Chapitre XVII
Samedi enfin. Je monte dans la voiture de Zachary sans hésiter une seule seconde, je veux quitter cette maison dans laquelle on est restés enfermés pendant des heures et des jours. Et surtout je veux quitter cette ville où on est toujours obligés de regarder derrière nous pour être sûrs que personne ne nous regarde. Il est prévu qu'on parte jusqu'à mercredi alors je compte bien profiter de ces quatre jours. La seule personne que j'ai prévenu de mon départ c'est Sofia, mais évidement je ne lui ai pas dit où on allait puisque je ne le sais pas moi-même. Et j'ai promis à Zachary de lâcher mon téléphone pendant ces quelques jours alors je tiendrai ma promesse, de toute façon ma meilleure amie est avertie. Pour une fois c'est elle qui est jalouse de ma relation. Mais j'ai gardé un gosse pour sa relation à elle alors elle n'a rien à me dire. Zachary monte à son tour en tournant la clé pour faire rugir le moteur, et en quelques secondes nous voilà partis, avec comme valises de simples sacs remplis de quelques vêtements. On roule à un certain moment avec la musique allumée à fond, à une autre la voiture n'est animée que par nos petites prises de têtes qu'on aime tant, et à un autre on passe tout notre temps à rigoler. Lui et moi on ne sait jamais à quoi nous attendre quand on est tous les deux et j'adore ça. Je commence à m'y habituer. J'observe par la fenêtre le paysage magnifique qui se dresse devant moi en bougeant à toute vitesse. La mer d'un côté, la falaise de l'autre. Je ne sais même plus où donner de la tête tellement tout est magnifique. On roule, encore et encore jusqu'à faire une pause à une station d'essence pour faire le plein. Je crois bien qu'au total on doit passer au moins deux heures sur la route. Je vois que Zachary aime les longs trajets, je trouve ça amusant, c'est un nouveau point commun qu'on a à ajouter sur la liste qui s'agrandit déjà bien assez et beaucoup trop vite. On finit par arriver dans une forêt que je ne connaissais pas. Les arbres sont d'une taille incroyable, on distingue à peine le soleil à travers les feuilles épaisses. Tout est vert autour de nous. C'est magnifique. On s'arrête au milieu des arbres sans que je comprenne ce qu'on vient faire ici. Mais toute curiosité s'envole dès que je sors de la voiture et que l'air frais traverse mes narines. J'adore l'odeur de la nature, c'est tellement plus agréable que l'air irrespirable de la ville. J'étire mes bras en réalisant enfin à quel point il fait froid ici. On est montés dans les hauteurs, c'est normal. Je me mets à frissonner, jusqu'à ce que Zachary retire sa veste pour me la donner. Je ne la refuse pas n'ayant pas vraiment le choix. Le gamin me tend sa main en souriant, alors je la prends sans hésiter une seule seconde et nous voilà en train de marcher dans la forêt vers je ne sais où. Je me demande comment il fait pour connaître autant d'endroits si isolés. Est-ce qu'il se sentait si seul que ça à une époque ? Est-ce que c'est toujours le cas aujourd'hui ? Il m'entraîne jusqu'à un petit escalier de roches qui nous conduit jusqu'à une cascade incroyable. L'endroit est aussi silencieux qu'une bibliothèque, le paysage est d'un vert incroyable. Évidemment les oiseaux nous font aussi part de leur mélodie ce qui ajoute encore plus de charme. Je crois que je ne me suis jamais sentie autant en paix avec moi-même, cet endroit est si magnifique et paisible. Je me tourne vers Zachary qui observe le paysage de carte postale le sourire aux lèvres. Et je décide de rompre le silence.
- Zachary ?
Il me regarde enfin, mais son regard ne change pas. Quand ses yeux se posent sur moi j'ai l'impression qu'ils ne voient pas de différence entre moi et ce qui se tient devant nous. Je trouve ça si adorable que j'en oublie presque ma question. Qui me revient fort heureusement très vite.
