Chapitre IX
Bon sang je ne me suis jamais sentie aussi bien avec un garçon et c'est un garçon qui est de ma famille. Je ne peux pas me permettre de continuer comme ça, c'est mal ce que je fais et égoïste. Et si je ne m'arrête pas tout de suite je n'y arriverais jamais. Alors après ce super moment, vraiment incroyablement magique, je redescends sur Terre et du capot de la voiture par la même occasion. En évitant son regard à tout prix. Je m'en veux terriblement.
- On devrait rentrer maintenant on a assez...fait n'importe quoi.
Je ne pouvais pas trouver une autre façon de le dire franchement ? Je vais me mettre devant la portière pour l'ouvrir mais il m'en empêche.
- N'importe quoi ? répète le garçon surpris en descendant à son tour du capot pour venir se mettre devant moi. C'est n'importe quoi pour toi tout ça ?
- Oui c'est n'importe quoi Zachary. Nos parents sont mariés et heureux on ne peut pas faire ça. Et puis je ne suis pas une de tes proies stupides comme tu aimes si bien le dire.
Je me retourne pour aller ouvrir la portière mais il passe devant moi en la refermant.
- Je n'étais pas sérieux en disant ça je voulais t'énerver comme je le fais toujours.
- C'est ça le problème !
Je le regarde enfin dans les yeux. J'en ai assez il joue avec mes nerfs. Il va me rendre folle.
- Tu dois arrêter ton petit manège, tu ne peux pas me détester et me vouloir en même temps !
Son visage qui jusqu'ici était énervé par ma réflexion mal choisie un peu plus tôt, se radoucit enfin. Mais je ne parviens pas à reconnaître cette nouvelle expression. Ses yeux fuient les miens, sa mâchoire se sert, puis un sourire agacé apparaît sur son visage, et soudain il donne un coup de poing dans la voiture à quelques centimètres de mon visage avant de s'éloigner. J'avoue que je suis perdue. Pourquoi il se met en colère comme ça ? Qu'est-ce que j'ai dit qui a pu le mettre dans cet état ? Il est dos à moi alors je m'approche prudemment de lui les bras croisés.
- Qu'est-ce qui te prend ?
Il se remet face à moi sans que je ne m'y attende. Ce qui me pousse à m'arrêter aussitôt à un bon mètre de distance.
- Je ne t'ai jamais détesté Amyra. Je n'ai jamais réussi pourtant j'ai essayé je te le jure.
Il a essayé ? Il n'a pas réussi ? Mais s'il ne me déteste pas depuis le début alors pourquoi est-ce qu'il se comporte comme le parfait petit con qui me tape sur les nerfs à longueur de journée ?
- C'est ce que j'ai toujours cru, je réponds perdue.
Je réponds simplement par ces quelques mots parce que je ne vois que ça à dire face à cette révélation choquante à laquelle je ne m'attendais absolument pas. Il réduit la distance entre nous à mon plus grand désarroi et me regarde enfin dans les yeux.
- Amyra la première fois que je t'ai vu, quand j'avais tout juste quinze ans, j'ai su que je ne pourrai jamais ressentir pour toi ce qu'un frère devait ressentir pour sa sœur. Alors j'ai tenté de te détester pour effacer cette attirance de mon esprit. Mais je ne peux pas. Tu sais pourquoi tu es différente de toutes les autres filles que je connais ? Ce n'est pas parce que je suis toujours obligé de te courir après, c'est parce que tu m'obsèdes. Toute la journée, toute la nuit...je ne pense qu'à toi, et ça me tue de ne pas pouvoir te toucher ou t'embrasser comme je voudrais pouvoir le faire.
