Chapitre III
Je suis épuisée. Il doit être au moins 11 h du matin quand je quitte enfin la maison de Sofia. J'ai été obligée de tout nettoyer toute seule et j'ai attendu que ma meilleure amie se réveille pour la laisser. Bon je n'ai pas vraiment attendu puisque je l'ai en fait réveillée vers 10 h, j'en avais assez de l'attendre et même si elle s'en est plainte, je lui ai vite rappelé qu'après tout ce que je venais de faire pour elle, c'était la moindre des choses qu'elle me laisse rentrer chez moi pour me reposer enfin. Je lui ai également rappelé qu'elle me devait un service même si je suis certaine que ça ne servira à rien. La liste des services qu'elle me doit s'allonge à vue d'œil et jamais elle ne se raccourcit.
Mais au moins tout est propre et je peux rentrer tranquillement. Enfin c'était sans compter une voiture sur ma route qui se met à ralentir pour rouler près de moi au milieu de la route. La fenêtre se baisse et je vois un homme d'au moins trente ans qui me regarde avec un véritable regard de pervers qui me donne froid dans le dos. Génial il ne me manquait plus que ça. J'étais déjà assez fatiguée comme ça mais il a fallu que l'univers me fasse un magnifique doigt d'honneur en m'envoyant ce type.
- Salut ma jolie. Je te dépose quelque part ?
Je fais tout mon possible pour ne pas retirer une de mes chaussures et lui lancer le talon en pleine figure.
- Non merci ça va aller, je réponds simplement en évitant son regard.
- Qu'est-ce qu'une fille aussi sexy que toi fait toute seule dans la rue ?
Bon je vais tenter quelque chose parce qu'il n'a pas l'air d'être prêt à abandonner.
- Je vais voir mon petit copain.
Alors laisse-moi tranquille vieux pervers.
- Il en a de la chance dis donc.
Il n'abandonne même pas non mais c'est quoi ce délire ? Je ne sais plus quoi faire. Et au moment où je commençais vraiment à désespérer, une aide surgit de nulle part. Bon... ce n'est pas une très bonne aide puisque c'est le bras de Zachary Collins qui vient s'enrouler autour de ma taille pour m'attirer vers lui. Mais dans cette situation, je préfère l'obsédé au pervers.
- Salut chérie, ce mec t'embête ? m'interroge Zachary d'une voix suave que je ne lui reconnais pas.
Je m'arrête aussitôt, et la voiture fait de même. Je regarde tour à tour Zachary et l'homme. L'un me sourit, l'autre a l'air agacé. Bon et puis zut de toute façon je suis arrivée à un stade où je ne sais plus quoi faire d'autre. Alors j'entre dans le jeu de mon sauveur.
- Euh... non ça va. Merci...
J'ai l'impression que ce mot va m'écorcher la langue et faire plaisir à cet imbécile mais je le dis quand même pour convaincre le plus possible mon harceleur.
- Chéri.
Ma voix est pleine de mépris et Zachary se retient d'exploser de rire mais l'homme dans la voiture a l'air d'y croire puisqu'il remonte sa fenêtre mécontent pour redémarrer et s'éloigner. Zachary reprend alors sa route en gardant son bras autour de moi et donc en me tirant par la même occasion. Maintenant que j'en ai échappé à un je vais devoir échapper à l'autre.
- Zachary.
- Quoi ?
- Il est parti.
- Et alors ?
Il me sourit alors j'attrape sa main et je la jette loin de moi. Il se met à rire en mettant ses mains dans ses poches et en me suivant toujours.
- Qu'est-ce que tu fais ici Zachary Collins ? Tu me suis ?
- Ça te ferait plaisir ?
- Ça me ferait flipper. Et ça me donnerait une nouvelle raison de te gifler.
J'accélère le pas ce qui l'oblige à faire pareil. Je pense que si quelqu'un nous voyait comme ça dans la rue en train de nous chamailler et de nous courir après, il nous trouverait vraiment bizarres. Mais je me fiche du regard des autres. Après tout je suis en robe de dentelle, avec des chaussures à talons et des cheveux décoiffés, une heure avant le moment du déjeuner, alors franchement ça ne me dérange pas que les gens me voient avec ce cas social.
