Chapitre XIX
J'ai vraiment passé le pire anniversaire de ma vie. Je suis allée à la fête chez Sofia une fois calmée parce que je ne voulais pas gâcher tous ses efforts en ne venant pas. Même si je ne suis restée que quelques minutes après lesquelles je me sentais trop mal. Et à quoi bon noyer mon chagrin dans l'alcool ? Je n'aurais gagné qu'une simple gueule de bois en plus du reste. Caly m'a proposé de rester mais je sais que son travail l'attend et qu'il est très important pour elle, alors j'ai fait comme si tout allait bien. Je fais comme si ce mois entier n'avait pas existé. Je voudrais tout effacer et revenir en arrière mais je ne peux pas. Et ça me tue. Surtout que maintenant je me retrouve seule chez moi avec les deux imbéciles que j'aimerais utiliser comme punching-ball. J'ai trop abusé de l'hospitalité des parents de Sofia, je préfère ne pas y aller, surtout qu'en me voyant dans un sale état ils me poseront sûrement des tonnes de questions et appelleront ma mère. Je ne veux pas de ça. Alors je reste enfermée dans ma chambre toute la journée. A me traiter d'idiote naïve qui devrait réfléchir plus souvent avant de faire des conneries. Et dire que j'ai cru toutes les belles paroles de Zachary. Je me sens ridicule. Heureusement je reçois un message du garage me disant que ma voiture est prête. Enfin une bonne chose. Ma mère a déjà tout payé il ne me reste plus qu'à aller la chercher. Je me fais donc belle pour cacher mon mal-être et je sors de la chambre précipitamment en priant pour ne pas croiser l'un des deux idiots. Ce n'est pas le cas. Je peux sortir tranquillement sans être dérangée. Je décide de marcher jusqu'au garage malgré la distance assez longue à parcourir et le ciel gris qui annonce un mauvais temps. Je marche tête baissée, les bras croisés comme pour me protéger du froid, et j'avance sans réel conviction. J'ai l'impression de porter un costume de mascotte puisqu'à chaque fois que je passe devant quelqu'un, j'ai la sensation que cette personne est en train de se moquer de moi. Ce qui à mon grand bonheur n'arrive pas souvent, le quartier est pratiquement désert. Pour une fois la chance me sourit. Ou pas. Je sens le peu de joie s'envoler quand je sens une goutte d'eau tomber sur moi, puis une autre, et une troisième. Au final la pluie s'intensifie et je deviens la proie de l'eau qui se met à m'attaquer. J'ai froid, je suis trempée et je n'ai qu'une envie c'est faire demi-tour et me remettre à pleurer dans ma chambre. Mais je continue. J'avance. Malheureusement l'univers en a définitivement trop après moi pour me laisser m'en sortir aussi facilement, il m'envoie évidemment une jeep familière pour me suivre à ma vitesse juste à côté de moi. La fenêtre se baisse mais je ne le regarde pas. Je n'y arrive pas. Je ne veux pas. Je n'entends même pas ce qu'il dit. Et c'est pourquoi je suis surprise quand je vois la voiture s'arrêter, que Zachary en sort et qu'il vient se mettre devant moi pour m'arrêter. On dirait qu'il n'a pas remarqué et qu'il ne remarque toujours pas le déluge qui s'abat sur nous. Il se met à crier pour couvrir le bruit de la pluie.
- Amyra il faut que tu m'écoutes !
Je ne réponds pas et tente de le contourner mais il me retient.
- On va bien devoir se parler un jour ou l'autre non ?!
- Pas aujourd'hui ! Ni jamais !
Une seconde tentative d'évasion, soldée par un nouvel échec. Génial. Il allait parler à nouveau mais un éclair qui illumine le ciel l'en empêche, et c'est le coup de tonnerre qui suit qui lui fait croire qu'il peut me dire :
- Viens au moins dans la voiture te mettre à l'abri !
Je me retiens de rire et retire de force mon bras de sa main.
- Non mais tu ne comprends pas que je préférerais marcher dans un temps apocalyptique plutôt que de te parler ?!
