Chapitre XX

Un vol annulé et une vie bouleversée plus tard, me voilà dans ma voiture avec Zachary sur le parking du parc. Il me disait qu'il ne voulait pas la voir mais je voyais bien qu'il pensait tout le contraire. Je savais juste que tout ce dont il avait peur c'était de se retrouver seul avec elle et de ne pas pouvoir la regarder dans les yeux. Alors je lui ai proposé une chose que je n'aurais pas fait si la situation avait différente. Je lui ai proposé de l'accompagner. Résultat, nous voilà tous les deux en train d'attendre Lucie Collins. Je le sens stressé. Il a l'air d'avoir peur. Je voudrais lui parler, le rassurer, mais je ne sais pas si je devrais. Après le mal qu'il m'a fait est-ce qu'il mérite toujours que je me préoccupe de lui et que je cherche à le réconforter ? La réponse me vient dès que la femme qu'on attendait apparaît juste devant nous. Elle porte une longue robe bleue marine très belle que j'avais déjà vu sur une des photos d'elle, et elle a attaché ses cheveux bruns en un chignon parfait. Elle va s'installer sur un banc dos à nous et se met à attendre en scrutant les environs. Je me tourne vers Zachary dont la respiration a ralenti d'un coup. Alors comme si c'était un reflex que j'avais gardé, je prends sa main et je la serre en lui souriant.

- Zachary ça va aller. Tout va bien se passer.

Il me sourit à son tour, puis regarde nos mains. Et j'ai l'impression de réaliser à ce moment ce que je fais, je lâche donc sa main d'un geste rapide et je me mets à regarder sa mère comme si rien ne venait de se passer.

- Tu veux y aller seul ?

- Je préférerais que tu viennes.

- Elle ne va s'enfuir si elle te voit arriver tu sais ?

- Peut-être mais si tu es là je serai sûr qu'elle ne partira pas.

Bon très bien. Dans ce cas quand il faut y aller...

- On y va alors ?

Il hoche la tête et on sort de la voiture. Il marche très lentement, comme s'il voulait retarder le moment fatidique. Alors je le suis à son rythme, je ne veux surtout pas le presser. Cela dit j'accélère une fois près du banc pour arriver la première et ne pas la brusquer elle. Je lui souris en venant me mettre devant elle.

- Bonjour.

Elle se lève en souriant, elle est rayonnante. Même les quelques rides présentes sur son visage lui vont bien. Et puis je vois de qui Zachary tient son sourire maintenant. Elle regarde mes mains vides à la recherche des affaires que je lui avais promis et je vois la déception apparaître sur son visage.

- Vous n'avez pas trouvé le carton ?

- En fait le carton n'existe pas. Je voulais vous amener ici pour que vous puissiez voir quelqu'un qui tenait à vous parler.

Je regarde Zachary derrière elle, elle se retourne donc et j'ai peur pendant un court instant qu'elle ne tombe dans les pommes en voyant son fils. Aucun des deux ne parle. Aucun des deux n'ose. Jusqu'à ce que la mère contourne le banc pour aller rejoindre son fils de l'autre côté et poser sa main doucement sur sa joue comme pour être sûre que c'est bien lui. Je vois que Zachary est très ému par ce contact et contrairement à d'habitude il ne parvient pas à le cacher. Ça me touche de le voir comme ça. Une larme coule sur la joue de sa mère qui retire sa main et l'attire vers elle pour le serrer dans ses bras comme un enfant serrerait son doudou en dormant.

- Zachary mon tout petit.

