Chapitre 3: Joshua

Le lendemain, je suis réveillé de bonne heure par l'une des femmes de ménage.

"Monsieur, vos parents requièrent votre présence dans la grande salle de séjour".

Un peu grognon face à ce réveil inattendu, je me verse quand même de l'eau sur le visage, puis descends nonchalamment à la salle en question. Alors que je longe le couloir, je me remémore les mots de la femme de ménage: "vos parents" requièrent votre présence. Donc mon père sera là? Pourquoi veut-il me voir? De manière incontrôlée, ma main s'enfouit dans la poche de mon pyjama, dévoilant mon anxiété.

J'arrive à la salle de vie principale pour y trouver quelques bagages disposés dans un coin; seule Ava est là, Alex étant en voyage pour le casting d'un film et Sonny qui dormait encore n'avait, selon nos parents pas besoin d'être perturbé. Mes parents aussi sont présents, habillés pour sortir. J'adresse un petit sourire discret à ma mère, la femme de ma vie.

— Salut tout le monde, commence mon père tout en ne regardant qu'Ava.

— Salut papa, répond Ava.

— Maintenant que vous êtes là, je voudrais juste vous annoncer que je vais, comme chaque année, célébrer mon anniversaire de mariage avec votre mère. Pendant une semaine nous serons donc en voyage. Vous passerez le message à vos frères absents.

Comme chaque année, mes parents organisent un voyage pour leur anniversaire de mariage, une sorte de nouvelle lune de miel pour se retrouver et raviver la flamme de leur amour. Ils en sont à leur vingt quatrième ème année ensemble et quand on les voit, le moins qu'on puisse dire est que l'amour est la chose la plus facile et évidente qui puisse exister.

Après la traditionnelle étape où notre père nous dispense des conseils qui bien sûr ne seront pris au sérieux que par Ava, Eleanor, notre mère, toujours obligée d'en faire trop nous serre tour à tour dans ses bras et nous fait des bisous tout en répétant combien elle nous aime, alors qu'ils ne seraient absents que pour une semaine.

C'est pas que je n'aime pas les démonstrations d'amour de ma mère, loin de là mais à cet l'instant, les seuls raisonnements que je peux émettre ne sont dictés que par le sommeil. Quelques heures plus tard, je suis cette fois bel et bien réveillé, gonflé et prêt à affronter une autre journée éprouvante à l'école.

Une fois prêt, je prends ma voiture et me mets en route. Conduire est l'un de mes moments favoris, moment pendant lequel je ne pense plus à rien sauf aux paroles de la musique qui s'échappe des enceintes. Au fur et à mesure que mon pied presse sur la pédale d'accélération, mes frustrations prennent le large, tout comme ce mauvais pressentiment qui tient mon corps en otage depuis ce matin.

Je regarde défiler le paysage autour de moi et la vitre baissée mène le vent jusqu'à ma poitrine. Il ne me faut qu'une dizaine de minutes pour faire mon entrée dans l'établissement et rejoindre Alvin qui m'attendait sagement sur notre banc habituel. Ensemble, nous rejoignons notre premier cours qui n'est rien d'autre que les mathématiques.

L'un des cours les plus ennuyeux, qui en plus a été assigné au professeur le plus ringard de toute l'école. À peine nous sommes nous assis que les bruits secs de ses chaussures à talons et aux bouts extravagamment longs résonnent dans le couloir; Monsieur Andrew alias Voldemort vient d'entrer dans la salle.

Après avoir conformé la position de ses lunettes, il s'installe à sa place et ouvre directement un de ses manuels sans même avoir émis la moindre salutation. Pendant trois heures, il s'attèle à nous traumatiser par des exercices et théorèmes à n'en plus finir. Après le cours de maths, il ne nous reste que celui d'éducation physique. Le cours d'aujourd'hui ne se résume qu'à quelques étirements et une partie de basketball qui est un sport très apprécié par Alvin et moi qui le pratiquons d'ailleurs depuis un bon bout de temps. C'est le sport le plus beau et le plus élégant qui soit, je ne discute de cela avec personne.

En cours de jeu, nous avons même eu droit à une petite scène: deux filles de la classe de première se battant à mains nues pour une affaire d'amour qui aurait mal tourné. L'une d'entre elles reprochant à l'autre de vouloir lui piquer le professeur de français; et c'est pourquoi en ce moment elle lui tient les cheveux et la trimballe dans tous les sens à l'extérieur du gymnase.

Tout le monde s'est rassemblé autour du spectacle et personne ne semble avoir la volonté de séparer les co-épouses. Après s'être assez marrés de cette situation, Alvin et moi allons finalement dans les douches pour se débarbouiller, laissant la place aux paparazzis et poucaves de l'école qui ne vont pas se gêner pour divulguer cette histoire et rajouter en prime leur petit grain de sel.

— Salut beau gosse

C'est une de ces filles dépravées du lycée qui ne se déplaît pas d'être l'objet sexuel des garçons populaires tant que leurs côtes à elles prennent de la hauteur. Voilà bientôt deux ans que celle-ci a jeté son dévolu moi qui ne lui accorde malheureusement (ou heureusement) pas la moindre attention. Elle est venue jusque dans les douches pour remplir son devoir d'aguicheuse professionnelle.

— Je n'ai pas de temps à t'accorder Kim, dégage d'ici, ce sont des douches pour garçons.

— Pourquoi tu es toujours autant nerveux Joshua? Je pense que tu aurais besoin d'un bon petit massage, fait-elle en s'approchant lentement de moi.

Elle passe une main sur ma poitrine et entreprend un mouvement descendant jusqu'à ce que je perde patience et la rejette en la gratifiant de mon regard qui signifie "bouge de là pendant qu'il est encore temps". Ne se faisant pas prier, elle sort discrètement des douches et s'en va non sans avoir promis que je tomberai un jour.

Je peux enfin me soustraire des regards des autres garçons attirés par ce cinéma et aller prendre un bain avant de rentrer. Une fois sur le chemin de retour dans nos voitures respectives, Alvin et moi nous adonnons à une routine qu'on a depuis un certain temps: discuter par téléphone durant tout le trajet de retour.

Appel téléphonique :

— C'était chaud tout à l'heure avec Kim, déclare Alvin en terminant sa phrase d'un petit rire moqueur

— Cette fille m'exaspère, sérieusement...avec son comportement de michto, on dirait qu'au lieu de me chauffer elle fait plutôt baisser ma libido.

Après cette punchline de malade, nous partons dans un fou rire effrayant, mais ce moment est relativement court, vu que je suis interrompu par un appel d'Ava, ma sœur.

— Oui petite, qu'y a-t'il ? Commencé-je

— Rentre tout de suite! Quelque chose de grave est arrivée! Crie-t-elle pour faire entendre sa voix parasitée par des pleurs.

Je me demande ce qui a bien pu mettre Ava dans un tel état tandis qu'une panique générale visite tout mon corps. J'appuie sur l'accélérateur sans réfléchir; ma sœur a besoin de moi.

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