J'arrive enfin à reprendre ma route mais il me tire soudain vers lui violemment pour que j'évite de justesse une branche d'arbre qui vient s'abattre devant moi. Un pas de plus et je me serais retrouvée à l'hôpital. A la place je me retrouve dans les bras de Zachary Collins que je cherche à ne plus désirer depuis hier. Mais je n'y arrive pas, et je regarde sous le choc, la chose qui aurait pu m'assommer sans l'aide de Zachary. Ce dernier me tire vers la voiture, je n'ai pas d'autre choix que de le suivre par peur d'un autre accident du genre. Je m'installe sur ce siège que j'ai tant aimé lors de notre escapade en amoureux. Est-ce qu'on peut toujours appeler ça une escapade en amoureux si l'une des deux personnes n'était pas sincère ? Je ne crois pas. Une fois les deux portières fermées, le silence s'installe. Zachary attrape une veste sur le siège arrière et me la tend.
- Tiens mets ça.
Je secoue la tête de gauche à droite même si sentir son odeur sur moi est la seule chose que je désire à cet instant. Il soupire désespéré avant de lancer la veste sur le tableau de bord avec colère en même temps qu'un second coup de tonnerre retentit. Je regarde le temps à l'extérieur. Qui aurait cru que ça se dégraderait aussi vite ? Et est-ce que je parle toujours du temps ou alors je parle de ma relation avec celui que je n'ose même pas regarder alors qu'il se tient juste à côté de moi ? Et qui reprend vite la parole.
- Écoute je sais et je comprends que tu sois en colère mais-
- Je ne suis pas en colère. Ou en tout cas je ne le suis plus.
Je le regarde au bord des larmes.
- Je suis déçue Zachary. De toi, de moi...de tout ce qui pourrait avoir un lien avec nous.
- Amyra je te promets que jamais je ne t'ai menti sur mes sentiments.
Bah voyons. C'est facile à dire ça.
- Je suis tombé amoureux de toi-
- Non ! Arrête ! S'il-te-plaît je t'en supplie arrête les mensonges !
- Mais je ne mens pas.
- Alors pourquoi tu as-
Je ne parviens même pas à finir ma phrase. Je voudrais lui poser des milliards de questions mais si je dis un mot de plus je vais me mettre à pleurer et je ne veux pas pleurer devant lui. Alors je me tais et je détourne à nouveau le regard. Un nouveau moment de silence...suivi d'une nouvelle connerie.
- Je suis désolé Amyra, j'ai largué cette fille hier, ce n'est pas elle que je veux.
Cette fois je pleure en même temps que je crie.
- Alors pourquoi tu ne l'as pas largué dès le début ?! Pourquoi tu m'as embarquée dans cette histoire complètement dingue alors que tu savais déjà parfaitement que tu me ferais du mal ?!
Je pleure encore plus et je me déteste pour ça. Je me calme donc pour parler plus doucement.
- Tu m'avais dit « Si je brise ton cœur, le mien souffrira encore plus ». Alors j'espère que c'est vraiment le cas parce que c'est tout ce que je te souhaite.
Je passe rapidement ma main sur ma joue pour la sécher, puis sur l'autre, mais c'est inutile puisque les larmes ne veulent plus s'arrêter de couler. Un troisième coup de tonnerre, moins fort que les autres cette fois se fait entendre.
- Amyra je...je ne peux même pas te dire à quel point je suis désolé et à quel point je me sens minable de t'avoir fait ça.
Et dire que je lui ai fait confiance. Et dire que j'étais tombée amoureuse de lui. Et dire que je m'inquiétais déjà de notre avenir. Évidemment que lui ne se faisait aucun soucis, il savait qu'on n'avais aucun avenir ensemble. J'ai honte.
- Je te déteste Zachary.
- Arrête de dire ça.
- C'est la vérité.
- Non c'est faux.
Je ne dis plus rien pendant un moment pour essayer de me convaincre du contraire mais il a raison.
- Peut-être mais à force de le répéter je finirai sûrement par le penser.
