Je reste la regarder comme un con. Elle va le quitter. Elle va quitter ce connard de Nathan. Elle va le faire, dans quelques temps elle sera seule et libre. Et je suis toujours coincé avec Charlotte. Et Alizée va le faire, elle va partir. 

Je finis quand même par lui répondre, nous en parlons, et là, elle commence la phrase. La phrase, où tu te demandes toujours si la personne va dire ce que tu veux entendre ou non. 

- Elliot.. Sans toi, je serais toujours la fille paumée. Je ne te remercierai jamais assez, c'est grace à toi, que je vais enfin être libre. Sans toi, j'aurai encore perdu du temps à rester avec Nathan. Mais tu m'as fait réfléchir et je me suis rendue compte, que je ne l'aimais plus depuis longtemps. 

Son cœur est libre, blessé sûrement mais libre. Je reste la regarder, je me rends compte que mes sentiments pour elle sont forts, plus forts que je ne le pensais. Si je n'écoutais que mon cœur, là, je l'embrasserai. 

- Tu penses partir quand ? Je me ravise et ma raison reprend le dessus. 
- Je ne sais pas.. Dans une semaine et demi, ce sont les vacances de Noël.. Après, il part une semaine au Japon, je crois que je vais profiter de son absence pour partir. J'ai envie de faire ça sans la moindre violence, je ne vois que ça comme opportunité. Il revient ce soir et n'a pas de voyage prévu avant celui là.. 

- Hmmm

- Je partirai bien tout de suite.. Mais.. 
- Mais t'as peur de la façon de ça peut se passer c'est ça ? 

Elle acquiesce tristement. Evidemment, qu'elle a peur de lui, il a passé sa vie à lui faire du mal. Si je le croise ce mec un jour, je pense que je ne pourrai pas m'empêcher de lui en foutre une. Il a avec lui, une fille parfaite, gentille, intelligente, altruiste, jolie, et il ne sait que la rabaisser et la faire souffrir. 

- Je compte le prévenir et lui écrire, mais je ne me sens encore assez forte pour lui dire tout ça en face. 

- Eh, Alizée, t'es une femme très courageuse, c'est une sacrée décision que tu as prise là ! Je serais à tes côtés, tu peux compter sur moi. 

Nous terminons nos boissons, puis partons en direction du lycée. Je suis content, rassuré quelque part, depuis le jour où j'ai découvert cet hématome sur le dos d'Alizée, je suis préoccupé à chaque fois qu'elle est chez elle et lui aussi. 

Durant l'après-midi, je n'arrête pas de penser à moi et Charlotte. Quelque part, je souffre de notre relation et je suis sûre que de son côté, c'est la même chose. Je crois que moi aussi, il est temps que je fasse le point avec elle, car on ne peut plus continuer comme ça.
Mais elle est trop angoissée en ce moment, trop déséquilibrée pour que je lui en parle, je ne peux pas lui faire ça maintenant. 

Pourquoi dans la vie on ne peut pas faire ce qu'on veut, quand on veut ? 

Je quitte la salle, où tous mes élèves sont déjà partis depuis dix minutes et retrouve Dom, entrain de fumer sa clope. Quand il me voit arriver, il me demande tout de suite ce qu'il ne va pas. 

- Je suis malheureux et je sais pas comment faire pour la quitter, sans qu'elle se fasse de mal. Si j'écoutais mon cœur, je serais déjà parti, mais vu son état en ce moment.. Le pire, c'est que je ne suis même plus honnête avec elle, quand elle me demande si je l'aime encore, je lui réponds Oui ! Je suis qu'un pauvre con ! 
Énervé, je fais des aller-retours devant mon ami, les mains dans les poches, la tête baissée. 

- Ecoute, déjà, y'a du progrès. Tu as l'air plus déterminé que d'habitude. Oui, il est temps que vous vous quittiez. Cette semaine c'était encore du grand n'importe quoi votre engueulade. Et puis, Alizée, t'as raconté le conseil de classe de Charlotte ? 
Je me retourne et me place face à Dom, à ma tête, il comprend que je ne suis pas au courant. Elle m'a parlé des ennuis que lui causait Charlotte, mais pas de ce conseil de classe. 

- Charlotte s'en prend à toutes les filles à qui tu peux juste parler. Pendant son conseil, elle a dit aux parents, que la nouvelle prof d'SVT était suppléante depuis cette année, donc il ne fallait pas s'étonner si leurs enfants avaient de mauvais résultats. Evidemment, les deux parents délégués ont des enfants qui ont des notes catastrophiques, mais pas qu'en SVT. Bref, les parents du coup, on dit que c'était inadmissible que leur enfant n'ait pas une enseignante compétente. Alizée ne savait pas quoi dire, elle ne s'y attendait pas.. 
- Putain.. Et du coup, personne n'ait intervenu ? 

- Bien sûr que si, tu me connais. J'ai regardé les notes et j'ai conclu qu'apparemment seuls 4 élève sur 24 avaient des notes inférieures à la moyenne en SVT, donc je pense que l'enseignante était tout à fait compétente. Les parents n'ont plus rien dit après. 
Mais franchement, l'horreur.. Charlotte et ses deux copines étaient toutes fières de leur connerie. 
- Et Alizée dans tout ça ? 

- Et bien, elle n'a plus rien dit. Elle a attendu la fin du conseil et je l'ai récupéré en pleurs sur le parking. 

- Quelle connasse. Comment elle a pu autant changé Dom ? 
- J'en sais rien. Mais en tous cas, si tu veux être un peu honnête avec toi même, et ne faire souffrir aucune femme, il est temps que tu fasses quelque chose. 

Dom me regarde sévèrement, il a raison à cause de moi, Charlotte s'en prend à Alizée.. 

- Ca se voit tant que ça ? 
- De quoi ? Que t'as des sentiments pour Alizée ? Ou que t'es un peu con ? 

Je fronce les sourcils et lui donne une tape sur l'épaule. 
- Putain.. Si Charlotte s'en est aperçue... Je m'assois près de mon collègue, puis prends mon visage entre mes mains. Je suis dans une belle merde. 

- Non. En dehors, de moi et Nadège, je pense que personne ne le sait. Nous on passe notre temps avec vous deux. 
Soulagé, je relève la tête, Dom me regarde avec un grand sourire plaqué sur le visage. 
- Quoi ? 

- Rien.. Vous êtes mignons ensemble. C'est une fille bien, alors fais en sorte de pas la faire souffrir, et puis, il est temps que tu quittes Charlotte. 

- On est pas ensemble au fait.. 

- Enfin, Elliot.. C'est tout comme, elle passe énormément de temps dans tes bras, vous vous chamailliez tout le temps, il manque plus que vous couchiez ensemble et hop !

- Quel romantisme !