Il fait glisser ses mains derrière mon cou et caresse mes joues avec ses pouces. Cette proximité, ses mots...je n'aurais jamais cru ça possible. Il a toujours été attiré par moi. C'est un véritable choc et en même temps je suis heureuse qu'il ressente la même chose que moi. La première fois que moi je l'ai vu, je l'ai tout de suite trouvé plus beau que n'importe quel autre garçon de mon âge. Je n'avais que quatorze ans et pourtant aujourd'hui encore quand je suis sur le point d'avoir dix-huit ans je suis toujours sous son charme. Moi j'étais parvenue à le chasser un peu de mon esprit en voyant quel comportement de débile mental il avait. Mais depuis notre baiser le lendemain de la soirée de Sofia je ne fais que penser à lui. C'est mal pourtant je ne parviens plus à me retenir de le vouloir. Lui et personne d'autre. Ni Eliott, ni Mathéo, juste lui. Je sens à ce moment précis que mon nom de famille est très bien choisi pour moi. Je m'attends à tout moment à voir des gens arriver, des torches à la main en me traitant de sorcière, pour me faire brûler sur un bûcher. Est-ce que je suis une fille aussi horrible que ça ? Pourquoi dès que je vois la tentation dans ses yeux je ne peux pas m'empêcher d'agir comme une idiote sans cœur ? Nos lèvres s'effleurent, juste avant que je n'éloigne les miennes et que nos fronts se collent.
- Je ne peux pas faire ça, je répète pour la énième fois comme pour essayer de me convaincre moi-même.
- On ne fait rien de mal Amyra.
- Tu crois ça ?
- Bien sûr.
- Alors pourquoi tu as essayé de te convaincre pendant quatre ans de ne pas le faire ?
Je vois bien qu'il aimerait répondre quelque chose mais il ne sait pas comment me contredire. Il ne trouve aucune réponse, aucun argument. Je me doutais bien que c'était une mauvaise idée tout ça. Je prends donc ses mains dans les miennes pour les retirer de l'endroit où elles s'étaient logées. Je suis une personne sensée et responsable. A la vitesse à laquelle les choses vont je pense qu'il est mieux pour moi, pour nous, de tout arrêter avant d'aller trop loin. A la fin des vacances il repartira à l'université, je reprendrai ma vie totalement banale, et lui comme moi on sera vite passés à autre chose. Je lâche donc ses mains avant de m'éloigner à nouveau en me forçant à lui sourire.
- On doit rentrer. C'est mieux comme ça.
Il voulait de toute évidence dire quelque chose mais il se tait. A la place il détourne le regard, passe ses mains dans ses cheveux comme s'il devenait fou et secoue la tête en lâchant un petit rire amer pour enfin se rendre jusqu'à sa portière. Je n'arrive pas à croire que je l'ai rembarrer comme ça. Je sais que ç'a dû le décevoir mais je ne peux pas laisser cette histoire continuer. L'un de nous doit se comporter en adulte et comme il ne veut visiblement pas être cette personne, je le serai. Je monte à mon tour dans la voiture qui est bien sûr silencieuse comme tout à l'heure, mais maintenant il règne une atmosphère tendue qui me donne envie de m'enfoncer dans mon siège quand le bruit du moteur se fait entendre. Le trajet va être long. Alors je décide d'allumer la radio qui passe une musique du moment que j'aurais sûrement chanté à tue-tête si je n'étais pas en train de culpabiliser comme jamais. Et je pose ma tête sur la fenêtre pour fermer mes yeux et faire semblant de dormir. Ce qui finit par être réel.
Quand je me réveille, c'est dans mon lit chez moi. Et en pleine journée. Est-ce que Zachary m'a portée jusqu'ici ? Je ne me suis même pas réveillée. Je me sens vraiment mal pour hier soir, je ne voulais pas lui faire de mal mais si on me demande de choisir entre lui et ma mère, je choisirai ma mère. Et puis on parle de Zachary Collins là, je suis certaine qu'il est déjà passé à autre chose. Je me lève et je vais dans la salle de bain pour prendre une douche et essayer de penser à autre chose. Ce qui est évidemment impossible. Alors une fois habillée, je sors de ma chambre pour aller voir Sofia et lui raconter toute cette histoire sur mon père, ma fugue avec Zachary et sa...déclaration. Mais une fois arrivée au rez-de-chaussée, je retrouve mon père assis dans le canapé en pleine discussion avec ma mère et Dorian. Ils s'arrêtent de parler quand Dorian me voit le premier. Suivi de ma mère et de celui qui m'a mise hors de moi hier. Ce dernier se lève aussitôt et me regarde sans parler pendant quelques secondes, puis il s'avance lentement vers moi.
- Amyra ma puce je...je viens de parler avec ta mère et je pense qu'il est mieux pour moi et pour toi et ton frère...que je parte.