Le temps à l'extérieur commence à se calmer. Alors je me calme aussi, je sèche mes dernières larmes et j'ouvre la portière pour sortir enfin de cette torture. Être près de lui, tout près de lui, ne pas pouvoir le toucher, et être obligée de le haïr...c'est ça ma définition de la torture. Il n'essaie pas de me retenir à mon grand soulagement, il a enfin compris que je ne voulais plus lui parler. Je continue donc de marcher en surveillant tout de même le ciel en haut de ma tête quelques fois pour être sûre que rien ne vienne m'attaquer. Et j'arrive enfin au garage. Et devinez qui je croise à l'accueil. Eliott. Le gars hyper sexy qui m'avait dragué au début des vacances et que j'avais laissé tomber à cause de Zachary. Il travaille ici apparemment. Et quand il me voit débarquer trempée de la tête aux pieds, avec des yeux rouges et toute tremblante, il court vers moi en retirant son pull pour me le donner.
- Amyra qu'est-ce que tu faisais dehors par un temps pareil ? Tu as pleuré ? Attends viens te réchauffer près du radiateur je vais te chercher une serviette.
Je vais me mettre devant le radiateur qu'il augmente pour moi et il court dans la salle d'à côté prendre une grande serviette qu'il pose ensuite sur mes épaules. Je lui souris en sentant enfin la chaleur se répandre dans mon corps.
- Merci Eliott.
Il me sourit à son tour mais je vois bien que sa curiosité est toujours présente. Alors je commence par dire pour me protéger :
- Est-ce que tu sais garder un secret ?
Il paraît assez bouleversé par tout ça mais hoche quand même la tête. Alors je me mets à parler librement. Je lui dis tout sans aucune crainte. Je vide mon sac. Je parle de Zachary, de mes parents, de Sébastian, et même de Sofia, Mackensie, Caly ou encore Foster. A la fin il n'y a rien qu'il ignore sur ma vie durant ces vacances mouvementées. Je peux donc comprendre qu'il ait du mal à répondre à tout ça. Il essaie sûrement toujours d'assimiler toute cette histoire. Et à mon étonnement, au lieu de me conseiller ou de faire quoi que ce soit du genre, il me propose de monter à l'étage au-dessus qui est en fait sa maison pour boire un chocolat chaud. J'accepte volontiers en riant. Je ne peux pas me permettre de refuser là. On monte les escaliers après qu'il ait demandé à un des hommes présents de prendre sa place à l'accueil, et je découvre une maison très rustique, ce qui est vraiment surprenant vu qu'elle est situé juste au-dessus d'un garage automobile. Tout est en bois ou peint en marron. Le grand canapé beige situé au milieu du salon se tient face à une très grande télévision. Je suis émerveillée devant l'endroit. Je me croirais presque dans un chalet à la montagne. Eliott me propose d'aller me sécher pendant qu'il va préparer les chocolats chauds. Malgré mes réticences, il finit par me convaincre d'emprunter des vêtements de sa sœur qui est en voyage et qui selon lui ne sera donc pas fâchée. Je lui obéis alors, et quelques minutes après nous voilà assis dans son canapé que j'admirais à mon arrivée en train de boire nos chocolats. Le liquide chaud et sucré me réchauffe définitivement. Je vais enfin mieux. Grâce à lui.
- Merci Eliott. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi.
- Tu serais morte de froid ?
On rit tous les deux et je prends une nouvelle gorgée. Je porte un jean noir slim très beau avec un pull en cachemire tout aussi magnifique. Je ne crois pas qu'un étranger en aurait fait autant pour moi. D'ailleurs pourquoi lui en fait autant pour moi ? Surtout après notre très courte et inexistante histoire qui fut un désastre et tout ce que je viens de lui apprendre sur moi. C'est une oreille attentive ça c'est certain. Mais comment peut-il encore m'aider après avoir appris tout ça ?
- Pourquoi tu fais tout ça pour moi ? Je veux dire...maintenant tu sais à quel point je suis folle.
- Tu n'es pas folle Amyra. Simplement amoureuse.
- De mon demi-frère. Qui accessoirement est un connard.
- Et alors ? On ne choisit pas la personne qu'on va aimer. C'est l'un des avantages et des inconvénients de l'amour.
- Pour moi ç'a surtout été un inconvénient.
- Mais tu as été heureuse avant d'apprendre l'existence de cette Monica.