A l'entente de cette phrase, ce dernier qui avait gardé jusqu'ici quelques réserves, pose ses mains dans le dos de sa mère et l'étreint à son tour. Ça me réconforte enfin. J'avais peur de ne pas avoir fait le bon choix, je pensais avoir mal fait de parler du retour de sa mère à Zachary. Mais maintenant que je vois ce magnifique tableau je suis heureuse de l'avoir fait. Ils restent dans les bras l'un de l'autre avant de se lâcher et de se regarder un peu mieux. Tant de temps s'est écoulé. Tant de choses ont dû changé. Je suppose que Zachary a bien grandi depuis la dernière fois qu'elle a pu le voir. Je choisis ce moment pour m'éclipser discrètement et retourner dans la voiture. Je vais les laisser avoir un moment à eux, ils n'ont pas besoin de moi après tout. Une fois dans la voiture je ne pense qu'à une chose, mon père. Avec lui aussi j'ai perdu beaucoup de temps. Et je l'aime plus que tout. Alors je sors mon téléphone et je l'appelle. Il répond au bout de la troisième sonnerie.

- Allo ?

- Salut papa.

- Hey salut ma chérie. Comment ça va ?

- Ça va et toi ? Comment va la future maman ?

- On va bien tous les deux. J'ai dû apprendre à faire des milk-shakes elle ne demande que ça à longueur de journée.

- Besoin de femme enceinte.

- Ne m'en parle même pas.

Je souris en entendant à quel point il joue bien son rôle de futur papa. Je suis tellement fière de lui.

- Tu voulais me dire quelque chose ma puce ?

- Oui, je reprends surprise d'avoir failli oublier la raison de mon appel. Je me disais que peut-être je pourrais venir passer les prochaines vacances avec toi. Tu sais, pour t'aider, passer du temps avec toi...rattraper le temps perdu.

Il ne dit rien pendant un trop long moment où je sens la déception m'envahir. Je soupire et cogne ma tête contre le dossier de mon siège.

- Mais si tu ne peux pas ça ne fait rien je peux aussi-

- Non non en fait ça serait génial que tu viennes.

J'entends au ton de sa voix qu'il est sincère et ça me fait vraiment plaisir. Je vais enfin pouvoir passer du temps avec mon père.

- Cool.

- On pourra aller au parc d'attraction juste à côté de chez moi. J'ai entendu dire qu'ils viennent d'installer de nouvelles montagnes russes.

- Et on pourra aussi se promener sur la jetée où ils vendent des glaces à tomber par terre.

- Tant que tu ne prends pas un milk-shake là-bas alors oui on ira.

On rit tous les deux. C'est la première fois qu'on fait des projets lui et moi. D'habitude quand on parle des vacances on les considère surtout comme une corvée parce qu'on va devoir se supporter l'un l'autre. Mais les choses ont changé je le vois bien. Il est aussi heureux que moi et c'est vraiment agréable. J'ai hâte d'y être. On parle encore un instant de ce qu'on pourrait faire, jusqu'à ce qu'on soit obligés de se quitter à cause d'un milk-shake à préparer. Après avoir raccroché je pose mon téléphone et je regarde Zachary et sa mère, ils sont assis sur le banc. Ils se parlent même en riant. Je me mets donc à sourire et après de longues minutes à attendre je finis par m'assoupir. Je suis épuisée je n'ai pas bien dormi ces derniers jours. Et je suis réveillée seulement deux heures après par Zachary qui cogne sur ma fenêtre. Je sursaute tellement vite que je donne un coup dans le klaxon qui fait un bruit terrible, me faisant encore plus peur et encore plus sursauter. Le crétin à l'extérieur est mort de rire.

- Fais gaffe Amyra Salem tu baves.

J'essuie rapidement le filet de salive qui coulait le long de ma bouche, puis je me remets en place sur mon siège en ouvrant les portières. Il contourne la voiture et vient s'installer sur le siège passager. Il a l'air vraiment heureux.

- Alors ça s'est passé comment ?

- C'était super. On a parlé, on a rit ensemble...je ne pensais pas qu'un jour je pourrais discuter à nouveau de cette façon avec ma mère. C'est grâce à toi que ça a pu se produire.

J'aimerais rester enthousiaste mais puisque les souvenirs de mon anniversaire commencent à me revenir je décide de démarrer la voiture pour mettre fin le plus tôt possible à cette conversation. Et même s'il a l'air de comprendre la raison pour laquelle je démarre, il reprend soudain :

- Le soir de ton anniversaire je comptais t'annoncer que j'allais abandonner l'université.

