Chapitre IV
Je crois bien que ces trois derniers jours étaient les pires de toute ma vie. Devoir garder ce lourd secret avec toute la culpabilité qui l’accompagne, regarder ma mère et Dorian dans les yeux tous les matins en sachant ce qu’on a fait Zachary et moi. Et puis ce souvenir du plaisir que j’ai ressenti quand c’est arrivé.
J’en ai parlé avec Sofia évidemment, je ne pouvais pas garder ça pour moi et je ne peux jamais rien lui cacher de toute façon. Je l’ai appelée le soir-même de… l’incident. Elle m’a d’abord remonté les bretelles et puis elle a débarqué chez moi pour en parler plus calmement. Je crois que jamais de ma vie je n’avais ressenti une telle honte. Et ce crétin qui a disparu de la circulation… La seule chose qui a empêché les parents d’appeler la police c’est un message qu’il a envoyé il y a deux jours pour leur prévenir qu’il était chez un ami et qu’il allait bientôt rentrer. Ça ne m’étonne même pas qu’il ose me laisser seule avec mes remords, je suis sûre que lui n’en éprouve aucun, après tout il a sûrement déjà fait pire. Bon sang mais qu’est-ce que je dis ? Est-ce qu’il existe vraiment pire connerie que ce qu’on a fait ? Je deviens folle. Ou alors je le suis déjà. J’ai passé la plus grande partie de mon temps allongée dans mon lit sous ma couverture à me traiter de tous les noms.
Mais aujourd’hui Sofia en a décidé autrement. C’est pourquoi elle surgit dans ma chambre sans prévenir et attrape ma couverture pour la lancer loin du lit.
— Bon ça suffit maintenant la dépression, déclare-t-elle comme si cette simple phrase allait suffire à me remonter le moral.
— Je suis une personne horrible.
— Je t’interdis de dire ça c’est clair ? D’accord tu as merdé ce qui est très compréhensible quand on voit le corps de rêve de Zachary.
Je lui jette un regard noir. Elle, me sourit, et s’installe à côté de moi avec un regard rempli de bienveillance et de compassion.
— Chérie tu ne vas pas passer toutes tes vacances dans ce lit.
— Je le mériterais.
— Pourquoi ? Parce que tu t’es fait plaisir un soir où tu avais bu de l’alcool ?
— Ne dis pas ça, et puis je n’avais pas beaucoup bu, moins que d’habitude.
Elle soupire et caresse mes cheveux comme une vraie mère inquiète le ferait. Je me sens chanceuse de l’avoir, sinon je ne sais pas comment j’aurais fait pour survivre face à cette situation cauchemardesque.
Mais elle ne garde pas son calme très longtemps puisqu’elle se lève d’un coup sans me prévenir au bout de cinq secondes de silence qui me faisaient pourtant du bien.
— Bon y en a marre maintenant Amyra ! Toi et moi on va sortir pour te changer les idées, et on emmène la petite avec nous, il paraît que tu lui as promis une sortie shopping.
J’aurais dû me douter que Charlie n’oublierait pas. Et je tiens toujours mes engagements. Bon d’accord quand faut y aller, faut y aller. Je sors du lit en grognant quand même puisqu’on m’en arrache de force, et je cherche des vêtements autres que des pyjamas.
Je vais sortir, m’amuser, arrêter de culpabiliser et surtout arrêter de penser à Zachary. Ce qui est arrivé l’autre soir ne peut plus être effacé mais ça ne se produira plus jamais j’en fais le serment. Ce genre d’histoire est capable de briser une famille et surtout un mariage et ce n’est absolument pas ce que je veux. Et puis je suis certaine que pour Zachary ce n’était qu’un de ses jeux stupides et qu’il y pense beaucoup moins que moi, il doit sûrement être en train de s’amuser à l’heure qu’il est et il se fiche totalement de moi. Je me prépare donc en quelques minutes pendant que mon amie est allée prévenir Charlie.