- Tu frappes comme une fillette Amyra Salem. Et même ma petite sœur de cinq ans frappe mieux que toi.
Je m'arrête et me tourne vers lui en pointant un doigt menaçant vers lui.
- Fais gaffe Zachary Collins je pourrais très bien te casser le nez encore une fois si je le voulais.
- Mais tu ne le veux pas. Tu me trouves beaucoup trop beau pour abîmer mon magnifique visage.
Je sens que je deviens rouge de colère et je lève à nouveau ma main mais cette fois il attrape mon poignet pour l'arrêter.
- Qu'est-ce qui t'énerve dans ce que je viens de dire ? reprend l'arrogant en riant. Tu ne supportes pas que ça puisse être la vérité ?
- Même si je te trouvais si irrésistible que tu le prétends, je ne supporte juste tout simplement pas ton attitude d'emmerdeur de première.
- Je viens de te sauver la mise avec ce gars qui t'embêtait.
- Bravo j'irai t'acheter une médaille tout à l'heure.
Je me sépare de lui et cette fois je change de trottoir. J'en ai assez de ses remarques. Il fait toujours semblant de me... comment dire... me draguer ? C'est un jeu pour lui et tout le monde sait que j'adore jouer. Mais pas avec lui. Je monte directement dans ma chambre une fois rentrée et je m'écroule sur mon lit, je n'ai plus aucune envie de me soucier du cas Zachary Collins pour l'instant.
Ma mère choisit ce rare moment de tranquillité pour venir me parler. J'entends ses talons hauts claquer sur le plancher. Elle frappe à la porte, et entre sans avoir attendu ma réponse. Je reste allongée, la tête enfouie dans mon oreiller. Je suis trop fatiguée pour réagir.
- Bonjour ma puce je t'ai entendue rentrer. Ça s'est bien passé hier soir chez Sofia ?
À moitié endormie, je marmonne « c'était super ».
Je sens un creux se former sur mon lit à côté de moi. Elle n'a pas l'air de vouloir me laisser tranquille.
- Tu y es allée avec un jeune homme n'est-ce pas ? Est-ce que... est-ce qu'il s'est passé quelque chose pendant la soirée ?
Le sommeil me gagne. J'articule à peine.
- Comme quoi ?
- Bon sang Amyra est-ce que tu as couché avec ce garçon?
Cette fois je suis totalement réveillée et je me redresse d'un coup pour vérifier si elle est bien sérieuse. Mais elle n'a pas l'air de plaisanter. Je ne sais pas vraiment comment réagir.
- Quoi ? Maman. Non. Je n'ai rien fait.
- Tu es sûre ?
- Oui j'en suis certaine.
Je suis exaspérée d'avoir cette conversation avec elle.
- Et si ça peut te rassurer maman ta fille est encore vierge. Tu veux que je fasse une pancarte avec cette phrase écrite dessus et que je l'accroche sur la porte de la maison pour que les voisins aussi le sachent ?
Elle fait une petite tête gênée, comme si elle se rendait compte de ce qu'elle venait de me demander. Elle et moi on n'a jamais vraiment abordé LE sujet de conversation. Elle m'a toujours fait confiance mais visiblement le temps qui passe et me fait grandir m'éloigne de plus en plus de jour en jour de cette petite fille innocente qu'elle aurait voulu que je reste. Et même si je ne suis plus cette petite fille je ne veux pas pour autant lui parler de ce genre de choses.
- Est-ce que je peux dormir maintenant maman je suis épuisée ?
- Oui bien sûr.
- Merci.
Je me recouche mais elle ne part pas. Je sens sa présence et son regard sur moi qui m'empêchent de dormir. Je la regarde donc à nouveau. Je suis déjà assez agacée comme ça, et le manque de sommeil ne va pas améliorer mon cas.
- Quoi encore maman?
Elle hésite un instant je le vois. Mais j'insiste du regard, je veux juste dormir moi et si elle reste ici à me regarder avec ce regard accusateur encore longtemps je pense que je ne vais pas réussir à trouver le sommeil. Je pense même qu'elle va me provoquer des cauchemars avec ses questions complètement dingues.
- Tu me le diras le jour où tu coucheras avec un garçon pas vrai ?
