Chapitre 8 : Les entraineurs de SaborFairy
Rocker, le juge au chapeau de cow-boy, se plaça devant les candidats, accompagné par deux hommes gigantesques. Les deux frères en profitèrent pour se reculer, un peu à l'écart de la foule.
— Oh yeah ! dit le juge de Cuattro Cerberus avec un fort accent américain. Les épreuves vont commencer ! Vous avez l'air d'une belle brochette de candidats. Ça fait plaisir de voir votre engouement pour notre sport. Tous les jeunes hochèrent la tête en silence. Certains se lancèrent quelques œillades pas toujours agréables. La compétition pulsait déjà dans leurs veines. Mais, faites d'abord connaissance avec votre hôtesse, ce sera elle qui vous guidera tout au long des Sélections, continua Rocker d'une voix forte en montrant le groupe de filles réunies sur la droite. Ensuite, direction les vestiaires ! Le programme de la matinée est dense et nous avons déjà du retard.
Sa voix tonna au plafond. Le gymnase était immense, le sol en parquet ciré. De grandes baies vitrées laissaient entrer la lumière du jour. Les regards des joueurs s'illuminèrent, ils avaient hâte de savoir à quelle sauce ils allaient être mangés.
— En premier, vous suivrez un parcours de dix kilomètres, rugit le juge bienheureux d'avoir l'attention de tous les jeunes autour de lui. Puis, ce sera l'heure du petit-déjeuner et ensuite vous irez passer les épreuves écrites. Il haussa un sourcil, puis comme un acteur, il leva son bras droit, l'index en avant, comme s'il s'adressait personnellement à chacun d'entre eux. Un conseil les jeunes : Surtout restez concentrés, l'élimination n'est jamais loin ! Je vous laisse aux mains des entraineurs de SaborFairy. Bonne chance à tous !
— Du parkour ! s'exclama Natsu en sautillant comme un fou. Ah ! Trop bien ! Faut que je boouugeee !
— Du calme Natsu, répondit à mi-voix son frère.
— Je suis chaud ! entonna le cadet en frappant son poing dans sa paume.
Rakheid éclata si fort de rire que le bruit se répercuta un instant sur les murs de la salle. Il secoua la tête d'un air désespéré et s'esclaffa :
— Toi, tu t'es arrêté d'écouter dès que tu as entendu le mot parcours !
— Pas du tout ! ronchonna Natsu. Et puis, c'est pas de ma faute si je comprends rien à ce qu'il raconte ce juge-là !
Rakheid leva les yeux au ciel. Le rosé se mit alors à bougonner, mais devant la grimace sévère de son ainé, il entreprit de ne plus bouger. Malheureusement, c'était chose impossible pour lui.
— Je frise la surchauffe, déclara-t-il d'un coup.
Le sourire du grand frère s'effaça.
— C'est à ce point-là ? s'enquit-il ennuyé. Bon marche, ça va passer.
Le jeune frère acquiesça, il n'en pouvait plus, il allait finir par imploser. Alors il se mit «discrètement» à faire les cent pas. Discrètement équivalait selon les critères de Natsu à marcher rapidement, au travers de la foule tout en sifflant et en essayant de bousculer le moins de gens possible... Une réussite à ses yeux qui lui valut sans qu'il ne s'en rende compte des grognements agacés de la part des personnes qui eurent le malheur de croiser son chemin.
— Bonjour les jeunes, je suis Eligoal, se présenta un des deux entraineurs entourant le juge au chapeau de cow-boy. C'est moi qui me charge de la préparation physique et des exercices individuels à SaborFairy. Je suis là pour vous pousser à bout et voir vos limites. Je veux des combattants, des guerriers !
Il leva son bras valide bien haut pour clôturer son discours. C'était un homme très grand, extrêmement maigre. Ses cheveux gris virevoltaient dans tous les sens dans de vastes grappes emmêlées. Il observa de haut tous les joueurs en puissance, alors qu'un tonnerre d'applaudissements faisait suite à sa présentation, preuve que sa renommée était toujours intacte. Il poussa un bref soupir, il ne ressentait pour ces jeunes que du dédain.