Quand elles viennent me rejoindre toutes les deux dans ma chambre je viens à peine de finir d’attacher mes boucles brunes sur le haut de ma tête. Charlie se précipite dans mes bras. C’est vrai qu’à cause de mon état je n’ai pas vraiment fait attention à elle ces derniers jours mais ça va changer. On monte toutes les trois dans la voiture de Sofia, on pousse la musique à fond, et en avant pour le centre commercial!
Le parking est plein à craquer je propose donc à Sofia de partir avec la petite pendant qu’elle trouve une place : elle connaît aussi bien que moi le résultat de l’impatience de Charlie. Des cris, des pleurs et beaucoup d’argent dépensé dans de la crème glacée pour la calmer.
Je prends donc Charlie sur mes épaules et on entre dans le grand bâtiment en verre. Je me suis toujours demandé comment ils arrivent à faire tenir cet endroit quand il y a des tempêtes. Surtout qu’avec plus de 180 boutiques à son actif, s’il est détruit, ça en fera de l’argent à donner pour les réparations. J’entre dans le premier magasin de jouets avec Charlie, un magasin de poupées plus précisément. Elle me fait courir dans tous les sens avant de trouver enfin la poupée parfaite, avec sa maison et sa garde-robe entière.
— Charlie tu n’as pas besoin de tout ça. Je suis sûre que dans une semaine tu auras trouvé un nouveau jouet qui attirera toute ton attention.
— Mais je veux la poupée !
Et encore une crise. Je sais que je devrais être autoritaire et refuser cet achat mais là je ne veux pas passer une heure entière dans ce magasin à essayer de faire entendre raison à une enfant de cinq ans.
Les autres personnes présentent vont nous regarder comme si on était des aliens, me juger parce que je serai la fille indigne qui ne sait pas gérer sa petite sœur et le vendeur viendra forcément me prier de sortir parce que je ferai fuir ses clients. Alors j’accepte et je me dirige vers la caisse avec la petite toujours sur mes épaules. Qu’est-ce que Sofia fabrique ?
— Amyra ?
Je reconnais cette voix et me retourne aussitôt.
— Eliott.
Il vient d’entrer dans le magasin, sûrement en me voyant. C’est vrai que je n’ai pas répondu à ses messages depuis l’incident. Il voulait qu’on se revoie mais je n’avais pas la tête à ça. Je me rends compte que je n’ai pas été très sympa avec lui alors qu’il a été gentil avec moi dès le début. Pourtant je ne vois absolument pas de mépris dans son regard, au contraire il a l’air heureux de me voir. Il salue d’abord Charlie puis me regarde-moi.
— Je suis content de te croiser je pensais qu’il t’était arrivé quelque chose de grave.
C’est le cas. Mais qu’est-ce que je peux répondre à ça ? Je ne peux pas lui dire la vérité ça c’est sûr et certain, mais je lui dois bien une explication. Je vais faire simple. Être honnête tout en restant vague.
— Oui je suis vraiment désolée de ne pas avoir pu répondre à tes messages. J’ai eu un gros problème le lendemain de la soirée et je ne pouvais pas sortir.
— Je comprends ne t’en fais pas. Et d’ailleurs puisqu’on est face à face, je voulais te dire, qu’à mon avis toi et moi on n’est pas… fait pour… tu vois ?
Oh. Il me sort ça comme ça ? D’accord. En plus après ce qui est arrivé avec Zachary je ne pense pas que voir un garçon serait une bonne idée. Je ne veux pas me servir de qui que ce soit pour l’oublier.
L’oublier. Non mais je dis n’importe quoi, je ne pense pas assez à lui pour avoir envie de l’oublier! J’aimerais lui répondre d’une bonne manière mais mon tour arrive pour payer les affaires de Charlie et je sais que je dois me dépêcher sinon je vais avoir droit à la scène que je cherchais à tout prix à éviter en achetant cette poupée qui a plus de vêtements que moi dans mon armoire. Et j’entends un garçon appeler Eliott plus loin. Il me regarde gêné.
— Je dois y aller.
— Euh… d’accord.
On se sourit et il allait partir quand Sofia surgit de nulle part en manquant de le bousculer. Elle s’arrête juste à temps avant de le reconnaître enfin et de sourire de toutes ses dents.