- Oui et tu devrais même le faire maintenant, ajoute ma mère avec un regard sévère et plein de colère.
Je la regarde un court moment avant de regarder son ex mari qui a l'air de se sentir blessé et vraiment mal. C'est là que je repense à Zachary, à ce qu'il m'a dit hier. Je ne pourrai pas détester mon père indéfiniment et je l'aime. Je ne peux pas le laisser partir comme ça, dans cet état pour une histoire aussi idiote. Je ne peux pas lui en vouloir de bientôt être de nouveau père. Et l'idée d'être grande sœur ne me déplaît plus vraiment maintenant que j'y ai bien réfléchi et que j'en ai discuté avec quelqu'un. Alors quand je le vois se diriger vers la porte, je ne me préoccupe plus des deux autres adultes qui se tiennent devant nous dans le salon. Je me précipite vers lui sans un mot et je l'arrête en attrapant son poignet pour lui sauter au cou. Il a l'air surpris au début, mais ensuite il me rend mon étreinte comme s'il n'attendait que ça depuis une éternité. Il me serre contre lui comme jamais il ne l'avait fait et là je vois enfin le père que j'aurais voulu avoir depuis le début. Je sens tout l'amour qu'il a pour moi et je ne pouvais pas recevoir meilleur cadeau de Noël. Je vois soudain Zachary sortir de la cuisine. Il m'adresse un rapide sourire quand il me voit dans les bras de mon père. Mon sourire à moi est reconnaissant, c'est grâce à lui que j'ai un peu plus réfléchi à tout ça. Mais son sourire s'efface très vite et il reprend sa route pour monter les escaliers. Il est en colère j'en étais sûre. De toute façon je ne peux rien faire pour changer ça. Je dois juste arrêter de m'inquiéter pour lui, je suis certaine que bientôt lui et moi on redeviendra comme avant et on passera nos journées à nous disputer. Après un long moment passé dans les bras de mon père, on se sépare et je lui demande de monter avec moi à l'étage, malgré les réticences de ma mère. On arrive enfin devant la chambre de Sébastian et je laisse notre père devant la porte en lui ayant souhaité bon courage. Ils ont besoin de parler tous les deux et je pense que je n'ai rien à faire dans cette discussion d'hommes. Je redescends les escaliers pour aller voir Sofia comme je l'avais prévu mais cette fois je suis interrompue par ma mère qui vient me rejoindre devant la porte d'entrée pour m'arrêter.
- Amyra, chérie je sais que tu voudrais que ton père ait changé. Mais je ne crois pas que-
- Maman.
Je lui souris et pose ma main sur son épaule.
- Si on ne croit pas en lui et si on ne l'encourage pas en le faisant alors qui le fera ?
Elle me regarde partagée entre la surprise et la fierté j'ai l'impression.
- Je sais que tu ne portes plus vraiment papa dans ton cœur depuis le divorce, mais je suis sa fille autant que je suis la tienne. Et je ne vais pas le laisser tomber.
Elle me sourit à son tour et passe sa main dans mes cheveux, après quoi elle dépose un baiser sur mon front et repart sans rien dire. C'était plutôt bizarre mais je suppose qu'elle n'est pas fâchée par ma réconciliation avec mon père. Je sors donc enfin de la maison et je marche jusqu'à la maison de mon amie. Ce n'est qu'une fois sur place que je me rends compte que je meurs de faim. Je n'ai pas mangé hier soir avec tout ça et je n'ai pas pris mon petit-déjeuner. Je sors donc mon téléphone pour appeler Sofia qui répond après quelques sonneries.
- Amyra dis-moi que tu veux qu'on sorte je deviens folle chez moi à ne rien faire.
Elle est vraiment incorrigible.
- On est allées au centre commercial hier, je réponds en riant face à son désespoir ridicule.
- Mais ça c'était hier.
- Et ton copain ?
- Il passe la journée avec sa mère.
- Et donc je suis ta roue de secours ?
- Tu sais bien que oui idiote.
Je souris et je vais me placer devant sa voiture en jetant un coup d'œil à ma montre.
- Bien alors je te donne exactement quinze secondes pour être devant ta voiture.
- Quoi ?!
- Quatorze, treize...