Non mais j'y crois pas!
- Mais bien sûr que non! je crie aussitôt.
Elle m'a posé cette question comme si la réponse était évidente !
C'est vrai quoi, je ne vais pas débarquer devant elle le jour où je l'aurais fait pour lui dire « Tiens salut maman comment ça va ? Ah au fait, je voulais te dire, hier soir j'ai fait l'amour avec un mec pour la première fois tu es fière de moi ? ». Non mais franchement elle réfléchit parfois quand elle parle ?
- Mais Amyra...
- Maman, je suis fatiguée et je ne veux pas parler de sexe avec toi maintenant, ni jamais d'ailleurs. Alors est-ce que tu pourrais s'il te plaît sortir de ma chambre ?
Après quelques secondes de réflexion, elle hoche la tête déçue, se lève, se tourne vers moi une dernière fois, avant de passer la porte. Une fois seule, je m'écroule sur le lit, pour tenter d'oublier les derniers événements. C'est seulement vers 19 h que je suis réveillée par la petite Charlie qui saute sur mon lit en criant à pleins poumons.
- Amyra ! Réveille-toi! Papa nous emmène au restaurant!
Amyraaa !
Je grogne légèrement en mettant mon oreiller sur ma tête pour étouffer les cris. Mais ça n'a aucun effet. Je me redresse au même moment où la petite furie s'écroule sur moi en m'écrasant. Elle plaque ses mains sur mes joues et appuie dessus comme sur un oreiller.
- Réveille-toi!
- Charlie calme-toi.
Je tiens ses mains en lui souriant et je baille un instant.
- Dis aux parents que je suis trop fatiguée pour venir.
- Mais je veux que tu viennes moi!
Je serais venue même après la soirée d'hier. Mais là il y a aussi toutes les gamineries de Zachary et les questions gênantes de ma mère. Je suis trop épuisée pour bouger.
- Moi aussi j'aurais voulu venir mais je ne peux pas. Et je te promets que pour me racheter je vais t'emmener faire du shopping cette semaine d'accord?
- Ouiiii!
Elle me serre dans ses bras, dépose un bisou sur ma joue et disparaît en courant. Lui acheter des trucs ça fonctionne toujours bien avec elle. Je repose ma tête sur mon oreiller et j'attends d'entendre la porte d'entrée se refermer et la voiture démarrer par la fenêtre pour enfin me détendre. Au moins je suis toute seule. Je sais que Sébastian avait un match ou un truc du genre de prévu ce soir et je suis certaine qu'il a dû emmener Zachary avec lui. Je vais enfin pouvoir me reposer et être seule avec moi-même. D'accord j'aime ma famille mais il y a des fois où j'aime juste être seule, pouvoir faire ce que je veux quand je veux c'est ce que j'appelle la belle vie, parce qu'entendre Charlie crier à longueur de journée et Dorian parler au téléphone toutes les cinq secondes avec à chaque fois des personnes différentes ce n'est pas hyper reposant. Sans parler de Zachary évidemment, je crois que les seules personnes calmes dans cette maison ce sont les Salem.
Sébastian passe toute la journée enfermé dans sa chambre et ma mère passe toute la journée enfermée dans son bureau à travailler. Et puis moi... eh bien... la plupart du temps je suis plutôt calme. Sauf ces derniers jours bien sûr, durant lesquels j'ai dû poursuivre l'autre idiot à travers la maison pour lui balancer des choses à la figure.
Mais à ma décharge il l'avait cherché. Et voilà, je pense encore à lui. À croire que je n'ai que son prénom à la bouche. Je prends mon téléphone pour vérifier mes messages. Sofia m'a envoyé des dizaines de remerciements pour m'être occupée d'elle, de la soirée et pour avoir évidemment tout rangé. Eliott m'a remerciée pour la soirée agréable en ma compagnie. Il est adorable. Mais ça me fait de plus en plus peur, je ne veux pas me faire de faux espoirs à son sujet et être déçue après. Bon pour le moment tout ce que je veux faire c'est prendre une bonne douche, je suis toujours dans ma robe d'hier soir et je n'ai qu'une hâte c'est de pouvoir l'enlever.