J'aimerais le contredire mais je ne peux pas. Je ne peux pas nier l'évidence, ces vacances ont été les plus belles de ma vie grâce à Zachary.
- Mais maintenant que je connais son existence justement je ne peux plus avoir confiance en Zachary.
- Je ne t'ai jamais dit de lui faire confiance. Juste de repenser à tout ça avec un autre regard que celui de la fille en colère et blessée.
Waouh. Il est fort. Très fort. Je me demande bien ce qui clochait chez lui pour que je préfère Zachary. Eliott ressemble au petit copain idéal. Même si je le vois plus comme l'ami idéal.
- Et pour ce qui est de ton frère tu ne devrais pas lui en vouloir indéfiniment. Il voulait juste ton bien et te protéger, il s'y est juste pris maladroitement.
Pourquoi quand il se met à parler de mon frère je vois son regard s'illuminer et un sourire énorme se former sur son visage ? Je connais ce genre d'expression. Attendez est-ce que...non c'est impossible. Si ? Ça expliquerait beaucoup de choses. Surtout la crise de mon frère au début des vacances quand il a appris que j'allais sortir avec Eliott. Maintenant que je connais la vraie raison de sa colère je ne peux pas m'empêcher de me poser des questions. Et merde je dois savoir.
- Eliott je suis désolée si cette question va te paraître bizarre mais est-ce que tu es gay ?
Ma question si directe fait rire ce dernier qui était en train de boire. Il manque même de s'étouffer. Il retire donc sa tasse de ses lèvres et me sourit à nouveau avec amusement tandis que mon air reste verrouillé sur le mode sérieux sans que je puisse y faire quoi que ce soit. J'ai besoin d'avoir une réponse.
- Je suis donc démasqué.
Alors j'avais raison. Comment j'ai pu ne rien voir ? Bon d'un côté je n'ai rien vu chez mon propre frère. Et Sébastian aussi doit être attiré par lui, c'est sûrement pour ça qu'en apprenant notre rendez-vous au début des vacances il a disjoncté et m'a crié dessus en m'interdisant de le voir. Il était juste jaloux. La situation plutôt grotesque me fait enfin rire comme mon nouvel ami et ça me fait du bien de faire le contraire de pleurer. Je suis heureuse d'être tombée sur Eliott en venant ici, il m'a été d'une grande aide et pas seulement en me réchauffant.
- Bon j'aimerais beaucoup parler avec toi plus longtemps mais je dois retourner bosser sinon mon père va me tuer, déclare Eliott en se levant.
- D'accord je comprends. Depuis quand tu travailles ici d'ailleurs ? Je ne t'avais jamais vu avant.
- Oh ça fait quelques jours, j'avais besoin d'argent de poche. Allez viens je te donne les clés de ta voiture. Et n'oublie pas tes vêtements.
- Ouais.
Je vais chercher mes vêtements encore mouillés et on redescend. Je suis tout de suite attaquée par une odeur forte de pneus et par des crissements, ainsi que le bruit des outils et des employés qui rient ensemble. La maison doit être insonorisée pour ne pas entendre tout ça d'en-haut. Eliott me conduit jusqu'à ma voiture, part chercher mes clés, et revient avec ces dernières ainsi qu'avec des papiers que je dois signer. Je le fais donc rapidement pour pouvoir retrouver ma voiture chérie qui m'avait tant manqué.
- Elle est réparée et lavée. On la remise à neuf.
- C'est un vrai miracle jamais je n'aurais cru la revoir dans cet état après son petit...gros accident.
- Si ton frère arrive à la casser à nouveau je pense que c'est un génie.
- Ne le sous-estime pas alors, je ne laisserai plus mes clés se balader entre ses doigts ça c'est sûr.
Je prends d'ailleurs les clés une fois les papiers signés et je monte à l'intérieur de ma chère voiture verte sans laquelle j'avais perdu toute mon autonomie. Je déteste perdre mon autonomie. J'ouvre la fenêtre en souriant à Eliott.
- Merci. Pour la voiture et...absolument tout le reste.
- Quand tu veux.