- J'arrive !
Elle raccroche et je n'ai pas à attendre bien longtemps puisque dix secondes plus tard la voilà devant moi. Elle est essoufflée ça c'est sûr, mais elle est trop heureuse de me voir pour m'en vouloir de lui avoir lancé ce défi stupide. Elle me lance son sac et je l'attrape de justesse avant qu'on entre toutes les deux dans la voiture.
- Bon alors quoi de neuf depuis hier ? me demande cette dernière en plaisantant sans se rendre compte que sa blague est en fait une très bonne question.
- Tu n'imagines même pas.
Et je commence à lui raconter tout ce qu'il s'est passé à partir du moment où on s'est quittées après le centre commercial. Le trajet jusqu'à notre restaurant préféré comporte l'envie soudaine de Dorian de fêter Noël comme il se doit, l'arrivée inattendue de mon père, et enfin la nouvelle de la grossesse de ma chère belle-mère qui m'a fait disjoncter. Et en attendant nos plats, je lui raconte la façon dont Zachary est venu me voir pour m'emmener loin, je lui explique comment il m'a aidé à aller mieux, comment ça a dégénéré avec ces baisers et...comment j'ai tout stoppé. Ce qui me vaut d'ailleurs une bonne crise de nerfs de la part de mon amie qui avait l'air d'attendre avec impatience que quelque chose se produise entre Zachary et moi. Et une fois mon amie calmée par l'arrivée de notre repas, je lui décris ce qui est arrivé tout à l'heure avec mon père. Cette chère Sofia ne sait plus comment trouver ses mots à la fin de mon récit et je la comprends. Elle donne presque l'impression qu'elle est sur le point de s'étouffer avec une de ses frites. Je l'observe pendant de longues secondes à la recherche d'une réponse, ou même d'un commentaire sarcastique qui m'agace toujours. Quelque chose, n'importe quoi. Mais rien ne sort de sa bouche. Madame se contente de siroter son jus de fruit comme si je ne venais pas de lui raconter les multiples péripéties qui me sont arrivées en moins d'une journée. Alors je perds mon sang froid et ma patience.
- Sofia dis quelque chose !
Elle sursaute en manquant de renverser son verre. Puis elle me regarde enfin gênée.
- Désolée je m'étais perdue dans mes pensées. Tu sais si tu me fais réfléchir à autant de trucs à la fois c'est logique que mon cerveau lâche prise.
Je souris exaspérée avant de me concentrer à nouveau sur mon assiette. J'ai plutôt opté pour des pâtes moi, j'avais trop faim et j'adore les spaghettis. Mon amie qui ne parlait pas quelques secondes plus tôt, se met à le faire sans s'arrêter.
- Tu sais je pense que tu devrais donner sa chance à Zachary, il a l'air sincère à ce que tu m'as dit et en quoi ça serait mal après tout ?
Je la dévisage comme si c'était une extraterrestre puisqu'elle ne voit pas l'évidence de la réponse à la question qu'elle vient de poser en tout innocence.
- Lui et moi on est supposés être frère et sœur Sofia.
- Demi-frère et demi-sœur Amyra. Vous n'avez aucun lien de sang, vous n'avez pas grandi ensemble...je ne vois pas où est le mal. Ce n'est pas comme si c'était de l'in-
- Ne dis pas ce mot !
Mon amie me regarde choquée, tout comme le reste des clients du restaurant. Bon d'accord j'ai crié cette phrase un peu trop fort. Mais je ne veux pas entendre ce mot qui me terrifie. Si quelqu'un le prononce alors ça le rendra réel. Ça sera ce mot qui sera écrit en grosses lettres sur mon front pour que tout le monde puisse le voir et ma vie sera fichue. Non je ne veux pas de ce mot. Je tente de m'effacer auprès des autres clients en baissant la tête et en chuchotant cette fois.
- Ne dis pas ce mot je ne veux pas l'entendre.