— Et moi, je suis Bluenote Stinger, continua le second coach. -Il était grand lui aussi, plus imposant par contre. Ses cheveux noirs aux racines, et verts sur les longueurs étaient tirés en arrière dans une queue de cheval extra longue. Ses yeux de fouine, entourés d'une barbe partant des oreilles laissaient deviner une personnalité un poil sadique- Personnellement, je m'occupe des compétitions, de la stratégie et des tirs au panier. Les trouble-fêtes, les pleurnichards et les paresseux, je les mate vite fait : retour au vestiaire, direction la maison !
Il regarda la salle et aperçut le Sans-équipe vagabonder dans la foule. Celui-là, il en faisait son affaire ! Peu lui importait les recommandations des Joueurs Sacrés, ce gamin puait l'électron libre, aucune rigueur, aucun sérieux. Il n'en voulait pas dans son équipe !
— C'est l'heure de la séparation, petit frère, ironisa Rakheid en s'approchant de son frère.
— déjà ? demanda le rosé perdu dans ses pensées.
— Tu vas très bien t'en tirer ! Quoique... vu ton état, tu vas sortir le grand jeu. C'est que je les plaindrais presque, s'esclaffa l'ainé en ébouriffant son petit frère qui ronchonna bien fort en essayant de se recoiffer. Fais au mieux, essaie de ne pas tout gâcher et puis au pire, utilise la Salamandre...
Un calme olympien envahit le plus jeune des Dragnir, ses yeux se firent sérieux, son sourire dur.
— Jamais ! dit-il d'une voix froide. Je n'en ai pas besoin. Toi et moi, on a été clair : on se tourne vers le futur.
— Oui, le futur... répondit Rakheid pensif. Ne gâche pas tout, c'est tout. Tu mérites de réussir.
— La même pour toi, sourit Natsu. Bon, faut que je mette la main sur... Mi...mirabelle je crois.
Il se détourna, fit un pas et s'arrêta à nouveau en rivant son regard dans celui de son frère.
— Tu ne me dois rien, vraiment ! Merci de toujours être là pour moi ! Il pinça les lèvres, sourit. Son frère... sans lui, dieu sait ce qu'il serait devenu.
— C'est normal, répondit l'ainé ému. C'est moi le grand frère et puis c'est moi qui me suis laissé dépasser. Si j'ai réussi à me relever, c'est uniquement grâce à toi...
Leurs regards restèrent soudés l'un l'autre pendant une interminable seconde. Puis, sans un mot, ils se séparèrent. Tout avait été dit. Chacun avait son rôle à jouer.
Rapidement, toutes les personnes dans la salle se dispersèrent. Natsu était toujours à la recherche de «son hôtesse». Il bougonnait intérieurement : il aurait largement préféré que son frère reste avec lui. Rakheid, c'était son phare. Son mentor.
— Natsu ?
- Oh ! Bien le bonjour! Dame Luigi ! répondit-il joyeusement en apercevant Lucy. Désolé, je n'ai pas le temps pour un tape-cul, je cherche Mirabelle.
— C'est moi ton hôtesse.
— Minerva ? interrogea-t-il ahuri, les yeux clignotants. C'est toi Minerva ?
— Minerva et moi, nous avons échangé, osa à peine révéler la blonde.
— Je vois, sourit Natsu. Tu ne peux déjà plus te passer de moi ?
— Pas du tout ! s'écria Lucy à toute vitesse. Ne t'y méprends pas, j'ai échangé sans savoir que ce serait sur toi que je tomberais !
— Ahaha, ricana Natsu. Ce n'est pas beau de mentir, miss tape-cul !
Il lui fit un petit clin d'œil en coin. La blonde, le feu aux joues, s'imagina l'étrangler, le secouer comme un prunier, ou mieux : lui envoyer un coup de pied qui l'aurait éjecté de l'autre côté de la Terre. Elle se sentait bête, gênée, vulnérable.
— Ne fais pas cette tête Luigi, reprit le rosé en penchant légèrement la tête. Je rigole. Tu sais, moi, je suis rarement sérieux. En vérité, j'aurai échangé n'importe quelle hôtesse pour être avec toi. Je suis super heureux que tu sois ma nounou, sincèrement je suis content. On y va ? Faut que je me dépêche ! Au fait, c'est lequel notre vestiaire ?