Il me fait un clin d'œil puis se décale pour que je puisse démarrer et rouler en direction de la sortie. Le temps à l'extérieur s'est bien calmé, la pluie est moins forte et le vent diminue. Je suis tout de même heureuse de ne pas avoir à marcher encore une fois, raison de plus pour aimer cette voiture encore plus que je ne l'aimais déjà. Je commence à rouler vers chez moi, mais je me rappelle qu'une fois là-bas je les retrouverai tous les deux et je ne veux pas. Pas maintenant. Pas après avoir vidé mon sac avec Eliott. Alors au lieu de tourner à droite, je tourne à gauche vers je ne sais où. Je roule, avec la musique à fond et en appliquant le conseil d'Eliott. Repenser à tout ça avec un regard autre que celui de la fille en colère et blessée. Quel autre regard je pourrais avoir ? Celui de la fille qui ne veut plus rentrer chez elle ? Celui de celle qui n'a même pas eu le temps de réaliser qu'elle venait d'avoir 18 ans ? Ou bien celui de celle qui rêve à présent d'aventures et de voyages pour enfin réaliser son vieux rêve de partir d'ici ? Il me faut quelques minutes pour réaliser qu'en fait tous ces regards neufs, me conduisent à un choix qui me paraît très plausible et qui m'aiderait beaucoup. Un choix qui pourrait totalement changer ma vie telle qu'elle est aujourd'hui. Et si j'osais le faire ?
J'ai passé la nuit dans un hôtel, je ne voulais pas rentrer et j'avais besoin de réfléchir. Ce que j'ai fais. Et c'est pourquoi ce matin à la première heure j'ai appelé Caly. Elle n'approuvait pas vraiment mon idée au début mais j'ai su être persuasive. Il ne me reste plus qu'à faire le plus difficile, l'annoncer à tout le monde. C'est aujourd'hui que ma mère, Dorian et Charlie reviennent à la maison. Ils m'ont manqué pourtant j'ai l'impression qu'ils reviennent beaucoup trop tôt. Que je ne me suis pas assez préparée. Mais bon ça ne fait rien, je vais juste faire comme quand ils étaient là et que je sortais avec...que je...je ne peux même pas dire qu'on sortait ensemble puisqu'il avait déjà une copine. Bref je vais juste cacher ce que je ressens et je suis apparemment très forte pour ça. Soit c'est moi qui suit très forte, soit ils sont tous aveugles. Je rentre chez moi avec hâte pour ne pas arriver après eux et je vois avec soulagement que la voiture de Zachary n'est pas garée dans l'allée. Ni celle de Sébastian. Enfin l'univers me récompense. Je sors donc de ma voiture, mais une fois devant la porte, tout comme le jour de mon anniversaire je tombe sur une femme se tenant devant la maison. Elle est dos à moi mais ses cheveux bruns me permettent de ne pas subir un flash-back atroce. Je m'avance vers elle.
- Bonjour ?
Elle se retourne et là je m'immobilise. Cette femme. Je la reconnais parfaitement. S'il n'y avait pas eu plusieurs photos d'elle dans la maison il me suffirait de la comparer à Zachary ou à Charlie pour voir une ressemblance frappante. C'est leur mère. L'ex femme de Dorian. Celle qui s'est enfuie il y a des années, mais qu'est-ce qu'elle fait ici ? Elle me sourit avec un air déçu que je comprends. Elle s'attendait à quelqu'un d'autre je suppose.
- Bonjour. Je suis désolée vous vivez ici jeune fille ?
- Euh...
Est-ce que je lui dis la vérité ? Si je le fais non seulement je lui briserai le cœur en lui apprenant que Dorian s'est remarié mais en plus je ferai entrer une femme dans la vie des Collins qu'ils ont pris trop de temps à en faire sortir. Je ne sais pas s'ils veulent encore la voir. Mais si je lui mens et qu'il s'avère que Zachary voulait revoir sa mère, que je l'en ai empêché...je ne sais pas quoi faire. Alors sous le coup de la panique je choisis l'option la plus simple à mes yeux. Mentir.
- Oui je vis ici avec ma mère et mon frère.
- Oh d'accord. Je cherchais juste...