- Comment tu as découvert cet endroit ? C'est magnifique.
Il sourit puis se baisse pour s'asseoir sur le sol. Je l'imite en tenant toujours fermement sa main.
- Après le départ de ma mère et l'arrivée de la tienne, je me suis mis à la recherche de ce genre de lieux dès que j'ai eu mon permis. Je roulais pendant des heures pour m'arrêter n'importe où au hasard et chercher encore et encore. Je voulais des endroits où je pourrais me retrouver un peu seul avec moi-même loin de tous les drames de la maison. Loin de mon père, des souvenirs de ma mère et de l'envahisseur qu'était Cassandra.
Je ne pensais pas que c'était possible de trouver ce genre d'endroit en cherchant sans vraiment chercher comme il l'a fait. J'aimerais faire comme lui, ou plutôt j'aurais aimé faire comme lui. Je me demande si me retrouver seule livrée à moi-même de cette façon aurait changé quelque chose à qui je suis maintenant. Je suppose que c'est grâce à ce genre d'aventures qu'il a forgé son caractère, qu'il est devenu celui qui m'attire tant. Je suis heureuse qu'il ait décidé de partager cet endroit avec moi. Ça prouve qu'il tient à moi. Enfin je crois.
Ça fait deux jours que je me suis enfuie avec Zachary, je crois que je ne me suis jamais autant amusée de toute ma vie. Quand je suis avec lui j'ai la sensation de rattraper les années délinquances de mon adolescence que j'ai raté. Tous les deux on est de vrais enfants, mais aussi de vrais adultes quand il le faut. Je n'ai pas discuté avec Sofia depuis mon départ, je lui avais dit que je mettrais mon téléphone sur silencieux par respect pour Zachary. Et j'ai bien fait, il m'a traîné dans tous les petits coins de paradis qui pouvaient exister ici, avant de m'emmener dans un hôtel magnifique. Un hôtel quatre étoile où on passe la moitié de notre temps dans notre chambre. C'est dingue ça, quand on était chez nous je ne pouvais plus supporter de rester enfermée mais dans un cadre si différent comment ne pas le vouloir ? Les murs d'une blancheur parfaite et glacés au touché à cause de la climatisation qui fait de cette chambre un abri parfait contre la chaleur. Et puis les draps du lit sont tellement doux que j'ai l'impression de flotter sur un nuage. Ou alors ça c'est parce que je m'endors et me réveille dans les bras de Zachary ? Je ne sais pas et je m'en fiche. Ou plutôt je m'en fichais jusqu'à ce que je me rende compte qu'on sera rentrés après-demain. Je ne veux pas repartir, je suis trop bien ici. Je suis sur le balcon de notre chambre en train de regarder la mer qui s'étend à perte de vue face à moi. Elle est d'un bleu si intense et si paisible que je me demande si je ne suis pas en train de l'imaginer. Si les cocotiers au-dessus de ma tête ne sont pas en réalité un rêve que j'ai créé de toute pièce. Et je réalise que je suis bien dans la réalité, une fois que des bras viennent s'enrouler autour de moi. Je sens un souffle chaud dans mon cou et mes mains se dirigent aussitôt vers les bras forts pour les caresser doucement.
- Dis donc Zachary Collins tu ne peux plus te passer de moi ou quoi ?
- Dis donc Amyra Salem tu es plus futée que ce que je pensais.
Je lui donne une légère tape qui l'amuse. Il se sépare alors de moi pour venir se mettre à côté de moi et admirer aussi la vue. Et comme si réaliser notre départ imminent ne suffisait pas, je commence aussi à réaliser notre séparation qui elle aussi approche. La fin des vacances.
- Qu'est-ce qui va nous arriver après ? je demande alors sans y penser plus longtemps seule.
Il n'a pas l'air de comprendre ma question, ce que je comprends. Je n'ai pas précisé ma question, trop impatiente d'avoir une réponse.