Si la voiture n'avait pas été arrêtée à un stop je crois que je me serais arrêtée d'un coup au milieu de la route et ça n'aurait pas été joli à voir. Je me tourne vers lui sans comprendre ce qu'il vient de me dire.

- De quoi tu parles ?

- Quand on était dans cet hôtel tous les deux, tu m'as demandé comment on allait faire après les vacances. Tu voulais une solution je t'en ai trouvé une.

Je ne sais pas si je dois être touchée ou si je dois exploser de rire. Je choisis donc un rire amer avant de reprendre la route.

- Tu es vraiment trop con Zachary.

- Quoi ?

- Arrêter l'université ? Sérieusement ? Tu allais arrêter tes études pour une fille pour qui tu ne ressentais même pas assez de sentiments pour qu'elle soit la seule dans ta vie ?

Il aurait voulu répondre mais il sait très bien que j'ai raison. On finit par se taire tous les deux. De toute façon je sais que cette idée d'abandonner l'université n'est plus utile maintenant. Et je ferais bien de le lui faire savoir sinon il va penser que...quelque chose est encore possible entre nous. Même si j'aimerais, c'est impossible.

- Je vais vivre avec Caly.

Je n'ose pas croiser son regard mais je le sens sur moi.

- Quoi ?

- Je l'ai appelée le soir où je suis allée dormir dans un hôtel et je pense que c'est la meilleure chose à faire.

- Mais...quand est-ce que tu partirais ?

- Jeudi.

- Jeudi ? Jeudi dans deux jours ?

L'entendre dire ça ne fait que me rappeler encore plus que le jour du départ arrive. Je ne dis rien d'abord, et puis je me contente de dire calmement :

- Avec Sofia tu es la seule personne au courant. Alors ne le dis pas à ma mère ou à Sébastian avant que je ne l'ai fait moi-même.

- Amyra tu ne peux pas partir comme ça.

- Pourtant je vais le faire.

- Je sais que j'ai fait le crétin mais-

Non mais je rêve là.

- De une tu as fait le connard, tu te comportais déjà comme un véritable crétin avant tout ça. Et de deux, le monde ne tourne pas autour de toi. Je ne me sens juste plus à ma place ici.

- Mais tu penses à ta mère justement ? Ou à Sébastian ? Et Sofia ? Et Charlie ? Charlie t'adore tu le sais.

Je sais bien tout ça mais j'aimerais prendre une bonne décision pour moi pour une fois. La dernière fois que je l'ai fait je me suis ratée oui, je me suis mise en couple avec un garçon déjà en couple. Mais je ne vais pas abandonner pour autant. Je dois réessayer.

- Zachary je t'en prie jusqu'à présent tu ne m'as pas vraiment respectée, alors respecte au moins mon choix d'accord ?

Il ne le répond pas alors je le regarde.

- D'accord ?

Il secoue la tête négativement exaspéré et détourne le regard pour regarder le paysage en colère. Je ne peux pas faire autre chose pourtant. Je ne vois pas d'autre solution et je sais que je serai bien avec Caly. Ce que je ne dis pas c'est que c'est peut-être temporaire, je reviendrai sûrement. Mais pour l'instant j'ai besoin de m'éloigner de cette ville. Je sens mon cœur s'accélérer alors je décide de me concentrer sur la route. Quand on arrive, on voit la voiture de Dorian garée devant la maison. Je ne suis pas pressée de rentrer, je vais devoir annoncer la nouvelle à ma mère et à Dorian. Et surtout à Charlie. Pourtant le moment des révélations arrive très vite. On entre dans la maison et y trouve nos parents ainsi que mon frère et Charlie qui court vers moi dès qu'elle me voit pour me sauter dessus. Je la serre contre moi tristement. Je vais devoir leur dire maintenant tant qu'on est tous réunis. Je sais que si je ne le fais pas je me défilerai à chaque fois. Je sens mes yeux devenir humides lorsque je lâche la petite et que mon regard croise celui de ma mère. Elle me demande comment je vais, commence à me parler de son voyage, mais je ne l'écoute pas. Je me lance donc avant de laisser tomber.

