Chapitre 1
- Alors, deux douzaines de tables rondes et de chaises, un grand écran plat pour projeter vos photos quand vous vous êtes connus et puis quoi encore?... Ah Oui, la grande table pour les deux familles!... Mais est-ce que tu m' écoutes là?
Une petite tape sur le front suffit pour que je ramène mon attention vers ma petite soeur, Ada, qui se prend pour une organisatrice d' événement depuis qu'elle a appris pour mon mariage. D' ailleurs, elle avait jugé que je n' avais pas besoin d'en engager puisqu'elle était là. Seulement, à mesure que l' idée la passionne, cela commence à m'effrayer. Est-ce que moi, Lydia, je serai capable de rendre Gardy heureux?
- Je t' écoute, Ada. Je t'ai déjà dit que tu pouvais faire ce que tu veux, lui dis-je en rentrant à l' intérieur.
- Mais j'ai besoin de l' avis de la mariée! se plaint-elle en imitant mes pas. Le mariage c'est dans une semaine, je te rappelle.
- C'est vachement proche, lâché-je.
Je me saisis d'une bouteille d'eau dans le frigo et me rafraîchis la gorge. Je m' appuie contre un mur de la cuisine, la tête penchée en arrière rejouant dans ma tête la merveilleuse scène où il m' avait demandé en mariage. C'était dans la soirée du nouvel an. On était à un dîner en tête-à-tête et il s' était agenouillé devant moi.
- Je ne veux passer cette année et les autres à venir sans qu'à mon réveil tu ne sois à mes côtés, Lyly. Veux-tu bien m' épouser? m' avait-il dit en me tendant une bague.
Depuis trois ans, j' avais redouté ce jour. Ce n'est pas que je ne l' aime pas mais m' engager avait toujours été ma plus grande peur. J'avais vu comment le mariage de mes parents, qui s' étaient jurés de rester ensemble pour la vie, était parti en lambeaux à mes 15 ans. Je me souviens de comment j'avais souffert de leur divorce aussi. Ma tête lui criait "Non, notre relation devrait rester telle qu'elle est." mais un "Oui" à peine audible avait été prononcé par ma bouche.
- Tu devrais déstresser, me conseille ma soeur. Tu l'aimes, c'est ce qui compte. Ce n'est pas parce que ça n' avait pas marché entre maman et papa que ça ne marchera pas entre vous.
Ma soeur lit en moi comme dans un livre.
- Et depuis quand tu es devenue conseillère matrimoniale? je ris.
Elle tourne les talons, agacée et s'en va à la chambre de ma mère sûrement pour continuer avec les préparatifs. Mon téléphone sonne et je décroche l' appel de suite.
- Chérie, je suis dehors.
Merde!
On devait aller visiter l' église où se tiendrait le mariage ce matin et je ne suis même pas encore préparée.
- D' accord...j' arrive, marmoté-je.
Je file à ma chambre et après m'être vêtue d'une robe brune, je le rejoins dans sa voiture. Il m' embrasse d'un chaste baiser sur la bouche avant de fixer son attention sur la route. Il est distrait, froid. Est-ce que lui aussi est stressé à l' idée? Je n'ose pas lui demander et prends simplement sa main dans la mienne. Il me sourit et continue de conduire.
A l' arrivée, nous sommes accueillis par le pasteur qui nous fait visiter les lieux. Une petite église qui pourrait accueillir au maximum 50 personnes, je ne pourrai pas demander mieux. D' ailleurs, je n'ai jamais rêvé de cérémonie grandiose bondée d' inconnus et Gardy l'a toujours su. Comme si le pays avait décidé de se marier la même semaine que nous, on n' arrive pas à conclure pour le samedi prochain comme on avait décidé. Je propose dimanche mais avec les deux cultes qui se feront et la réservation dans l' après-midi par un autre couple, c'est pratiquement impossible.
- Mardi! Finit par dire mon fiancé. Qui pensera à se marier un mardi?
- On n'est pas pressés chéri, je lui dis. On pourrait attendre le samedi d' après.
Il feint de ne pas m'entendre et regarde le pasteur qui approuve le jour.
- Alors, mardi 2h. conclurent-ils.
Je me sens soudain comme de trop. Énervée, je m'en vais en direction de la voiture où il me rattrape.
- C'est quoi ton problème, Lydia? me demande-t-il. Tu ne vas quand même pas me disputer alors qu'on s' apprête à se marier.
- Tu entends ce que tu viens de dire:"On". C'est nous deux qui allons nous marier.
Je claque la portière et il me rejoint dans la voiture.
- Je suis désolé.
- De quoi ?
- De te mettre la pression comme ça. C'est juste que...
Une tristesse profonde m' envahit à l'instant et je plonge mes pupilles dans ses yeux bruns.
- Tu ne me mets pas la pression, dis-je calmement. C'est juste que j'ai aussi mon mot à dire, tu comprends? En quoi attendre une semaine de plus nous tuerait si nous sommes ensemble depuis 3 années?
- Je ne sais pas, il prend sa tête dans ses mains. Franchement, je ne sais pas. Comme je te l'ai dit, je veux me réveiller à tes côtés tous les matins. J'en ai marre de ces quelque soirs que tu dors chez moi quand ton travail à l' hôpital te donne du temps.
- Je sais, c'est difficile de sortir avec un médecin.
- Surtout quand on est un ingénieur, ajoute-t-il en souriant.
Il penche la tête sur le côté et m' embrasse. Je m' excuse de m'être emportée ainsi en lui rappelant qu'il devra me laisser placer un mot dans tout ce qui nous concerne. Il ne fait que hocher la tête et fait partir le moteur. Je lui demande de m' amener chez lui et c'est là que je prends mon bain de ce matin.
- J'espère que tu ne vas pas faire ainsi le jour de notre mariage, rigole-t-il alors que j' enroule mon corps d'une serviette.
- Alors tu me feras prendre mon bain lors de notre lune de miel dans la soirée, répliqué-je en lui faisant un clin d'oeil pervers.
- Dans la soirée, tu dis? On n' aura pas le temps d'arriver à Jacmel et...
Je finis de me remettre ma robe et le rejoins sur son lit où il s' était installé. Il comprend mes questions muettes et tente d'expliquer.
- En fait, je pensais qu'on pourrait nous installer dans la maison en paille de ma grand-mère. Ça fait longtemps que je ne m'y suis pas rendu. On se rendrait à la plage tous les matins et...
- Tu me demandes le mariage le premier janvier, le coupé-je, j' accepte. Tu fixes la date pour le 10, j' accepte. Tu viens de la repousser pour deux jours et je viens encore d' accepter. Désolée chéri mais pour la lune de miel, c'est moi qui propose.
- Ah!Oui, ce fameux hôtel à Pétion-Ville. se plaint-il.
J' enroule mes mains autour de son cou et l' embrasse. Il ne répond pas à mon baiser et se lève du lit en me donnant dos.
- En fait, j'ai perdu mon travail hier.
- Quoi? fais-je debout.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top