- Après quoi ?
- Après les vacances. Quand tu vas devoir retourner à ton université, que je vais rester ici pour le lycée et qu'on ne va plus pouvoir se voir pendant des mois. C'est déjà difficile de le faire quand on est à quelques mètres l'un de l'autre alors mettre des kilomètres entre nous ne va rien arranger.
Il comprend mon mal-être à mon plus grand soulagement et prend mes mains dans les siennes pour les serrer et les caresser. Ce contact me réconforte. Je ne sais pas comment il fait pour être aussi doué quand il s'agit de me réconforter, juste en me touchant.
- Amyra on trouvera une solution.
Et une autre inquiétude qui vient s'abattre telle une vague sur la première et la seconde.
- Tu es sûr de le vouloir ?
Il paraît surpris.
- Pourquoi je ne le voudrais pas ?
- Parce que je...
Dis le Amyra ce n'est pas sorcier ! Tu l'as déjà dit avant. Pourquoi cette fois est plus compliquée que les autres ? Peut-être parce que cette fois je suis sûre de mes sentiments et que ça me terrifie de ressentir ça. Pourtant je dois lui dire. Je dois lui faire comprendre ce qui m'inquiète.
- Je suis tombée amoureuse de toi, je finis par dire après quelques réticences. En très...trop peu de temps. Et j'ai peur que tu ne ressentes pas la même chose que moi.
- Tu as l'air convaincue de ce que tu dis.
- Je le suis. Ce n'est pas très rassurant de sortir avec Zachary Collins le garçon qui fait tourner les têtes de toutes les filles avant de les laisser tomber.
Il a l'air vexé au début, mais ensuite il lâche vite mes mains et pose les siennes sur mes joues pour les caresser.
- Si je peux te dire une chose, c'est que ce Zachary Collins doit être vraiment aveugle et crétin pour ne pas tomber amoureux de toi Amyra Salem.
Je ris légèrement en levant les yeux au ciel, mais lorsque je baisse la tête il la relève vers lui pour plonger mon regard dans le sien.
- Amyra je te promets que ce ne sont pas des kilomètres qui vont nous séparer.
Je souris encore plus et je dépose mes lèvres sur les siennes. Oui je me soucie toujours du futur, mais je suis rassurée sur ses sentiments. Pourquoi ? Parce que Zachary a beau savoir mentir, il ne sait pas le faire aussi bien. Il se sépare vite de moi pour me soulever sur son épaule, encore, et descendre les escaliers de notre balcon pour courir jusqu'à la plage et me jeter dans l'eau malgré mes nombreux cris qui se transforment vite en rire une fois remontée à la surface. Il vient me rejoindre prit lui aussi de fou rire. On est tous les deux habillés, pourtant on s'en fiche. On est heureux et c'est le plus important pour nous. Je m'approche de lui pour enrouler mes bras autour de son cou.
- Zachary Collins grâce à toi je suis enfin heureuse.