- D'accord mais il faudra bien que tu l'entende pour te rendre compte qu'il ne te concerne en rien. Et puis-
Mais elle s'arrête soudain de parler. Je relève la tête et je vois son regard, rivé sur quelque chose derrière moi. On dirait qu'elle vient de voir un fantôme entrer dans le restaurant. Je me retourne donc et vois, sans réel étonnement, Zachary accompagné d'une fille qui a son âge. Je la reconnais, elle était dans notre lycée et elle tournait toujours autour de lui. Le genre de bimbo sans cervelle qui a eu son diplôme parce que plus aucun lycée ne voulait d'elle. D'ailleurs aucune université non plus n'a voulu d'elle. Elle vit sous l'aile en or de son papa chéri. Je déteste cette fille. Et je tiens à préciser que ce n'est pas parce qu'elle est avec Zachary. Même si le voir avec une autre fille me fait un pincement au cœur. Je me remets face à ma meilleure amie qui me regarde tristement.
- Amyra...
- Ça va. Je ne suis pas jalouse ou quoi que ce soit du genre, je lui ai en quelque sorte mis un vent alors il a le droit de faire ce qu'il veut.
- Mais qu'est-ce qu'il fait avec elle ? Je croyais qu'elle l'énervait.
A l'époque où elle lui courait sans cesse après il avait dit à tout le monde qu'il en avait marre d'elle et qu'il n'accepterait jamais ses avances. C'est vrai que c'est étrange de le voir avec elle du coup mais il a sûrement dû changer d'avis. Je ne sais pas pour quelle raison mais c'est arrivé.
- Visiblement il a décidé que ses seins retouchés étaient plus forts que l'agacement qu'elle pouvait lui provoquer.
- Dans ce cas je ne le comprends pas parce que tes seins qui sont parfaitement naturels sont magnifiquement mieux.
Je ris en enroulant des spaghettis autour de ma fourchette.
- Sofia je t'ai déjà dit qu'il avait sûrement abandonné l'idée de m'avoir et donc d'avoir mes seins naturels pour lui. Mais merci tu es adorable.
- Toujours.
Elle me fait un clin d'œil avant de se retourner vers le nouveau venu que je ne me donne même plus la peine de regarder.
- N'empêche il y a quelque chose que je trouve bizarre dans cette histoire.
Elle n'abandonne jamais. Je ne sais pas si je devrais la frapper pour ça ou la remercier. Alors à la place je me contente de la suivre dans son nouveau résonnement.
- Ah oui quoi ? je la questionne en tentant de faire preuve d'enthousiasme.
- Tu m'as dit qu'il n'aimait pas les filles qui lui couraient après et que c'était la raison pour laquelle tu l'attirais.
Je me rends compte que je lui dis beaucoup trop de choses. En fait je lui raconte beaucoup trop ma vie.
- Oui et alors ?
- Alors pourquoi il irait se mettre avec cette hystérique de groupie si ce n'est pour...
Un silence. Pendant lequel mon amie fixe le vide, et où le monde a l'air de s'être arrêté autour d'elle. Je connais cette tête. Elle vient d'avoir une révélation et elle est en train de peser le pour ou le contre dans sa tête pour savoir si oui ou non cette théorie est plausible et si elle peut me l'exposer sans risque de se tromper. Mais encore une fois mon impatience prend le dessus.
- Pour l'amour du ciel crache le morceau.
Elle se met à sourire comme si elle savait quelque chose que j'ignorais. Mais mon air agacé lui coupe toute envie de jouer la maligne en tentant de me faire deviner ou de me faire attendre.
- Il joue toujours avec toi. Sauf que maintenant, c'est à ton tour de lui courir après.
Quoi ?
- Quoi ?
Elle soupire pour me montrer que je la désespère puis m'explique sa théorie fièrement.
- Tu m'as dit qu'il aimait jouer. Jusqu'à présent il a été celui qui te courait toujours après. Mais ta bêtise d'hier a dû lui faire comprendre, non pas qu'il devait lâcher l'affaire mais plutôt qu'il devait être celui de vous deux qui devait être poursuivi. Et pour ça il n'y a rien de mieux que d'utiliser la bonne vieille méthode de la jalousie féminine.