Je passe au moins un quart d'heure sous l'eau froide, puis je sors les cheveux trempés et avec toujours comme meilleur ennemi le sommeil. Mais une fois arrivée dans ma chambre j'entends un énorme bruit au rez-de-chaussée, comme des casseroles qui tombent sur le sol. Je m'empare immédiatement de la batte de base-ball que mon père m'avait offerte quand j'étais petite. C'est un grand fan de ce sport mais moi je ne m'y suis jamais vraiment intéressée, pourtant elle m'est bien utile ce soir cette batte. J'ouvre la porte doucement et je descends les escaliers sur la pointe des pieds. Là tout de suite ça ne me plaît plus vraiment d'être seule. J'arrive en bas des marches d'où je vois la lumière dans la cuisine allumée. Alors il y a vraiment quelqu'un, mais pourquoi cette personne allumerait la lumière si elle est là pour voler des choses ? Je préfère ne pas me poser plus de questions et je regarde discrètement dans la pièce avant de voir rapidement une silhouette masculine. Je ne la vois pas clairement mais je peux voir que c'est un homme. Alors je me cache un instant, je prends mon courage à deux mains et je surgis dans la cuisine en brandissant mon arme. Cependant je m'arrête dès que je reconnais la personne, c'est-à-dire quelques secondes avant que le coup ne parte.
Mon cœur bat à toute allure. Cet imbécile ne m'a même pas entendue entrer. Alors je hurle, folle de rage.
- Zachary!
Il se retourne rapidement ce qui me permet de voir qu'il était en train de fouiller dans le placard à alcool. Et il me découvre, la batte encore levée. J'ai même encore plus envie de le frapper que si c'était un simple voleur. Visiblement il s'en rend compte.
- Qu'est-ce que tu fous avec cette batte bordel ? !
- Et toi qu'est-ce que tu fous ici ? !
- Je suis chez moi je te signale !
- Et tu n'as pas remarqué que tout le monde était sorti ? !
- Toi tu es là pourtant. Quoi tu voulais être seule pour appeler ton gentil petit Eliott ?
- Sale emmerdeur!
Je fais demi-tour pour retourner vers les escaliers en laissant tomber la batte sur le sol furieuse. Mais comme toujours, tel un petit toutou, monsieur me suit. J'en ai marre qu'il fasse ça et d'un autre côté... obscur, très obscur de moi-même, ça m'amuse qu'il le fasse.
- Nous voilà donc seuls tous les deux Amyra Salem.
- Je parie que ça te fait plaisir.
- Pas plus qu'à toi je suppose. Et puis c'est quoi ce que tu portes ?
C'est un short ou un string ça ?
- Au cas où tu n'aurais pas remarqué, ici il fait chaud à en crever.
Il parvient à se glisser devant moi avant que je n'arrive tout en haut et me sourit en me barrant le passage. Je sens qu'il va me sortir une connerie. Mais après tout la connerie c'est sa langue natale.
- J'ai une idée pour qu'on s'amuse tous les deux ce soir, puisque de toute évidence on va devoir passer la soirée ensemble.
- Tu n'as rien d'autre à faire ? Personne avec qui traîner je ne sais où ?
Ce n'est pas que je ne veuille en aucun cas passer la soirée avec lui mais... je ne veux en aucun cas passer la soirée avec lui.
- Fais-moi confiance on va s'amuser, proteste monsieur en faisant la même tête que Charlie lorsqu'elle veut obtenir quelque chose et qu'elle prend les gens par les sentiments.
- Je ne te fais pas confiance et ça n'arrivera sûrement jamais d'ailleurs. Je parle sur un ton moqueur pour lui montrer que son petit cinéma ne m'atteint pas.
- Alors fais confiance à ton instinct qui te supplie de m'écouter.
- Mon instinct ne...
Mais quand il sort la bouteille de vodka qu'il cachait dans son dos, je décide de lâcher prise, j'en ai besoin. Je l'attrape donc avant de faire machine arrière. Dans la cuisine, je sors des verres.
- D'accord Zachary Collins, je vais passer la soirée avec toi.
Mais à la moindre remarque qui me donnera envie de casser cette bouteille sur ta tête je le fais, je remonte dans ma chambre et je m'enferme à clé. En te laissant seul avec ta blessure et les morceaux de verre à ramasser.
