La nuit tombée, Petite Goutte s'éclipsa discrètement de la pouponnière pour retrouver sa sœur perdue. À pas feutrés, il avança prudemment et quitta le camp. Il sursauta quand Pelage de Thon marmonna dans son sommeil :

- Hein ? Qui est là ? Le Clan de l'Ombre ? dit-il d'une voix endormie.

Parlait-il dans son sommeil ? Ou pas ?

Tant pis, pensa-t-il, de toute façon, il retrouverait Petite Mouette. C'était sa sœur, après tout...

Il poursuivit sa route vers les Rochers du Soleil. Finalement, il rebroussa chemin et se dirigea vers la rivière. C'était logique car Petite Mouette y était tombée et elle avait sûrement échoué plus loin.

Il longea la rivière avec le seul espoir d'y voir apparaître sa sœur. Au bout d'un moment, il eut les pattes en feu. Il s'arrêta et contempla le paysage d'où il était, puis il s'endormit, fatigué par son périple...

Épuisé, il ne se réveilla que la nuit suivante. À sa grande surprise, il ne se trouvait pas sur le territoire du Clan de la Rivière ! Soudain, une chatte émergea des fougères et déclara :

- Que fais-tu sur le territoire du Clan de l'Ombre ? dit-elle d'une voix forte.

Il l'imita et rétorqua :

- Et toi, que fais-tu ici en pleine nuit ?

- Ce sont pas tes affaires, misérable chaton ! cracha la chatte.

Petite Goutte se sentit blessé car elle avait bien insisté sur les deux derniers mots.

Mais il ne se démonta pas et lui demanda :

- Qui es-tu pour me parler ainsi ? 

- Je suis Nuage d'Aubépine, vaillante apprentie du Clan de l'Ombre ! s'exclama-t-elle, fière.

Le chaton fut un peu dérouté qu'elle se vante autant que ça.

- Et toi ? le questionna la novice.

- Moi, c'est Petite Goutte, du Clan de la Rivière !

Nuage d'Aubépine ne fut guère impressionnée et elle ricana. Évidemment, il aurait dû y penser, tous les guerriers de l'Ombre sont méprisants. Il mit fin à leur rencontre et s'excusa :

- Désolé, je dois y aller parce que ma mère va s'inquiéter, inventa-t-il.

Pff, Aile de Libellule ne s'inquiétera jamais, à mon avis, elle sera contente ! gronda le chaton, seul.

Soudain, sa rivale feula  :

- Hors de question ! Tu seras mon prisonnier ! clama l'apprentie.

Il suffoqua. Non, il n'était pas destiné à ça quand même ?

- Plutôt mourir ! hurla Petite Goutte.

- Alors pour sortir d'ici, il faudra me battre.

- Ça marche ! accepta-t-il, furieux.

Sans l'attendre, elle lui fit un croche patte que le chaton évita de justesse. Il décida alors de lui lacérer le poitrail. Elle poussa un cri et lui taillada le museau. Comme il avait le museau en sang, il ne pouvait se battre. La novice en profita pour sauter sur lui. Il se débattait, en vain.

L'apprentie allait-elle le tuer ? Elle leva sa patte, griffes sorties, s'apprêtant à lui donner le coup de grâce. Il perdit connaissance. Il sombra dans des ténèbres qui l'engloutissaient, petit à petit. Puis, plus rien.