Chapitre 8:
Alvin se rapproche et voit le mécanicien étendu dans un canapé où il roupille tranquillement au milieu de cette musique qui agresserait des tympans au kilomètre à la ronde. Comment font ces gens qui peuvent aisément dormir au milieu de tant de raffut? Alvin trouve finalement l'émetteur de ce vacarme et coupe le son pour enfin plonger le garage dans un calme adoucissant. Conséquence de cet acte: le mécanicien se réveille de son sommeil et a en plus l'air grincheux, vu qu'il grommelle en les voyant. Une seconde fois, il repasse le regard vers ses visiteurs et reprend très vite ses esprits en se rendant compte de qui ils sont.
— Monsieur ? Vous êtes bien réveillé ? S'enquiert Joshua
— Euhh...oui, en quoi puis je vous aider?
— Tu es certainement au courant de ce qui est arrivé à mes parents
Le mécanicien comprend qu'ils vont aborder un sujet crucial et se lève de son fauteuil pour s'étirer avant de reprendre une mine responsable.
— Oui et j'en suis vraiment désolé Monsieur
— À quand remonte la dernière visite de contrôle que tu as faite sur des véhicules à nous?
— Monsieur Joshua, je vois très bien où vous en venez. Croyez moi, ça fait des années que je travaille pour votre père et il n'a jamais eu à se plaindre de moi. Je n'aurais jamais pu faire quelque chose pour lui causer des soucis, sachant les représailles auxquelles je me serais exposé.
— C'est vrai, mais répondez moi franchement, si vous aviez quelque chose à voir dans cet accident, l'aurez vous avoué?
— Doucement -intervient Alvin pour alléger la situation- monsieur, n'auriez vous pas pu passer à côté de quelque chose lors de votre check up?
— Voilà bientôt vingt six années que je fais de la mécanique auto. Ce n'est sûrement pas un simple contrôle de routine qui aurait pu me mettre en difficulté...j'ai passé en révision trois de vos véhicules la veille du déplacement de vos parents et il n'y avait rien à signaler, à part une roue qui perdait de l'air et que j'ai bien évidemment changée.
— Donc vous pouvez confirmer qu'il n'y aurait pas de raison apparente pour que l'accident de mes parents soit lié à un problème sur la voiture?
— J'ai moi même effectué les contrôles et les véhicules étaient prêts. Pour être franc, lorsque j'ai entendu parler d'un problème sur l'un de ces derniers, j'étais surpris. Ça n'a aucun sens, sauf si quelque chose s'est passée après que les voitures soient quittées d'ici.
C'est sur cette dernière opinion qu'ils ont pris congés du mécanicien. Au moins, les choses avaient l'air claires pour le mécanicien : s'il y'avait eu un problème susceptible de causer un accident aussi scandaleux, il l'aurait constaté. On se rapproche indéniablement d'un meurtre prémédité, mais des zônes d'ombre existent encore. Un homme envoyé par Joshua suivra discrètement ce mécanicien pour être sûr qu'il n'a rien à se reprocher.
Dans la chambre de Joshua, c'est silence radio. Alvin et lui se triturent les méninges pour avoir une réponse à leurs propres interrogations. Joshua est interrompu par un appel; il se lève et répond à son interlocuteur qui semble captiver toute son attention. Une fois fini, il revient vers Alvin qui l'interroge du regard.
— C'était un appel de l'hôpital, le médecin m'a laissé converser avec le dernier garde. Il m'a juste confirmé ce que nous pensions depuis. Il dit que l'accident s'est fait de manière curieuse car le conducteur s'est plaint du fait que tous les freins de la voiture ont lâché au même moment.
Dès qu'il finit ses explications, il s'en va s'accouder au lit, les genoux au sol. Il ressent encore toute sa peine se manifester alors qu'il prend conscience du fait que grandes sont les chances que ce soit plutôt un individu malveillant qui a prématurément mis fin aux jours de ses parents.
«Pourquoi tout ça?» Lance-t-il pour exprimer son mal-être
Alvin qui est toujours présent ne dit rien, comprenant que son ami a besoin de libérer toutes ces émotions qui d'une part le détruisent certes, mais qui d'autre part contribueront à alimenter cette rage qui le mènera à coup sûr vers le responsable de tout ce malheur.
— Toc toc. Jo', puis-je entrer?
Faisant comme à son habitude preuve de politesse approximative, elle ne laisse même pas à son frère la latitude de répondre à sa demande qu'elle a déjà actionné la poignée pour entrer dans la pièce.
— Je t'ai toujours demandé de frapper avant d'entrer, dit son frère
— Mais je l'ai fait!
— Et tu dois aussi savoir qu'attendre mon autorisation pour entrer n'est pas une option, mais une obligation. C'est "ma" chambre! Il a bien insisté sur le mot
— C'est bon, j'ai compris. Je voulais juste te dire que demain il y'a un défilé organisé par l'entreprise...l'entreprise de maman et tu dois y participer
— Ava, tu dois te faire à l'idée que maman n'est plus là. Maintenant c'est ton entreprise et tu dois te le mettre en tête
Elle détourne le regard pour se défiler face au reproche de son grand-frère et sort juste de la chambre de ce dernier.
— Demain tu viendras avec moi au défilé hein? Joshua le demande à son ami.
— Je n'en suis pas sûr mais on verra, répond simplement Alvin
Tout comme au départ, plus personne ne dit un mot. La chambre est si calme que les seuls sons qui y sont perceptibles sont des chants d'oiseaux qui prennent du bon temps dans un acajou qui orne la cour arrière de leur maison. Chacun des deux jeunes hommes est dans ses pensées jusqu'à ce qu'un bruit assez faible vienne retentir de l'extérieur. Joshua se souvient de ce bruit, il sait où et quand il l'a entendu la première fois. Il passe sa tête par la fenêtre de sa chambre.
— Qu'est ce qui vient de faire ce bruit ? Demande-t-il au garde qu'il aperçoit en bas
— Il s'agit du compteur d'électricité, je m'excuse s'il vous a importuné. Il a été actionné par accident
Il se retourne vers l'intérieur, regarde Alvin et sourit en disant:
— Je pense que je sais où orienter nos futures recherches, déclare le jeune homme.
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