- J'ai quelque chose à vous dire.

Tout le monde se tait, Zachary qui porte Charlie dans ses bras baisse sa tête pour éviter de me regarder. Ma mère comprend que quelque chose ne va pas et que la prochaine chose qui sortira de ma bouche ne sera pas une bonne nouvelle. Pourtant elle cache son air préoccupé derrière un sourire qui se veut rassurant.

- Est-ce que tout va bien ma chérie ?

Je sens la panique me gagner pourtant je reste calme en apparence et...

- Je vais vivre avec tante Caly maman. Je prends l'avion jeudi pour aller la rejoindre.

Tout le monde dans la pièce arrête de faire ce qu'ils étaient en train de faire. Même Charlie arrête de rire. Cette petite boule d'énergie qui habituellement parle et rigole à longueur de journée se tait. L'atmosphère devient pesante. J'ai presque envie de devenir invisible ou de pouvoir m'enfoncer dans le sol pour disparaître. Ma mère lâche soudain son téléphone qui atterrit sur le carrelage et se laisse tomber sur la chaise derrière elle en portant la main à son front. C'est Sébastian qui parle le premier comme je m'en doutais.

- Comment ça tu pars vivre avec elle ? Tu...tu ne peux pas partir.

- Je savais que ça arriverait, chuchote doucement ma mère à Dorian.

Je déteste être à l'origine des problèmes de cette famille mais là c'est en restant que j'en ferais plus.

- Tu as des problèmes ici ? me questionne Dorian inquiet. Si c'est le cas tu peux nous le dire.

- Non Dorian, reprend ma mère, tu ne comprends pas que c'est ma sœur qui est à l'origine de tout ça ?

Je ne peux pas la laisser dire une chose pareille.

- Non pas du tout maman. J'ai dû insister auprès d'elle pendant un long moment avant qu'elle accepte.

- Tu ne vas pas me faire avaler ça Amyra.

- Pourtant c'est la vérité. J'ai 18 ans maintenant. Je suis libre de mes propres choix et je choisis de partir.

- Mais pourquoi ?! Explique-moi au moins !

Je jette un rapide coup d'œil à Zachary. Expliquer. Comment expliquer quelque chose de déjà difficile à dire.

- Je...j'y pensais déjà avant. Mais quelque chose a influencé ma décision finale.

Sébastian comprend de quoi je parle et est aussitôt pris de remords. Il doit se dire que s'il n'avait pas fait venir cette fille ici je serais sûrement restée. Mais je serais partie un jour ou l'autre de toute façon. Et il est très mal placé pour me faire la leçon sur ce qui est de quitter la maison alors qu'il avait décidé de partir avant même que je ne le fasse moi-même. J'entends Charlie se mettre à pleurer et quitter les bras de Zachary pour venir s'agripper à moi.

- Non tu pars pas ! Reste !

Je me baisse pour être à son niveau et je sèche une de ses larmes.

- Je suis désolée ma puce. J'aurais voulu rester je te le jure mais...je ne peux pas.

- Mais je veux pas que tu partes !

- Je suis désolée.

Je ne sais pas quoi dire d'autre. Et c'est pour cette raison qu'elle part en courant vers la salle à manger. Dorian la suit. Zachary aussi. Sébastian lui, décide de monter s'enfermer dans sa chambre. Je me retrouve donc seule avec ma mère qui se lève enfin avec un regard triste et dit d'une voix tremblante :

- Tu as fait ton choix on dirait.

