main de Charlie qui se retient de pleurer je le vois. Dorian charge le coffre avec mes valises puis se tourne vers moi en souriant.
- Alors ça y est ? Tu t'en vas ?
- Ne me fais pas pleurer Dorian ce n'est pas digne de toi.
Il rit et m'attire contre lui. Je réponds évidemment à son étreinte. Il a été un vrai père pour moi quand le mien était inexistant et je lui en serai éternellement reconnaissante. Au fond je le considérerais toujours comme un membre à part entière de ma famille et je sais que ses blagues stupides au dîner me manqueront terriblement.
- Prends soin de maman.
- Et toi prends soin de toi.
On se sépare un long moment après et il ne peut pas s'empêcher de faire une dernière blague sur le fait que ma voiture ne m'aura pas servi bien longtemps après sa réparation. Et même si je suis d'humeur maussade je ris. Une dernière fois. Pour lui. C'est au tour de Charlie de venir me faire un câlin. On s'en ait fait des milliers durant toutes ces années pourtant je profite de ce dernier comme si c'était le premier.
- Promets-moi de ne pas grandir trop vite chérie.
- Promis.
Je caresse ses cheveux avant de déposer un baiser sur son front puis je la laisse aller rejoindre son père. Pour me tourner vers ma mère. Aucune de nous ne dit rien. Pourtant on sait toutes les deux que nous séparer nous brise le cœur. Et on le montre bien quand on se dirige automatiquement l'une vers l'autre pour se prendre dans les bras. Jusqu'à présent elle n'avait montré que de la colère provoquée par mon départ. Et je refusais de m'en aller en gardant comme dernier souvenir d'elle son air furieux. Mais maintenant que je la serre contre moi je sais que je peux partir sans craintes.
- Fais attention à toi Amyra. Et dis à ta tante que s'il t'arrive quoi que ce soit je la retrouverai et je lui ferai subir dix fois pire.
Je me retiens de rire et je lui fais la promesse qu'il ne m'arrivera rien. Après cette dernière étreinte je monte dans la voiture avec ma meilleure amie et mon frère et je regarde la maison devenir toute petite à mesure que l'on s'éloigne. Je devrais être toujours triste. Mais je suis soulagée. J'ai l'impression qu'un nouveau chapitre de ma vie vient de s'ouvrir et je me demande déjà ce que je vais pouvoir y écrire. Le trajet jusqu'à l'aéroport est beaucoup trop court. Je dis ça même s'il faut une bonne heure de route entre le point de départ et l'arrivée. Je vais d'abord enregistrer mes bagages, puis je passe les quelques minutes qu'il me reste avec les deux personnes qui me sont le plus chères ici. Sofia se retient de pleurer, Sébastian se retient de me retenir, et moi je me retiens de songer au moment du départ. Qui lui aussi arrive trop vite lorsque j'entends une voix dans les interphones appeler les passagers de mon vol. Je force un sourire pour ne pas leur faire de peine.
- Je dois y aller apparemment.
Sofia se jette dans mes bras avant que je puisse le faire moi-même. Je ris donc et lui rends son étreinte. Tout comme avec Charlie, nos câlins vont me manquer. Je suppose que c'est logique que mes dernières minutes à Shelter Meek je les ai passées avec elle.
- Tu nous connais Sofia on se parlera par messages et on s'appellera tous les jours.
- Oui je sais mais ça ne va pas être pareil.
Oui je sais aussi. Je la réconforte encore quelques secondes puis je la lâche pour aller faire un câlin à mon frère. Lui ne dit rien. Et moi non plus. Inutile on s'est déjà tout dit hier. Je m'éloigne d'eux pour leur sourire une dernière fois puis je me retourne pour partir. Mais...
- Amyra attends !
Cette voix.
- Zachary ?
Je me retourne et je le vois en train de courir vers moi. Il s'arrête à quelque mètres de moi pour reprendre son souffle. Alors je m'approche légèrement de lui.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
- À ton avis imbécile.
- Tu viens de me traiter d'imbécile ?
- Oui parce que tu m'as obligé à faire une heure de route, et à courir dans tous les sens dans ce satané aéroport pour te trouver.