— Hey salut! Eliott c’est ça ? Je ne crois pas qu’on ait été officiellement présentés. Je m’appelle Sofia je suis la meilleure amie d’Amyra.
J’ai beau lui faire des signes pour lui dire de ne pas lui parler ou le retenir, elle n’en fait qu’à sa tête et lui tend sa main. Il la sert très vite, il a l’air vraiment pressé. Ça fait plus d’une demi-heure que j’attends Sofia et comme par hasard elle fait son apparition quand il ne faut pas.
— Oui je me souviens de toi, très bien même, lui répond Eliott gêné de se souvenir d’elle visiblement.
Elle se met à sourire fière d’elle visiblement. Je suppose qu’elle doit prendre cette remarque pour un compliment mais je ne crois pas que c’en était un. Je crois que si j’étais un insecte qui pouvait aller lui expliquer à l’oreille ce qu’il insinuait, elle serait tellement rouge de honte qu’il faudrait plonger sa tête dans la fontaine du centre commercial pour qu’elle reprenne ses esprits.
— Ravi d’avoir fait ta connaissance mais je dois y aller, poursuit Eliott avec hâte.
Il se tourne vers moi une dernière fois pour me sourire avant de partir en courant. Je sors ma carte de crédit de mon porte-monnaie pour la tendre au vendeur.
— Qu’est-ce qu’il faisait là ?
— Il m’a sûrement vue dans le magasin et il est venu me parler.
Pour me dire que nous deux ce n’était pas possible.
— Ah. Je suis désolée chérie.
— Ne le sois pas. C’est mieux comme ça je ne me voyais pas avec lui de toute façon.
Elle me sourit en me donnant un coup de coude dans l’épaule.
Doucement bien sûr puisque je porte toujours une enfant. Je ne lui réponds qu’avec un simple sourire et je récupère ma carte.
— En tout cas on dirait que je lui ai fait une bonne impression puisqu’il se souvenait de moi, se vante Sofia en souriant toute fière.
— Il se souvenait surtout de la table sur laquelle tu as dansé quand tu étais bourrée.
Le vendeur, qui doit avoir dans la vingtaine et qui a l’air de détester son job vu les cernes énormes qu’il a sous les yeux et l’uniforme rose et rouge horrible qu’il est obligé de porter, nous regarde surpris. Il semble garder pour lui des milliards de questions et une remarque du genre « un peu de tenue voyons vous êtes dans un magasin pour enfants ici ». Je prends donc mes sacs en lui adressant mon plus beau sourire avant de sortir. Sofia se charge des sacs puisque je dois bien tenir la petite et on continue de faire le tour des magasins. Pour enfants mais aussi pour nous, après tout sortir avec Sofia sans se ruiner par la même occasion c’est impossible. Après des heures à fureter et dépenser, on va enfin s’asseoir à une table de la glacerie la plus célèbre du coin. Et pendant que Charlie va s’amuser dans la piscine à balles, on sirote toutes les deux de bons milk-shakes au café. Oui la caféine c’est notre truc. Malheureusement je me doutais bien que je n’allais pas m’en sortir si facilement avec mon amie et mes problèmes amoureux.
— Bon maintenant que tu as rayé le nom d’Eliott de la liste et que tu as pris le temps de te calmer et de réfléchir un peu à ce qui s’est passé… dis-moi ce que tu comptes faire maintenant.
— Comment ça ?
— Avec Zachary. Tu vas continuer de faire comme si tu avais Hitler devant toi et le détester en lui lançant des trucs à la figure ?
C’est une question que je me suis beaucoup posée. Mais après tout comme Monsieur le trouillard a préféré s’enfuir et se cacher, je ne vois pas pourquoi je ferais un effort pour moins le détester.
— Je le déteste toujours. Et encore plus depuis qu’il m’a mise dans une situation pareille pour ensuite m’y laisser toute seule, alors non je ne changerai pas.
— Et s’il recommence ? S’il essaie à nouveau de t’embrasser tu vas le repousser ?