Il sourit, lui aussi heureux et m'embrasse à son tour. On ressemble à un vrai couple ici. Un couple comme les autres. C'est pourquoi quand mercredi, et jour du départ arrive, je me mets à éprouver une déception que jamais je n'avais éprouver. J'aurais voulu profiter un peu plus. J'aurais voulu sortir un peu plus et ne pas rester aussi longtemps enfermée dans la chambre. Ici les gens nous regarde comme si on était un couple normal sans un lourd secret qui nous poursuit. Certains ont même l'air de nous envier. Je profite jusqu'à la dernière seconde. Des cocktails, de la chambre, de la plage et surtout de mon amoureux. Je sais que si ça ne tenait qu'à moi, on resterait ici jusqu'à la fin des vacances, même après le retour de nos parents. Mais si je ne suis pas chez moi demain Sofia me tuera je le sais. Et mon frère va sûrement se mettre à me chercher, je ne veux pas qu'il me trouve. Alors je referme mon sac après un dernier bon moment et je remonte dans la voiture de Zachary. Les souvenirs de ce séjour me reviennent. Je crois que le meilleur moment c'était cette soirée dans laquelle on s'est incrustés sur la plage. On a tellement dansé qu'on en a même oublié de consommer de l'alcool. Ce qui est étonnant puisque...puisque c'est de Zachary et de moi qu'on parle. Je me sens renaître. J'ai toujours gardé en tête les responsabilités et les côtés assez ennuyants de la vie d'adolescente. Mais avec Zachary je suis une personne totalement différente. Une personne que j'aime être et que je ne déteste plus. Si Caly m'entendait elle serait vraiment fière de moi. Elle m'a toujours vu me comporter comme une adulte qui devait gérer les affaires de familles comme une femme au foyer le ferait. C'est vrai après tout. Quand mes parents n'étaient pas encore divorcés, quand j'avais donc treize ans, je devais m'occuper de tout à la maison. Le ménage, la cuisine même, et je devais faire mes devoirs toute seule comme une grande. Même quand j'étais encore petite. Et après le divorce, pour aider ma mère, j'ai tout fait en double. A ce moment-là parfois je m'occupais même des impôts et de gérer les dépenses. Vous imaginez une collégienne s'occuper de tout ça au lieu de s'amuser ? Moi oui. J'avais même commencé à fumer avec ma meilleure amie de l'époque. J'aimais ça. Je sentais enfin mon côté rebelle faire surface. Un côté de moi que j'ai éteins tout de suite après l'incident nommé Foster. Parfois je regrette d'avoir tout fait sans rien dire, en obéissant comme une petite marionnette. Mon frère n'aidait pas et ma mère ne voyait pas mes efforts. Caly a toujours été celle qui me comprenait le mieux. Et je peux dire aujourd'hui que c'est grâce à elle si je suis aussi heureuse avec Zachary puisqu'elle m'a poussé à me lancer. Si j'étais assez folle pour le faire, je déménagerais pour aller vivre avec ma tante. On refait le trajet inverse en regardant cette fois le paysage avec regret. Et c'est surtout le cas quand on arrive chez nous et qu'on tombe sur mon frère au beau milieu du salon qui nous fixe tous les deux surpris en regardant surtout nos sacs de voyages gonflés de vêtements. Et merde.
- Vous étiez où tous les deux ?
- Euh...j'étais chez Sofia.
- Et moi chez un de mes potes pourquoi ?
- Oh je ne sais pas peut-être parce que vous venez d'arriver tous les deux en même temps. Dans la même voiture qui plus est, ce que je pensais impossible. Vous me prenez pour un idiot ? Qu'est-ce qui se passe dans cette maison bon sang tout le monde devient fou ?
Je regarde Zachary pendant un court instant qui suffit à nous mettre d'accord sur une chose. On doit tout lui dire. D'un côté je savais que je ne pourrai pas cacher la vérité à mon frère très longtemps. J'espérais juste que ça n'arrive pas à mon retour d'un séjour paradisiaque, dans un hôtel paradisiaque, avec mon démoniaque petit copain. Mais on n'a plus le choix.
- Zachary tu peux nous laisser seuls s'il-te-plaît ? je lui demande calmement.
- Tu es sûre que tu ne veux pas que je reste ?
Je me tourne vers lui et me mets à chuchoter pour que mon frère ne puisse pas entendre la suite.
- Crois-moi il vaut mieux pour toi que tu ne sois pas dans les parages quand il apprendra la nouvelle.