La jeune Heartfilia acquiesça, heureuse, l'esprit en surtension. Ce qu'il venait de dire la touchait... Elle... Aussitôt, elle freina des quatre fers.
— J'en ai aucune idée ! s'écria-t-elle catastrophée.
— Comment ça ? demanda Natsu en se retournant.
— Les vestiaires ont été attribués en fonction des équipes, et toi...
— Je n'ai pas d'équipe, termina-t-il en grognant.
— Natsu, désolée ! Je vais demander, je me dépêche... se précipita la blonde hyper gênée de manquer déjà à tous ses devoirs.
— Laisse tomber, je gère ! répondit-il l'air sombre.
À grands pas, il se dirigea vers les deux entraineurs qui discutaient.
— Excusez-moi, demanda-t-il.
Ils l'entendirent mais ne daignèrent pas lui répondre, ni même poser leurs yeux sur lui. Natsu ne s'en offusqua pas. Ce genre d'attitude, au contraire, ça lui faisait pousser des ailes de garnement. Il se planta juste sous leur nez et reprit d'une voix très calme:
—Désolé de vous déranger.
— Va te changer !
— Je vais dans quel vestiaire ? reprit l'adolescent sans se démonter.
— Ce n'est pas possible ça ! tempêta Bluenote Stinger. Y a une nana dont c'est le travail de te dire ces choses-là. Il se tourna vers Lucy agacé. T'attends quoi ? Amène-le ! C'est incroyable d'être aussi godiche, une vraie plante verte !
Lucy, bien malgré elle, sentit des larmes s'amasser sous ses paupières. Jamais on ne lui avait parlé comme ça, et le pire c'était qu'il avait raison. Pauvre Natsu! Elle était nulle!
— Ne vous en prenez pas à elle ! rugit Natsu en colère. C'est moi l'abruti qui n'a pas d'équipe, c'est vous dont le travail est de m'attribuer un vestiaire, elle n'y est pour rien !
Eligoal, le deuxième entraineur baissa pour la première fois son regard sur le sans-équipe. Ses yeux se plissèrent jusqu'à devenir de maigres fentes éclairées par une minuscule pupille noir ébène.
— Toi. Le sans-clan, le sans avenir. Tu me fais rire avec tes dix recommandations ridicules, je vais te briser gamin. Tu n'as rien à faire ici ! Il fit une pause. Il ne reste plus de vestiaire. Va à côté du vestiaire 7, il y a un placard à balai, ça te conviendra parfaitement.
Tous les muscles de Natsu se raidirent, il serra les poings rongé par la colère. Il ne rêvait que d'une chose: rappeler à cet homme ce qu'était le respect. Il se crispa de tout son être. Il ne pouvait pas faire ça, ce n'était pas son rôle, pas sa place. Lucy... Lucy ne méritait pas ça. Un feulement sourd s'échappa de sa gorge, mais il se retint d'en faire plus.
— Merci, cracha-t-il. J'ai une deuxième question, continua-t-il effrontément.
— Pose-la, c'est bien. On ne t'attendra pas, on partira sans toi. Débarrassé sans avoir à lever le petit doigt.
— Je peux porter ce que je veux ?
— Avec ta tignasse rose, on te reconnait de loin. Quoi que tu fasses, je le verrai et je me ferai un plaisir de t'en faire baver.
Le jeune Dragnir sourit de toutes ses dents. Un challenge, parfait ! Cet homme pouvait lui dire n'importe quoi maintenant. Son âme de guerrier était éveillée.
— Ça me va tout à fait ! tempêta-t-il déjà concentré sur l'épreuve. Une dernière chose. Pour votre parkour. Je peux y aller en musique ?
— Fais comme tu veux, tu n'arriveras à rien, aucun intérêt.
— Lucy, on y va ! s'écria Natsu, trop heureux.
Il se saisit de la main de la blonde et l'attira à toute vitesse derrière lui, sans accorder le moindre regard aux entraineurs, qui se promettaient déjà d'écraser ce moucheron rose à la première occasion.
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