Ça par contre je n’y avais pas réfléchi. Qu’est-ce que je suis supposée faire ? Je mentirais si je disais que je ne meurs pas d’envie de l’embrasser à nouveau mais je ne peux pas le faire. La question c’est, est-ce que j’aurais la force de le repousser ? Mais même si je dis tout à mon amie, j’ai trop honte pour admettre ça. Trop honte de ne pas pouvoir résister à Zachary Collins. Alors je clos simplement le sujet:
— Il ne recommencera pas.
Et elle ne me pose pas plus de questions. Elle doit comprendre que je n’ai pas énormément envie de parler de lui. On parle donc d’autres choses. Des cours, des soirées, des trucs incroyables qu’on a envie de faire pendant les vacances. Bref on en vient à vite oublier le sujet de l’incident. Après quoi je décide qu’on a dépensé beaucoup trop d’argent pour aujourd’hui et qu’il est temps de rentrer. Et après un second trajet en musique nous revoilà chez nous.
Sofia repart une fois son coffre vidé de nos affaires et j'accompagne Charlie jusqu’à sa chambre en portant tous ses sacs. Heureusement que ma mère me donne beaucoup d’argent de poche avec un supplément shopping pour Charlie sinon je crois que mon compte bancaire serait tari à l’heure qu’il est. Je reste avec ma demi-sœur chérie pendant qu’elle sort toutes ses nouvelles affaires et je la regarde jouer en souriant. Je joue même avec elle à un moment. Elle me montre une poupée magnifique, qui porte une robe bleue digne d’une véritable princesse de conte de fées avec une crinière de lionne qui fait penser à la mienne.
— Elle, elle va s’appeler princesse Amyra.
— Oh chérie c’est adorable mais je ne suis pas une princesse.
— Oui je confirme, plaisante une voix derrière moi qui m’est parfaitement familière.
Je ne prends même pas la peine de me retourner, je continue de peigner les cheveux blonds d’une des poupées. Charlie elle, comme à son habitude, court vers lui pour sauter dans ses bras. Mais elle fait ça avec tout le monde de toute façon.
— Je vois que monsieur est de retour, déclaré-je à mon tour en attaquant les cheveux d’une seconde poupée.
— Cache ton enthousiasme Amyra Salem, les gens vont finir par croire que tu m’aimes bien.
Je n’arrive pas à croire qu’il continue d’agir comme s’il ne s’était rien passé l’autre nuit. Je le regarde enfin. Toujours aussi beau et inaccessible. Je le déteste rien que pour ça, mais je ne montre rien.
— Même des fourmis se rendraient compte que je ne t’aime pas Zachary Collins.
Avant je me retenais de me disputer avec lui devant Charlie, mais elle n’y prête pas vraiment attention à mon grand soulagement. Ce qui ne veut pas dire que je dois continuer, je passe donc à côté d’eux en souriant à la petite pour sortir et je me dirige vers ma chambre. Et revoilà le toutou.
— Tu sais qu’en réalité les fourmis sont très intelligentes quand elles sont en groupe ?
— Qu’est-ce que ça peut me faire Zachary?
— Rien je suis fier de pouvoir apprendre quelque chose à mademoiselle je-sais-tout.
Je me tourne vers lui en entendant cette insulte que je ne tolère pas.
— Tu ne vas pas recommencer avec ça ? !
— Sujet sensible ? ricane ce dernier en souriant comme s’il venait de dire la blague la plus drôle de l’année.
J’ai cette envie incroyable de le frapper à nouveau. C’est d’ailleurs de là que venait le coup de poing qui lui avait cassé le nez, il m’avait traité de mademoiselle je-sais-tout et ça m’étonne qu’il le refasse à nouveau même si d’un côté je m’y attendais. Et là j’aurais pu le frapper encore, ou lui dire les pires atrocités que le monde ait jamais entendues, j’aurais même pu entrer dans son jeu en faisant une remarque sarcastique comme je le fais souvent. Mais non. Non à la place je choisis tout simplement de lui tourner le dos et de regagner ma chambre. Ce qui a l’air de l’agacer comme prévu puisqu’il me suit encore comme à chaque fois que je ne vais pas dans son sens.