Il nous regarde à tour de rôle pendant un moment avant de monter à contrecœur les escaliers qui l'éloignent aussitôt de nous. Le silence dans le salon refait surface comme si on s'était retrouvés dans un cimetière. Je suppose qu'un cimetière sera utile pour Zachary d'ailleurs. Et je ne plaisante pas vraiment quand je dis ce genre de choses. Sébastian peut être vraiment nul comme frère parfois mais une chose est sûre, il n'y a pas plus protecteur que lui quand il s'agit des garçons qui tournent autour de sa petite sœur. Je m'approche donc doucement de lui et lui demande de me suivre dans le canapé. Une fois assis, je commence à chercher une façon de lui annoncer la nouvelle tandis que lui commence à s'impatienter.
- Amyra crache le morceau ça ne doit pas être si terrible.
- Ça dépend ce que terrible signifie pour toi.
- Terrible c'est la situation dans laquelle je suis en ce moment.
Et après avoir dit cette phrase il se laisse totalement tomber sur le canapé et pose ses mains sur son visage. À cet instant j'oublie la révélation choquante que je dois lui faire. J'ai alors une sorte de flash-back. Je vois Sébastian quand il avait dix ans et qu'il avait des problèmes avec une brute de l'école. Il voulait m'en parler mais il n'osait pas le faire et il vient de prononcer quasiment la même phrase qu'à l'époque. Il a besoin de moi. Je le sens. Je pose ma main sur son épaule et me rapproche de lui.
- Sébastian qu'est-ce qui t'arrive ?
- On est supposés parler de toi là.
- D'accord alors...si tu me dis ton problème je te dirai le mien. Sinon tu peux oublier cette conversation.
Il soupire et commence à jouer avec les lacets de ses baskets comme il le fait à chaque fois qu'il est nerveux. Je le connais définitivement trop bien. Alors j'admets que l'inquiétude me fait perdre mon sang froid.
- Sébastian Salem tu vas me dire ce que tu as oui ?!
- Je suis gay Amyra !
Sur le coup je ne parviens pas à entendre ce qu'il dit malgré le fait qu'il l'ait crié assez fort pour exploser mes tympans. Mais quand ensuite je réalise enfin...je crois que la joie et le soulagement que j'éprouve n'ont jamais été aussi grands en moi. J'ai passé des mois à imaginer le pire. Je pensais même à un moment qu'il était perdu à jamais. Mais il était juste inquiet de nos réactions en nous annonçant la nouvelle. Je me mets à rire et le prends dans mes bras ce qui a l'air de l'étonner puisqu'il me rend mon étreinte avec méfiance.
- Tu te fous de moi tu appelles ça une situation terrible espèce de crétin ? J'ai vraiment cru que c'était grave.
- Mais ça l'est !
Je me sépare de lui et le frappe doucement sur le front.
- Tu es gay et alors ? Tu croyais vraiment qu'en me le disant j'allais arrêter de t'aimer ? Tu es mon frère imbécile, et je suis plus fière de toi que je ne l'ai jamais été. Je ne suis heureuse que quand tu l'es. Alors non ce n'est pas terrible, c'est merveilleux.
Il se met à sourire comme jamais je ne l'avais vu sourire et rit même. Je crois bien que c'est la première fois depuis très très longtemps que je vois mon frère aussi heureux. Ça me fait vraiment plaisir, je n'imaginais pas que notre réconciliation se ferait ainsi. Mais je me souviens ensuite que son lourd secret doit être suivi du mien. Alors je reprends malheureusement mon sérieux alors que j'aurais voulu ne pas le reprendre dans un moment pareil.
- En tout cas je te parie que ma situation terrible à moi ne va pas te faire rire.
Il s'arrête à son tour de sourire et me fixe d'un air inquiet. Bon c'est le moment ou jamais j'imagine. Si je ne me lance pas qui le fera à ma place ? Pas Zachary bien sûr.
- Bon je pense qu'il n'existe pas des millions de façons de le dire alors...Zachary et moi on est ensemble.
Il me regarde pendant un instant avec un air assez vague. J'ai l'impression qu'il a entendu ce que je viens de dire mais qu'en même temps il ne l'a pas compris. C'est pourquoi je sens mon cœur s'accélérer dans l'attente de sa réaction, qui arrive plus vite que je ne le pensais.