- Ça marche.
Et en quelques minutes, nous nous retrouvons assis sur le tapis du salon en train de jouer à « Je n'ai jamais ». Un jeu stupide inventé par des alcooliques qui cherchaient juste une nouvelle raison amusante de boire, mais puisque Zachary a lancé l'idée j'ai accepté. Je n'y ai pas joué depuis longtemps et je ne tiens pas à rester sur ce mauvais souvenir. Même si je redoute qu'avec mon insupportable demi-frère le souvenir soit pire. C'est à son tour de jouer d'ailleurs.
- Je n'ai jamais souhaité la mort de mon demi-frère à plusieurs reprises.
- Alors ça c'est petit.
Il rit mais je joue le jeu et bois une gorgée de mon verre. Le liquide descend dans ma gorge en la brûlant et je le sens mettre le feu à mon corps au fur et à mesure qu'il le parcourt. Puis je réfléchis à une bonne vengeance, qui me vient presque trop facilement.
- Je n'ai jamais louché sur la poitrine de ma demi-sœur.
- Je bois à ça sans honte ni regrets.
Il prend une grosse gorgée avant de reprendre le jeu.
- Je n'ai jamais... eut envie d'enfermer Charlie dans sa chambre toute une journée pour être tranquille.
On trinque en même temps en riant. C'est vraiment surprenant de voir à quel point on s'amuse bien ensemble. Ce doit être la première fois qu'on rit sans que ce soit pour se moquer de l'autre. Et je suis bien forcée d'admettre que ce n'est pas désagréable.
Je propose en souriant: « Je n'ai jamais fini bourré à une soirée »
- C'est de la triche je le suis à chaque fois.
- Oui je suis au courant.
On boit encore une fois tous les deux. Je sens mon corps se réchauffer au point que même mes vêtements légers deviennent difficiles à porter. Pourtant on a allumé le ventilateur du salon avant de commencer la partie.
- Je n'ai jamais mis un vent à une personne rencontrée dans un dojo, annonce Zachary en attendant avec impatience ma réaction.
Je vois, c'est donc ça la raison de toute cette mascarade.
- Je ne lui ai pas mis un vent.
- Oh donc tu l'as embrassé ?
- Non.
- Et il a essayé de t'embrasser ?
- Je... oui.
- Alors tu lui as carrément mis un vent.
Je ne comprends même pas pourquoi je lui en parle à lui. Ça ne le regarde absolument pas mais je ne peux pas m'empêcher de répondre à ses questions. Et de toute façon ce fouineur l'apprendra un jour ou l'autre qu'il ne s'est rien passé hier soir avec Eliott.
- Ce n'était pas méchant. Je me défends, le regard plongé dans mon verre. En fait je... j'ai eu peur.
- De quoi ?
- De lui, de ce que tu m'as dit et... de ne pas réussir à l'embrasser Ces derniers mots étaient difficiles à prononcer devant lui mais après tout, que m'importe qu'il le sache ?
- Quoi ?
- Ça fait longtemps que je n'ai pas embrassé un garçon et j'avais peur de ne pas être à la hauteur, est-ce qu'on peut arrêter de parler de ça maintenant ?
Il se retient de rire et hoche la tête et toussant légèrement pour reprendre son sérieux. Je ne comprends pas pourquoi je lui ai parlé de ça. C'est vrai que mon dernier baiser remonte à longtemps mais ça ne veut pas pour autant dire que je doive le crier sur tous les toits.
C'est à mon tour.
- Je n'ai jamais joué avec les sentiments d'une fille qui me courait après.
- Ne me fais pas passer pour le méchant, Amyra Salem.
- Tu bois ou pas ?
Il lève les yeux au ciel, et boit, comme je m'y attendais. Je savais que son généralement de la dernière fois était louche. J'aurais aimé me moquer de lui à ce sujet encore longtemps, malheureusement c'est à son tour.
- Je n'ai jamais trouvé Zachary Collins hyper séduisant avec des muscles en béton armé.
Alors là c'est vraiment un coup bas. C'est quoi ces questions merdiques en plus ?