J’allais lui fermer la porte au nez mais il glisse son pied à l’intérieur juste à temps, puis sa main et pousse la porte. Malgré tous mes efforts pour l’empêcher d’entrer il y parvient et referme même la porte à clé derrière lui.
— Qu’est-ce qui te prend Amyra Salem? Tu m’as habitué à mieux qu’un simple silence.
Je n’ai peut-être juste pas envie de lui parler et encore moins de me retrouver seule avec lui dans une chambre verrouillée. C’est pourtant logique mais il n’a pas l’air aussi intelligent qu’un groupe de fourmis lui.
— Je veux juste que tu sortes de ma chambre.
— Pourquoi ?
— Tu sais très bien pourquoi!
Soit il est vraiment con, soit il a une mémoire de poisson rouge.
— C’est parce que je t’ai traité de mademoiselle je-sais-tout ?
Je grogne d’agacement en attrapant mon oreiller et je le lance sur lui folle de rage. Il l’attrape juste à temps en riant.
— Ou alors c’est à cause de ce qui s’est passé l’autre soir ?
Je m’immobilise tout de suite, entendre cette phrase de sa bouche c’est tellement étrange. Ça rend la chose réelle même si elle l’était déjà bien assez pour moi. Je ne réponds donc pas et je me dirige vers mon bureau pour faire semblant de ne pas avoir entendu ce qu’il a dit et de faire autre chose. Mais ça ne fonctionne pas aussi bien que je l’avais prévu.
— Tu sais Amyra Salem je comprends parfaitement que tu sois gênée.
Au moins il reconnaît ça même si ça m’étonne. Il vient s’appuyer contre le bureau un grand sourire aux lèvres.
— Après tout tu as poussé de ces gémissements!
Je rougis de honte et de colère et le gifle à nouveau. Cette fois plus fort que d’habitude puisqu’il le mérite. Il se tient d’ailleurs la joue en riant. Il m’énerve !
— Waouh tu t’améliores en gifles à ce que je vois.
— Ne reparle plus jamais de ce qui s’est passé et encore moins si c’est pour faire des remarques du genre.
Je voulais m’éloigner de lui mais il attrape mon poignet comme il l’avait fait le jour de son arrivée et me ramène près de lui. La seule différence par rapport à la dernière fois c’est que cette proximité est trop déstabilisante à présent. Je donne un coup dans les pectoraux si… musclés et… irrésistiblement attirants… stop! Je suis en colère et je ne suis absolument pas attirée par cet imbécile d’obsédé qui me tape sur les nerfs.
— C’est quoi ton problème ?
— Moi ? Je n’ai aucun problème c’est toi qui en as un visiblement.
Je croise mes bras pour lui montrer que je suis totalement fermée à ses remarques absurdes.
— Comment peux-tu plaisanter sur ça ? Ce qu’on a fait c’était mal.
— En quoi ça l’était ?
Non mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond chez lui ? Il a un vrai problème celui-là !
— Nos parents sont mariés!
Je me rends compte que j’ai crié un peu trop fort seulement une fois que je l’ai fait. Je me calme donc en soupirant et en baissant la tête pour éviter son regard.
— Et alors ?
Et alors ?
— Et alors ? je reste ébahie, choquée de ces deux mots. Et alors il y a tout simplement dix millions de bonnes raisons qui me viennent à l’esprit, là, maintenant qui font que ce qu’on a fait ça s’appelle de l’in…
Mais avant que je puisse prononcer ce mot, il s’approche de moi et pose ses mains sur mes hanches pour m’attirer vers lui et m’embrasser. Au début je tente de le repousser et j’y parviens en restant tout de même collée à lui. Je me mets à lui donner des coups pour qu’il me lâche.
— Tu es complètement taré espèce d’imbécile sans cervelle tu n’as pas écouté ce que je t’ai dit ou quoi ?
Il me regarde avec un regard si intense que j’ai l’impression d’être totalement nue face à lui. Et sa voix si grave s’élève dans les airs aussi calmement que si rien ne s’était passé.
