Chapitre 1: Joshua
"Dis moi, qu'est-ce que tu désires vraiment ?"
C'est une phrase qui revient bien souvent dans cette série. Un homme, l'acteur principal demande à des individus leur plus grand fantasme en vue de le réaliser. Plutôt génial comme faculté! Les yeux braqués dans le vide, je me demande ce que j'aurais choisi si jamais on me posait cette question assez révélatrice: révélatrice de nos faiblesses mais surtout du degré de perversion de notre esprit qui bien souvent cache des choses pouvant nous surprendre nous même.
«Joshua, qu'est-ce que tu désires vraiment?», je me pose la question à moi même mais rien à faire, aucune réponse ne se pointe. Soit ma vie est parfaite ou alors tellement merdique que je ne sais par quoi commencer.
— Qu'est ce que tu fous encore là ? Me demande Alvin adossé à l'entrée de ma chambre.
De ses pupilles marrons comme celles d'un fauve, il me fusille mais je suis déjà habitué aux remontrances de ce dernier.
— Tu pourrais au moins saluer, dis-je sur un ton railleur.
— Si j'arrive encore en retard en cours aujourd'hui, je vais te saluer comme il le faut, t'inquiète.
— C'est bon, j'arrive.
J'empoigne mon sac à dos et suis Monsieur grognon jusqu'à sa voiture tout en saluant sur mon chemin Léo, l'homme à tout faire. Alvin et moi nous connaissons depuis l'âge des couches-culottes, lorsqu'un jour sa mère rencontre la mienne dans une garderie privée. Notre amitié dure donc depuis plus de quinze années et elle a su faire face à plusieurs épreuves qui ont l'ont renforcée et ont fait naître une confiance naturelle entre nous. Je pense même que je lui fais plus confiance qu'à n'importe quel membre de ma famille.
Alvin se gare dans le parking et nos sourires disparaissent comme à chaque fois que nous nous dirigeons vers notre premier cours de la journée. La Newman Private School, loin d'être une école comme les autres est en fait un refuge de gosses de riches et une fois qu'on y est, on découvre vraiment à quel point l'abondance peut abrutir les individus. Des jeunes devant s'impliquer dans leur éducation se retrouvent plutôt embarqués dans des magouilles et toute sorte de trafic d'influence.
Les notes souvent attribuées par rapport au nom de famille, les enseignants agissant dans la crainte de devoir rendre le tablier plutôt que prévu et les inégalités comme celles que rencontrent les "étrangers", ces apprenants non pas issus d'une classe prestigieuse mais ayant bénéficié d'une bourse d'étude sont monnaie courante. C'est une représentation fidèle de la société qui donne au plus nanti le pouvoir de marcher sur le misérable. C'est comme ça et on n'y peut rien.
Les minutes s'épuisent, les cours s'enchaînent et bien qu'étant tous plus ennuyeux les uns que les autres, je me bats pour garder les paupillères ouvertes. Mais heureusement, la rentrée s'annonce enfin. Nous nous frayons une voie au milieu des nombreux visages présents dans le couloir mais une fois près de la voiture, je me rends compte que je ne suis plus suivi d'Alvin.
Après avoir essayé de le contacter en vain, je décide donc de rester sagement adossé sur le devant de la voiture pendant de longues minutes, attendant que sa majesté me fasse l'honneur de se ramener, tout en me maudissant de ne pas être venu avec ma propre voiture. Après avoir passé plusieurs minutes à observer des oiseaux sur des branches, je vois Alvin surgir au loin, toujours l'air si calme.
— Tu sais depuis combien de temps je poireaute ici?
— Désolé Jo, je devais mettre les choses au clair avec une fille.
— Je la connais ? Je demande, intéressé par l'histoire.
— Peut être, vu qu'on fait le cours de biologie ensemble.
Ça en fait une autre de recalée par Alvin. Comme d'habitude, c'est sûr que d'ici demain cette affaire serait sur le bout de toutes les lèvres du lycée. Ce genre d'humiliation ne décourageait pourtant pas toutes ces filles en quête d'amour; mais leur attitude reste tout de même compréhensible. Quelle est cette fille qui ne s'intéresserait pas à ce noir aux yeux marrons avec en plus cette bonne musculature bâtie sur un corps d'un mètre quatre vingt?
Alvin me dépose devant l'immense portail en acier contenant sur son sommet la mention de couleur dorée : Grey's Palace. Je suis vite accueilli par l'un des gardiens permanents qui disperse aussi les quelques paparazzis constamment à la recherche d'un scoop. Une fois à l'intérieur, je me dirige aussitôt dans ma chambre pour m'y enfermer et je peux enfin sortir mon téléphone qui ne cesse de vibrer depuis l'école, sûrement des nouvelles demandes en ami sur les réseaux sociaux.
Ce genre de vie, je m'y suis vite habitué. Étant de la descendance d'un des hommes d'affaires les plus influents du pays, y'a pas trop le choix. La vie n'est pas toujours rose mais la qualité première que doit développer un enfant évoluant dans ce genre de milieu est de savoir s'adapter.
J'ouvre la porte de la chambre et sors pour aller chercher de quoi grignoter dans le frigo, mais je reviens aussitôt sur mes pas, ayant entendu la voix de mon père qui semble provenir de l'entrée de son bureau, à l'autre bout du long couloir. Faut dire que depuis près d'une année, les relations entre nous se sont considérablement dégradées; au point où je ne me souviens pas de la dernière fois où nous avons tenu une conversation sans que ça ne se termine en engueulade.
— Tu espionnes papa? Intervient subitement Ava, me faisant sursauter. Tu ne sais même pas comment t'y prendre.
— Dégage de là...
— Moi au moins je peux me promener dans toute la maison sans chercher à échapper à mon propre père. Dit-elle avant de pousser un rire incontrôlé.
Ma sœur a dû recevoir à sa naissance le don de me mettre en rogne. Elle sait exactement quoi dire ou faire pour me faire passer de zéro a cent à l'heure. Je pense qu'elle devrait se retrouver dans un fauteuil roulant pour prendre mes remontrances au sérieux.
J'arrive finalement à traverser le couloir et descends jusqu'à la cuisine pour charger mes bras de plein de friandises. Tant pis pour le dîner, ce sera un autre jour. comme à mon habitude, je m'en vais directement sur mon ordinateur pour regarder des tonnes de série jusqu'à l'apparition des premiers signes du sommeil. Ce soir encore, j'enchaîne avec des épisodes de la série Lucifer jusque très tard dans la nuit où le sommeil a enfin eu raison de moi.
"Tac!"
Quelques instants après que j'ai fermé les yeux, survient un bruit étrange. C'est comme un claquement sec, un son pas du tout ordinaire. Me relevant en sursaut, j'essaie d'activer ma lumière de chevet mais celle-ci ne s'illumine pas. Machinalement, je m'en vais verrouiller ma chambre, pour être un tant soit peu rassuré.
Le temps passe avant que je ne retombe dans un sommeil léger, mais le même bruit résonne jusque dans ma chambre, me réveillant de plus belle. Les battements de mon cœur accélèrent, mes sens sont en alerte. La lumière est finalement revenue; je me lève, marche vers la fenêtre et balade mon regard dans toute la cour; sauf qu'à part le noir, je ne vois pas grand chose. N'ayant aucune envie d'insister, je retourne m'asseoir sur mon lit où je resterai éveillé près d'une heure de temps avant de pouvoir enfin m'endormir sans être perturbé cette fois.
À suivre...
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