Et elle part s'enfermer elle dans son bureau. Une fois seule au milieu du salon, je sens la culpabilité monter en moi. Je sors alors de la maison pour aller m'asseoir sur les marches d'escaliers et enfouir ma tête entre mes genoux. Jusqu'à ce que j'entende une voiture se garer devant chez moi. Sofia. Elle sort du véhicule et vient s'asseoir à côté de moi sans rien dire. Elle n'a même pas besoin de parler. Son regard en dit long sur ce qu'elle ressent et suffit pour me faire pleurer. Elle pose donc son bras autour de moi et me serre contre elle. Même maintenant elle est là pour moi.

- Sofia tu crois que je suis en train de faire une erreur et que je suis juste en train de prendre une décision sur un coup de tête à cause de ce qui s'est passé avec les garçons ?

- Non, me rassure-t-elle aussitôt. Je pense que quitter cet endroit est ton rêve depuis ton arrivée ici. Tu m'as répété je ne sais combien de fois que tu serais prête à tout pour vivre la vie de ta tante. Tu me disais même qu'une fois que tu aurais 18 ans tu partirais et c'était bien avant Zachary.

- Oui mais...si tu les avais vu. Je n'avais jamais vu ma mère dans un état pareil.

- Chérie tu sais que je t'aime. Alors quoi que tu fasses je te soutiendrai.

Elle prend ma main et je la serre fort. Je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Elle est prête à me laisser partir alors qu'elle a appris dernièrement que Mac aussi allait partir. C'est vraiment la meilleure amie qui existe, si je pouvais l'emmener avec moi je le ferais sans hésiter. Mais je ne peux pas et je déteste ça. Même si je considère aussi Caly comme ma meilleure amie, ce n'est pas pareil. Je ne pourrai plus avoir les conseils catastrophiques de Sofia, ni porter ses vêtements trop extravagants, ni être maquillée par ses mains expertes ou même me goinfrer avec elle devant la télé. Je sais qu'elle va me manquer terriblement. Sûrement plus que les autres. C'est avec elle que je passais la majorité de mon temps ici. Alors je me dois de passer la journée de demain avec elle. Mais avant je dois aller voir quelqu'un. Alors après avoir promis à mon amie que je viendrais la rejoindre chez elle juste après, je me rends jusqu'au garage de voitures pour y trouver Eliott en train de faire des mots croisés. Quand il m'aperçoit il range le petite carnet et me sourit.

- La revoilà. Et elle n'est même pas trempée.

- C'est un miracle.

On rit tous les deux et je lui tends le sac avec les vêtements de sa sœur dedans.

- Tiens et merci encore.

- Arrête de me remercier je n'allais pas te laisser te geler dans des vêtements mouillés quand même.

- Mais tu m'as écoutée.

- Au risque de donner raison aux stéréotypes...j'adore connaître les secrets des gens. Mais ne t'en fais pas je n'ai rien dit et ne dirai rien à personne. J'espère juste avoir été de bons conseils.

- Je pars vivre avec ma tante sur un autre continent dans deux jours alors...oui ?

Il arrête de mâcher son stylo et le pose en ouvrant de grands yeux dès qu'il entend ma réponse. C'est le genre de réaction que j'attendais à vrai dire.

- Waouh c'est radical.

- Trop ?

- Non c'est à toi de décider de ça. Si tu penses que c'est la bonne solution...mais pourquoi aussi vite ?

J'ai beaucoup réfléchi à ça. Au moment de partir. J'aurais pu faire comme mon frère et attendre la fin de l'année scolaire. Ou au moins attendre les prochaines vacances. Mais je préfère partir maintenant avant la rentrée pour ne pas perdre une seconde de plus.

- Disons que l'aventure m'appelle et je veux la rejoindre au plus vite. Je vais prendre des cours par correspondance avec un professeur personnel et je vais voyager dans les plus beaux pays du monde avec ma tante. Je ne veux pas attendre plus longtemps de vivre ça.

- Alors dans ce cas je suis heureux pour toi.

- Merci Eliott.

- Qu'est-ce que j'ai dit sur les remerciements ?

- Désolée.

On rit tous les deux quand soudain je vois débarquer à côté de moi...Foster.