- Attends tu ne peux pas...
Mais le narcissique qu'il est boit une gorgée de son verre en me souriant de son air arrogant. Je n'arrive pas y croire.
- Alors Amyra Salem tu ne joues plus ?
- Je ne vois pas pourquoi tu crois ça ?
- Tu n'as pas bu.
- Et alors ?
- Alors c'est la règle du jeu. Je croyais que tu aimais jouer.
- On n'est plus des enfants on a passé l'âge de jouer.
- Mais là je te parle d'un jeu d'adultes.
Sur le moment je ne sais pas si c'est l'alcool qui circule dans mes veines qui me pousse à faire ça mais je lève mon verre en souriant et je bois absolument tout le liquide qu'il restait dedans. Au début quand je repose le récipient par terre je sens le goût désagréable et amer de l'alcool se répandre dans ma gorge. Je grimace, mais reprends vite le contrôle en jetant à Zachary un regard de défi et de fierté. Il veut jouer ? On va jouer. Il regarde le verre vide, puis me regarde-moi, et il finit son verre d'une traite, après quoi il le pose à côté du mien.
J'observe les deux verres en souriant avant de me redresser.
- Bon apparemment le jeu est terminé, je conclus prête à me lever pour retourner dans ma chambre.
- Tu crois ça ?
Et sans que je puisse prévoir ce qui allait se produire, il se penche vers moi et dépose sauvagement ses lèvres sur les miennes.
Je ne sais pas quoi faire. Mon cerveau me dit de tout arrêter mais sous l'effet de l'alcool il est beaucoup trop faible pour combattre mon corps qui veut poursuivre ce baiser. Alors je le laisse faire, en glissant ma main dans ses cheveux que je trouve tellement sexy. Il ne faut pas longtemps à Zachary pour me coucher sur le sol et se mettre sur moi pour m'embrasser de plus belle. Des milliards de frissons me parcourent au fur et à mesure que le baiser s'intensifie et je sens ses lèvres quitter les miennes pour se glisser dans mon cou. Plusieurs fois, sauvagement. Comme s'il était le loup affamé et que j'étais la pauvre petite brebis qui se fait dévorer. Je sens sa main caresser mon corps, et en particulier ma cuisse pour me coller un peu plus à lui et ses lèvres descendent encore plus bas pour atteindre mes seins. Je sais que ce qu'on fait est mal, je devrais tout arrêter, mais le plaisir que je ressens à cet instant l'emporte sur la raison. Ses lèvres sont tellement douées pour me donner du plaisir que je ne parviens pas à empêcher de petits gémissements de sortir de ma bouche. Je mords ma lèvre inférieure, mes mains jouent encore dans ses cheveux que j'agrippe pour le ramener face à moi. Il me regarde un instant avec envie en passant sa langue sur ses lèvres.
- Et tu disais ne plus savoir embrasser Amyra Salem?
Cette phrase me donne encore plus chaud que l'alcool et je l'attire aussitôt vers moi. Les baisers reprennent. Je n'avais jamais ressenti ça avant. J'étais déjà allée aussi loin avec des garçons avant mais j'avais toujours tout arrêté parce que je ne ressentais rien. Là, je n'ai qu'une envie, qu'il continue, qu'il aille plus loin. J'aimerais que ce moment dure encore longtemps, les gémissements sont plus nombreux impossibles à stopper. Il y prend du plaisir lui aussi pendant que mon cou redevient la cible de ses baisers. Je sens ses lèvres sourire sur ma peau au rythme des petits bruits de plaisir que je pousse. Après quelques secondes... il s'arrête. Mon téléphone sonne comme pour nous stopper dans... ce qu'on faisait. Zachary s'éloigne de moi comme s'il réalisait à cet instant, tout comme moi, ce qu'on venait de faire. Et avant que je puisse dire quoi que ce soit, ce qui n'était à vrai dire pas vraiment dans mes projets, il se lève et sort en claquant la porte.
Qu'est-ce qui vient de se passer là ? Est-ce qu'on a vraiment... est-ce qu'il a vraiment... j'en oublie mon téléphone qui s'arrête après plusieurs sonneries sans réponse. Je crois que je viens de faire la plus grosse connerie de ma vie.
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