C'est totalement ridicule. Zachary ne s'est jamais donné autant de mal pour une fille alors il ne commencera pas avec moi. Je pense plutôt que son ego de mâle a été blessé hier soir et maintenant il saute sur tout ce qui bouge. Mais je l'admets le voir avec une fille ça m'énerve, je tourne la tête rapidement pour le regarder et quand je le vois mettre son bras autour d'elle je ne peux pas m'empêcher de vouloir la frapper avec la chaise sur laquelle je suis assise. Mais je me retiens, et je continue de manger. Malheureusement quelques minutes après, je vois un autre garçon que je connais entrer par la porte qui est face à moi. Un garçon que je n'aurais jamais voulu revoir. Foster. Foster Cohen. Il est accompagné d'une fille qui a l'air toute timide à côté de lui, elle reste tête baissée et ne parle pas. Elle a l'air d'avoir peur. Ce que je comprends.
- Sofia.
Mon amie me regarde, puis suit mon regard et le voit enfin.
- Mais qu'est-ce qu'il fout ici je croyais qu'il faisait ses études à l'étranger ?
Apparemment il est de retour pour les vacances. J'étais heureuse de le savoir loin. Ce dernier suit un serveur jusqu'à une table heureusement assez éloignée de la notre, mais son regard croise soudain le mien, je croyais au début qu'il aurait trop honte de me regarder dans les yeux, mais bien au contraire, il me sourit et me fait un clin d'œil, ce qui me donne froid dans le dos. Je me rappelle aussitôt de cette soirée. Cette satanée soirée. Celle qui a eu lieu quelques jours après mon arrivée ici il y a trois ans. Celle à laquelle je n'aurais jamais dû aller, et surtout pas avec lui. Et les souvenirs de cet instant horrible que je n'ai jamais pu oublier à cause de lui me reviennent. Ses mains qui me maintenaient contre le mur en me serrant assez fort pour laisser des marques sur ma peau, l'odeur de l'alcool qui sortait de sa bouche qui m'embrassait sans arrêt malgré mes cris et les larmes qui coulaient sur mes joues. Cette peur fulgurante qui m'habitait à ce moment-là et qui me donnait l'impression que je ne parviendrais jamais à me sortir de ce piège infernal. Ces souvenirs refoulés sont tellement douloureux que je sens presque aussitôt les nausées me prendre. Je descends donc immédiatement de ma chaise, et sous les regards de tous les autres clients étonnés, je me précipite rapidement vers les toilettes. Je m'enferme dans une cabine et je me mets à vomir avec les larmes aux yeux. Je suis tellement dégoûtée et bouleversée par tout ça que je me mets à pleurer après avoir tiré la chasse d'eau. Je me laisse tomber sur le sol contre le mur et je pleure encore plus. Cette vague de mauvais souvenirs s'est abattue très vite sur moi, et a tout dévasté sur son passage tel un tsunami. J'entends quelqu'un entrer précipitamment dans les toilettes et venir frapper à ma porte.
- Amyra c'est moi ! Ouvre !
Sofia. Je m'empresse d'ouvrir et elle me prend dans ses bras sans hésiter. Elle sait que ce moment a été difficile pour moi alors elle doit se douter qu'y repenser doit être aussi un calvaire.
- Ça va aller chérie. Ça va aller.
Je commence à me sentir un peu mieux grâce à elle. Mais maintenant ce ne sont plus les images de cette soirée qui me reviennent. Je revois le visage apeuré de cette pauvre fille qui l'accompagnait. Je ne peux même pas imaginer ce qu'elle vit avec lui. Je ne comprends pas comment une fille peut ne serait-ce que vouloir de lui. D'un côté je n'ai rien à dire, je suis tombée dans son piège moi aussi et je n'avais rien vu venir. Mais j'ai su mettre mes distances quand ç'a dérapé ensuite. Pas elle apparemment. Sofia me lâche après quelques secondes et remet une mèche de cheveux en place derrière mon oreille.
- Allez je te ramène chez toi d'accord ?
Je hoche la tête sans rien dire. Je ne veux pas rester ici et je veux rentrer retrouver mon lit comme à chaque fois que je me sens mal. Je sèche donc mes larmes avant de reprendre mon courage à deux mains pour retourner dans la salle et prendre mes affaires en laissant ma carte de crédit à mon amie pour qu'elle paie pendant que je suis dehors. Je ne veux pas passer une seconde de plus dans le même endroit que cet enfoiré. La dernière fois ça n'a duré qu'une minute et j'ai l'impression que je suis toujours dans cette salle de bain, même après trois ans.
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