- Eliott je viens chercher ma caisse.

Il ne m'a pas vue. Eliott me jette un rapide regard gêné et inquiet, je le rassure avant de le voir partir. Mon voisin se tourne alors vers moi, me voit et me reconnaît très vite. Il a un pansement sur le nez. J'ai vraiment dû y aller un peu trop fort.

- Amyra ?

J'ai l'impression d'entendre comme de la peur dans sa voix. Est-ce qu'il a peur de moi ? Si c'est le cas alors oui j'y suis vraiment allée trop fort.

- Ça...ça tombe bien que tu sois là.

Il bégaie ? Non mais qui est ce garçon qui se tient devant moi ? Si un extraterrestre a pris possession de son corps alors je laisserai volontiers la Terre se faire envahir.

- Je voulais te voir pour m'excuser.

C'est décidé quelque chose ne va pas chez lui.

- T'excuser ?

- Pour ce que je t'ai fait. Tu sais ce coup de poing que tu m'as mis ç'a...totalement changé ma vie. Quand j'ai refusé de dire à mes parents qui m'avait frappé cette fois ils ont décidé de m'envoyer chez un psy. Après Sébastian et Zachary en plus c'était la blessure de trop.

Je l'écoute sans comprendre. Il est vraiment en train de me remercier de l'avoir frappé ?

- Bref j'ai fini par réaliser que j'avais un problème avec l'alcool.

Seulement maintenant ? Il faisait quoi ces dernières années pour ne pas s'en être rendu compte ?

- Et je tenais à m'excuser pour le mal que je t'ai fait. Tu es l'une des premières filles à qui mon problème a fait du mal et tu es celle qui m'a aidé en me cassant le nez alors je voulais que tu sois la première à entendre mes excuses. Mais je comprendrais que tu me détestes tout de même.

Je sais que je ne devrais pas mais...j'ai presque pitié de lui maintenant. Avec ses excuses et son pansement sur le nez je crois que je réalise que je me suis assez vengée comme ça. Il a eu ce qu'il méritait et aujourd'hui il regrette son geste c'est le principal. Alors je lui réponds enfin :

- Je te pardonne.

Il est d'abord choqué, puis me sourit toujours avec étonnement.

- Pourquoi ?

- Parce que je t'ai assez fait payer ce que tu as fait. Et puis...si je suis la première à qui tu présentes des excuses alors je sais que la route sera longue. Je ne fais que te donner une motivation de continuer parce que je ne pense pas qu'elles seront toutes aussi sympa que moi.

Il hoche la tête heureux et inquiet pour la suite à cause de ce que je viens de lui dire. C'est juste la vérité pourtant. Il va en avoir des excuses à faire. Eliott revient avec un homme qui demande à Foster de le suivre, il s'exécute et me laisse avec un Eliott bien trop curieux pour que je ne lui dise rien.

- Il s'est excusé, je lui dis avant qu'il ne me pose des centaines de questions.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Parce que parfois il s'avère que les brutes ont un cœur. Même les brutes alcooliques.

Il ne pose pas plus de question et se met à rire. Je l'aime bien Eliott, il est vraiment gentil avec moi, c'est une bonne oreille et il fait des chocolats chauds comme personne n'en fait.

- Tu sais je trouve ça dommage de partir alors qu'on commençait tout juste à sympathiser. Tu aurais sûrement été un meilleur ami gay du tonnerre.

- C'est ce qu'elles disent toutes.

Je ris encore et il me tend ses bras. Je vais donc lui faire un câlin d'au revoir comme il le mérite.

- Ne perds pas trop de temps en décisions avec mon frère d'accord ? Fonce.

- Promis.

On se sépare en riant encore et on se dit au revoir une dernière fois avant que je m'en aille définitivement. J'ai trouvé un super ami et je suis déjà obligé de lui dire au revoir. C'est vraiment triste. Mais s'il se met avec mon frère je serai la sœur la plus heureuse du monde.

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