— Si j’ai écouté. Mais franchement tu en as autant envie que moi sinon tu ne serais pas aussi excitée quand je t’embrasse.
Je sens à nouveau ces frissons, beaucoup trop nombreux et assez forts pour me faire perdre la tête et faire ce que je m’étais jurée ne jamais recommencer. Et cette fois c’est moi qui l’embrasse. Il répond à mon baiser balade à nouveau ses mains sur mon corps, me soulève et m’assoit sur le bureau. Mes jambes s’enroulent automatiquement autour de lui pour nous coller un peu plus et il se sépare soudain de moi pour m’enlever mon t-shirt, je n’arrive pas à l’en empêcher, je suis hypnotisée par ses lèvres qui se jettent rapidement sur mes seins pour les embrasser avec passion. Comme l’autre soir. Et là je me rappelle enfin pourquoi sur le moment je n’avais ressenti aucune culpabilité. C’est tellement agréable comme sensation que je ne peux pas m’en séparer. Je fais glisser mes doigts dans ses cheveux en tirant dessus par moments quand il va trop loin dans ses baisers. Mais ça lui plaît, il ne dit rien et aime apparemment cette brutalité comme j’aime ses baisers. Et je décide après un long moment de plaisir de me lever du bureau pour arracher les boutons de sa chemise d’un seul geste, il me plaque contre le mur en attrapant mes deux mains et les pose sur le mur de chaque côté de mon corps pour me retirer tout contrôle de la situation. Je sens ses mains serrer les miennes, en entremêlant nos doigts. Je suis là en soutien-gorge devant Zachary Collins et je ne fais rien pour tout arrêter. Je sais qu’une fois… l’action torride terminée je vais vite regretter de l’avoir laissé faire ça mais je veux juste profiter du moment. Ses lèvres, ses mains, son corps chaud collé au mien, cette satanée envie qui me submerge un peu plus à chaque seconde.
Mais quelqu’un frappe à la porte. On se sépare automatiquement et je vais vite vers la porte avant de me rendre compte que je n’ai plus de t-shirt et que les boutons de la chemise de Zachary ont été arrachés.
Je me rhabille en quatrième vitesse sous les yeux amusés de cet imbécile que je pousse derrière la porte. J’ouvre enfin. Heureusement ce n’est que Sofia, même si d’un côté c’est peut-être la personne qu’il ne fallait pas que ce soit. Je prends l’air le plus naturel possible en lui souriant.
— Hey ! Qu’est-ce que tu fais là ?
Elle plisse ses yeux pendant quelques secondes puis lève un sourcil en tentant de camoufler un sourire que je vois malgré tout.
Elle a tout compris. Mais elle aussi joue la carte du naturel en me tendant simplement mon téléphone.
— Tu as oublié ton téléphone dans ma voiture.
Je prends l’objet, gênée, en évitant presque son regard.
— Merci de me l’avoir ramené. Je t’appelle ce soir.
— Tu as plutôt intérêt.
Son ton était calme mais je sentais bien la menace dedans. Je la connais trop bien pour savoir que « tu as plutôt intérêt » voulait en fait dire « tu ferais mieux de me donner des explications et des détails croustillants ce soir, sinon je te harcèle de messages jusqu’à ta mort qui sera rapide si tu ne réponds pas ». Je lui souris et après avoir réfléchi un court moment je propose de la raccompagner. Ce que je fais en laissant la porte ouverte pour faire comprendre à l’invité qui s’y trouve que j’espère qu’il sera parti à mon retour. Je raccompagne mon amie jusqu’à la porte qui s’ouvre justement avant que je ne le fasse moi-même. C’est Sébastian. Il me lance un simple regard agacé, puis regarde Sofia, avant de souffler et de se diriger vers la cuisine juste à côté. Ma meilleure amie sort en m’adressant un regard malicieux et une fois la porte fermée, je m’appuie contre elle et je commence à rire. Au fond, quand on y pense c’était assez drôle. J’ai été prise en flagrant délit et je n’ai même pas été capable de cacher mon secret. Et puis je crois que je viens de comprendre pourquoi les gens aiment autant les choses défendues. C’est affreusement exaltant.
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