- Vous cherchez les Collins ? Les anciens propriétaires ? Je suis toujours en contact avec eux si vous voulez alors-
- Non laissez tomber. Oubliez ma venue et ne dites rien aux Collins. Encore désolée du dérangement.
Et elle passe à côté de moi pour s'en aller. Waouh question fuite cette femme est définitivement une experte. Mais je ne la laisserai pas partir une seconde fois.
- Attendez.
Elle se retourne surprise. Elle a presque l'air pressée de partir loin d'ici.
- Vous êtes Lucie Collins. Pas vrai ?
Elle comprend alors que je l'ai démasquée et voulait s'enfuir à nouveau mais je l'en empêche.
- Je ne dirai rien à personne ne vous en faites pas. C'est juste...que les Collins ont laissé des affaires par erreur avant de déménager et ils ne sont jamais venus les reprendre. Peut-être que vous voudriez les récupérer ?
Elle hésite. Je vois bien qu'elle hésite. Qu'elle est tentée. Je dois lui donner une raison d'accepter. Elle s'est enfuie mais elle reste une mère, et une mère continue d'aimer ses enfants même après des années passées à des milliers de kilomètres d'eux.
- Il y a des photos des enfants, des affaires de bébé...des vêtements aussi.
Elle baisse la tête en jouant nerveusement avec une mèche de cheveux puis la relève et me sourit.
- Vous êtes sûres qu'ils ne viendront pas les réclamer ?
- Certaine.
Et enfin le miracle se produit.
- Alors j'accepte de les prendre.
Je fais tout mon possible pour cacher mon énorme soulagement et je regarde ma montre pour faire semblant d'être pressée.
- En fait là maintenant j'ai quelque chose de très important à faire et le carton est quelque part dans le grenier alors...que diriez-vous si on se donnait rendez-vous demain au parc ? À 13h ?
- D'accord ça me va.
- Super alors...à demain ?
- Oui à demain. Merci jeune fille.
On se sourit et elle repart. Je la regarde s'éloigner en priant pour qu'elle tienne sa promesse et qu'elle soit là demain. Parce que ce n'est pas moi normalement qui lui rendrait visite. J'entre dans la maison avec précipitation et je décide de me changer en attendant le retour de tout le monde. Le pull de la sœur d'Eliott est magnifique mais je rêve de pouvoir le retirer depuis hier. Je prends donc une bonne douche en séchant ensuite mes cheveux pour les attacher et j'enfile un short simple avec un débardeur. J'entends la porte d'entrée s'ouvrir. Alors je me dépêche de descendre et je me retrouve face à un Sébastian et un Zachary tous les deux inquiets comme jamais je ne les avais vu l'être. Cependant leur inquiétude disparaît quand ils me voient enfin. Ils allaient s'approcher de moi. Je fais un pas en arrière qui les arrêtent net. Non mais ça va pas ? Je suis toujours trop furieuse contre eux pour les prendre dans mes bras.
- Amyra où est-ce que tu étais passée ? m'interroge mon frère. On était morts d'inquiétude.
- On pensait que tu étais allée chez Sofia mais quand elle est venue pour te voir on a cru qu'il t'était arrivé quelque chose de grave.
- Pourtant je suis bien là. Je vous rappelle que je suis grande et que vous avez tous les deux perdu le droit de vous inquiéter pour moi.
Le point positif c'est que pour me retrouver ils ont mis leurs différents de côté. Même si je ne courais pas un grand danger comme ils le pensaient. Et le moment que je redoutais le plus arriva. Le moment de parler avec Zachary de ce qui s'est passé avant leur arrivée. Je prends donc une grande inspiration et :
- Sébastian tu pourrais me laisser seule un instant avec Zachary s'il-te-plaît ?
Il me regarde sans comprendre, puis regarde Zachary et je vois bien qu'il ne va pas bouger de là.
- S'il-te-plaît !
Il comprend enfin que c'est important qu'il parte et monte les escaliers à contrecœur. Zachary s'avance vers moi en souriant. Il a l'air soulagé que je lui parle. Il ne le sera plus longtemps à mon avis.
- Tu voulais me parler ?
- Pas de ce que tu crois. En fait je pense que tu n'imagines même pas ce que je suis sur le point de te dire.
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