- Quoi ?!
Je m'en doutais il est furieux. Non pire il est déçu. Ou alors il est dégoûté de moi. Pourquoi quand j'ai besoin de lire en lui comme dans un livre ouvert je ne fais que voir la couverture ? Il se lève du canapé et se dirige vers les escaliers. Je m'empresse donc de me lever à mon tour, d'enjamber le canapé et de courir le rejoindre pour lui barrer la route.
- Où est-ce que tu vas ?
- Je vais voir Zachary pour lui régler son compte parce qu'à tous les coups c'est de sa faute si vous êtes dans ce pétrin.
- Il n'est pas le seul fautif. C'est à cause de moi si on a commencé à sortir ensemble.
- Oui mais lequel de vous deux a commencé à draguer l'autre ?
Là je dois admettre que je ne peux pas défendre Zachary sur ce point.
- C'est ce que je me disais, déclare mon frère furieux.
Mon cher grand frère me contourne, bien décidé à aller botter les fesses de mon copain. Alors sans réfléchir je cours sur lui et saute sur son dos pour l'arrêter. Il tente de se débattre mais je sais bien qu'il ne peut pas le faire. Me mettre sur son dos pour l'étrangler et le calmer c'est toujours ce que je faisais quand j'étais petite, et il n'a jamais réussi à s'échapper de mon emprise.
- Amyra descends de là !
- Non pas avant que tu ne te sois calmé !
J'enroule mon bras autour de son cou et on se met à se chamailler comme des enfants en criant. C'est ce moment que ce crétin de Zachary choisit pour descendre inquiet. Il s'immobilise quand il me voit en train d'étrangler mon frère qui essaie alors de lui foncer dessus. Je descends donc de son dos avant de mettre mon pied devant sa jambe. Ce qui fait tomber ce dernier et me permets de me mettre sur lui en maintenant ses mains dans son dos pour l'empêcher de bouger. Une fois que je le tiens comme ça, il lui est totalement impossible de faire le moindre geste sans pousser un gémissement de douleur. Je me tourne vers Zachary qui regarde la scène préoccupé. Ce qui m'exaspère encore plus.
- Merci Amyra de me sauver de ton frangin complètement cinglé, je déclare en imitant sa voix. Oh mais je t'en prie c'était tellement simple Zachary !
- Amyra lâche-moi ! Et toi Zachary tu as intérêt de savoir courir très vite parce que-
J'effectue une pression sur un point sensible qui le fait crier et il se calme enfin.
- D'accord d'accord j'arrête ! J'arrête Amyra !
- Si je te lâche et que tu refais le con tu souffriras encore plus c'est clair ?
- Oui !
Je relâche ma prise et me lève en lui tendant ensuite ma main. Il la prend et se relève très vite en lançant à Zachary un regard assassin. Et alors que je pensais qu'il allait à nouveau tenter de se jeter à son cou, il se contente de dire une simple phrase bien plus menaçante que n'importe quel point dans la figure :
- Si tu fais du mal à ma petite sœur je te préviens que je te ferai subir bien pire que ce que j'ai fait subir à sa voiture.
Et il monte à l'étage en le bousculant au passage. Je me tourne vers celui dont la vie vient d'être menacée et qui a vraiment l'air de réaliser l'enjeu de tout ça. Je lui souris donc simplement, lui donne une légère tape sur le torse et monte à mon tour en attrapant mon sac, qui était resté sur le sol depuis notre arrivée. Au moins il n'y a plus aucun secret entre Sébastian et moi. Mais je m'en veux. Il lui a fallu du temps pour me révéler son secret, et cette révélation vient d'être gâchée par la mienne. J'espère qu'il ne m'en voudra pas longtemps. Surtout que demain est un grand jour pour moi. Je ne peux pas le passer sans lui à mes côtés.
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