Il s'approche de moi à bout de souffle. Je le comprends, si ce qu'il dit est vrai, comme cet aéroport est gigantesque il a dû courir très longtemps. Mais ça ne me dit toujours pas ce qu'il fait ici et pourquoi il a fait tout ça pour venir me voir.
- Je ne peux pas te laisser partir en sachant que tu es en colère contre moi, m'explique-t-il en reprenant un peu son calme.
- Dans ce cas tu aurais dû y réfléchir plus tôt.
- Merde Amyra mais qu'est-ce que je dois faire pour que tu me pardonnes ? Me mettre à genoux ?
- Ça serait un début, je réponds sur mon ton sarcastique habituel.
- Très bien.
Et sans que je ne m'y attende, voilà Zachary Collins qui se met à genoux devant moi, devant toutes les personnes présentes dans cet aéroport. Non mais il est complètement taré ?
- Qu'est-ce que tu fais ? Relève-toi tout de suite !
- Non. Pas tant que tu ne m'auras pas pardonné.
Je n'arrive pas à croire qu'il me fasse ça. Je ne sais pas si je suis flattée ou furieuse. Ou gênée face aux quelques regards qui se posent sur nous. C'est pourquoi je ne réponds pas. Parce que je voudrais lui dire ce qu'il veut entendre mais je ne suis pas sûre de le pouvoir. Et surtout pas dans ces conditions pendant que des inconnus nous observent.
- Amyra je te l'ai déjà dit plusieurs fois mais je le répète. J'ai fait le con et je m'en veux. Je suis vraiment vraiment désolé. Depuis que ma mère a quitté mon père sans prévenir personne j'ai une peur bleue de l'engagement. Je n'ai jamais été dans une relation où je pensais que ça marcherait. Mais avec toi c'était différent. Ça me faisait peur et quand j'ai peur je fais tout le contraire de ce que je devrais faire. Tu as raison j'aurais te respecter comme tu le méritais. Alors si aujourd'hui je dois me mettre à genoux devant toi et te supplier durant des heures de me pardonner, si je dois t'empêcher pour ça de monter dans cet avion, je le ferai sans hésiter. Parce que j'en ai marre des jeux et que je n'ai plus peur de le faire Amyra Salem.
Je ne m'attends carrément pas à ça. Une déclaration de Zachary Collins juste avant mon départ. Je me rends bien compte que lui pardonner serait une grave erreur. Mais qui ne fait jamais d'erreurs dans sa vie ? Il en a fait une, oui, mais Sébastian aussi est fautif dans l'histoire pourtant je lui ai pardonné. J'ai même pardonné à Foster ce qu'il m'avait fait. Alors pourquoi pas à lui ? Je me mets à rire face à l'absurdité de tout ça et je fais signe à Zachary de se redresser.
- D'accord relève-toi tu as gagné. Zachary Collins, je te pardonne.
Il me sourit et se lève enfin.
- Mais ne crois pas que tu es sorti d'affaire pour autant.
- J'imagine bien.
Je souris et entends la voix de l'aéroport appeler les passagers de mon vol encore une fois. On se regarde tristement. Il sait que je dois partir, que c'est ce que je veux. Alors à contrecœur il me dit doucement :
- Tu dois y aller je crois.
Il ne me retient pas. Je crois que c'est l'une des plus belles choses qu'on ait fait pour moi. Il est prêt à me laisser partir même si c'est la dernière chose qu'il désire. Il veut juste mon bonheur. Je lui souris alors encore une fois avant de lui dire au revoir et de partir à nouveau. Mais à mi-chemin entre lui et le contrôle de sécurité je lâche ma valise, fais demi-tour, cours vers lui pour me blottir dans ses bras qu'il enroule très vite autour de moi. Je ne pouvais pas partir sans le faire une dernière fois. Je ne pouvais pas tourner le dos à Zachary Collins aussi facilement. Notre histoire était magique avant le désastre de mon anniversaire alors je lui dois bien ça. Je nous dois bien ça. Je reste contre lui pendant un très long moment. Un long moment pendant lequel les souvenirs reviennent. Les bons comme les mauvais. Mais je sais que maintenant je ne retiendrai que les bons. Comme je m'en doutais le quitter est une réelle torture. Mais avant de partir je dépose un simple baiser sur sa joue. Un baiser qui suggère, que rien n'est vraiment perdu. Ou bien que rien n'est vraiment fini.
Fin ?
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